LES
BAS
CANARIES ET L'EXPANSION COLONIALES DES PAYS-MÉRIDIONAUX
AU SEIZIEME SIECLE ET DE LA BELGI-QUE
VERS 1900
Si le livre que l'archiviste de la ville d'Anvers, Fernand Donnet
a publié en 1895 sur 1' ((Histoire de l'établissement des Anversois
aux Canaries au XVIe sieclen peut difficilement passer pour un clas-sique
de l'histoire économique, il présente tout de meme un certain
intéret A plusieurs points de vue l. Donnet, plutdt généalogiste qu'
historien, se trouve etre un des premiers mettre en vedette des m
D
familles marchandes sans aucune gloire humaniste et A fouiller pour E
cela de fastidieuses archives notariales. Rappelons tout simplement O
que le livre de R. Ehrenberg sur le ((Zeitalter der Fugger)) date de n -
=m
1896 et que presque tous les autres grands livres sur l'histoire des O
E
marchands lui sont postérieurs. 11 a ainsi ouvert la voie royale 2 E
2
une des recherches les plus fructueuses de l'histoire économique, =E
celle de la place d'Anvers dans l'essor du capitalisme occidental. Ce
filon qu'il a entamé de facon presqu'artisanale fournira la matiere 3
-
premiere pour les grandes monographies et syntheses d'H. Pirenne, -
0m
J. A. Goris, O. De Smedt, J. A. van Houtte, W. Brulez, H. Van der E
Wee, V. Vazquez de Prada, H. Pohl et de tant d'autres et il est peu O
d'historiens du seizieme siecle économique, qui ne se sont vus obligés n
de passer par les archives de la ville d'Anvers. -E
En outre, dans une optique plus restreinte de l'histoire coloniale a
2
des Pays-Bas et de la Belgique, son livre annonce les travaux de n
J. Mees sur les Flamands aux Acores (1901), de M. Huisman sur 0
la Compagnie d'ostende (1902) et de Ch. de Lannoy et H. van der O3
Linden sur l'expansion coloniale des peuples européens (1907). 11 est
frqjíjalitq ue paiurentto us en yespace Cune diza&
nées et furent sans doute inspirés sinon commandités par ce roi
Léopold 11, qui voulut doter sa Belgique d'un empire colonial. Donnet
ne cachait d'ailleurs pas ses préoccupations coloniales et espé-rait
faire oeuvre utile en faisant arenaitre le puissant courant com-mercial,
qui naguere unissait le port d'Anvers A l'archipel des Ca-nariesn
2.
1. D'abord publié comme article dans "Buiietin de la Société Royale de Géographie
d'Anversl', 1894 et 1895, et ensuite comme Iivre édité Q Anvers en 1895.
2. F. DONNETH:is toim.. ., o. c., p. 200.
C'est donc 2 sa suite que nous nous risquons ici i développer
ce parallele entre l'importance des Canaries pour le commerce colo-nial
des Pays-Bas méridionaux au seizieme siecle et les tentatives
de la Belgique de 1900 d'asseoir 2 nouveau son expansion coloniale
sur le meme archipel canarien.
Apres le livre de Donnet les Canaries émergeront dans les tables
des noms des lieux de presque toutes les études anversoises, mais
on n'a toujours pas consacré une nouvelle monographie plus substan-tielle
aux relations et échanges flandro-canariens. A cet effet il fau-drait
d'ailleiirs, au-deli des archives anversoises, qui ont déj2 été
assez bien explorées, valoriser les données présentées, ces demieres
années, par les historiens canariens et poursuivre les recherches dans
d'autres archives, aux Canaries, i Séville et 2 Bruges. Ensemble avec
le pruiesseur 1. A. van Houtte iioüs avuiis essaj4 de rassembler Uiffé- ;
rents éléments parsemés et de présenter quelques vues nouvelles 3. E
En attendant de pouvoir aller plus loin, je voudrais compléter ici $
cette étude et en dégager l'essentiel pour le juxtaposer 2 une recher-m
che inédite sur les Belges aux Canaries vers 1900. O
E
Un premier point concerne les débuts de la présence flamande aux
Canaries. A la suite de Donnet et de Mollwo on avait attribué l'acqui-sition
vers 1562 des pIantations i I'ile de Palma par la famille anver-soise
des Van Dale A leurs relations familiales et transactions avec
les Groenenberch alias Monteverde, d'origine allemande < Par le chef
de ceux-ci, Jacob Groenenberch on remontait 2 son ancien patron
Johann Biess ou Byse, marchand 2 Cologne, et, plus loin, aux Welsers,
qui avaient acheté les plantations en 1508. Aussi pouvait-on ainsi faire
table rase d'une légende. inventée de toutes pieces par les généalogis-tes
fantaisistes du dix-septieme siecle, selon laquelle les Van Dale
auraient obtenu une seigneurie aux Canaries grace ii un voyage de
Wouter van Dale i Lisbonne au début du quinzieme siecle et 2 son
mariage avec Elvira Peres kopes, dame de l'ile aux sucres. Par contre
la liaison de la présence anversoise aux Canaries avec les activités
pionnieres et prééminentes des marchanas aiiemands cadre Gen dans
la these classique, qui assigne une importante capitale au role de ces
demiers dans l'essor d'Anvers comme centre international de com-
3. J. A. VAN HOUTTE et E. S r o ~ s : Les Pays-Bas et la "Méditerranée atlantique"
au XVIe siecle, in Nélanges en Plzonczeuv de Fernand Biaudel, Toulouse, 1973, t. 1,
pp. 645-659.
4. F. DOSXEI: Les orzgznes dune eíttreprise ~onzmerciaie anversoise aux Canaries
au XVIe siecle, Anvers, 19U): C. MOLLW-o: Kolner Kaufleute im 16. Jahrhundert auf
den kanarischen Inseln, in "Mitteilungen aus dem Stadtarchiv von Koln, XXVIII,
1897, pp. 134-140.
merce 5. Ce serait par l'intermede des Allemands que les marchands
flamands auraient peu A peu découvert les affaires lucratives du nou-veau
monde colonial. N'y a-t-il pas le parallele de 1'Allemand Eras-mus
Sclhetz, quí par son achat de 1' engenho de Sáo Vioenten au
Brésil avait initié les Pays-Bas aux richesses sucri&res de ce pays.
Dans la suite de cette logique les Flamands, arrivés sur le tard et
presque tout de suite confrontés avec le conflit religieux, la guerre
de 80 ans et les interdits de Philippe 11 contre leur participation au
commerce colonial, se seraient rebattus sur le commerce de contre-bande
et sur le minage du monopole luso-espagnol, en passant au
Nord dans les provinces rebelles et en fondant les grandes compag-nies
avec leur politique maritime aggressive.
A I'enr~ntre & res v o s &ssjque- ef étahlies nouc. voudrions m
avancer que les Flamands ont déployé une activité coloniale bien
avant le début de la révolte de 1567 et qu'ils sont beaucoup moins E
redevables aux Allemands de leur apprentissage colonial qu'on ne le O
n
croit. En quelque sorte la Iégende des généalogistes du dix-septieme =m
O
siecle contient sur le fond une bonne part de vérité. E
E
Des études récentes comme celle de R. Doehaerd, H. Van der 2
E
Wee et G. Asaert ont insisté sur la croissance d'un marché anversois
nourri par 1é développement extraordinaire de I'arriere-pays braban- 3
con, sur I'intensité des échanges commerciaux 2 courte et moyenne e-distance,
sur I'existence d'une foule de marchands nationaux, petits m
E
et moyens, sur la présence d'une flotte anversoise non négligeable O
C'est sur cette base solide qu'est venu se griffer la rencontre beau-coup
moins miraculeuse et événementielle des grands marchands alle- n
E
mands et portugais, francais et espagnols, anglais et italiens, du sucre a
et des épices, du cuivre et des draps. Spécifiquement pour les sucres, n
si les deux premiers chargements sont arrivés des Canaries dans le n
port de 1'Escaut déja en 1508, ceux-ci deviendront rapidement une 3
grosse affaire non seulement commerciale mais également industrielle. O
Entre 1533 et 1539 douze raffineurs ont été inscrits comme nouveaux
bourgeois de la ville d'Anvers '. Pour 1556 il y a une liste de 24 raf-fineurs,
pour 1575 déj2 28 et au moment de la crise en 1584 il n'y a pas
5. J. A. VAN HOUTTE: An Economic Hktovy of the Low Countries, 800-1800,
Londres, 1977, p. 177; F. BRAUDELC:i vilkatiwn matévielle, économie et capitalisme,
XVe-XVIIIe siicle, t. 3: Le temps du monde, Paris, 1979, pp. 118-126.
6. R. DOEHAERDE:t udes anversoises, Paris, 1963; H. VAND ER WEE: The Growth
of the Antwerp Market and the European Econonq (14th-16th Centuries), La Have.
1963; G. ASAERTD: e Antwerpse scheefivaart in de 15e eeuw (1394-1480), Bijdrage tot
de ekonomische geschiedenis van de stad. Antwerpen, Bruxeiies, 1973.
7. A. Tmjs: De geschiedenis van de suikernijverheid te Antzverpen (16de-19de
seuw): een terreinverkenni~g, in Bij&agen tot de geschiedenis, inzonderheid van het
oude hertogdoPn Brabant, 1979, LXII, pp. 24-29.
moins de 88 professionnels du sucre, patissiers inclus. 11 est vrai qu'a
ce moment les sucres de Sáo Tomé et du Brésil sont entrés en scene
A c6té de la production canarienne. Si ce sont des étrangers qui trai-tent
les grosses quantités ou essaient meme d'établir un monopole
comme Jan BaIbani et les Guinisy, il y a certainement aussi plusieurs
Anversois ou Flamands qui s'intéressent aux sucres. Il y a lieu de
croire que ceux-ci ont cherché a nouer des relations directes avec
les producteurs et les marchands aux Canaries.
C'est pourquoi il faut attacher plus d'importance au fait que 1'
intermédiaire de la vente des plantations de Palma entre le conqué-rant
espagnol et les Welsers a été un certain Levin Bunaga, ctflamen-con
Sans que nous avons pu identifier de facon précise ce person-nage,
nous pensons qu'il s'agit de la meme personne qu'un ((Bienen-hontmge,
f ama c o » 012 (~LienenR on Ogeten, qui opere vers la meme
époque tant6t aux Canaries tant6t 2 Grenadeg. Un autre Flamand
répéré dans ces parages est Jacome Casteleyn, qui dans les années
1508-1509 approvisíonne les iles en blé et y apporte des draps et des
toiles, pour lesquels il recoit le paiement en sucre. Quelques décennies
plus tard, en 1533, il y a Jehan van Halmale, de la famille échevinale,
mandataire de la veuve de Jacob Groenenberch, et Guillaume du
Buys, tous deux marchands 2 Anvers, qui affretent un navire breton
vers Tazacorte lo. Tilman van Kessel, marchand anversois, donne en
1540 pouvoir 2i Lorenzo Pérez et Juan Manbel i Las Palmas pour
récupérer ses biens qui y étaient restés entre les mains de son ser-viteur
et facteur, Enrique Aleman, décédé auparavant. Pas moins de
58 départs ou arrivées de bateaux ont été recensés sur le trajet
Anvers-Canaries pour la période 1549-1 555 'l.
A c6té de ces quelques indications éparses, qu'il sera sans doute
possible de compléter i partir des données des archives canariennes,
il fau.t signaler l'apparition, beaucoup plus précoce que ne le croit
F. Braudel, de marchands flamands 2i Séville et dans les ports de
I 'AndaI~us ie~11~s ,y sont déji en force bien avant que la révolte de
1567 ne leur impose ou plut6t propose un r6le d'agents commission-naires
pour les rebelles hollandais. 11 est probable qu'ils y ont aussi-
S. F. Do'isw: Les origi;zes.. ., o. c.
9. J. C-ESTOSO Y PÉREZ: A'oticias inéditas de impresores sevzllanos, Séville, 1925,
p. 52: M. MARREROL:O S fi.amencos en los comienzos hispánicos de Tenerije, in Studi
in memoria di Federigo Melis, 1978, t. 111, p. 592.
10. J. STRIEDERA: us Antwer$enei Notaviatsarchive?~L, eipzig, 1930, pp. 345346.
11. T. DENUCE: Afrika in de XVIe ecwo en de handel van Antwer*en. Anvers.
1937, p.-28 et 94-95.
12. E. STO-: Gens des Pays-Bas en Ardrique Espagnol<r aux premkrs si2cles de
la colonisation, in "Builetin de I'Tnstitut Historique Beige de Rome", 1974, XLIV,
pp. 56&571.
t6t goíité au sucre et autres délices des Canaries, le commerce anda-lou
et américain se com'binant A merveille et presqu'obligatoirement
avec le commerce des iles fortunées. Le meme phénomhe de boule
de neige commerciale s'est d'ailleurs produit i Lisbonne. LA aussi
les Flamands sont nombreux déji vers 1500 et le sucre de Madere
occupe une place honorable dans leurs transactions centrées sur le
textile 13. Parmi ces Flamands qui séjournent alors tant6t i Lisbonne,
tant6t A Madkre, plusieurs comme les Despars ou les Nieulant sont
originaires de Bruges.
Ceci nous amene 2 un deuxieme point important, celui des origi-nes
régionales de ces Flamandc aux Canaries. Ici il faut souligner que
Bruges est aussi bien repésentée qu'Anvers. On peut m h e dire que
les marchands brugeois ont chronologiquement precédé leurs coll&gues
anversois dans les affaires avec les Canaries. Ce sont vraisemblable-ment
les Italiens, et non les Allemands, qui les ont initié au commerce
mnarien. C'est par les mains des Génois qu'arrive 2 Bruges la pre-mihe
orseille des Canaries et que se vendent IA-bas les premieres
anascotes et toiles de Hollande14 On a trop vite cru que Bruges
était morte de l'ensablement de son port sur le Zwin, de la croissance
et de la concurrence d'Anvers et de l'exode de ses marchands portu-gais
et espagnols. Avec opiniatreté ses marchands se sont efforcés de
se tailler une belle part dans le commerce colonial pendant au moins
la premiere moitié du seizieme sihcle. Qn peut dire qu'ils ont obtenu
un succes non négligeable aux Canaries.
A la tete du groupe brugeois on trouve la famille Van de Walle.
On connait Thomas van de Walle comme échevin de Bruges en 1517
et par ses envois de textile A Gerard van Ghistele A Lisbonne dans
la mEme année 'j. Ces relations commerciales s'étendaient aussi A la
Castille et aux Canaries. Son fils Jorge s'établit vers 1530 A Tenerife
et meurt en 1546 A Santo Domingo sans qu'm en sache plus sur les
motifs économiques de ce départ. Un second fils, Louis van de Walle,
émigre également vers les Canaries pas plus tard que 1548, si nous
pouvons nous appuyer sur ie registre des bourgeois de Bmges ". ii y
hpouse Maria de Cervellón Belhida, fille d'un des conquérants, et
fonde la famille Cervellón Vendoval. Nous savons peu de choses sur
13. E. STOLS: OS mercadores flamengos em Portugal e no Brasil antes das cm-quistas
holandesas, in "Anais de Historia", Assis, 1973, V, pp. 12-28,
14. J. HEERS: Gdnes au XVe siicle, Pa,ris, 1961, pp. 489-498; CH. VERLINDEN:
Gli Ztaliani nell'economia delle Canarie all'inizio della colonizzazione spagnole, in
"Economia e Storia", 1960, VII, p. 155.
15. J. VANC APPELLENV: lamin-gen of.i de C anarische Eilanden. in "Vlaamse Stam",
1966, 11; pp. 91-94.
1G. A. SCHGUTEETI:n dices op de buitenpoorterboeken van de stad Brugge, 1548-
1788, Handzame, 1965, p. 166.
ses activités économiques, mais, établi pres de Tazacorte A Palma,
il doit avoir été suffisamrnent riche pour avoir pu se distinguer par
une générosité fort vantée. Le chroniqueur Gaspar Frutuoso a re-cueilli
le souvenir d'une multitude de deux mille personnes, rassem-blée
durant une famine en 1561 autour de la chapelle de Notre-Dame
A Tazacorte, et nourrie pendant deux jours aux frais du pieux Luis ".
11 est aussi le bienfaiteur de l'ordre des Dominicains, auquel il legue
25.000 ducats et chez qui la famille fonde sa chapelle. 11 fait d'autres
dons pour 17approvisionnement en eaux et pour le grenier public aux
blés de la ville de Santa Cruz de la Palma. Lors de sa mort en 1587
le dominicain Gaspar Borges lui dédie ces vers:
((Flandria te genuit, nutrivit Palma, perennis
Insula, sub terra, corpus inane iacet» 18.
E
Sa soeur Anna a 6pousé le marchand brugeois Juan Jaques et O
une autre, Johanna ou Jacomine, également issue du premier mariage n
=
de Thomas avec Catalina van Praet, a épousé le Brugeois Robert van m
O
E
der HeeckeB. De ses deuxiemes noces avec Maria Moreel Thomas
van de Walle laisse Adriaan, Jacques, Guiselinque et Thomas. Sa E
veuve s7est remariée avec Miguel de Courriers, un marchand qu'on
peut sans doute identifier avec Miguel de Corias, ((mercader flamen- 3
co» 2 Séville vers 1529 20. e-m
Voyons quels sont les autres membres de cette famille qui se sont E
engagés dans le commerce canarien. Juan Jaques séjourne vers 1525 O
2 Santa Cruz de la Palma. A son retour A Bruges, de concert avec
n
Miguel de Courriers, il engage en 1544 un facteur, Baltasar Ghyzele, E
alias Guiselin, pour gérer leurs biens et écouler leurs marchandises a
dans l'ile de Palma Le départ de se dernier se situerait vers 1548 ". n
11 y épouse la fille de Jorge van de Walle, Catarina, et fonde ainsi la
famille de Guisla. 11 semble ne pas donner entiere satisfaction A ses
O3
principaux, puisqu'en 1547 ils chargent Jan van Halmale, alors rési-dant
A Santa Cruz, Luis van de Walle, Hans van Trille, également A
Palma, Melchior Franques A la Grande Canarie, et Juan de Torres
17. G. FRGTUOSLOas: Islas Canarias, in "Fontes Rerum Canariarum", XII. La
Laguna, 1964, p. 33 et 42.
18. A. MILLARECS ARLO:E nsayo de una bio-bibliogmfia de escritores naturales de
las Islas Canarias (siglos XVI, XVII y XVIII), Madrid, 1932, pp. 1288.
19. Archives municipales 2. Bruges, Archives espagnoles, Wataire de Paredes. re-gistre
de 1547, f.o 59 V.O et 92.
"A T P--"...-.. &v. J. V P . ~ ~ V JEU- ~ B Z :3. ¿., p. 52.
21. Archives municipales & Bruges, Archives espagnoles, Notaire de Paredes, re-
,&re de 1547, f.0 1-2 V.O
22. A. SCHOUTEETO:. t., p. 59.
A La Laguna de Tenerife de lui réclamer des comptes. Juan Jaques
est en tout cas un marchand de grande envergure, qui expédie pen-dant
les années 1544-1545 des polices d'assurances pour nombre de
bateaux vers ces iles 23. Par Jacques van de Walle, qui épouse ?Sia nta
Cruz Agnes van Trille, fille 'de Michel, sa famille est encore alliée
?i cette autre famille brugeoise tres active dans les ?les. Jan van Trille,
alias Anes Bantrilha, se distingue en k561 par un tres rapide appro-visionnement
de l'ile de Palma A court de blé. Gaspar Frutuoso, qui
rapporte ce fait, le cite aussi comme oncle de Luis Dolfos, de Ponta
Delgada dans l'ile Sáo Miguel des Acores %. Ce riche marchand fla-mand,
marié ?i une Anglaise, Maria Cilimáo, serait donc également
d'origine brugeoise? Nous connaissons son fils Joáo Borrnan, qui,
apres avoir passé sa jeunesse 2 Hambourg chez Nicolas Rapete, con-nait
en 1619 des ennuis avec les inquisiteurs a cause de son franc- ,, -
parler
Mais ils ne sont pas les seuls Brugeois A s'expatrier vers la «Mé- O
diterranée atlantique)). 11 y a ce Jacques de Muencq, fils de maitre n -
=m
Gualterio de Muencq, greffier du Franc de Bruges, qui a épousé 2 O
E
Palma Beatriz Martí'nez, fille du regidor Vicente Martínez, et qui E
2
revient momentanément 2 Bruges en 1558 pour hériter de ses pa- =E
rents %. Quelque malheur lui est survenu peu apres car en 1575, ayant
fui les Canaries, il passe devant les inquisiteurs de Lisbonne pour 3
-
s7expliquer de son vagabondage et de sa conduite suspecte. On lui -
0m
trouve d'ailleurs l'esprit passablement dérangé et on le laisse repartir E
en paixn. 11 y a encore Geronimo van Eyewerven alias Baneberbe, O
fils de Jan, marchand établi au Pélican dans la Vlamingstraat A Bruges n
et frere d'Alexandre, échevin de Bruges, et aussi de Francisco, mar- -£
chand A Séville vers 1608 %. Tres jeune, Geronimo est parti pour la a
2
Grande Canarie vers 1588. Il y travaille A Las Palmas dans le magasin n
de Sebastián Díaz et il épouse bientot la fille de celui-ci, María Ortiz. 0
En 1615 il est un homme prospere avec sa maison et une teme bien 3
O
irriguée au Barranco Seco, en quete de naturalisation et de toutes
23. W. S. UNG.; Bronnen tot de geschiedenic van ~Víiddelburg in den lands-heerlijken
tijd, in "Rqks Geschiedkundige Publicxien", 75, La Haye, 1931, 111, p. 465
et 516; J. DENUCEA: frika.. ., o. c., p. 94.
24. G. FRUTUOCOO: . C., p. 33.
25. Arquivo da Torre do Tombo, Inquisition de Lisbonne, 1727 et 7869.
26. Archives muniripdes 2. Bruges, Archives Espagnoles, Notaire de Paredes, re-gistre
de 1558, f.o 35; Arquivo da Torre do Tombo, Lisbonne, Inquisition de Lisbonne.
27. Arquivo da Torre do Tombo, ibidem, 5665.
28. Archivo de Indias, SBviiie, Escribanía de Camara, 1020A (sa demande de na-turalisation);
Archivo Histórico Nacional, Madrid, Inquisición, 1480, n.O 4 et 1818,
n.o 28.
sortes d'honneurs pour son fils, le licenciado Joseph Baniberbe, avocat
aupres de 1'Audience.
Brugeois aussi est Pedro Blanco, sans doute de la famille De
Blancke on De Witte, dlepuis 1582 i Garachico de Tenerife, et marié
a Beatriz de Ponte y Revolledo, fille du familiar de lYInquisitionJ uan
de Ponte. De la m2me famille, un Pietre de Blancke, fils de Cornelis,
a moins qu'ilne s'agit du m2me personnage que Pedro Blanco, signale
en 1603 au registre des bourgeois de Bruges son départ pour les Cana-ries
et deux de ses frhres, Adriaens et Cornelis partent en 1612 pour
la Nueva España B. Citons encore les Van den Heede, dont les mem-bres
négocient A Séville vas le milieu du seizieme siecle et dont on
trouve des descendants aux Canaries 30; Jan van Daysele, qui s'associe
aux Van de WalIe a Palma en 1565 et dont le départ pour les Canaries
est inscrit pour l'année 156631; Julian vander Straele, parti vers
1569 "; Juan Flanneel alias Flaneel, parti vers 1604 et dont un fils du
E meme nom nait a Séville en 161OS; et probablement Daniel van
Damme, mentionné a Tenerife vers 1593 34. Significatif est aussi le re-cours
i des marchands brugeois en 1547 par Pieter Canter, Albert E
Gerritsz, Jacob Janssen, Cornelio Slaet, Jan Bruin, Herricq Croicq E
et Frans Gerritsz, tous d3Amsterdam pour récupérer l'artillerie et le
matériel de la caravelle «Bussa», capitaine Jan Fransz, perdue en
1536 dans le port de Garachico 35. 3
A ce point-la il faudrait plut6t parler des ((Brugeois aux Cana- %.
ries» au lieu des ((Anversois aux Canaries)), si ce n'était sacrifier a
un autre chauvinisme. De toute fa~on ce dynamisme expansionniste E
d'une ((ville morte)) peut donner a réfléchir 2 ceux qui trop aisément
lient le systeme commercial et le développement économique a l'étoile
d'une seule ville, qui ne saurait monter qu'a la merci de la chute
d'une autre. Pour cette meme raison nous nous garderons de sous- 1
estimer l'importance du groupe anversois aux Canaries. A la suite
des Van Dale, bien connus, les péripéties des partages et des reventes $
O
!B. A. SCHOUTEETO: . C., p. 15; L. GILLIODT-SV AN SEVEREX~V: éwzoriaux de
7, 7, .n.n ~ l u g ~ aUIU, ~ C>, LJIJ, 1, p. si; A. C.U~:~~PE\;R>v~i:~;; ,: La jinalíciactdii de1 com~erciod e
Garachico con las Indias (1566-1612). in II Coloquio de Historia Cann:,io-Awzerica~za,
Gran Canana, 1977, t. 1, p. 269; Archivo de Protocolos, Séville, Oficio 12, ande 1608,
livre 1.
30. Archives municipales A Bruges, Archives espagnoles, Notaire de Paredes, re-gistre
de 1563, f." 106.
31. A. SCHOUTEETO: . c., p. 45.
32. Ibidem, p. 144.
33. E. STOLS: De Spaanse B~abandeis of de handelsbetrekkingen der Zuideliike
Nederlanden met de Iberi.de Wereld, 1598-1648, BruxeUes, 1971, t. 11, p. 29.
o* =""rl;..L ññ^r^l"r-ír """J +L^ Chr-;..L Tu<rr,;r;l;^~ ;M *la,, ,-nr>nur'nr &a m. LII'&''J,l I r 2 G I D I I W I I 1 J L'I'U C,'G d Y C l l l b i , Y I I Y y ' " ' 4 . I ' " r ' ' I I l l l Y Y '+,(.a*,Y O, MI. L. de
Aiberti et A. B. Waiiis Chapman. in 'Camden Series", XXIII, Londres, 1912, p. 59.
35. Archives municipales de Bruges, Archives espagnoles, Notaire de Paredes, re-gistre
1547. f.O 94.
et l'administration de burs biens A Palma amenent bien d'autres
Anversois, Francois Adriaenssens, Oddaert van Lillo, Jan Aventroot,
Cornelio de Ruyter. Parmi ceux qui contractent mariage dans les
générations suivantes des Groenenberch et des Van Dale on trouve
les Van Ghemert, les Van de Werve, Jer6me Boot. On notera au
passage cette présence de familles anversoises de vieille souche, par
ailleurs assez passives sinon absentes dans l'apogée commerciale de
leur ville, mais sans doute fascinées par les possibilités de féodalité
coloniale que les Canaries leur paraissent offrir. Toutefois les nou-veaux
riches ne dédaignent pas non plus les relations avec les Cana-ries.
Jacques della Failb a des relations avec Francisco Adriaenssens
sur Palma, et avec Cornelis Manacker, alias Manacre sur la Grande
Canarie 36. A la meme famille appartient sans doute Helman van den
Mannacker, qui en 1563 et en 1570 dirige un navire de sa propriété m
D
vers les Canaries 37. Mentionnons encore Philippe d'Auxy et Jean de E
Ileere, Jan Gamel le vieux en relation avec Rodrigo Niclaes et Valé- O - rius Rutz Palma, Jan le Vasseur et Joos Forts, pour la période -
=m
1550-157038. De grands importateurs de sucres canariens Anvers O
E
vers les années 1550 sont Anna Janssens et ses freres Christoffel et E
2
Herman 39. Vers la fin du siecle d'autres Anversois feront la releve =E
aux Canaries: Antoon van Wichelen, des Cocquiel, un Vrancx, un 3
Coymans, Simon Brant, qui correspond avec son pere Jan Brant ?i -
Anvers, Jan Leygraeve sur la Grande Canarie, époux de Magdalena -
0m
Ortiz @1.1 y a aussi Pascua1 Leardin, né vers 1564, établi A Tenerife, E
qui dans la derniere décennie du siecle apparait tantdt A Séville, O
tantot A Anvers, et Conrad de Brier, naturalisé espagnol en 1631 *l. -
E L'objet de tous ces voyages et résidences aux Canaries reste na- -
a
turellement l'achat de sucres pour le marché d'Anvers et la vente
de textile du Nord. Toutefois selon W. Brulez il ne faudrait pas sur- -
estimer la part des produits coloniaux dans la balance commerciale 3
des Pays-Bas ~versl e milieu du seizieme s i&~l e *D~'a.u tre part les O
débouchés canariens pour le textile flamand sont fort limités. Cela
se vérifie par exemple quand Melchior Groenenberch et Paul van
,%. W. BRULEZ: De firma della Faille en de internationale handel van Vlaamse
firma's in de 16e eezcw, Bruxeiies, 1959, pp. n-29.
37. Ibidem, p. 454.
38. F. DONNETH: i s tm~e. .. , O. C., pp. 196-198.
39. Archives Plantin-Moretus A Anvers, 681.
40. F. DONXET: O. C.; sur Leygraeve voir Archivo Histórico Nacional, Mzdrid,
Inquisición, 1350, n.O 19 et 1360, n.o 30.
41. Englisk Merchants.. ., o. c., p. 31 et ICE+; J. VANC APPELLEXO: . C., p. 190.
42. W. BRULEZL: e commerce international dss Pays-Bus au XVIe siecle: u n essai
d'a$@dciation quantitative, in "Revue Belge de Philologie et d'ñistoire", 1968, XLVI,
pp. 1205-1221.
Dale doivent envoyer en 1562 de l'argent d'Anvers A Palma pour
payer les ouvriers au lieu de pouvoir y expédier des marchandises 43.
De plus i1 est évident que les sucres canariens ont cédé progressive-ment
la place A oeux de Sáo Tomé et du Brésil 4< Pourtant ils se sont
défendus mieux qu'on ne le pense. Vers 1580 Charles de Santa Cruz
importe encore des cargaisons importantes de sucres canariens A An-vers
G. A Bruges en 1627 il se vend encore 300 arrobas en provenance
de la plantation flamande de TazacorteG. Les vins des Canaries
peuvent d'ailleurs substituer partiellement les importations de sucres.
Antonio Vaz, marchand de la Grande Canarie, en vend trente ton-neaux
en 1567 a un marchand londonien, Henri West, a Anvers ".
Dans la cargaison déja citée pour Charles de Santa Cruz il se trouve
49 pipes de vin doux de la Rambla.
E~ i ~ üfraeü t-il se gzrder de lier trop strictement !'imp~rtance des
Canaries pour les Pays-Bas au volurne des marchandises canariennes
qui transitaient par leurs marchés. On peut objecter que les mar-chands
établis soit a Anvers soit a Bruges ont pu parfaitement,
déja avant le dix-septieme siecle, pratiquer le «Dispositionshandel»
et vendre des sucres canariens directement en France, en Angleterre
ou dans les ports hanséatiques, comme tout aussi bien ceux résidant
aux Canaries n'ont pas d6 destiner exclusivement leurs exportations
aux seuls Pays-Bas. La disproportion entre le fort contingent de mar-chands
brugeois impliqués dans les affaires canariennes et l'importan-ce
désormais régionale du marché de Bruges est d'ailleurs frappante.
C'est que les Canaries offrent aux marchands flamands bien d'autres
attraits que Ie sed commerce des sucres ou des vins avec la Flandre
ou le Nord de 1'Europe.
Au fur et 2 mesure que surgissent des sucres concurrents, que la
gestion des plantations .devient déficítaíre et que Ies liaisons mariti-mes
directes entre les Pays-Bas et les Canaries sont genées par suite
des attaques anglaises, francaises et hollandaises, les Fiamands dé-couvrent
les autres atous économiques des ?les. Ils s'inserent dans
le commerce entre ies Des et Seviiie, a pius courte distance et moins
dangeureux. Ainsi Geronimo van Eyewerven vient régulierement faire
43. W. BRULEZD: e firma.. ., o. c., p. 454.
44. H. POHL: Die Zuckereinfuhr nach Antwerpen durch portugiesische Kaufleute
wahrend des 80 jdhrigen Krieges, in Jahrbuch für Geschichte van SEaat, Wirtschaft
und GeseZZschaft Lateinamerikas, lS, 1967, pp. 348-373.
45. krdiives geri6idies Uü Rcya~me, BmxeEes, famiYe Xer-y d'Argerteix, pcrt. 11,
n.o 14.
46. F. D O ~ E TH:is toire.. ., o. c., p. 115.
47. Archives municipales, Anvers, Rekwestboek, 1566-67, 1.0 48 V.O
des achats h Séville vers 1600 @S.u r le meme axe, mais dans la di-rection
opposée vers I'Amérique ou l'Afrique il y a également de
belles affaires en perspective. Jorge van de Walle, cité plus haut, ne
sera pas le seul h utiliser les Canaries comme tremplin vers le nou-veau
monde. Pour le commerce avec i'Afrique nous savons qu'un
Arnaldos Vandala, ((posiblemente flamenco)), a envoyé du textile
flamand vers 1571 dans une expédition pour la Guinée et les iles du
Ca ~ -Ve r t ~11~ e.s t probable qu'il appartienne 2 la famille des Van
Dale, propriétaires des plantations de Tazacorte, puisqu'il porte le
meme prénom qu'Arnout van Dale (t 1558), marchand important
d'Anvers et @re de Paul et Pierre van Dale, mais il ne figure pas
dans la généalogie établie par Donnet. Plus nombreuses sont les in-dications
pour les relations avec l'Amérique, beaucoup moins fermée ,,
A ces étrangers flamands que les lois d'interdiction de la couronne D
espagnole ne pourraient le laisser entendre Rodrigo van Ghemert E
est parti vers Bogota, tandis que Simon Leygraeve navigue entre O
n -
Gran Canaria et Cartagena Pedro Blanco expédie du tabac de Ca- =m
O
racas 52. Ce ne sont pas seulement ces familles déjh enracinées aux EE
Canaries, pour ainsi dire naturalisées, qui profitent de i'occasion. 11 SE
y a par exemple ce modeste charpentier de Broek pres d'Arnsterdam, =
Juan Pablo, qui part des Canaries sur la ((Nuestra Señora de la Conso- 3
laciónn pour la Havane en 1575 et qui porte avec lui un petit ballot --
de couteaux et d'aiguilles d'une valeur d'une dizaine de ducats 53.
0m
E
Juan Huesterlin, alias Westerling, demande en 1609 pour le commerce O
avec le Brésil une autorisation officielle 54. Son parent, le capitaine
Pedro Westerling, alcalde de Santa Cruz, connait en 1618 des diffi- n
E cultés pour avoir chargé des marchan.dises défendues vers les Indes 55.
-
a
D'autres, parmi lesquels un capitaine de navire, ont eu, A la meme ln
époque, maille A partir avec les autorités du Juzgado pour avoir n
0
3
48. E. STOLS: De Spaanse.. ., o. c., t. 11, p. 27; Archivo de Protocolos, Séville, O
Oficio 12, 1608, libro 1.
"A *J. M. LOBO CAEKWA: Eeiaciones entre Gran Canaria, África y América a travds
de la trata de negros, in II Coloquio de Historia Canario-Americana, 1977, Gran Ca-naria,
1979, t. 1, p. 81 et 97.
50. E. STOLS: Gens des Pays-Bas.. . , o. c.
51. D. W. FERNANDEZC: arballo Wanguzmert, arcediano de Caracas, in "Revista
de Historia Canaria", CXXXICXXXVII, 1960, pp. 375377; Archivo Histórico Na-cional,
Madrid, Inquisici~Sn, 1360. n.o 30.
52. E. STOLS: De Spaunse.. . o. C., t. 11, p. 9.
53. Archivo de Indias, S6vilie, Justicia, 929, n.O 9.
54. BibEoteca da Ajuda, Lisbonne, Consultas do Conselho da India, 51-VIII-48,
f.0 251.
55. F. DE SOLANOPÉ REZ-LILAE: l Juzgado de Indias en Canarias a través de las
Apelaciones al Consejo de Indias, in I Coloquio de Historia Canario-Americana, Gran
Canana, 1977, p. 119.
transporté un «flamenco» vers le Brésil 56. 11 pourrait s'agir de Manuel
Vandale, qui a réussi A regagner le Brésil, d'ou il avait été expulsé
Juan ~laneeln avigue a u s i bien dans la «Carrera de las 1ndiasu qu'
entre Middelbourg et les Canaries 58. Des dizaines de navires hollan-dais,
affrétés par des marchands d'Amsterdam ou de Middelbourg,
mais avec une participation anversoise plus que probable, sont d'ail-leurs
venus s'approvisionner aux Canaries avant de poursuivre leur
voyage au Brésil ou aux Antilles Sg. Cette escale canarienne est alors
d'autant plus intéressante qu'ils peuvent y compléter Ieur chargement
incomplet de textile peu volumineux avec des vins et des huiles,
marchandises tres appréciées, et au surplus y trouver des informa-tions
maritimes utiles voire meme des pilotes et des marins.
Ceci pourrait accréditer la these que les rebelles hollandais, 2 la
recherche de colonies américaines, ont vouiu s'accaparer des Canaries ,,
comme $une pIate-forme revée, non seulement du point de vue stra- E
tégique mais aussi pour des raisons économiques, et que les Flamands O
leur ont pu servir de cinquieme colonne. En effet en 1599 Van der n - m Does mene l'attaque contre les Canaries ". Jan Aventroot, qui est
O E
allé au Pérou avec les Espagnols et y retourne peu apres dans une
expédition hollandaise, a également díl profiter de son séjour aux E
Canaries 61. Un Melchior van de Kerckhove, né A Palma, offre vers
1600 ses services aux rebelles et aux marchands hollandais pour des 3
expéditions en Amérique 62. O-Toutefois
il serait erroné ,d'accabler l'ensemble de la colonie fla- m
E
mande aux Canaries de ce r6le d'agents intermédiaires au profit des O
Hollandais ou d'autres ennemis de la couronne espagnole et c'est 12 6
le dernier point que nous voudrions souIigner. Si I'un ou I'autre peut E
se risquer 2 une affaire de contrebande ou A un contact, la plupart a
a pignon sur rue avec des intérets spécifiques, distincts et souvent n
meme opposés 2 ceux des Hollandais. Leur présence et leurs activités n
aux Canaries ont une raison d'etre, indépendante de la montée du
pouvoir hollandais et, autant ques les Flamands de Séville, ils ont su
développer un commerce nullement tributaire du marché d'lhmster-
56. E. VIL.& VILAR: Las Canarias como base de aprovisionamiento de navios
portugueses, in 11 Coloquio.. ., o. c., t. 1, pp. 283-300; F. DE SOLANPO~ REZ-LILOA. :C .
57. E. STOLS: OS mercadores flamengos.. ., o. c.
58. E. STOLS: De Spaanse.. ., o. c., t. 11, p. 29.
59. J. A. VAXH OUTTeEt E. STOLS:O . C., p. 6%.
60. Description vraie du voyage et entreprise de la puissante armée de provinces
c o w & d e s cor,h,- te yoy--e os,hU{glzes ef eleS CarrnNienneS, C(msteT.
dam, 1599.
61. De re& om de wereld van Joris van Sfiilbergen, 1614-1617, ed. J . Warnsinck,
in Werken Linschoten-Vereeniging, La Haye, 1943. pp. CXXIX-CXXX.
62. F. C. WIEDER: Nederlandsche Historisch-Geografische Documenten in Spanje,
Leiden, 1915, pp. 213-214.
dam ou des industries ,de textile de Leyde ou d'utrecht 63. Plus que
leurs compatriotes A Séville ils sont devenus propriétaires aux Cana-ries
et ils n'ont nulle envie de voir leurs propriétés mises & sac par
les en~a~hisseuhrso llandais comme ce sera le cas au Brésil avec les
terres des Schetz, des Hoelscher et de De Mere 64. C'est d'ailleurs
pourquoi certains Flamands, lors des attaques, ont fait partie des
corps de défense dans les iles et gagné par kur vaillante résistance
une mention dans les annales locales 65.
On peut meme dire que ce sont les menaces hollandaises et les
suspicions de collaboration possible qui ont forcé les Flamands A se
définir comme des sujets plus loyaux du roi d'Espagne, A s'intégrer
dans la société canarienne et A en assimiler les valeurs. Ainsi Pascal
Leardin demande en 1594 un certificat .d'orthodoxie et d'honorabilité
au magistrat de sa ville natale d'Anvers 66. D7autres, surtout dans la m
D
deuxieme génération, s'engagent résolument dans les rangs bureau- E
cratiques et dans la clientele de YInquisition: Juan Leygraeve en O
devient l'interprete; Pedro Westerling van Trille obtient k titre de n-- m
((familiarn de cette institution 67. Joseph van Eyewerven, avocat de O
E
1' audiencia^ et chapelain du couvent des Bernardines A Las Palmas, E
2
va meme jusqu'h engager un proces devant YInquisition pour se ven- -E
ger des paroles désobligeantes et des menaces d'un hidalgo, don Gas-par
de Friol de la Vega y Mendoza, qui l'avait traité de «hereje y 3
-
descendiente de tales Olandesesn 68. Plusieurs obtiennent des grades -
0
m
militaires ou dorent leur blason de titres nobiliaires flamands, souvent E
douteux, mais facilement reconnus et bientot rehaussés par la cour O
espagnole. Si l'on note une certaine tendance A l'endogamie .dans les n
premieres générations, ce n'est déj& plus le cas dans les suivantes. -E
a
Ce processus d'intégration relativement facile et d'aristocratisa- l
tion se retrouve également dans les colonies flamandes de Séville et n
n
de Lisbonne. Aux Canaries il semble qu'il a été plus radical, 2 en
juger par le taux tres faible de retours au pays d'origine, taux encore 3
O
plus bas qu'& Séville ou ii Lisbonne. Cela s'explique sans doute par
les plus grandes facilités dans une société nouvelle comme celie des
63. E. STOLS: De S9aanse Brabanders ..., o. c.
64. E. STOLS: OS mercadores flanzengos.. ., o. c.
65. G. FRUTUOSOO: . c.
66. F. DONNET: Histoire.. . , o. c., p. 42. Voir aussi des garanties d'orthodoxie
pour deux négociants anversois retenus aux Canaries: L. TORRENTIUSC: or~esfion-dance,
t. 111, Pdriode Anversoise, 1590-2595, ed. M. Delcourt et J. Hoyoux, Pans,
i954. UD. 4YS496.
67.-~rchivo Hist6nco Nacional, Madrid, Inquisici6n, n.0 4; L. DE LA ROSA OLI-VERA
: Catdlogo del Avchivo M~nicifiaZ de La Lagzlna, in "Revista de Historia",
CV-VCIII, 1954, p. 92.
68. Archivo Histórico Nacional, Madrid, Inquisición, 1818, n.o 28.
Canaries, mais aussi par le relatif isolement de ces iles. D7autre part
il ne s'est pas produit un renouvellement de la présence flamande au
dix-septihe siecle, car le sucre faisant défaut les Canaries perdent
alors de leur importance économique, tandis qu'a Séville le commerce
des FIamands devient de plus en plus facile grace aux nombreuses
naturalisations octroyées. Pour pres de trois siecles les Canaries
disparaissent alors de I'horizon des Pays-Bas, qui entre-temps se
muent en Pays-Bas autrichiens et finalement en une Belgique indé-pendante.
Celle-ci développe a la fin du dix-neuvieme siecle un soudain
intéret nouveau pour les Canaries, qui donne A certains I'illusion que
l'histoire se rép&te. Traditionnellement on attribue ce réveil des Bel-ges
pour les entreprises d'outre-mer la figure quelque peu démesu-rée
du roi Léopold 11 69. En fait, si ce monarque obsédé par l'idée 2
coloniale a joué un role de premier ordre comme promoteur d'une N
Belgique plus grande, les habitants du delta de 1'Escaut n'ont jamais E
perdu le goiit pour le commerce maritime ou pour I'émigration ni sous O
n -
la domination autrichienne ni sous celle des Francais ou des Hollan- =m
O
dais. L'insistance par certains auteurs sur leur mentalité bornée, ca- E
E
saniere et pot-au-feu s'explique par toutes sortes de motivations ou 2
E
de modes: les uns emboitent ainsi le pas aux railleries francaises 3 =
la Baudelaire sur I'esprit petit-bourgeois des Belges, les autres par 3
contre esperent mieux justifier leurs efforts de propagande coloniale; - e- on veut plaire au roi ou agrandir les mérites de ce Léopold 11, qui m
E
se sentait insuffsamment applaudi et méprisait ouvertement la myopie O
de ses sujets. En tout cas des les premieres années de l'indépendance
en 1830 on voit surgir de multiples tentatives de fonder des établis- n
E sements d'outremer70. Plus tard sous le regne de Léopold 11 (1865: -
a
1909) des centaines d'entreprises belges s'organisent en Argentine, 2
n
au Brésil, au Mexique ou en Egypte sans qu'ils aient sollicité l'appui n
0
ou l'approvation du souverain n. Mentionnons ici que c7est en Espagne 3
que des les années 1850 les Belges se sont révélés des exploitants O
fiévreux .de mines et des constructeurs prolifiques de chemins de fer 72.
En 1843 les Canaries apparaissent a nouveau sur l'horizon de ia
Belgique indépendante lors de I'expédition vers le Guatemala oii
69. B. EMERSON: Leeold Ii of the Belgiam, King of Colonialism, Londen, 1979.
70. L'Expanswn Belge, 1831-1865, Recueil d'Etudes, Académie Royale des Sciences
dlOutre-Mer, Bruxeiies, 1965.
71. E. STOLS: L'expansim belge en Amévique Zatine vers 1900, in "Buiietin des
Séances de YAcadémie Rovale des Sciences d'Outre-Mer". 1979. DD. 100-134. A *
72. A. BRODERL: es investissenzents e't~angers en Espugne au XiXe siecie,
Méthodologie et quantification, in "Revue d'histoire économique et sociale", 1976, LIV,
p. 62: J. V ~ NBE RW~ERL: as inversiones de capital belga en España, 1853-1953,
tesis Facultad de Ciencias Políticas y Económicas, Universidad de Madrid.
débutera une tentative de colonisation a Santo Tomas A cause de
la maladie du directeur de la colonie, Simon, le ((Louise-Marier fait
relache pendant trois longues semaines dans le port de Tenerife. Un
marin résume tres bien les impressions ressenties par les participants
de l'expédition: «Pour la premiere fois me voici hors d'Europer 14.
D'autres voiliers belges connaissent alors cette escale salutaire sur
Ieur route vers le Brésil, le Chili ou encore le Guatemala. Vers 1854
Louis Bols, consul de Belgique a Gorée avec jurisdiction sur la cate
africaine, séjourne 2 Santa Cruz de Tenerife et signale déj& I'intéret
économique de ces iles 75. 11 y découvre les avantages d'un port franc
et un marché pour les produits belges aupres d'une population en
train de passer de la misere a l'aisance. Une maison de commerce
hdge y renmntrerait to-m le4 kléments de prospérité et pourrait éta-blir
des relations avec les établissements belges en Sénégambie. De
plus une ligne de bateaux vapeur qu'on veut alors établir entre An-vers
et la Plata y trouverait toutes les facilités d'approvisionnement.
C'est vraisemblablement sur ses instances que la Belgique se résout
alors d'ouvrir un consulat & Santa Cruz ".
Bien que déja auparavant le consul de France Brétillard avait
proposé son fils Henri pour un poste pareil, le choix de Bruxelles
retombe sur un Anglais, Robert Davidson, qui appartient & la firme
Lebrun et Davidson, la plus riche des iles. Nommé le 12 juillet 1853,
il s'absente fréquemment & Londres et passe alors la gérance du con-sulat
& son frere Georges, qui prend finalement sa succession le 8
aoiit 1878. Quand celui-ci meurt de typhus en 1883 le poste reste
dans la famille, puisque sur proposition de Félix Desguin, successeur
de BoIs, on nomme en 1884 le beau-frere des Davidson, Charles Ha-milton,
qui conservera le titre jusqu'2 sa démission en 1905 et devien-dra
ainsi consul honoraire '?. Grace 2 leur situation économique im-portante
les Davidson et Hamilton sont a meme de fournir des in-formations
régulieres et précieuses sur le commerce et la navigation
des iles, dont le mouvement est encore mal saisi par les statistiques
de l'époqueT8. Toutefois leur rale ne va pas beaucoup plus loin, car
il n'y a pendant les décennies de 1850 et 1860 pas de bateaux belges
assister dans les ports des Canaries.
Aussi un voyagi: d'agrément aux Canaries comme celui du globe-
78. J. Fnna ~ :L ec R&es m Guatema%~Rsm rilles; 195.5~
74. E. SINKEL&: ?a vie de marin, Bruxelles, 1872, t. 1, pp. 14-19.
75. Archives du Ministkre des Affaires Etrangkres, Bruxeiies (dorénavant abrkvié
comme AMAEB), AF 8.
76. AMAEB, Pers. 606.
77. Ibidem.
78. AMAEB. AF S.
trotter belge Tules Leclercq ne peut se réaliser A partir d'Anvers mais
seulement par Le Havre ou par Cádiz 79. Les choses ne changeront
que lentement A partir des üñnées 1880.
-
Lourd de conséquences sera certainement le transfert du siege
du consulat-général belge sur la c6te africaine de Gorée 2 Sáo Vi-cente
au Cap-Vert et finalement A Santa Cruz. Le titulaire de ce poste
rémunéré, Félix Desguin, un jeune licencié en sciences commerciales,
s'y installe en novembre 1881 w. C'est ii partir des Canaries qu'il réa-lise
une exploration commerciale remarquée des cbtes africaines. En
meme temps des possibilités cornmerciales aux ?les memes apparais-sent.
Les cristalleries du Val Saint-Lambert songent A y installer un
dé$t de cristaux et d'articles de gobeleterie, tandis que 1'Association
Internationale du Congo, organisée sous l'égide de Léopold 11 pour
coloniser 1'Afrique centrale, s'y approvisionne en pierres A filtrer l'eüu, 2
&es et harnais pour son poste de Vivia. Toutefois Desguin meurt N
E prématurément en 1886 d'une maladie tropicale.
O Son successeur, le médecin Jean-Baptiste Allart a derriere lui une n -
=
vie passablement aventureuse comme combattant aux c6tés de Gari- m
O
E baldi en Sicile, comme explorateur en Abyssinie, au Soudan et en E
Arabie et depuis 1882 comme responsable du service médica1 de 2
E
1'Etat libre du Congo A Boma, ou il a fait construire un sanatorium =
Il a rencontré le grand explorateur Stanley et serait en relations sui- 3
vies avec Victor Hugo ". Si le nouveau consul-général, prétextant des - - 0
problemes de santé, retarde toujours son voyage d'exploration com- m
E
merciale sur les cates africaines et souleve par ses absences répétées O
en Belgique ou A Madere la mauvaise humear de ses supérieurs, il
dispose probablement de protections spéciales au Palais royal. n
E
Il redouble d'ailleurs de &le dans la rédaction de rapports sur les
-
a
Canaries et la prospection des richesses économiques des ?les. Des 2
n
1887 il signale le développement des Canaries comme station clima- o
tique pour les touristes anglais avec notamment la formation d'une 3
société d'exploitation hoteliere, dans laquelle participe le consul de O
Belgique Hamilton %. Les ateliers de construction belges pourraient
iivrer des maisons en fer et il y aurait des tramways et I'éclairage
79. J. LECLERCQVo: yage azrx Des Fmtunées, Lettres des Canavies, Bruxelles,
1880 (deuxikme édition 3. Paris, 1S9S); IDEM: Les Guanches, Notice sur les anciens
habitants des <les Canaries, in "Buiietin de la Société Belge de Géographie", 1880, IV,
pp. 420-437.
80. AMAEB, Pers. 1109.
81. AMAEB, A?? S, Desguin, 7-1-85,
82, p. r -.....,,-. 7 D diir,.& u; AL;" r-~A. - : ,D.-~,--- - ~ A O T
urn*r\u. J .-U. Z I Y Y U r Y 2 ic U * U 6 r U p I I I D U V I U I b U G Ut:L.gU, 1-0, L. 1, ¿U:. 20-22;
R.J. CORNET: J.-B. Allart. ibidem, t. VII, A, 1973, col. 9.
83. Voir sa nécroloríe dans "Diario de Tenenfe". 18-V-1906.
84. Recueil ~ o n s u l ~ r eB,r uxelles, 1%S, t. LXIIÍ, pp. 299-303.
électrique A installer. En effet le matériel pour le tramway 5 vapeur
du port 5 la ville de Las Palmas est acheté en Belgique 85. 11 se vante
d'avoir mis en rapport le concessionnaire de 6000 has prks du pic de
Tenerife, Aguilar y Aguilar avec un certain Valcke d'Anvers pour
l'exploitation d'une mine de pierre ponce 86. La nouvelle société rap-porte
immédiatement un succ&s avec ses produits a 1'Exposition de
Paris et concurrente la production des iles Lipari. 11 voit des possibi-lités
pour les pecheurs belges, qui devraient exploiter les eaux pois-sonneuses
entre les Canaries et la c6te saharienne @S.u ite A ses appels
des capitalistes belges s'informent sur la culture de la pomme de
terre, qui pourrait aprovisionner en hiver les marchés des grandes
villes belgesS8. On s'est aperg que I'Angeleterre importa alors des
quantités de tomates et de primeurs des Canaries. Un problkme pour
le développement des échanges commerciaux constitue le manque m
D
d'une bonne liaison maritime directe avec Anvers, qui n'est qu'5 une E
distance de sept jours de navigation tandis que par le détour des ports O
anglais les colis restent au moins trois semaines en route. Les navires n-- m
de la maison Pécher d'Anvers, de la African Steam Ship Co de Li- O
E
verpool ou de la Norddeutscher Lloyd font bien escale aux Canaries E
2
sur leur route entre Anvers et I'Afrique ou I'Amérique du Sud, mais -E
ils ne prennent pas de fret pour le trajet Canaries-Anvers Les arrets
servent presqu'uniquement 2u chargement de charbons et encore 3
-
a-t-on des difficultés 2 y vendre des briquettes belges. -
0
m
E
Ce qui ne doit gukre surprendre chez cet ex-colonial c'est qu'il a O
bien vite compris tout l'intéret des Canaries pour la poursuite de la
colonisation du Congo. Comme station climatique elles pourraient n
E servir d'étape de transition et de sanatorium pour les coloniaux, qui, -
a
malades, doivent rentrer en Europe et ne peuvent subir le choc subit nl
de réadaptation 11 a vite fait le tour des richesses naturelles, qui n
n
pourraient s'introduire avec profit au Congo: la vigne, dont les plants 3
canariens ont déjA été essayés en Nouvelle-Calédonie et meme en O
Guadaloupe et qu'il voudrait implanter pres du sanatorium 2 Boma;
le tagasaste, une plante qui substituerait le manque d'herbes pour
les boeufs au Congo surtout en saison seche; et meme le chameau,
qui rendrait service pour les transports entre Matadi et le Stanley-
85. Ibidem, 1890, t. LXIX, p. 407.
86. Ibidem, p. 431; AMAEB, AF 8, Ailart, 6-XII-1889.
87. Recueil Consulaire, Bruxeiies, 1890, t. LXIX, pp. 434-436.
88. AMAEB, AF 8, Min. Affaires Etrangeres, 10-VI-1893.
89. RecueiJ Consulaire, Bruxelles, 1890, t. LXIX, p. 407, 425 et 427
90. Ibidem, t. LXIX, p. 383 et t. LXX, p. 59.
Pool et dont il a conseillé I'achat A I'explorateur allemand von Fran-cois
91.
Allart n'est A ce moment déjA plus le seul Belge actif aux Cana-ries.
Un ingénieur de la Chapelle, alias Vande Cappelle, s'y est installé
vers 1878 pour motifs de santé et a valorisé par des iravaux d'irriga-tion
la vallée d70rotava en faisant creuser une galerie de plusieurs
kilometres dans le roc 92. Emile Walton, un ancien colonel de l'armée
belge, ayant servi avec les volontaires belges de Maximilien et Char-lotte
au Mexique, s'est retiré A Las Palmas et y effectue des achats
de chevaux pour les embarquer A destination du Congo 93. On retrouve
en effet un étalon de Tenerife et des boeufs des Canaries dans une
grande ferme sur l'ile Mateba dans l'embouchure du Congo, appar-tenant
2 la ((Société belge des Produits du Congon %.
La grande offensive holge autnur des Canaries se déchaine dans 2
les toutes dernieres années du dixneuvieme siecle. Désormais les N
steamers de la ((Compagnie maritime belge du Congo)), qui font le
service entre Anvers et Matadi, et ceux de la ((Compagnie royale -:
belge-argentinen s'arretent régulierement soit 5 Las Palmas soit A %
E Tenerife et l'on crée des billets aller-retour Anvers - Las Palmas pour E
2 15 livres sterling en premiere classe. En 1899 35 navires belges fré- E
quentent le port de Las Palmas et un seul celui de Tenerife; en 1907
-
ils sont 41 2 Tenerife et en 1908 45 ii Tenerife et 4 a Puerto de la $
Luz 95.
- -
0
Presque tous les livres-reportages sur le Congo mentionnent cette 1 E
escale des Canaries 96. Pour les partants ces iles annoncent déja les
tropiques et invitent, le vin capiteux aidant, A une tenue plus débrail-
Iée ou meme au premier contact avec des femmes exotiques et une -
possible «laspalmite» ". Par contre au retour, c'est aux Canaries qu'on $
ressort les vetements plus habillés et chauds, qu'on y gofite A nou- 2
n
veau aux fmits européens apr& les exces exotiques, qu'on y trouve
91. Ibidem, 1889, t. LXVII, pp. 19-35 et t. LXIX, p. 383.
92. AMAEB, AF S, Ailart, 27-111-1901,
93. A. DUCHESNE: L'exbédition des volontaires belees au Mexiaue, 1864-1867.
Bruxeiles, 1968, t. 11, p. 759; A . ~ V A XIS EGHIX: A; Congo Relge en i896, Bruxelles,
1924, pp. 34-38.
94. CH. LEMAIRE: Voyage au Congo, Bruxelles, 1895.
95. Le Mouvement Géogíaphique, 1896, p. 57 et 1901-02, p. 174; Recueil Con-sulaire,
1909, t. CXLIII, pp. 70-87 et 1910, t. CLIII, pp. 153-166.
96. E. ~\~ONTHAYMEo:n journal de bord, n'dnver s i Ldopoldville, par le chemin
des écoliers. Paris-Bruxelies, 1899, p. 33; J. VAXDRUNENH: ewe s af~icaines,L 'Atlan-tique,
Le Congo, Bruxelles, 1899, pp. 38-39; R. BUTAYE: Te land en te water in
den Onafhankelijken Congo, Reisverhaal, Bruges, 1904, pp. 59-68; J. FLAMMDEa:n s
La Belgique afvicaine, Bruxelles, 1908, pp. 15-16 e t 306; E. VASDERVELDEL: es dernie9,s
jours de 1'Etat du Congo, Mons-Paris, 1909, pp. 184-136; H. CARTON DE WIART:
iMes vacances au Congo, Bruges-Paris, 1923, pp. 25-30 et 204-205; Congo, guide illustré
et guide de Ténériffe, Bruxelles, 1930, pp. 23-51.
97. A. VANI SEGHEOX. :C ., pp. 34-38.
déjh les journaux belges Le pkre Constant De Deken s'émerveille
de la politesse des guides et cochers espagnols et de la propreté de
l'orphelinat ''.
On consacre aussi de plus en plus d'articles aux seules Canaries
soit dans les revues coloniales spécialisées comme «le Mouvement
géographiquen ou «la Belgique colonia le^ soit meme dans les quoti-diens
loO. Le rédacteur-en-chef de ((La Chroniquen, Dommartin, publie
en 1897 une série d'articles sur son séjour A Gran Canaria et ?i Tene-rife
lo'. Henri Wauters rapporte des vues photographiques de son es-calade
du pic de Tenerife et de son périple aux iles de Palma, Gomera
et Hierro lo2. Te1 autre trouve k coi3 de la vie 5 Las Palmas excessi-vement
cher, avec la biere belge «Artois» h 1 fr 25 la bouteille, et
malgré ce prix, fort estimée Io3. Le docteur Villers examine les condi- ,,
tions climatologiques pour y installer un sanatorium mais préfkre -
tout de meme Madkre lo4. Par contre Th.Masui découvre les richesses E
agricoles exceptionnelles avec les bananes et les primeurs, lors d'un O - séjour ?i l'intérieur de Tenerife Io5. G. Taymans présente ses souvenirs -
m
O
des Canaries dans une conférence 2 la tribune de la ((Sociétéb elge de EE
Géographien en 1904 lm. Le visiteur belge le plus illustre est sans S
E doute Léopold 11 lui-meme. Lors d'une croisiere 2 bord du yacht Clé- -
mentine le roi aborde le 21 septembre 1897 ?Li as Palmas et visite 3
incognito cette ?le lo7. --
0
L'apparition de Léopold 11 aux Canaries et son entretien en mai m
E
1898 avec Alphonse XIII sont mis en rapport avec une éventuelle O
vente de ces ?les au souverain de 1'Etat libre du Congo los. Ces bruits
recoivent peu apr&s un démenti comme étant «un canard des Cana- -
-E
a
98. E. PICARDE:n Congolie, Bruxelies, 1896, pp. 17-20 et 188-189.
99. C. DE DEKEN: Tzuee juren in Congoland, Anvers, 1900, p. 17 et 22-24; Voyage
au Congo, Lettres d'une Soeur de Charitd de Gand, Bruxelies, 1905, pp. 3-6.
100. H. W.: D'Anvers aux Canaries, A bovd du LÉopoZdville, in 'Ze Mouvement
Géographique", 1897, pp. 217-219; L'Archipel des Canaries, in "Le Mouvement Géo-graphique",
1899, pp. 307-309; H. WALTON: L'Archipel Canarien, in "La Belgique
Coloniale", 11, 1-XI et 13-WI-1896 : TH. MASUI: Sous les tropiques: de Genes d
Sainte-Croix de Tdnériffe, in "Buiietin de la Société d'Etudes Coloniales", 1908,
pp. 723-727; N. LEYSBETH: Production et commerce des bananes aux Iles Canaries,
in "Bul. Société Belge d'Etudes Coloniales", 1908, pp. 839-852; F. LONGRFEL: es Iles
Canaries, in "Bul. Société d'Etudes Coloniales", 191 1, pp. 281-308.
101. Le Mouvement Gdogiaphique, 1897, p. 130.
102. Ibidem.
103. A Las Palmas, in "La Belgique Coloniale", 14-VI-1896, p. 280.
104. VILLERS: Quelques considdrations sur le choix de i'emplacement b u n sana-torium,
in "La Belgique Coloniale", 19-XII-1897, pp. 603-605.
105. TH. MASUI: Téndriffe, La culture de Zn banane et des firimeurs aux Ca-naries,
in "Le Monvement Géographique", 1900, pp. 162-165.
106. "Bulietin de la Société Belge de Géographie", 1904, XXVIII, pp. 138-140.
107. AMAEB, AF 8, Akrt, 22-XII-97 et Quesada, 10-XII-97; A. DUCHESSE:
LQopold II et le Maroc 11885-19063, Bruxelies, 1965, p. 120.
108. A. DUCHECNE: O. C., pp. 153-155.
riesn, mais en fait ils ne sont pas aussi fantaisistes qu'on ne voudrait
le faire croire. Léopold 11 s'est intéressé 2 l'achat de plusieurs terri-toires
que se soient des colonien espagnoles comme les Philippines,
les Carolines, les Marianes ou meme le territoire guyanais contesté
entre le Brésil et la France et depuis longtemps il est 2 la recherche
d'une station ou d'un poste intermédiaire sur la route du Congo IW.
Déj2 en 1888 une mission belge avait reconnu ?i partir des Canaries
la cate sud-marocaine et le cap Juby 2 la recherche d'un emplacement
idéal. Un des participants de cette expédition, le baron Lahure, a
d'ailleurs laissé des lettres enchantées de son passage aux Canaries.
L'éclairage et les magasins de Tenerife le font écrire que «c7est 1'Eu-rope
en pleine Afrique; c'est la civilisation sous un beau ciel plein
de scintillantes étoiles)) llO. Dans les archives du Palais de Bruxelles,
pourtant partiellement éuurées et détruites, il se trouve quelques
dossiers prouvant l'intéret de Léopold II pour les Canaries vers 1898-
1900 et il est certain que les rapports du consul Allart, destinés au
Ministre des Affaires étrangeres, ont été transmis au roi "l. Cette
fois-ci Léopold 11 semble avoir été plutat dégu des possibilités aux
Canaries et certainement pas encore décidé ?i les préférer 2 la cate
marocaine.
Dans le milieu plus large des expansionnistes belges on continue
pourtant 2 envisager une mainmise sur les Canaries. Las Palmas
pourrait devenir un Aden ou un Singapour pour les Be1ges112. Le
journal «Le XXe siecle)) consacre un article aux ((Belges aux Cana-ries))
l13. 0n se berce facilement d'illusions: «les Belges sont excessi-vement
bien vus dans les iles Canaries, mieux que les Espagnols ...
Les Canariens sont essentiellement doux, mais incapables d'initiative ;
I'Espagnol, lui, n'a pas I'énergie voulue pour mener 2 bien une entre-prise
» '14. Un peu plus modéré dans ses expressions, Masui souhaite
que c(1'essor de notre activité s'étende progressivement dans ce riche
pays. Les Canariens seront heureux de nous accueillir)) l15.
109. L. GREINDT,: Léopold II et Irs Phzlippi~zes, 1869-1875, Rriixeiies. 1962;
B. EXERSON: O. C.
110. A. LAHURE: Lett~es d'dfrique, Bruseiies, 1905, pp. 67-83 et 135.
111. E. V.ANDEU~OUDIEn:v entaire des archives rehtives au dévelo@@enzent exté-rieur
de la Belgique sous le rsgne de Léopoid II, Bruxelles, 1965, p. 104 et 186:
AMAEB, AF 8, Min. .?f. Etr.. 9-11-1900; "vos communications ont été glacées sous
les yeux du Roi".
112. La pospente des Zies ¿unartes, in Le Ivíouvement Geographique", 1897, p. 11.
113. 'Te XXe sikle", 22-TV-1898.
114. E. W. : Aux Canaries. in "Le Mo~vement Géoaraohiaue", 1900, UD. 544-546. A . . > A
115. SR. MP~SUI: O. t., pp: 162-165.
tarctique de la ((Belgikaa et avoir été laché par son chef de Gerlache
peu avant le départ, est allé se consoler aux Canaries et a passé en
1900 plusieurs mois avec les pecheurs canariens. A son retour il pu-blie
une longue étude sur les richesses poissonneuses des eaux ca-nariennes
et propose la formation d'une société hispano-belge pour
les pecheries. Grace A celles-ci la Belgique ne devrait plus engager
ses pecheurs dans les campagnes dangeureuses de Terre-Neuve et
d71slande et on pourrait facilement fabriquer les conserves de poisson,
qu'on doit importer et dont on a besoin aux tropiques. Tacquin, qui
reconnait dans les paysannes de La Laguna une ressemblance avec
«nos plantureuses flamandes~e t pose les Flandro-Canariens du XVIe
sihcle en exemple comme «doyens de nos éléments coloniaux~, énu-mere
les abondantes possibilités A saisir aux Canaries: terres fertiles
pour les betteraves et les sucriers belges; climat idéal pour les plantes m
D
ornamentales, dont la Belgique est déjh un grand producteur et ex- E
portateur; installation de tramways électriques; exportation de ba- o
nanes vers la Belgique, qui ne devrait plus les importer par Londres; n-- m
etc ... l16. 11 semble avoir intéressé Léopold II et le prince héritier Al- O
E
bert, préoccupé par les pecheurs belges, et puis également dans les 2E
milieux d'affaires un homme aussi important qu'Edouard Empain, -E
bien connu pour ses entreprises de tramways dans le monde entier117. -
Tacquin organise A Ostende une exposition sur les poissons des Ca- 3
-
naries et on est A deux pas de la formation d'une «Société générale -
0
m
des Pecheries de I'Atlantique)), mais pour des raisons, qui nous sont
encore inconnues, I'affaire est rangée. On parle d'ailleurs A ce mo- o
ment d'un sanatorium belge A Tenerifells. n
Derrikre Tacquin et tous ces projets se profile la figure infatigable a-E
du consul-général Allart, qui dans ses lettres au Ministre des Affaires l
étrangeres ne fait plus aucun mystere de ses visées impérialistes. n
n
DéjA en 1898 il voit «une large place pour les capitaux belges~llg . Un
peu plus tard il situe déjA ctout le commerce aux mains des Belges~ 3
O
et «si le programme que j'ai proposé s'accomplit, j'ai la persuasion
que la plus grande partie du commerce de ces iles sera acquis a ia
Belgiquen ou encore «la Belgique peut fournir tout ce qu'on importe
116. A. TACQUINL: es Iles Canaries et les fiarages de fieche canariens, in "Bulletin
Société Belge de Géographie", 1902, pp. 28-64, 131-192, 266-286, 315-350, 405-445 et
502546 et 1903, pp. 37-99; A. TACQUINL: 'industrie modemze de la Peche, in "Revue
Economique Internationale", 1904, 1, pp. 467-477; Le dossier 284811 aux AMAEB
a ét6 transféré dans un autre dossier; A. DUCHESNEA: r thu~T acquin, in '73iographie
Belge d'Outre-Mer", 1967, t. VI, col. 963-969.
117. A. DUCHESNEL: éofiold IZ ... o. c. . pp. 163-185 et 227.
118. A. CARPENTIERO: euvre belge pour la crdation a u n sanatorium dtablir
ci Tdnériffe, Bruxeiies, 1905.
119. AMAEB, Pers. 1087, A k r t , 29-IX-1898.
icin lm. Selon lui «ce que les Hollandais font i Java, les Belges peu-vent
le faire i Tenerifen '21. Commentant l'intéret de l'obtention d'une
concession de tramway i Tenerife il va jusqu'i écrire que «ce n'est
pas seulement au point de vue commercial qu'il est désirable que les
Belges soient en possession de tout le réseau du tramway qui pourra
se faire i Ténériffe mais aussi et surtout au point de vue politique ...
la plus grande partie de l'ib serait pacifiquement aux Belgesn et
ailleurs ales deux iles seraient ainsi entre les mains des Belges unis
aux Espagnols)) lZ2. En insistant auprhs du Ministre des Affaires étran-geres
pour qu'on crée un vice-consulat A Santa Cruz de la Palma, il
rappelle que acette ile n'oublie pas qu'elle fut colonisée par les An-versois
... cette ile est ainsi en partie d'origine beige)) m.
En tout cas il obtient la création de ce poste d'abord pour un
rommerqant, Félix Casxmvi y S&r, et 2 SU Enr t pniir EGiiarG~, 2
N Morales Yañes, membre d'une famille concessionnaire de I'électri- E
cité et de l'irrigation i Las Pasmas. 11 est frappant que vers cette
époque la Belgique renforce sa représentation consulaire aux Cana- - -
=m
ries. On envoie un vice-consul i Tenerife, d'abord José Bribosia, puis O E
J. De Snick, F. Longrée et N. Leysbeth, A chaque fois des fonction- SE
naires, qui ont déji une certaine expérience outre-mer en Chine et ;
en Amérique latine. 11 y a également un consul 3. Las Palmas.
On pourrait hausser les épaules devant cette ardeur expansion-niste
d'Allart, devant cet impérialisme léopoldien irréaliste et chan-geant
mais combien contagieux, n'était-ce que ce consul-général a
réellement travaillé pour implanter une présence belge aux Canaries
et a réussi un début de pénétration économique.
Au mois de mai 1898, alors qu'i Tenerife en pleine guerre hispa-no-
américaine on craint un bombardement des Américains, Allart
obtient les dernihres signatures des autorités locales pour la con-struction
d'une ligne de tramway électrique de Santa Cruz a La La-guna
et, peu aprhs, Madrid ratifie la concessionm. A Bruxelles se
constitue alors le 28 septembrer 1899 une société ((Tramways électri-qUes
& T&ériffr. ei extensions,, aü capital & 1 . j c ~ Jf r~a~n ~ije~l-ges
%. Parmi les principaux actionnaires se trouvent les freres Fiche-fet:
Eugene, député, et les entrepreneurs Jean et Arthur, ce dernier
prenant la présidence du conseil d'administration. Les milieux de Te-
120. AAIAEB, AF S, Aiiart, 12-IX-1899.
.12 1. Ibidem, Allart, 12V-1900. ILL. Itic,?enz, U ü i a r t , 16-l-i%X2.
123. Ibidem, Pers. 607, Allart, 25-111-1902.
124. Ibidem, Pers. 1087, Ailart, U-V-1898.
125. Le Recieil Fimncier, 1910, p. 267.
nerife y sont représentés par Rafael Hardisson. En octobre 1899
Allart amhe 2 Santa Cruz Arthur Fichefet ensemble avec deux in-génieurs
pour diriger les travaux, Alphonse Renard et Gonzague Mo-re1
de Westgaver, neveu du ministre belge des Financesm. PIS sont
recus avec des sérénades de la musique militaire et on organise une
série de banquets pour festoyer I'arrivée du tramwaylZ7. Une rue re-coit
meme le nom du ((bienfaiteur)) Allart. La ligne s'inaugure le 8
avril 1901 sur un premier parcours de 10 km. Aussitot commencent
alors les gestions pour obtenir une deuxieme concession qui prolon-gerait
le tramway de La Laguna Tacoronte sur un deuxieme tron-con
de 10 km. Aprhs toutes sortes de difficultés, sur lesquelles nous
reviendrons plus bas, la société belge empoche également ce prolon-gement
et en avril 1904 débute une nouvelle phase de travaux3=. En
1906 18 km. viennent encore s'y ajouter jusqu'a Orotava. ,, -
Entre-temps Allart a patronné 2 Bruxelles la constitution en
septembre 1899 d'un syndicat d'études agricoles; minieres, commer- O
ciales et industrielles pour Tenerife au capital de 25.000 francs n
=m
11 s'agit d'amplifier une expérience avec des plantations de betteraves O
E
sur les hauts plateaux, dispersées sur 40 parcelles d'un quart d'hecta- E
2
re. Allart, qui par ailleurs se vante d'avoir introduit aux Canaries E
une nouvelle méthode de planter les pommes de terre (selon Aimé
Girard), a obtenu déjA en 1897 un premier succes avec des betteraves 3
et une analyse 2 Gembloux a donné de bons résultats sur la teneur -
0m
en sucre. Cette fois-ci la deuxieme expérience sur une grande échelle E
est également concluante et des sucriers belges décident la constru- O
ction d'une raffinerie sur place 130. Surgissent alors des difficultés avec n
le gouvernement espagnol, 2 Ia suite desquelles on abandonne le E
projet. Le meme syndicat d'études examine aussi i'achat possible du a
Grand Hotel Sanatorium d'orotava, évalué A 1.200.000 francs, et d' n
autres hotels. Ici aussi rien ne se réalise, mais vers 1905 l'HÍ3teI Bri-tannique
A Santa Cruz a une direction belge et est la succursale du O3
Grand Hotel Britannique de Bruxelles.
Toujours dans le secteur agricole, Allart recherche en 1901 des
options sur desterrains 2 Tenerife pour diverses sociétés belges qui se
proposent d'y fonder des établissements d'horticulture et de planta-tions
t r~picales l~S~el.o n les études d'A. De Wilde, directeur des
A.,-M. AEB, AF 8, Aliart, 20-X-1899.
-uiario Se lenerife", 14 et 29-h et &di-i80.
AMAEB, AF 8, J. De Snick, 8-V-1904.
Ibidem. Allalirt. 12IX-1899.
~bidem;A iiart, '30-XII-1899 ; A. TACQUILNe:s %s.. . , o. c., p. 57.
AMAEB. Pers. 1087, Aiiart, 8-VI, 1901.
plantations publiques de Gand, surtout Orotava offrirait un climat
idéal, encore plus propice que le Midi de la France 132. En outre la
main-d'oeuvre y est fort bon marché et les transports des Canaries
vers la Belgique seraient moins cofiteux que ceux du Midi de la
France. En suscitant une nouvelle mode des plantes tropicales on y
trouverait facilement un vaste débouché. Ces projets font long feu
mais cinq ans plus tard il est encore question d'organiser un te1 éta-blissement
horticole, cette fois-ci pour un certain Martin d71xelles 133.
11 semble que le prix des terres est trop élevé: 30.000 2 40.000 francs
I'hectare dans la vallée d'orotava.
S'il est cofiteux pour un Belge de devenir propriétaire terrien aux
Canaries par achats, il y en a un qui accede 2i cette catégorie par un
mariage avantageux. L'ingénieur Fernand De Masy, qui dirige de
1900 a 1904 le Trmway .de Tenerife & cera partir & 1905 consu] o 2
de Belgique 2 Santa Cruz, a épousé en 1902 la fille d'un des hommes
les plus riches des Iles, Yanes Perdomo 134. A la mort de son beau@re
il exploite ensemble avec son beau-frkre des plantations agricoles et
notamment des bananeraies A Tenerife et 2 Palma. Piusieurs Belges f
découvrent d'ailleurs vers cette époque les qualités nourricihres de
la banane. Ils voudraient faire abolir les droits d'entrée excessifs (5 -
frs par 100 kilos) et charger les steamers belges au retour du Congo $
avec ce fruit, qui deviendrait ainsi accessible aux classes laborieu- 3
135 . En 1907 on n'exporte encore que 4150 régimes vers la Belgique
contre 497.670 pour I'Angleterre 136. E
De Masy se révele de son c6té un homme d'affaires talentueux. O
11 dirige une société «El Progreso Agrícola de Tenerife)), fondée en d
1907, qui exploite une fabrique d'engrais chimiques avec des matieres %
premieres importées de Belgique, un laboratoire agricole sous la res- a
2
ponsabilité de l'agronome. C. Bouillot, ancien directeur de 17Ecole
d'horticulture de Vilvoorde, et encore une fabrique de carreaux en 1
ciment comprimé, également d'origine belge 13?. De plus en 1906 il 2
jette ensemble avec deux autres Belges, Eugene Nauts et Fernand
Bruch les bases d'une aqsociation, ou entreraient aussi des Canariens
comme Marti Ballester et Hamilton, et dont le capital de 400.000 A
500.000 francs doit servir a l'organisation d'une brasserie Comme
132. A. TACQUINL:e s &s.. ., o. c., p. 61.
133. AMAEB, AF 8. Aiiart, E-111 et 26-IV-1906.
134. Ibidem, Pers. 1583.
135. N. LEYSBETRO: . C., .P.P . 839.852; F. LORGREEO: . C., p. 291 : E. V A ~ E R -
V ~ U E : O. C., yp. iZ4-186.
136. Recueil Consulaire, 1909, t. CXLIII, pp. 70-87
137. Ibidem. 1910. t. CXLVIII D. 131
138. AMAEB. & 8, ~eysbe thA, 24-~~Í-1906
la bidre connait un franc succ&s et s'importe i prix d'or d'Allemagne
(elle se veed alors 1 ou 1,25 peseta), on espere faire de bonnes affai-res
en la brassant sur place. Nous ne savons pas si la brasserie a été
effectivement mise en place, car il y a eu un problkme de manque
d'eau.
Eugkne Nauts, qui appartient 2t une famille anversoise avec des
intérets en Colombie, et Fernand Bruch, gérant de l'H6tel Britannique,
se sont d'autre part associés pour un comptoir d'importation de pro-duits
belges, surtout des toiles, de l'ammeublement et des matériaux
de c o n s t r ~ c t i o n ~Le~ ~ci.m ent est devenu un des premiers produits
belges aux Canaria, oii on construit sans relache des débarcaderes,
des moles, des quais et des réservoirs d'eau et dépasse en volume de
loin les importations traditionnelles comme les toiles, le papier, les
verres, les bougies, les armes et les clousl@. A la mort de Bruch en m
D
1910 Nauts connait des difficultés financieres par manque de capital E
et retourne en Belgique "l. 11 y fonde alors une société au capital de O
50.000 francs, la «Belgian Manufacturing and Export Companyn pour n -
=m
des affaires entre la Belgique et les Canaries. A la Grande Canarie O
E
il existe une autre maison belge d'importation, vraisemblablement E
2
celle de Walton, cité plus haut. =E
Plus importantes sont quelques sociétés industrielles. Presque 3
contemporaine de la nTramways de Ténériffe)), une ((Compagnie gé-nérale
de transports et d'électricité)), constituée h Bruxelles le 12 mai -
0m
1898 par un groupe liégeois, a repris ensemble avec des Espagnols E
une concession d'Eusebio Navarro y Ruiz pour construire et exploiter O
une centrale électrique A Las Palma~l*O~.n a inauguré le 30 juin n
1899 la station avec des générateurs belges. Le capital de cette «So-a£
ciété d'électricité de Las Palmas» passe successivement des 750.000
francs initiaux Zi 3.000.000 puis h 1.000.000 pour remonter a n
1.500.000 143. Ces altérations sont en relation avec les projets d'exten-sion
des activités: il est question d'électrifier le tramway i vapeur 3
O
entre Puerto de la Luz et Las Palmas et d'étendre une ligne a la su-crerie
i vapeur d'Amcas et a son port, d'ou une liaison maritime
rapide desservie par une autre compagnie hispano-belge réduirait la
durée du voyage entre la Grande Canarie et Tenerife de 6 A 2 112
heures. Toutefois en septembre 1908 c'est le Banco Castillo de Ma-
139. Zbidem, Leysbeth, 20-VII-1906.
i40. Recueii ConmiaRe, iW9, t. CXLíií, pp. 7ii-87
141. AMAEB. AF 8, De Masv. 9-1-1911.
142. Ibidem, ~l l a r t1,2 -IX-1899 et 10-1-1907; Le Recueil Financiev, 1910, p. 477;
A. TACQUL~es: $les.. . , o. c., p. 154.
143. Recueil Consula;ve, 1910. t. CXLVIII, p. 131.
drid qui achete le tramway a vapeur du sieur Antunez pour 1.750.000
pesetas, écartant ainsi le groupe belge qui offre seulement 1.000.000 lP4.
Entre temps vers 1906 la société électrique est incorporée dans le
portefeuille de la «S. A. des Centrales Electriques)), de Bruxelles,
mais également A forte participation liégeoise. Le meme holding re-prend
en 1909 la ((Compañía Eléctrica e Industrial de Tenerife)) pour
la valeur de 1.000.000 pesetas et obtient de la municipalité une pro-longation
de la concession de 50 ans moyennant 60.000 pesetas 14j. Le
capital de la nouvelk société belge est augmenté k 1.500.000 francs
puis a 2.000.000 146.
Mentionnons encore la usociété Canarienne de Meunerie et de
Panification (Systeme Schweitzer))), constituée ii Bruxelles vers 1900,
au capital de 1.000.000 francs, mais presqu'entigrement souscrite par
des uc-~nnaires espagncls et fracpis 147. Fin2lement il y a
m
tentatives pour intervenir dans d'autres secteurs de l'équipement in- D
frastructurel des ?les. En 1902, Bataille, un ingénieur de la «Com- E
pagnie des Conduites d'Eau» de Liege vient examiner les travaux
nécessaires pour une éventuelle prise d'cau et pour les canalisations la.
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L'alcalde, Juan Marti y Dehesa, qui est d'ailleurs l'avocat de la so- £E
ciété des tramways, y est favorable, mais nous ignorons l'issue de ces
tractations. Plus tard en 1910 la meme Kompagnie des Conduites
d7Eau» s'intéressera encore k des fournitures de matériel lCg. En 1906 1
I'ingénieur Coppieters, qui a construit le port 2 Ostende et des quais %
de I'Escaut 2 Anvers, se met sur les rangs pour une concession con- o m
E
cernant le port de Santa Cruz, sans succgs, semble-t-il, car il bute
sur des intérets stratégiques de la flotte espagnole lS0.
Tout cela représente certainement une activité assez importante
des Belges aux Canaries, mais on est loin de compte de la mainmise
revée par Allart et d'autres. En 1907 il y a une colonie de 35 Belges
A Tenerife avec 10 chefs de famille ou célibataires, dont 6 sont actifs n
0
dans le commerce, 1 dans l'agricuiture, 1 dans l'enseignement et 2 $
dans les transports 151. Toutes proportions gardées cette présence peut o
, . -. ,., ,, ,nr,i ,.rr,, 1, -,1,,:,. ^,"1^:^^ A^^ el^^ r^-.^z^^ a ycllic 3c L u u L y a 1 c i a v c ~ia LWIW~LLG aiigiaiuc ULU LICU L a L i a l l c a .
11 reste alors 2 examiner pourquoi la pénétration belge s'en est
arretée la. Tout d'abord il faut bien constater qu'aucun grand finan-
144. AMAEB, AF S, Dossogne, 7-XI-1908.
145. Ibidem, Dossogne, 30-VIII-1909.
146. Le Recueil Financiei, 19Z, p. 1187.
147. Le ~Mouvement Géografihiqae, 1904, p. 414; voir aussi le Recueil des actes ...
annexe au M-oniteur.
14s. AMAEB, AF S, Allart, 21-111-1902,
149. Ibidem, Pers. 1583.
150. AMAEB, AF S, Leysbeth, S-V-1906.
151. Ibidem, Dossogne, 19-m-1907.
cier belge du type Albert Thys ou Raoul Warocquié n'apparait dans
les affaires canariennes. Si Empain s'est intéressé un instant au projet
des pecheries, il s'en est retiré aussitot. De meme ks grandes banques
expansionnistes comme la Banque d'Outre-Mer restent absentes. Les
possibilités d'investissements et les débouchés pour k matériel ferro-viaire
ou électrique aux Canaries leur ont paru par trop réduits, alors
que la Chine, la Russie, le Brésil, I'Argentine, le Chili, etc., aigui-saient
l'appétit et dispersaient déjA leur attention. Les Canaries sont
plutot de la taille de débutants comme les frhres Fichefet ou d'entre-prises
familiales comme celle de De Masy. Ceci amhe le désavantage
que ces entreprises arrivent bien A rassembler quelques millions de
capital, mais qu'elles sont trop pressées A récolter les bénéfices et
distribuer des dividendes et par conséquence alimentent insuffisam-menlie
ura investissements sUpy;Smeii:aii.es FoUi !'eEtre&.n et yagran= m
dissement de leurs affaires. Comme on le verra plus bas, ce type de 0"
E stratégie, cette lésine sur le matériel et ces économies sur les dépen-ses
conduisent inévitablement A des conflits avec les bénéficiaires, qui O
n se plaignent bientot du manque de matériel et de la mauvaise qualité
-
m
O
E du service 152. E
2 D'autre part au moment oh commence la pénétration belge aux e
Canaries, Léopold 11 et son Etat libre du Congo se trouvent déjA sur
-
la défensive A la suite de la campagne anglaise autour du scandale du 3
«red rubberv et il est peu probable que les Britanniques se laisse- - -
0
raient évincer de ces Canaries qui présentent alors un intéret straté- m
E
gique sur la route de I'Afrique du Sud, en pleine guerre des Boers. O
11 est symptomatique qu'en juillet 1900 Charles Hamilton, consul de g
Belgique 2i Santa Cruz mais de nationalité anglaise, présente sa démis- n
E
sion sans doute en relation avec l'attitude de la presse belge sur I'af- -
a
faire du Transvaal lS3. L'antagonisme possible avec l'influence anglaise 2
n
toujours prédominante dans ces parages apparaitra auusi lors d'un n
n
conflit vers 1911 entre la ((Société d'Electricité de Las Palmas3 et 3
«The City of Las Palmas Water and Power Co, lS4.
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LTE &&a& majeur prcvient tciit&ic: cl_e 12 &cictance gra~&s-sante
des Canariens eux-memes A ces nouveaux envahisseurs belges.
D'abord acclamés comme bienfaiteurs les Belges rejoignent bientot le
camp des exploiteurs anglai~'~P~e.u de temps aprhs I'inauguration
de la Iigne de tramways de Santa Cruz A La Laguna se forme une so-ciété
concurrente parmi les commerqants locaux qui sollicitent 2 leur
152. Ibidenz, De Snick, 8-V-1904; Aiiart, SVII-1904.
153. Ibidenz, Pers. 606, Aiiart, 20-VIII-1900.
154. Le Recueil Fimcier, 1914, p. 560.
155. AMAEB, AF 8, Bribosia, 14-VIII-1901.
tour la meme concession pour le deuxieme troncon de La Laguna i
Tacoronte. En outre ceux-ci disposent déja des chutes d'eau d'Oro-tava,
qui peuvent fournir la force motrice A bas prix et que les Bel-ges
ont dédaigné d'acheter lorsque l'occasion s'est présentée. De leur
coté les Belges mobilisent le député de Tenerife, le marquis de Villa-segura,
et pressionnent Madrid & travers de l'ambassadeur de Belgi-que,
L. Verhaeghe de Waeyer '56. Villasegura appuie en effet les Belges,
argumentant diz moindre mal, mais refuse avec circonspection une
distinction honorifique belge, qui lui est offerte en récompense. Fi-nalement
les administrateurs belges doivent tout de meme conclure
un accord 2 l'amiable avec leurs concurrents, qui obtiennent un dé-dommagement
de 37.398 pesetas, le libre parcours sur la ligne pour
leurc, 13 actionnaires et I'acces aux actions de la société belge 15'.
Un autre conflit éclate en 1906 avec les usagers du tramway et
avec les ouvriers employés par la compagnie ljS. A la suite des récla- D
E mations dans les journaux El Tiempo et El Progreso sur le délabre- E
ment du matériel roulant les autorités font procéder 2 une expertise -
par un jeune ingénieur, Campos. Comme celui-ci constate des freins E
E défectueux, elles font retirer deux voitures de la circulation et impo-
2 sent une amende de 2.500 pesetas. Une contre-expertise organisée par E
la société reconnait cette usure du matériel mais nie qu'il y aurait $
danger pour les passagers '59. 11 apparait d'ailleurs que par suite d'un
accord tacite avec les autorités la société n'avait jamais mis en p-ace
des freins électro-magnétiques sur le troncon La Laguna-Tacoronte.
Selon les Belges il s'agirait d'une campagne inspirée par la société E
Anglo-Basque, qui projette un chemin de fer de Tacoronte 2 Orotava.
Quant aux ouvriers, ceux-ci se plaignent de la dureté du directeur
Henri Boccar et de la mise au repos arbitraire de tous, un jour par
semaine, sans salaire au bénéfice d'autres embauchés. 2
n
Par la suite la meme société se ressentira encore d'une préten.due
animosité des autorités. Quand 2 la fin de 1906 des mesures prophy- 2
lactiques contre une épidémie suspendent tout trafic, le directeur se
plaint qu'on tolere tout de meme le transport par charriot et demande
l'intervention des consuls belges en sa faveur160. La question se pose
d'ailleurs si la concurrence que le tramway porte aux charretiers
n'est pas 2 la base de l'impopularité de la société belge. Une autre
156. Ibidenz, copie de son discours a u s Cortes du 30-XI-1901; Aiiart, 10-1-1902;
Bribosia, 9-XII-1901; M. Af. Etr., 9-XII-1901.
157. Ibidem. AF 8, Aiiart. 21-X-1902.
158. Ibidem, Leysbeth, 29-X-1906.
159. "La Opinión", 30-X-1906.
160. AMAEB, AF 8, Boccar, 121-1907.
source d'incidents est l'attitude pointilleuse de la société en matiere
de libre parcours sur sa ligne. Un receveur, qui réclame avec trop
d'insistance le paiement de son billet A un officier espagnol, se fait
arreter et infliger une amende161. Le directeur de la société, Alfred
Rensonnef, craignant que ce facheux précédent ne nuise ?i la disci-pline
de ses employés, proteste auprhs du gouverneur et sollicite des
démarches de l'ambassadeur belge A Madrid. Le gouverneur, le vice-amiral
Eulate, réplique avec des nouvelles plaintes au sujet du service
défectueux du tramway. Aussi lors qu'il sera révoqué en mars 1913
et remplacé par Torres Guerrero, les Belges s'en réjouiront. 11 y a
finalement encore un proces avec le fisc espagnol, mais dans lequel ils
obtiennent gain de cause1".
De toute facon ils ne se sont pas rendus compte en élaborant leur
stratégie d'investissements que le service public, tout en étant le plus
régulier en recettes et le plus intéressant pour la fourniture de maté-riel
belge, expose aussi le plus directement A l'impopularité et aux
conflits avec les autorités et dans ce domaine les Belges n'avaient pas
la main aussi lourde et le dos aussi large que les Anglais. Quant aux
entreprises agricoles, les Canariens ont tenu A garder leurs terres et
n'ont voulu vendre qu'a des prix exorbitants Im3.
La guerre de 1914-1918 viendra poser de sérieux problemes de
communications, d'approvisionnement et de défense pour les interets
belges. Par apres la présence belge aux Canaries continue ?i &re im-portante,
mais déja dans un autre contexte et une autre mentalité.
La Belgique a perdu dans les boues de 1'Yser une bonne partie de son
aplomb expansionniste.
Entre les deux épisodes de présence flamande et belge aux Cana-ries
la comparaison est séduisante mais ne livre pas beaucoup de
résultats. Disons que la répétition de la présence est déjA probante
en soi de l'importance des Canaries pour une expansion depuis la mer
du Nord vers 1'Amérique ou 1'Afrique. Remarquons aussi l'intéret de
son agricuIture et la générosité d'accueil de ces iles.
161. Ibidem, De Nlasy, 16-X-1911.
162. Le Recueil Fimancier, 1910, p. 267.
163. N. LEYSBETHO:. C., p. 849.
1. Blas Garcia Ravelo: Santo varón. Parroquia1 de Cuia de Isora.
3. Gaspar de Quevedo: Detalle del cuadro de Animas. Parroquia1 de La
Victoria de Acentejo.
4. Gaspar de Quevedo: Virgen c/c la Mercrd. Santuario del Cristo de
La Laruna.
Retablo del Calvario. Parroquia de San Juan Bautista
PCSTAI . I .~XA~r. t-e sonado del crucero. Parroquia d e San Juan Bautista
P~\~T&LL, \S~. -Ar t e sondaed ola capilla mayor. Parroquia de San Juan Bautista
L.. . -7
P U N T ~ L L A SP.a~r. r o q ~ l i ad e San Juan Bautista (planta)
Templo dc la Lozia Masonica Anriott?o de R;i>amo (ORIE\TF.C uba. 1925,
Templo d e :a Loxia 1.u: dc Occidente !GUASAJAPYr.o vincia d e Pinar del Río.
Cuba, 19251
Tcmplo masónico de Santa Fe (ISLA DE PISOS. Cuba, 192.5\. Fjernp:os com:,
fstc dan idea de la extraordinaria difusión alcanzada por la Francmason?r;a
en la Gran Antilla