AUX CANARIES: MONNAIE ET MARGINALITÉ
JOSÉ GENTILD A SILVA
A I'époque ou les relations monétaires internationales menan-cent
des pires calamités notre civilisation, il n'est pas osé de rappeler
l'importance de la monétisation de l'économie au XVIéme siecle.
Comment cevendant y participkrent les Canaries qui se trouvent sur
le chemin de 17Amérique productrice d'argent?
A propos de cet Archipel, nous avons le choix. Nous pouvons
montrer comment sa situation géographique meme l'exclut gradue-llement
de I'ensemble occidental de suprématie politique et écono-mique
au temps de la domination marchande hispano-portugaise et
anglo-néerlandaise. Pour le comprendre nous pouvons suivre le pro-cessus
économique qui fit des Canaries un pourvoyeur de colons
pour les Amériques, deux ou trois sikcles aprks que les iles aient ap-pelé
Espagnols e Portugais pour les coloniser.
Dans notre communication nous voyons l'importance de ces
questions que les travaux récents sur I'histoire des Canaries aident a
clarifíer: l'or e l'argent dYAmériquea ccentuent les pressions que ren-dent
périphérique 1'Archipel devenu pays d'émigration apres avoir
été un pele d'attraction.
1 .-L'OR AMÉRICAIN DANS L'ÉCONOMIE CANARIENNE.
Quoique l'on dise, le monde ibérique a été le grand bénéficiaire
de la monétisatión enregistrée au XVIeme siicle. Au contraire de ce
qui a eté répété, les bonnes pieces d'or circulaient dans la péninsule
etce sont elles qui par leur présence meme font la vie chere. Leur
circulation persiste au XVIIeme siecle et déja depuis des décennies
1'Amerique envoyait surtout de l'argent en Europe. Les expéditions
de métal jaune concernent a la sortie de Séville du sixieme aucin-
316 José Gentil da Silva
quieme du total des métaux précieux, dans des années ou l'apport
d'or ne dépassait pas 2 a 3 O/o des arrivages américains globaux'.
Parce qu'il voyage plus facilement que l'argent, sa présence est
plus importante. L'argent était préféré en Asie, par la Chine son
grand acheteur. 11 pouvait commander le systeme monétaire, rem-placer
l'or. Par ailleurs, en Péninsule Ibérique, aussi bien que dans
1'Empire du Milieu, des moyens de paiement sans valeur instriseque:
cuivre, papier remplacaient l'argent et circulaient sans problemes
majeurs en dehors de l'accélération subie par la perte de pouvoir d'a-chat
de la monnaie courante'.
Cependant, la présence de pikces d'or concourt a cette déprécia-tion
et dans les expéditons faites a Séville a la destination de presque
toutes les régions espagnoles, il s'agit surtout de métal précieux mon-nayé
(autour de 75 O/o pour l'argent, de 76 a 97 O/o pour l'or3). Les au-trnc
m n r r n r rln n04nment c n n t c n i i r n ; c 6 10 ntpr&nn A i i r h a n o ~ln ral
L l b J 1 l l ~ ~ Ubb~ p UaI b I I I b L I C O V A I C O V U I I I I O U A U ~ I W Y U I V I I uu V X X U L L ~ V IVVUI'
en quelque sorte un change vertical entre la monnaie du travail et
des petits profíts et les especes qui représentent un capital (selon la
fiction de la valeur intrinseque).
It n'est pas nécessaire de revenir sur cette question. Nous avons
en effet expliqué a plusieurs reprises comment la valeur intrinseque
des pieces d'or et d'argent vient de la dépréciation des especes avec
les quelles on paie la petite production et le travail: Les preuves don-nées
a propos de Bologne, Bergame, Milan, Genes, Venise et toute
une série de villes moins importantes: Reggio Emilia, Crémone, Par-me,
Mantoue, Plaisance sont plus que suffisantes, a condition d' ac-cepter
d'autres explications que celles d'un schématisme naif. 11 y a
entre la perte de pouvoir d' achat de la monnaie noire et les gains des
pieces d'or et d'argent, une relation constante qui montre comment
la valeur créée passe a ces dernieres pieces? Cela seul justifie les
gains sur les changes notés par exemple a Valence, sur la fiction des
foires de Medina del Campo et a Barcelone sur celles des foires de
1. DA SILVA, J.C. (1965): En ~ s ~ a ~ n e : ~ é v ~ l oé~co~neommiqkune, ts ubsisten-ce,
déclin, Paris, p. 64-6 (trad. espagnole (1966), Madrid, p. 69-70.
2. Du mime (1980): ~L'argent et la circulation du capital dans les pays médite-rranées
(XVItme-XXkme sitcles)», Actes des journées d'éstudes, Nice , p. 83- 1 10.
3. De mime: En Espagne, cit., p. 66 (trad. esp., p. 72).
4. Du mime (1970): Banque et crédit en Italie au XVIIeme sikcle, Paris, 1, p. 327
et s.
Aux Canaries: monnaie et rnarginalité 317
Perpignan5, et crédités au capital placé aupres des Casas de Cambio.
La valeur intrinseque croissante des bonnes pieces s'explique ainsi et
pas autrement; eux aussi, les exemples fournis par les archives nicoi-ses
rendent ceci tres clair et parfaitement exprimé, sans équivoque6.
La dépreciation de la monnaie courante n'est pas provoquée
par la pénurie de la monnaie d'or ou d' argent, ni par l'abondance de
la monnaie marchande ou salariale. En prenant a celles-ci leur va-leur,
le plus en est créée par le travail et la production et payée avec
des pikces considérées asans valeur intrinseque)), le plus en gagnent
les abonnes especes~.
Comment tout ceci concerne les Canaries au XVIeme siecle?
L'archipel se trouvant sur la voie de l'Afrique Noire et de 1'Ameri-que,
des expéditions partent en direction de ces continents,des ports
canariens, ou passent par eux avant de gagner les Antilles ou le con-tinent
ecci&nt2!. C'est purqcurt Qarchii pe! 2 prevequé !a c=!=fii-sati'on
et I'immigration beacoup plus intensément que les autres,
Madeira ou Acores par exemple. Au début du XVIeme sikcle la pro-duction
et le commerce dans cette situation privilégiée amenent la
constante création de moyens de paiement et les investissements ne
subissent pas la pénurie de métaux précieux et de monnaie. 11 est de-vantage
question dYnvestissements que de perlacements. 11s sont ac-tivés
par les transferts et la compensation entre avoirs7. Lors du pré-cédent
colloque, en 1982, nous avons eu I'occasion d'insister sur la
place du commerce de I'archipel et sa significaction. Les Canariens,
I'ensemble des Espagnols et les Portugais font des ports isleños la
premiere étape américaine et surtout envoient a partir de ces ports,
gens, semences, équipements, techniques et denrées de toute sorte.
Leurs initiatives font des Canaries un foyer de développement éco-nomique
et marchand.
5. Du meme, ibidern, p. 661 et (1969, 1972): «De Lyon a ~erpignan:le change,
les arbitrages et la frutificacion du capital 1 la fin du Moyen Age», Bulletin philologi-que
et histonque íjusque'a 1610), p. 283-297 (et 1971): Anais de Historia (Assis), no 3,
p. 242-2871,
6. Du mime (1979): «A propos de Nice: Dépréciation de la monnaie courante et
protection des patrimoines, XVI-XVIIemes siecle», Annales de la Faculté des Lettres
et Siences humaines de Nice, No 37, p. 45 -68.
7. Du mime (1961): «Echanges et troc: I'exemple des Canaries au début du
XVleme siecle, Annales, Economies, Sociétés. Civilisations, no 5, p. 1004- 101 1.
318 José Gentil da Silva
Les racines véritables du Nouveau Monde, de sa colonisation et
de sa production et des nouveaux courants d'échanges sont canarien-nes.
Elles doivent beaucoup moins a la politique de 1'Etat espagnol
ou portugais8. Apres le milieu du XVIkme siecle, il semble que rela-tivement
davantage de pikes d'or circulent ou, du moins, sont utili-sées
dans les transactions canariennes. Nous disons qu'il semble par-ce
que l'homogénéité des résumés offerts par les chercheurs a propos
des différentes sources demeure noutre pari. La qualité de ces tra-vaux
invite a leur faire confiance. Dans les protocoles de Hernán
Gonzalez et de Luis Fernández Rasco de 1550 a 1552, il est tres sou-vent
question de rnonnais d'or doblas qui de toute éhdence ont été ,,
utilisées9. Les références aux reales de plata demeurent plut6t rares.
Les réglements en nature, surtout en sucre deviennent exceptionnels
ou minimes surtout comparés a ce qui a été la regle au début du si&- - . . .
de. Les i i i d i c~i i~eií;i ~m urilvrdis, mmnaie de compte, sont peu im-
- m
0
E portantes: c'est elles qui peuvent laisser un doute quant aux moyens E
de paiemente utilisés. 2
E
Cette présence d'or est corroborée par les registres de monnaies
et métaux précieux de Séville vers la fin du XVIeme sikcle. Les Ca- 3
naries recoivent de I'or monnayé, 12 a 25 Oh du total et peu d'argent O-non
monnayé, le restante étant effectivament des realeslo. 11 s'agit es- m
E
sentiellement de ventes ou d'achats de vin ' l. La convergence d'indi- O
cations aussi diverses témoigne de l'activeté isleiia et de la présence
dans l'archipel de pieces d'or et d'argent attirées par cette activité. n
E
Ce n'est qu'elle effectivement qui a pu les attirer. L'archipel n'est pas a
O
8. Cf. a ce sujet, essentiellement, MORALES PADRON, Francisco (1955): El
comercio canario-americano. Siglos XVI, XVII, XVIII, Sevilla, RUMEU DE AR-MAS,
Antonio (1956): España en el Africa atlántica, Madrid, Cf. MARRERO RO-DRIGUEZ,
Manuela (1974): Protocolos del Escribano Juan Ruiz de Berlanga, La La-guna
(1522- 1536), La Laguna-Tenerife. LOBO CABRERA, Manuel (1982): La escla-vitud
en las Canarias Orientales en el siglo XVI (Negros, Moros y Monscos), Santa
Cruz de Tenenfe ainsi que MARRERO, Manuela (1982): Relaciones entre Tenerife y
Flandes en la primera mitad del siglo XVh, Homenaje a Alfonso Trujillo.
9. LOBO CABRERA, Manuel (1980): Indices y extractos de los protocolos de
Hemán González y de Luis Fernández Rasco, escribanos de Las Palmas, 1550-1552,
Las Palmas. Cf., du meme (1977): «El trabajo asalariado en Gran Canaria
(1 522- 1536)», El Museo Canario, p. 37-62.
10. DA SILVA, J. G. (1965): En Espagne, cit., p. 70-5 et 77 (éd. esp., p. 77-82)
1 l. Ibidem, tableaux apres p. 82 (éd. esp., p. 92-9).
Aux Canaries: monnaie et marginalité 319
sur la voie de retour des flottes américaines et les Acores qui le sont,
ou beaucoup de métal précieux a été débarqué au XVIeme siecle,
n'en ont tiré aucune utilité pour la circulation localeI2. De ce point
de vue des débarquements de métaux précieux venant directement
de Nouveau Monde, les Canaries peuvent effectivemente sembler
marginales et dépendent de Séville.
LES CANARIES DANS LA PÉRIPHÉRIE.
A la fin, du XIXeme siecle au XXkme, cette marginalisation a
été renforcée par I'emigration, ainsi que José-León Garcia Rodrí-guez
l'a montré devant le Véme Colloque (1982), en particulier a
propos de La PalmaI3. Les enfants des immigrants, émigrent. L'émi-grutie~
i est te!!emer?t fme qUe !es str~ctUres Uémographiqües sm-tent,
avec a certains moments, 25 hommes pour 100 femmes, en ce
qui concerne les classes d'ige les plus actives, le célibat prenant des
proportions les plus actives, le célibat prenant des proportions en re-lation
avec cette pénurie d'hommes et les naissances illégitimes aug-mentant,
en quelque sorte, «a l'américaine~.
En réalite l'archipel suit le destin du Nouveau Monde occiden-tal
plut6t que celui du continent européen, générateur de périphé-ries.
De cette situation on a justement dit qu'elle est historique et
non logique14. Le déplacement du centre actif, de Venise a Anvers
avec l'aide portugaise, ou de Genes a Amsterdam, puis a Londres
n'était certes pas prévisible vers 1450. Est-ce si sur? Le coeur de
l'ensemble des espaces et des membres concemés se trouve travailler
pour et selon les conditions qu'impose le cerveau. Le centre de déci-sion
met une logique aux commandes de l'économie occidentale, en
parallele avec des comportements des Etats méridionaux (Espagne et
Portugal) et des hommes de ces pays. C'est la logique d'une écono-mie
qui domine et veut dominer de plus en plus dirertement !e vxte
12. Du mime (1983): «Les iles des Acores, les métaux précieux et la circulation
monétaire, XVkme-XVIkme siecles», Os Acoress e o Atlántico, séculos XIV-XVII,
Angra de Heroismo, 1984, p. 596-6 1 1.
13. «Las consecuencias demograficas de la emigración palmera dirigida a Améri-ca
en el primer tercio del siglo XXn, V Coloquio de Historia Canario-Americana.
14. TENENTI, Alberto (1983): ~Ce n t rei periferie nella vita economica dell'Eta
moderna», Quademi sardi di storia, No 3, p. p. 3 - 13.
Aux Canaries: monnaie et marginalité 32 1
ayant perdu totalment le caractire que les Portugais lui avaient don-né.
L7Espagne dut abandonner I'un aprés I'autre les territories qui se
trouvaient bien dans I'ensemble regenté par les Habsbourg16, quoi-que
géographiquemente en dehors de leur «zone d'influence pénin-sulaire)).
La géographie devenait l'arme politique qu'elle n'a pas ces-sé
d'etre par la suite.
L'archipel canarien ne fut pas séparé par la force, malgré des
tentatives sporadiques. Mais en quelque sorte, il se trouva en dehors
des iles, pour les Canariens il devint progressivement américain, le
Nouveau Monde les atirait ou les happait plutot. N'ayons pas peur
des réalités, c'est ainsi que les pays en voie de reconstruction apres la
seconde guerre mondiale ont traité les travailleurs des pays méridio-naux.
En effect, des études récentes sur l'emigration je voudrais mettre
en évidence une c~nrtatatinn!:'a ppe! venant des payr qiii nnt hernin
h'hommes attire ceux-ci beaucoup plus que leurs dificultés chez
eux ne les obligent a partir. Les Canariens partaient comme leurs an-cetres
étaient venus a I'archipel, por apporter leur effort a la cons-truction
de nouveaux pays. A I'epoque moderne il s'agit d'une émi-gration
définitive de meme qu'aux XVeme et XVIEme siecles, d'au-tant
plus que les transferts d'argent ont été fortement réglementés, et
de maniére eficace, interdisant par moment toute expédition de
fonds vers le pays. Le régime financier et fiscal prend donc une im-portance
majeure et aide par exemple a expliquer que les Portugais
aient cesé de considérer le Brésil comme leur destin normal apris la
premiere guerre mondiale et les nouvelles réglementations sur les
transferts de capitaux. Ces transferts avaient renforcé la symbiose an-glo-
portugaise jusqu'au XIXeme siicle et inséré d a n ~le s spécula-tions
contre la monnaie portugaise tous les gains des émigrants qui
passaient par Londres".
11 serait du plus grand intéret de connaitre sous cet angle l'émi-
16. Sur I'amertume des populationes qui regrettent le peu d'empressement de
Madrid et de Barcelona i les defendre, cf. FEBVRE, Lucien (1912): Histoire de la
Franche-Comté, Paris, et DA SILVA, José Gentil (1965): en Espagne, cit., p. 99 (éd.
esp., p. 12 1).
i l. Sur tout ceci, de premieres ebauches dans DA SILVA; J. G. (iYi6): «A emi-g
r a@~pa ra a América nos séculos 19 e 20 e a Historia nacional. Os portugueses e a
América)), Jahrbuch für Geschichte von Staat ... Latein amerikas, No 13, p. 107- 131.
322 José Gentil da Silva
gration canarienne et ses rythmes. En Amérique, les gens de l'archi-pel,
comme les Portugais des Acores, deviennent des hommes d'af-faires
experts dans toute sorte de négoce. 11 n'est pas probable cepen-dant
que ces activités et ces réussites aient valu a leur pays d'origine
plus que des retombées dues a l'amour de la famille et du village, a la
générosité. Les initiatives économiques, les investissements n'en
constituent pas la regle.
Bilan.
Conscients pour les avoir pratiqués des emplois de I'or, les Ca-nariens
vainquent les distances, ainsi que l'ont fait leurs ancetres, a
la recherche d'autres rapports économiques et sociaux qui donnent
&vantzge !a pri~rii_taP ! a d a t i ~&n la v&m et des biens i~til-S
Ainsi, en relation a 17Europe, 1'Archipel demeure périphérique,
y compris du point de vue financier, tout comme le continent espag-nol;
il est par ailleurs certain qu'a I'intérieur des ensembles natio-naux
aussi la relation centre-pénphérie joue, économique, politi-quementls.
Mais il n'y a pas que cela. Ce caractere périphérique
s'accompagne de la double appartenance au monde hispanique et
américain. En somme, la marginalisation est apparente ou plut6t liée
au point de vue de I'observateur et en effect, politique. Les hommes
vivent une autre économie, une autre sociéte. Aussi, davantage peut-
&re en 1984 que ne pouvait le faire l'homme de 1450, il nous est
possible d'imaginer un avenir dans lequel le centre est américan et
I'Europe entiire se laisse engourdir dans une pénphérie léthargique
et sans horizons.
Mais au XVeme, au XVIeme siecle, ceux qui partaient, ne
voyaient-ils pas ainsi leur propre avenir? C'est ce qui explique la co-lonisation
du vaste monde apres les Canaries, llAmérique et le reste,
a partir des pays hsipaniques ou certes tout n'était pas rose. Encore
était-il possible de partir, et partir cela avait-il un sens tres ouvert,
beaucoup plus ouvert et de facon plus généralment positive que ce
n'était le cas ailleurs y compris en France, ce pays si peu colonialis-te.
Les champions du colonialisme, anglais, écossais ou autres,
18. Cf. TENENTI, Alberto, cit. et JUTGLAR, Antoni (1969): Ideología y clases
en la España contemporanea, Madrid, 1. p. 64-5, et 11, p. 164,283.
Aux Canaries: monnaie et marginalilé 323
créaient de nouveaux pays dont ils ne revenaient pas, n'avaient pas a
revenir. En effet, leur départ libérait 17Anglaterre d'un trop plein tout
au moins imaginé (de meme que les guerres étrangeres contribuaient
a cette décompression). Ces gens établis dans la périphérie refusaient
ensuite les diktats anglais, devenaient des concurrentes redoutables
des européens et dominaient le commerce mondial, I'économie, im-posaient
leurs propres standards de consommation, leurs patrons de
vie, avec naturellement leur monnaie. Le thaler d'argent des Habs-bourg,
comme le sucre, faisait le tour du monde, toujors au semice
des hommes.
En effet, ils I'utilisent et utilisent l'or dans les schémas occiden-taux
liés a I'alimentation meme des différences sociales. En compa-raison,
le couple coeur-périphérie témoigne sur le commandement
de l'économie et de l'ensemble des marchés par un centre de déci-sions
dont les choix sont systématiquement faits en sa faveur. Autant
qu'elle a été en dehors des Etats espagnol et portugais, I'action des
gens établis aux Canaries ne respecte pas ce traitement dichotomi-que.
Ce trait mérite une attention particulikre.