[ Almogaren XXXIV / 2003 Wien 2003 47 - 77
Yves & Christine Gauthier*
Monuments a alignement de petites tours
de l'Immidir (Algerie)
Key words: Algeria, Immidir, orientation, dry-stone monuments, burial
Resume:
Nous presentons quatre monuments observes recemment en Immidir (Algerie).
Ils comportent une bazina centrale et une serie de tours en nombre tres variable,
toujours placees a l'Est, et alignees sur un arc de cercle, une droite ou
une ligne sinueuse. Les tours sont remplacees parfois par une antenne ou
muret. Ces constructions ont des analogies flagrantes avec des monuments
du Niger mais aussi du Hoggar et du Fezzan. La distribution des directions
des alignements de tours ou antennes est approximativement symetrique et
limitee a un angle de 69° autour de Ja direction Nord: ceci ne peut s'expliquer
par un alignement sur Je soleil levant mais plus probablement par un autre
objet celeste. Nous remarquons aussi une possible difference dans !es
orientations des monuments !es plus recents, en reaction possible a l'introduction
de !'Islam.
Abstract:
We present four dry-stone monuments of the Immidir massif (Algeria): they
are constituted of a central bazina with a series of small auxiliary towers, in
variable number, always located to the East ofthe bazina on a circular, strait
or undulating line. Sometimes an "antenna" replaces the towers. These
constructions show quite obvious analogies with those of Niger, Hoggar or
Fezzan. The distribution of the orientation of these towers alignment is
approximately symmetrical with respect to the North and lie within an angle
of 69°. Such a distribution cannot fit a sunrise-based orientation but may
rather rely on the moon or a star. From the small number of available dates,
we suspect that the youngest such structures might have a different orientation
rule possibly following the onset of Islam.
Zusammenfassung:
Wir präsentieren vier Trockenstein-Monumente aus dem Immidir-Massiv
(Algerien): Sie umfassen jeweils eine zentrale Bazina (Grabbau) mit einer
* 264, rue de Ja Balme, F-38950 St. Martin le Vinoux, France
E-mail: yves.gauthier@grenoble.cnrs.fr
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Serie kleiner Türme unterschiedlicher Zahl, die sich immer östlich der Bazina
auf einer kreisartigen, geraden oder wellenförmigen Linie befinden. Manchmal
sind die Türme durch eine antennenartige kleine Mauer ersetzt. Diese
Konstruktionen zeigen offensichtlich Analogien zu jenen des Niger, Hoggar
und Fezzan. Die lokale Anordnung der Türme oder der "Antennen" ist nahezu
symmetrisch und beschränkt sich auf einen Winkel von 69° um Nord. Solch
eine Anordnung kann nicht sonnenaufgangorientiert sein, sondern richtet sich
mehr nach dem Mond oder einem Stern. Wir vermuten auch, dass die jüngsten
dieser Strukturen einer anderen Ausrichtungsregel folgen, die mit der
Einführung des Islam zusammenhängt.
Introduction
La region de l'Immidir est extremement riche en monuments en pierres
seches - des sepultures pour la plupart - , notamment les tassilis et leurs piedmonts
qui en constituent l'essentiel. Les types architecturaux rencontres sont
aussi d'une grande diversite: on y releve bien entendu nombre de tumulus,
quelques rares monuments en "trou de serrure", plus de soixante-dix monuments
a deux antennes formant un "V", ou de "tentes de Fatima", des "cercles"
ou "anneaux", (Gauthier et al., 1998; Gauthier 2000, 2002 et 2003a),
tous types assez communs dans les regions peripheriques. A !'inverse,
d'autres tels, les "goulets", relativement nombreux eux aussi (55 ex.), sont
specifiques a ce massif et ne se retrouvent sous des formes proches qu'a proximite
de l'Atlantique (Gauthier, 2003a, 2003b). A cöte de ces constructions, il
en est d'autres uniques ou qui n'existent qu'a quelques exemplaires: structure
carree et arrangement regulier de Cercles associes a un trilithe a la guelta
de Takenenet (+:-11+ ), ou monuments a alignement de petites tours. C'est ce
dernier type qui fait l'objet de la presente note.
11 est certain que nous n'aurons jamais fini d'explorer tous les recoins de
l'Immidir mais nous l'avons parcouru cependant un peu dans tous les senset
dans une majorite de secteurs. L'inventaire, qui restera toujours incomplet,
est cependant statistiquement significatif, suffisamment pour voir quels sont
les types architecturaux et avoir une idee au moins de leur abondance relative
et de leur distribution. Ce dernier point revet une certaine importance puisque
ces distributions refletent celles des groupes occupant le massif ou des terrains
de parcours, donnees a mettre en relation avec les fresques peintes, les sites
de surface et les abris avec traces anthropiques.
Monuments a alignement de petites tours
Les premiers monuments a alignement jamais signales l'ont ete par Monod:
ils s'integrent dans un ensemble de monuments du Foum el Beyyed (Adrar
mauritanien) (Monod, 1948: 20) dont on aimerait connaitre un peu plus que
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la simple description: « 11 y a la une serie de splendides chouchet, parfois a
galerie (au S), parfois avec de petites tours accessoires » - qui n'est pas accompagnee
du moindre schema situant les divers elements.
Le Niger nord-occidental est une region de densite relativement elevee de
ce type de monuments dont une trentaine a ete signalee par Paris (1984, 1996).
Ils se repartissent dans les bassins de l'Ighazer et de l'Azawagh ainsi que sur
la bordure occidentale de l'Air, avec une limite meridionale a la hauteur de la
falaise de Tiguidit (Grebenart, mentionne par Paris, 1984).
Nous-memes avons trouve une structure apparentee - un tumulus avec un
alignement, de petites annexes bordees de blocs, place a l'Est de celui-ci - au
Messak, Fezzän (Gauthier, 2000).
Pour l'Algerie, Milburn (1978: 31) en signale plusieurs a Tit. Si certains ont
bien un alignement de tours accessoires sur le flanc Est, deux au moins ont la
particularite d'avoir un plan inverse, avec alignement Nord-Sud de tours du
cöte OUEST de la bazina. Monod n'en signale pas dans la region de l'Ahnet
situee a l'Ouest-Sud-Ouest du massif considere ici.
A Ta-n-Tfelsätin (Tefedest, Algerie) le monument a alignement releve par
Maitre (1966: 104) se distingue notablement de ceux du Niger: il est constitue
d'un ensemble de blocs situes sur une portion de cercle autour d'un rocher
recouvert par un autre et sans autre partie annexe. Ces rochers au centre, dont
la vocation funeraire est douteuse, occupent l'emplacement des sepultures sous
bazinas des monuments a alignement du Niger. Malheureusement aucune
orientation n'est indiquee sur le plan, oberant taute comparaison detaillee.
D'autres structures similaires, a tourettes accessoires ont ete mentionnees par
Camps (1979), dans les environs d'I-n-Eker. Enfin, sans vouloir trop s'avancer,
Savary (1966: 21) decrit des monuments du Fadnoun qu'il denomme "tumulus
a murette", reconnus sur cliches aeriens, qui ont l'apparence des monuments
a alignement de petites tours [1].
Selon Paris, qui les a etudies en detail et a fouille plusieurs d'entre eux
(Paris, 1984: 151) l'archetype de ce type de construction se compose de:
- un tumulus ou une bazina contenant la sepulture;
- un cercle de pierre centre sur la sepulture, frequemment epaissi et sureleve
sur le segment oriental;
- un alignement de tas de pierres (turriformes ou non) selon un arc de cercle
dont la corde est orientee approximativement Nord-Sud;
- une <lalle plus ou moins dressee, appuyee ou bloquee par quelques pierres,
situee entre les tours et le cercle, selon un azimut Est par rapport a la bazina;
- une niche en forme de eiste adjacente au cercle.
Paris ajoute que ces cinq elements ne sont reunis que deux fois et que les
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elements permanents sont: le tumulus, l'alignement de tours, la niche et la
materialisation de l'Est entre le Tumulus et l'alignement.
De multiples variantes resultent de combinaisons de ces elements et du
nombre de tours (de 5 a 34) qui peuvent disparaitre au profit d'un muret ou
antenne d'orientation semblable a celle des alignements de tours
Localisation
Pour l'instant, nous avons localise en Immidir quatre monuments relevant
a priori du type "monument a alignement de tours". Nous y reviendrons plus
loin dans la discussion. Ils se repartissent globalement sur un arc de cercle de
corde Est-Ouest, de longueur approximative de 90 km. Tous sont dono situes
enplein milieu des montagnes, d'un bord a l'autre du massif (Fig. 1). Ils ont en
commun d'etre tous eriges sur la berge d'un oued.
Oued Anaserfa
Le premier provient de l'O. Anaserfa ( 10 0 I · ), grande voie de transit NordSud
sur la bordure ouest du massif. La construction se trouve legerement en
retrait de la falaise, sur le plateau qui domine l'oued a son confluent avec l'O.
Achlu ( C: II : ). Elle est peu visible depuis le lit de l'oued, tres encaisse a cet
endroit. Il est bon de signaler que le monument est a quelques metres
seulement d'une piste chameliere qui escalade la berge et file vers l'Est. Sa
position resulte certainement de la facilite procuree par la piste pour rejoindre
le sommet de la falaise.
Oued Ti-n-Senko
Le contexte est sensiblement different pour le 2e monument, construit a
quelques centaines de metres cöte Est de l'Oued Ti-n-Senko (+ 10 1 :- : ), a
l'endroit Oll celui-ci debouche sur la plaine de Tifirin ( + I O 1 ). Selon nous, le
choix de l'emplacement n'a pas ete guide par la disponibilite en materiau, le
plateau procurant celui-ci en abondance sur des dizaines de km2 alentour. Erige
en bordure d'une petite eminence, il domine les environs: il a certaine~ent
ete place la deliberement, pour etre visible de loin, dans un milieu tres ouvert
Oll les traces anthropiques recentes ou anciennes temoignent d'une occupation
depuis des temps recules. L'abankor de Tifirin, quelques kilometres au NNO,
est un lieu frequent de bivouac et il n'est pas rare d'y rencontrer des Touaregs
qui y resident pour quelques semaines ou quelques mois.
Oued Im-Saten
Le troisieme se dresse en bas du plateau d'Im-Saten (CO+ 1), pres de l'oued
de meme nom, a peu de distance de la guelta d'I-n-Meten et en bordure d'une
vaste zone ouverte: la encore, inscriptions libyco-berberes, restes modernes
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ou peintures decrivant des groupes de pasteurs de bceufs et moutons attestent
d'une tres longue occupation des reliefs et des plaines qu'ils cement: c'est
encore un lieu de sejour prise pour les familles clont les camps permanents ou
semi-permanents sont situes a Asilal (- 0 1111 ), en bas du plateau, a une joumee
de marche environ.
Oued Emeharagele
Le quatrieme est bäti sur la berge de l'oued Emeharagele (C l O '1511 S), tres
plate a cet endroit, peu en aval de son confluent avec l'oued Kolies (:-11 S 0).
La jonction des deux oueds a forme un espace ouvert assez large et adosse aux
reliefs environnants (de quelques metres a 10-20m de haut): cet espace a ete
utilise depuis longtemps comme lieu de campement. Outre sa conformation
favorable a un etablissement semi-permanent avec des troupeaux, c'est un
lieu d'etape agreable, place idealement sur la voie de transit Nord-Sud entre
Eng-Arab (1'150 CD) et la plaine de Tegharghart ( +: 0: EB): il n'est pas etonnant
d'y trouver d'autres monuments, clont un a enceinte elliptique et des tumulus.
Description
Aucune des constructions decrites ci-dessous n'a ete epargnee par les
fouilleurs clandestins qui, pour acceder aux supposes "tresors", ont provoque
des degäts plus ou moins importants. Si a l'O. Emeharagele les dommages
sont limites en raison d'une fouille superficielle portant sur 1 m2 environ,
ailleurs les degradations sont plus importantes: les blocs deplaces ont en partie
recouvert la structure originelle qui n'apparait pas clairement dans sa totalite:
les coupes qui sont donnees dans les releves sont seulement indicatives et
nous avons reporte les blocs ou dalles en place avec des portions de murets
preserves. A <l'autres endroits, et pour toutes les parties cachees, le trace n'est
qu'une hypothese et doit etre confirme par une fouille approfondie.
Les plans des monuments expriment bien leur appartenance a un meme
type architectural avec deux elements principaux. Nous y reviendrons plus
loin (Table 1).
Sepulture
La partie centrale des monuments, emplacement de la sepulture, se revele
etre une bazina simple ou a deux degres (?) [2].
On constate que, dans deux des quatre sites, dans les oueds Emeharagele
(Fig. 2-6) et Anaserfa (Fig. 7-12), deux sepultures differentes existent au lieu
d'une seule normalement. Toutes les deux sont suffisamment proches des
autres elements pour correspondre a la structure principale. 11 est a craindre
dans les deux cas, quelles que soient les dates eventuellement deduites de
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fouilles futures, qu'on ne puisse jamais savoir laquelle fut associee originellement
au monument lors de sa construction, si d'aventure les deux ne sont
pas contemporaines.
* A l'O. Emeharagele, a distance raisonnable de l'antenne, une bazina
cylindrique hasse cötoie une autre bazina de plus petite taille placee entre la
premiere et l'antenne (Fig. 2). La bordure est soulignee par une serie de dalles
minces, inclinees vers l'interieur et s'appuyant sur un appareillage grossier de
blocs (Fig. 3). Au centre, l'emplacement de la sepulture, qui depasse d'environ
30 cm au-dessus de la plate-forme, est reconnaissable a des dalles de taille ·
nettement superieure a celle des blocs utilises pour le remplissage: elles sont
dispersees, laissant visible une petite depression qui a certainement ete
comblee - apres une fouille - par du materiel eolien (Fig. 4). Les faces
retournees ont retrouve une certaine patine ce qui indique une fouille non
recente. Le mur exterieur de Ja deuxieme, fortement incline est fait d'un
empilement de blocs ou dalles poses horizontalement (Fig. 5).
Local isation 0 Bazina Tours Orientation Lxl Elements annexes
a a+90°
Anaserfa 6 11 342" Tl' ]8 X 20 3 cercles empierres entre tours et bazinas
3x4
Ti-n-Senko 6 20 335° 65° 14 X 19 cercle, 4 steles alignees entre la bazina et
les tours
lm-Saten 7 X 5.5 4 50 Cf:Jo 11.5 X 5.5 niche adossee a la bazina, cöte Est
stele entre bazina et tours
Emeharagele 4 antenne 19° 109° 23 X 21 amas cailloux / blocs entre bazina
2 et antenne
Table I: Caracteristiques des monuments. Let 1 sont les cötes du rectangle dans lequel
est inscrit le monument. Dimensions en metres.
* A Anaserfa, le dispositif est legerement different avec une bazina de plus
haute dimension et a deux etages (Fig. 7-12). Lemur peripherique, constitue
d'empilement de dalles horizontales a ete ensuite comble avec de la terre et du
cailloutis, visible sur le replat entre !es deux etages (Fig. 9). L'ouverture revele
un puits cylindrique dont !es parois sont elaborees de meme, par empilement
assez regulier de dalles ou pierres plates (Fig. 10). Une deuxieme construction,
assez semblable, a ete accolee a la premiere. Le puits forme par Je mur externe,
est degage sur une grande hauteur.
* Le principe de construction est assez proche a Ti-n-Senko, avec un muret
fait de dalles empilees horizontalement et un remplissage avec du tout-venant.
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Ici et la, un appareillage regulier de petites dalles, visible entre les gravas
rejetes lors du pillage de la tombe, montre que cette bazina est sans doute,
eile aussi, a double etage.
* La sepulture de l'O. Im-Saten s'apparente plus a un tumulus en calotte de
sphere de plan elliptique avec une couverture partielle de dalles. On devine
cependant une structure circulaire, marquee par des blocs de dimensions
similaires qui delimitent une plate-forme. Deporte vers l'Est de cette plateforme,
un deuxieme amas subcirculaire, clont la peripherie est a peine
soulignee par un vague muret, marque l'emplacement de la sepulture.
Elementsannexes
Alignement de petites tours et antenne
Le deuxieme element permanent de ces constructions est un alignement de
petites tours dans trois cas et une murette/antenne pour le quatrieme. Le
nombre de tours est tres variable avec 4, 11 et 20 exemplaires respectivement
a Im-Saten, Anaserfa et Ti-n-Senko. L'extension totale du monument est bien
sur fonction du nombre de tours: l'alignement varie de 5 m a 80 m environ.
Ces tours sont presque regulierement reparties a Im-Saten et Ti-n-Senko, alors
que les distances d'une tour a l'autre vont du simple au triple aAnaserfa, sans
que l'on puisse y voir des regroupements notables.
Ces tourettes tronconiques ont des diametres compris entre 50 et 70 cm
pour un maximum de 120 cm. Les hauteurs sont aussi variables sur une meme
construction. Certaines disparites ont ete certainement voulues par !es
bätisseurs, mais d'autres resultent de destructions, naturelles ou non. D'une
maniere generale, elles ont ete moins affectees que !es bazinas par les pillages,
probablement parce qu'elles ne renferment aucun objet d'interet [3]. Parfois,
Je sommet de ces tours est ferme en voute a l'exemple de la tour Sud de
l'alignement d'Im-Saten (Fig. 21). Elles peuvent etre remplies par de la terre
et du cailloutis ou bien etre evidees. Elles sont souvent construites avec soin,
par empilement regulier de pierres plates, mais elles peuvent etre plus
grossieres et meme disparaitre au profit d'une antenne rectiligne a remplissage
lache et plus ou moins homogene de blocs et cailloux (0. Emeharagele).
A Ti-n-Senko, les tourettes sont disposees sur un arc de cercle, clont le centre
est decale a -11 m au SE de Ja bazina (Fig. 18); a Im-Saten !es tours sont
alignees (Fig. 22) tandis qu'a Anaserfa, elles sont curieusement distribuees
sur une courbe vaguement sinusoi:dale (Fig. 7, 11).
Quant au monument de 1•0. Emeharagele, I'alignement de tours est remplace
par une antenne formee de cailloux et blocs poses a meme le sol sans arrangement
precis et avec une densite tres variable. On ne peut pas a proprement
parler de muret car rares sont les blocs empiles les uns sur les autres (Fig.2, 6).
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Autres annexes
Parmi ces elements additionnels, les plus frequents, dans l'Immidir, sont
des amas plus ou moins circulaires de blocs disposes au sol comme aAnaserfa
et Emeharagele. Signalons qu'a Ti-n-Senko certains des bJocs de l'amas situe
entre la bazina et la tour Nord ont ete retournes (patine claire): leurs liens avec
le reste est incertain.
On note aussi, toujours a Ti-n-Senko, un cercle de pierres, probable sepulture
(fouillee) plus recente que Ja bazina. Une niche partiellement detruite,
constituee de dalles dressees sur trois cötes et ouverte a J'Est, est appuyee au ·
flanc Est de Ja bazina d'Im-Saten (Fig. 19).
Dans deux cas au moins (Ti-n-Senko et Im-Saten), Je dispositif est complete
par des steJes (Fig. 16, 20). Presque toutes sont couchees - nous devrions
certainement dire "renversees intentionnellement". L'interpretation comme
stele est appuyee par l'existence systematique, vers l'une de leurs extremites,
de pierres qui a l'origine etaient destinees au blocage des steles en position
verticale. Cela rejoint les observations faites par Paris, au Niger (1984, 1996:
238): aucune des steles n'est restee en position verticale.
A Ti-n-Senko, il n'y a pas une mais 4 steles (au moins), alignees sur un axe
qui ne passe pas par le centre de Ja bazina mais par le petit amas de blocs
mentionne plus haut (Fig. 18). Toutes ces steles sont couchees dans Ja meme
direction, ce qui laisse peu de place a des evenements naturels, Jesquels
conduiraient plutöt a une orientation statistique: nous y voyons donc une
action deliberee.
Orientation et disposition relative
L'orientation de ces alignements peut etre definie par la droite joignant les
deux tours extremes. Dans les quatre exemples, cet alignement est systematiquementetabli
a l'Est du monument avec une orientation approximativement
Nord-Sud. Les directions vont de 335° a 19°, soit une variation de 44° [4].
Ce cap peut etre pris comme l'orientation globale du monument lui-meme,
mais il y a une alternative: l'orientation peut aussi etre donnee par' les
positions des elements annexes relativement a la bazina. En effet, a une exception
pres, toutes sont a l'Est de la sepulture. Comme les amas sont distribues
sans regle apparente, les trois elements qui paraissent les plus pertinents
sont la niche et les steles, et plus particulierement l'alignement vers l'Est des
4 steles de Ti-n-Senko. Nous avons cependant du mal a accepter que l'orientation
soit basee sur des elements qui ne sont presents qu'episodiquement (cf.
table I). Ce constat d'absence rend plus plausible une orientation definie
autrement: 1/ sur l'alignement des tours ou de la murette comme decrit plus
haut, ou 2/ sur le positionnement relatif de cet alignement et de la bazina.
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On remarquera que la sepulture n'est jamais placee sur la mediatrice du
segment defini par les points extremes de l'annexe (antenne /alignement de
tours). Le decalage, peu marque pour les monuments d'Emeharagele, Tisenko
et lm-Saten, est flagrant pour la construction d'Anaserfa: la notion de
symetrie est totalement absente sur cette construction, avec un alignement
de tours situe en totalite plus au Nord que les bazinas.
Compte tenu de ces decalages et de cette asymetrie, il est hasardeux de
speculer sur une regle impliquant le centre de la bazina et un point de
l'alignement qui pourrait etre la premiere ou la derniere tour, le centre de
J'alignement, le point d'appui d'une hauteur passant par la bazina . ..
Nous nous bornerons a remarquer ici encore le pouvoir attractif de l'Est
(i.e. du secteur a l'Est de la bazina) sur les architectures et l'emplacement des
annexes, tours, niche, steles et autres amas pierreux: c'est une regle deja
constatee pour l'ouverture des "tentes de Fatima", des monuments en "L" ou
apparentes et des constructions a deux antennes en "V". Les allees des
monuments en trou de serrure et des goulets sont dirigees elles aussi vers
l'Est. Rappelons que les tumulus en "croissant", ont une orientation dominante
mais pas systematique vers l'Est: Mark Milbum a cite quelques exemples
de "croissants" ouverts a l'Ouest et tout dernierement, J. Hansen [5] a eu
l'occasion d'etudier des "croissants geants" dont l'orientation est liee a celles
des reliefs qu'ils chevauchent.
Enfin, et toujours a titre de contre-exemple, Milburn dit avoir rencontre
des monuments a alignement de tours situe a l'Ouest de la sepulture (1978:
31). Cependant, il est malheureusement a craindre que cela ne fasse partie des
nombreuses erreurs non corrigees ni signalees que cet auteur evoque par
ailleurs (Milburn,2001: 37) [6].
Rapprochements avec d'autres regions
Dans la litterature, nous n'avons trouve aucun monument approchant
recense a la peripherie immediate du massif. Certains ont pu nous echapper -
nous ne possedons pas l'integralite des publications sur le sujet - ou bien,
autre hypothese, il n'y en a pas ou ceux qui existent n'ont pas encore ete trouves
ni rapportes dans la litterature. En l'etat actuel du dossieret de nos connaissances,
ces quatre monuments font donc figure d'exception en Immidir, les
plus proches etant ceux de la Tefedest (mais ils sont certainement d'un autre
type) et d'I-n-Eker (-200 km).
11 semble n'y avoir aucun doute quant a l'appartenance de ces constructions
de l'Immidir au type meridional de l'Air ! Meme si les elements constitutifs
sont generalement moins nombreux, on y retrouve en effet les principales
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composantes, c'est-a-dire, la bazina a l'Est de laquelle des tours sont disposees
en ligne ou courbes d'orientation globale Nord-Sud. Notons aussi que
l'alignement sinueux de tours de l'O. Anaserfa a un equivalent, moins marque
certes, aAfunfun (Paris, 1996: 601). De meme, l'antenne/muret d'Emeharagele
a deux equivalents aAfunfun (Paris 1984: 171) etMammanet 1.12 (Paris, 1996:
598).
Niche et steles, quoique plus rares qu'au Niger, apparaissent dans des
contextes similaires, marquant approximativement la direction Est: leur
nombre n'autorise pas une analyse statistique de l'azimut qu'elles indiquent.
En revanche, nous pouvons comparer plus valablement les directions affichees
par les alignements. Pour le Niger [7], les mesures sont faites directement sur
les plans de Paris (1984, 1996) et concernent 20 monuments (Table II), qui
s'ajoutent aux quatre de la table I. Nous estimons nos erreurs de mesure sur
ses releves a 2 a 3°: cela ne remet pas en cause les conclusions ci-dessous qui
sont illustrees par l'histogramme de la Fig. 23:
a/ La distribution des directions de ces alignements (angle a, colonne 4) est
centree sur le Nord.
b/ Elle est approximativement symetrique par rapport a l'axe Nord-Sud pour
lequel on note un maximum (valeur moyenne -355°).
c/ Elle s'inscrit dans un cöne de 69° d'angle au sommet avec des valeurs limites
de 321 ° et 29°.
d/ Les monuments de l'Immidir ne se singularisent pas (sur ce point au moins)
de ceux du Niger.
De meme, le monument du wädi Tilwa, Messak (Gauthier, 2000), s'insere
parfaitement dans ce contexte avec un alignement au cap 341 °.
Si au lieu de considerer la direction de l'alignement on considere la direction
perpendiculaire ( a + 90°, cf. discussion in Gauthier, 2000), cöte Est, les
angles s'echelonnent entre 51° et 119°. Sachant que les valeurs limites des
positions du soleil levant aux solstices d'ete et d'hiver sont respectivement
63° et 116°, il n'est plus possible d'invoquer pour l'orientation de ces aligrtements
de tours une regle prenant en compte l'azimut du soleil levant comme
cela semble etre le cas pour divers types de constructions: monuments a deux
antennes en "V", monuments en trou de serrure, tumulus avec une antenne a
l'Est, goulets. En effet, un azimut plus grand que celui du soleil levant au
solstice d'hiver (azimut plus au Sud) est rendu possible par la presence de
relief place a l'est des constructions. Par contre, un decalage de l'azimut vers
le Nord, c'est-a-dire des valeurs infärieures a 63° (position du soleil levant au
solstice d'ete), n'est plus explicable avec cette regle (Savary, 1966; Gauthier,
2000, 2002 et 2003). Nous constatons que quatre des monuments a aligne-
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Lieux Sepulture Alignement Orientation Age 14( BP Äge calendaire
a a+90°* calibre
Tuluk Nl.3 Ba döme 11 tours 321° 51°
Mammanet 1.12 B a base ci rcu lai re murette 324° 54° 1190±130 690-990 AD
Afunfun Tag 8 Ta cratere murette 329° 59°
Orofan N.2 T tronconique 4 tas de pierres 331° 61° 1055±120 880-1040 AD
Kel lru Ag 73 Ba döme? 12 tours 334° 64°
Asaqaru 1.2 T a plate-forme 13 tas de pierres 344° 74° äge du Fer
Kel lru Ag73 bis T 34 tours 354° 84°
Tin Tegeis 11 T a puits ligne de pierres 355° 85 3000±1000
Tezzigart 3 B a carapace et cratere 17 tours 357° 87°
Tezzigart 2 B a base circulaire et döme 7 tours 358° 88°
Tegaza N12 Ba cratere ligne de pierres 359° ??? 89° epoque medievale
Tuluk nl.4 Ba döme 8 tours oo 90° 1060±80 890-1025 AD
Tuluk nl.1 B a cratere 9 tours oo 90° 3335±120 1760-1510 BC
Tuluk nl.2 B a cratere 10 tours 10 91° 2420±100 740-400 BC
Tamaya Melle! Nl. B 7 tours ? 10 91°
In Teduq Nl.2 B a antennes 6 las de pierres 40 94° äge du Fer
Asaqaru 48 T a carapace et cratere 7 las de pierres 50 95°
Mammanet 1.10 T tronconique a puits 11 tours 23° 113°
Mammanet 1.9 Ta puits 7 tours 28° 118° 1060±130 830-1115 AD
Afunfun Tag 8.2 B a döme et cratere 17 tours 29° 119° 2030±100 180 BC-70 AD
Table II: Azimuts des alignements de tours et chronologie des monuments du Niger
(Paris, 1984 et 1996). B= bazina, T=tumulus. [8] . L'orientation determine l'ordre de
ces monuments dans cette liste. * voir texte.
ments sont dans ce cas: la consequence inevitable est que l'orientation des
alignements s'appuie necessairement sur un autre objet (celeste ?) que le soleil
levant ou couchant. Nous n'avons aucune information sur Ies reliefs
autour des monuments du Niger. Pour l'Immidir, si nous n'avons pas note
systematiquement les hauteurs des reliefs environnants, nous n'avons pas
ete frappes par un accident particulier (col, pic, forme etrange ... ). AAnaserfa
par exemple, le monument est construit sur le plateau qui ondule vaguement:
Ies reliefs importants sont a des kilometres et l'horizon apparent est tres bas.
De tels accidents du relief auraient pu servir de repere, ce qui expliquerait les
variations d'un endroit a l'autre. Cependant, des accidents de reliefs, forcement
Iocaux, conduiraient tres vraisemblablement a une distribution statistique
sur toutes Ies directions: ils ne rendraient certainement pas compte de la
distribution symetrique centree sur le Nord et de cet etalement sur un secteur
angulaire etroit (69°) que nous constatons.
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Un objet celeste mobile - lune, etoile - parait nettement plus a meme d'expliquer
ces observations, s 'il n '.Y a pas eu de changement de convention au fil
du temps.
Datation
Une fois encore, le lecteur pourra deplorer le manque de datation directe
des monuments de l'Immidir et nous partageons totalement cette frustration.
En l'absence de fouilles - peut-etre inutiles parfois, compte tenu des
destructions constatees - nous n'avons pour element d'appreciation que nos
observations externes et les indications relatives aux monuments a alignement
de tourettes du Niger (Paris, 1984, 1996).
Signalons que les pierres encore en place - i.e. non perturbees par les
destructions signalees - sont totalement patinees: cette constatation n'apporte
cependant pas d'information tres utile dans la mesure ou la fourchette
temporelle d'existence de ces monuments - si tant est qu'elle s'applique
localement - est suffisamment ancienne pour l'obtention d'une patine saturee.
En effet, pour ce qui conceme le Niger, une serie de sept datations operees
sur les squelettes humains exhumes (Paris, 1996: 270) indique que ces
sepultures ont ete en usage pendant environ 2500 ans, depuis la fin du
Neolithique jusqu'apres l'introduction de l'Islam (ca. 2000 BC - 1000 AD).
L'incertitude portant sur l'äge d'une huitieme construction, Tin-Tegeis 11, est
trop importante pour etre discutee valablement (Paris, 1984).
Mais bien d'autres constructions de ce type ont ete inventoriees sans que
l'on puisse determiner leur äge faute de materiel datable: une fourchette plus
large n'est pas invraisemblable.
Un autre indice chronologique, fourni encore par des monuments a
alignements du Niger, fouilles anterieurement (Paris, 1984: 175), est la
presence quasi systematique de metal, cuivre et plus souvent fer. Compte tenu
de l'apparition tardive du fer au Niger, Paris les considere comme posterieurs
a 2500 BP, a l' exception du monument d'I-n-Tegeis, peut-etre plus ancien. Ces
arguments sont consistants avec les dates de la table III, toutes postneolithiques.
Par ailleurs des poteries aux formes et motifs evoquant des recipients
utilises par les Touaregs ont ete retirees de monuments a alignement a Tegaza
et a Tuluk. La date, recente (890-1025 ap. J.C.), obtenue pour ce demier site
est en totale coherence avec le type de poterie attribuable aux Touaregs (Paris,
1996: 249-253). Ce n'est probablement pas une coi:ncidence si le domaine
qu'occupent ces constructions a alignement englobe largement le NO du Niger,
le Fezzän et se termine a la limite Nord de l'Immidir, regions toutes
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incluses dans le vaste domaine touareg actuel. Paris conclut aussi que le type
anthropologique qui ressort des fouilles entreprises est plus en faveur d'une
population blanche. A ceci s'ajoute la constatation que le mobilier funeraire -
outre les poteries ci-dessus - et notamment les armatures de javelot est aussi
typiquement herbere (Paris, 1984: 175). Une attribution de ces monuments aux
Touaregs est donc tres plausible au moins pour les plus recents.
Localisation Reference Sepulture Äge 14( BP Äge calendaire calibre
Orofan RFN N.2 tumulus a cratere 1055±120 880-1040 AD
Mammanet MMNT 1.9 tumulus a puits 1060±130 830-1115 AD
Tuluk TLK Nl.4 bazina a döme 1060±80 890-1025 AD
Mammanet MMNT 1.12 bazina a murette 1190± 130 690-990 AD
Afunfun TAG 8.2 bazina a döme et cratere 2030±100 180 BC-70 AD
Tuluk TLK Nl.2 bazina a cratere 2420±100 740-400 BC
Tuluk TLK Nl.1 bazina a cratere 3335±120 1760-1510 BC
Table III: Chronologie des monuments a alignement de tours du Niger (Paris, 1996: 270)
On remarquera que sur les huit dates publiees, quatre sont groupees et
nettement posterieures a l'Hegire. Le Sahara est un milieu difficile a penetrer
et l'islamisation n'a pu s'operer immediatement. La coutume liee a l'utilisation
de monuments a alignement aura persiste quelques siecles apres les debuts de
l'Islam, pour disparaitre au profit de pratiques nouvelles, au nom desquelles
on a pu detruire les manifestations des plus anciennes (renversement assez
systematique des steles par exemple).
Evolution de l'orientation ?
Ainsi que nous l'avons rappele, la duree d'existence de ces monuments a
alignement est importante (-2500 ans, cf. table III), ce qui serait deja suffisant
pour justifier des evolutions dans les coutumes, mais en plus on note que deux
des sepultures les plus recentes sont des tumulus alors qu'auparavant il
s'agissait de bazinas. La question d'une evolution parallele du mode
d'orientation est donc tout a fait pertinente, notamment pour des rites
funeraires tardifs qui ont pu etre influences par l'Islam.
A cet effet, nous avons classe les sepultures par ordre croissant d'azimut et
mis en regard leur äge lorsqu'il est disponible (table II). Les directions des
alignements de tours des sepultures recentes (moyen äge, autour de 1000 BP)
sont distribuees sur la totalite du secteur angulaire (Fig. 23).
En revanche on constate que les plus anciennes sont regroupees sur la
moitie seulement du secteur (355° a 29°). II ne faut pourtant pas "s'emballer"
et tirer des conclusions trop hätives: quatre exemples sont peut-etre
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insuffisants pour generaliser et assurer que des modifications ont bien eu
lieu au fil du temps, rendant quelque peu delicate la recherche des regles qui
ont preside a l'orientation. Cependant ces donnees interpellent et nous invitent
a considerer ce facteur temps comme un parametre possiblement de premier
ordre pour les monuments a tours annexes mais aussi pour les autres, ce que
nous n'avons pas faitjusque-la, par manque d'indice (datations) nous aiguillant
sur cette piste.
Les monuments a alignement du Sahara atlantique
Reste un dernier point qui intrigue quelque peu: la presence de monuments
similaires au Sahara atlantique, a grande distance clone du Sahara central.
C'est la troisieme fois en effet que nous rencontrons des monuments du Sahara
Central, sinon d'aires plus reduites incluses dans celui-ci, qui ont un echo
au Sahara occidental, avec un hiatus inexplique de -1500 km. Nous l'avons
montre pour les "goulets" (Gauthier et al., 1998; Gauthier 2003a, 2003b) qui
se rencontrent exclusivement en Immidir mais cela est vrai aussi pour les
monuments a deux antennes en "V". Mais dans le cas present, nous ne
pouvons que constater l'existence d'alignement de tours accessoires autour
d'un choucha assimilable aux bazinas des monuments du Sahara central (Niger,
Immidir, I-n-Ecker .. . ): en l'absence d'une meilleure description, notamment
de la disposition des tourettes et de leur position relative au choucha
(cf supra), rien n'autorise a pousser le rapprochement jusqu'a regrouper dans
un type unique ceux de l'Ouest, avec une gaJerie au Sud et ceux du Sahara
central avec niche et autres steJes marquant Ja direction de J'Est, et un
aJignement de tours accessoires oriente vers Je Nord. Si l'on exclut l'hypothese
d'une convergence accidentelle, l'existence d'un seul type sous-entend soit
une diffusion d'un mode d'inhumation et de rites ou symboles (associes aux
tourettes) vers d'autres populations soit un prolongement du monde touareg
vers la Mauritanie. Cette derniere possibilite n'est pas contradictoire avec la
presence de nombreuses inscriptions libyco-berberes [9] sur les rochers des
environs d'El Beyyed ou Monod a observe ces constructions (1948: 20).
Notes:
[1] « Il nous a semble plusieurs fois reconnaitre sur les photographies aeriennes
du Fadnoun un type de monument particulier, constitue par un tumulus
elementaire a l'Est duquel, a quelques metres, se serait trouvee une murette
ou un alignement de pierres sensiblement rectiligne ou legerement concave
(cöte tumulus) d'orientation globale Nord-Sud et d'environ 15 m de long. »
[2] Les travaux de Paris (1984-1996) ne laissent aucun doute sur la fonction,
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funeraire, de ces constructions. Sans hesitation, nous extrapolons cette
conclusion, valable pour le Niger, a l'Immidir.
[3] Paris souligne, pour les monuments a alignement du Niger, qu'ils ont ete
souvent fouilles mais aussi qu'ils servent episodiquement de cache pour
les Touaregs.
[4] Les mesures sont faites au compas sur le terrain. Celles qui sont donnees
dans le texte et la table ont ete corrigees de la declinaison magnetique. Pour
l'Immidir, celle-ci est actuellement de -1.8° en moyenne (cf. cartes IGNNG
31 XI, "Ifetessene" et voisines).
[5] Communication orale a la Reunion annuelle de l'Association des Amis de
l'Art Rupestre Saharien, Grenoble, 29-30 mai 2003.
[6] « Scrutiny of my 1978 unpublished text reveals some regrettable errors,
undiscovered by anyone prior to production. An unpublished document,
albeit one available for loan via a university library, provides countless
opportunities for an incompetent or unscrupulous writer to cite parts of it
incorrectly. The chance of anyone later checking up on his or her mistakes
is remote. The risk of using such material (with which one may be
unfamiliar) should act as a sharp warning to use extreme care in citing (or
"citing") the contents. Especially in situations where the pen works faster
than the grey cell» (Milburn, 2001). (emphasis by us)
[7] Nous ne prenons en compte que ceux pour lesquels nous disposons de
plans suffisamment precis pour une mesure de cette orientation.
[8] Paris mentionne huit datations de monuments a alignement. Le releve de
celui d'In Teduq Nl.1 , date de 3485±165 BP, ne comporte pas d'alignement
de tours, et il n'en est pas question non plus dans la description. C'est une
bazina que nous n'avons pas integree dans les tables.
[9] Les cartes et les textes decrivant l'extension des ecritures libyco-berberes
ne mentionnent pas toujours la Mauritanie comme partie integrante de ce
monde: pourtant leur presence est tres marquee (Pascal Lluch & Sylvain
Philip, de l'Agence "Hommes et Montagnes", com. pers., Mars 2003, et presentation
orale a la Reunion AARS de Grenoble, 2003).
Remerciements:
Ce travail n'aurait pas ete possible sans l'aide de Georges Kuhn, Jacqueline
Friquet, Monique et Bernard Guezet qui nous ont prete main-forte pour
denicher les monuments et pour en lever les plans. Lors de ces traversees
nous etions guides par Ghali Ghamdani (:II~ : : C/\1~) d'Arak. A tous nous
exprimons notre reconnaissance.
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Notes ajoutees dans les epreuves:
Nous venons juste de prendre connaissance d'un article - qui nous a ete
communique par M. Maka que nous remercions - portant sur des monuments
de Tisras, a proximite de Djanet (Abdaci, 1994). Trois d'entre eux, des bazinas
a deux ou trois degres et a tours accessoires (cinq a huit) auraient du etre pris
en compte dans notre discussion. Les orientations des alignements de tours,
( a = 0°, 0° et -28°) s'inscrivent bien entre les valeurs limites obtenues pour
les monuments a alignement du Niger et de l'Immidir.
References:
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de la region de Djanet, Bull. du Parc National du Tassili, n°00, pl0-15.
AGHALI ZAKARA M., DROUIN J., 1997, "Ecritures libyco-berberes", in
L 'aventure des Ecritures: naissance, A. Zali & A. Berthier (sous la direction
de), Bibliotheque National de France, Paris, p99-l l 1.
CAMPS G., 1979, ''Manuel de recherches prehistoriques", Doin, Paris, 446p.
GAUTHIER Y & C., De COLA L., 1992, "Architecture de pierres seches du
Messak Settafet (Libye)", Archeologia, 283, Octobre 1992, p62-66.
GAUTHIER Y & C., 2000, "Orientation et distribution de divers types de
monuments lithiques du Messak et des regions voisines (Fezzän, Libye)",
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GAUTHIER Y & C., 2002, "Monuments a antenne en 11., ou apparentes une
originalite du Fezzän ? Architecture, orientation et distribution", Sahara
13, p136-147.
GAUTHIER Y & C., 2003a, "Orientation of some dry stone monuments: "V
shape" monuments and "goulets" of the Immidir mountains (Algeria)", Proceedings
of the 9t11annual meeting of the European Society for Astronomy
in Culture, Stockholm, 27-30 August 2001, Uppsala Astronomical Observatory,
Report 59, p143-151.
GAUTHIER Y & C., 2003b, "Chronologie relative de trois types de moriuments
de l'Immidir: monuments a antennes en "V", goulet et monuments
en trou de serrure", Sahara, 14, p155-161.
GAUTHIER Y , W. NÖTHER, P. LLUCH, 1998, "Monuments de l'Immidir
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MAITRE J.P., 1966, "Etat des Recherches sur le Neolithique de l'Ahaggar",
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MILBURN M., 1978, "Monuments lithiques et funeraires anciens du Sahara
(premiers elements d'une enquete) ", These de Doctorat d'Universite, Universite
de Paris I, 127p.
62
© Del documento, los autores. Digitalización realizada por ULPGC. Biblioteca Universitaria, 2017
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update", Lettre de l'AARS, n°20, p36-38.
MONOD Th, 1932, "L 'Adrar Ahnet. Contribution a l'etude archeologique d'un
district saharien", Trav. et Mem. de !'Institut d'Ethnologie,19, Paris, 194p.
MONOD Th., 1948, "Sur quelques monuments lithiques du Sahara occidental",
Actas y Memorias de Ja Soc. Espaiiola de Antrop., Etnol. y Prehistoria
XXIII, n° 1-4, pl2-35.
PARIS F., 1984, "La region d'In Gall - Tegidda N Tesemt (Niger). Les sepultures
du Neolithique final a l'Islam", Etudes Nigeriennes, n° 50,1-233.
PARIS F., ROSET J.P. SALIEGE J.F. , 1986, "Une sepulture musulmane
ancienne dans l'Air septentrional (Niger)", Comptes Rendus de l'Academie
des Sciences. Serie 3: Sciences de la Vie, Vol. 303, No 12, p. 513-518.
PARIS F., 1996, ''Les sepultures du Sahara nigerien, du Neolithique a l'islamisation
", ORSTOM editions, Bondy, 2 vol., 621p.
SAVARY J.P., 1966, "Monuments en pierres seches du Fadnoun (Tassili n'
Ajjer)", mem. du CRAPE, A.M.G. Paris, n° VI, 80p.
Figures:
Fig. 1: L'Immidir et la localisation des monuments a alignement.
Fig. 2: 0. Emeharagele. Vue d'ensemble du monument avec les deux bazinas
a gauche et l'antenne au premier plan a droite, qui vient mourir sur les
rochers.
Fig. 3: 0. Emeharagele. Vue de la grande bazina en direction du NE. On
distingue le parement exterieur fait de plaques obliques appuyees sur la
construction. Repere de hauteur H=120 cm.
Fig. 4: 0. Emeharagele. Detail de la partie superieure de la grande bazina.
Fig. 5: 0. Emeharagele. Vue de la petite bazina en direction du NW. Repere
de hauteur H=120 cm.
Fig. 6: 0. Emeharagele. Plan et coupe du monument.
Fig. 7: 0 . Anaserfa. Vue generale du monument, pris dans l'axe de l'alignement
des tours. On remarque bien le decalage des tours et la presence de
deux bazinas accolees.
Fig. 8: 0 . Anaserfa. Vue en direction de l'Ouest avec les tours centrales au
premier plan et l'Oued Anaserfa a son confluent avec l'O. Achlu derriere.
Fig. 9: 0. Anaserfa. La bazina septentrionale. Le muret est assez bien
conserve sur la partie droite. Sur la plate-forme intermediaire, on devine
le remplissage en tout venant. La patine claire des dalles retournees indique
une fouille a une epoque recente.
Fig. 10: 0. Anaserfa. Detail de la sepulture montrant bien l'agencement des
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dalles plates du muret constituant le puits. Au second plan la partie terminale
de la deuxieme bazina.
Fig. 11: 0. Anaserfa. Plan et coupe du monument.
Fig. 12: 0. Anaserfa. Detail du sommet de la sepulture montrant l'arrangement
du puits ainsi que le remplissage en sable eolien.
Fig. 13: Ti-n-Senko. Bazina a alignement de tours. Vue en direction du Nord.
Les dernieres tours sont cachees par le relief. En arriere plan, l'oued Ti-nSenko,
la plaine de Tifirin et l'Adrar Tifirin.
Fig. 14: Ti-n-Senko. Detail des tours meridionales et des steles couchees. Noter
que, dans la partie centrale de l'alignement, plusieurs tours (restaurees ou
modifiees ?) comportent des dalles a faces non patinees.
Fig. 15: Ti-n-Senko. Vue vers le Sud-Est avec la bazina au premier plan.
Fig. 16: Ti-n-Senko. Vue vers l'Ouest avec les steles couchees et la bazina en
arriere plan, devant un des meandres de l'Oued Ti-n-Senko.
Fig. 17: Ti-n-Senko. Vue vers le Nord-Est avec successivement, l'annexe, la
bazina et son appareillage exterieur en pierres plates superposees, les tours
et la dune de Tahaft ( + l :E) au loin. Les pierres a patine claire montrent que
le döme a ete fouille recemment.
Fig. 18: Ti-n-Senko. Plan et coupe du monument.
Fig. 19: Im-Saten. Bazina a alignement de tours. Les restes de la niche sont
visibles a droite de la bazina. Noter la stele couchee a gauche de l'alignement.
Vue vers le Nord.
Fig. 20: Im-Saten. Idem. Vue vers l'Ouest avec les tours au premier plan et la
stele dressee devant le tumulus. Regle L= 120 cm.
Fig. 21: Im-Saten. Idem. Detail des deux tours Sud.
Fig. 22: Im-Saten. Plan et coupe du monument.
Fig. 23: Histogramme de distribution des directions a des alignements de
tours ou antenne/muret (tables I et II). En gris les 20 monuments du Niger
(Paris, 1984, 1996) et en blanc ceux de l'Immidir.
Dessins et cliches de Y & C. Gauthier.
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Fig. 4
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Fig. 14
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Fig. 16
Fig. 17
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