SUR L'ORIGINE DES CANARlENS
PREHBSPANIQUES
P A R
,dpTa<B-~lO GABTDPid3
De la Société dlEthnographie et de la Société des Africanistes de Paris.
Un erudit curé (D. Aquilino PadrOn) qui se p m e n a i t un jour
de 19an 1873 parmi les rocs basaltiques et déchiquetés de 1'Ik de
Fer, découvrit d'étranges signes gravés le long d'une énorme paroi
rocheuse, tres isolée des centres habilés et surplombant la mer.
11 crut tout d'abord 2, un hasard de la, nature; mais loraqu'il vPt
que certains signes se répBtaient sur des surfaces sur Iesquelles aueun
indiee d'6roslon n'était risible, I! pensa B la main ik !'homm. I1
découvrit en plus aux pie& de eette fdaise de grosses pierres taillées
qui formaient comme un eercle de sieges. Dans de petites grottes
adjacentes iI trouva quelques fragmenta de poterfes, des ossernents
et des restes de foyers. 11 s'agissait donc vrIzisemblablemen",'un
--.-L.- 3.. -2- A-- - - - A - - L A
C;~IILLP ut: VI^ U G ~~ I I C I W I ~~ U L U C I I L U I ~ ~ .
Le bon curS soupconna que quelque chose d'important se cachait
sous ees signes bizarres. Hl ne pouvait cependant s'imaginer qu'il
avait découvert la premiere page d'une bibliothGque rupestre guanche
qui allait prouver par la suite que les insulaires des Canaries avaient
connu l'écriture et que, par cette écriture, 0-0 parviendrait aussi &
connaztre la langue de ce peuple.
D'autres inscriptions furent ensilite trouvées A l'lk de La Palma
et a l'Ile de la Gran Canaria.
La grande varieté des signes retrouvés devait intriguer les épi-graphistes
pendant pres d'un si4cle. Ce n'est que révemment qu'on
est parvenu, par Ges méthodes scientifiques, 5, grouper les signes di?-
férents d'apres leixr analogie alphabétique et & obtenir ainsi un pre-mier
résultat sur fa voie de leur classemeni. De la, on 2 commenc6
un patient travail comparatif por~r rattacher ces groupes d'inscrip-tions
aux alphahets anciens déJ& déchilfrés. Le canarislogue slutri-chien
2írof. Dominique J. \V6ifel, consacra la plus grande partie de
sa vie A cette tache. 11 parvint ii constituer un vbritable corpus qu'il
-a--p-1p- Gl6 " . g - o n n imn n n n d . n 7 i n n r r n i n r . n r r m l x m ~ ~ na K n l h n . ~ v > n . ~ c < nmn n CQ r .o. raa oi,h- I L V I IWI ' L D I I IW D'lLILJ LUUU DWIQWI 'WD. IYPC&IIIZ.UID U b 3 b 1 1 I b L I L . C C M b U L l b
vention ~~d&p&e ni aucun éditeur n'ont permis jusqda l'heure ac-tuelle
Ia p~blicationd e cet ouvrage capital pour une connaissance plus
comyslete de I'écriture canarienne.
Ses études compar4es l'ont amen6 A reconnaftre quatre sortes
d'écriture que l'on axrait pu directernente reiier & d'a-iltses en dehors
des fles Canaries.
ha. prernler type se cornpose de spkales, sillons, ligaes courbcs,
cercles et maandres que l'on retrouve assez fréquemrnent dzns Bes
inscriptions d-e I'age du bronze en Europe occidentale et en ScandP-navie,
du meme que dans eertains pStroglyphes sahariens. hl s'agit
surtcut des insvriptions de Belmaco, dans i'i3e de La Palma, étudiées
et récernment pr~bliées par l'archéologue espagnol Luis Dfego Cus-coy.
On pourrait y voir des idéogramrnes cabalistiiques ayant peut-
6tre une signiffcation cultuelle. La présence dans le meme grcupe
d'inscrip'iiens de cefiaines figures zromorphes laisserait supposer
une ten'cative de symboliser les princlpam Bléments quui étaient la base
&me de la vie purement pastorale des insulaires palmirieoia.
Le secozld type, ce sont des signes quelques ~ L mIys térieaxx-dont
m avec des traits paralEles horkontazx qui Lraversent uil baten ceri-tral
et vertical-des demi-spirales et des croissants et qui présentent
cependant une étrange analogie avec des graffitis ligures, dbcouvep.ts
dans les vallées italiennes de "Le Meraviglie" et de "FontanaAba".
116 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLANTICOS
INSCRIPTIONS ALPHABETIQUES CANARIENNES
Ce tableau presente 43 signes alphabétiques canariens, reconnus dans Ies
inscriptions rupestres de I'ile de la Grande Canarie et de 1'Ele du Fer.
TABLEAU DES ALPHABETS PHENICIEN-PUNIQUE-ANCIEN
LIBYQUE-TIFINAGH
Phénicien Pnniqui Yaleur Ancien LiSyqiiz Tifinagh Valeur
Ce tableau synoptique des q u a t ~ ea lshabets dont :e csnarien peut etre issu, permet de
retrouver Iacilement la valeur &S lettres qui compcisent le tableau précédent.
118 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLANTICOS
Les archéologues italiens ont d'ailleurs supposé qu'il s'agissait la
d'inscrijtions rupestres d'origine libyque, avec des signes phonéti-ques
appartenants h. cette ancienne langue saharienne et transmis
aux Ligures néolithiques par les Iberes.
Lfe troisieme type, ce sont des signes alphabétiques directement
identifiables avec l'écriture ancienne libyque.
Un quatrilime type, dont la présence awr Hles Canaries est quel-que
peu étonnante, est fait de signes idéographiques qui sont tres
proches ou m2me identiques A ceux de l'ancienne écriture crétoise.
Quelques autres signes idéographiques poiarraient rappeler les
pétroglyphes de la Píaute Egypte o.ul sont reconnaissables des barques
nilotes.
Ce que l'on n'a pas encore rkussi savoir c'est si les anciens in-cnldres
&S Canarieu éerivaieiit ~uüramiiiei~i'ta ncien ii'oyque, qui
parait &re mdgr6 tout l'écriture fondamentale, ou si ces inscriptions
rupestres ont été gravées sur les rocs des fles par les membres des
équipages phéniciens et plus tara puniques qui se rendaient régu-lierement
a w Canaries pour y charger les produits de la pourpre.
Cela expliquerait aussi la présence des signes crétois étant domé le
nombre d'égéens et de philistins embarqués sur la flotte marchande
de Tyr.
Pour ce qui est de la langue parlée nous savons sans équivoque
possible que les Canariens parlaient différents dialectes, issus d'une
m6me langue commune tous les insulaires, mais qu'k l'époque de la
conquete ces différenciations étaieilt si marq?i.&s d'2e en ?!e q ~ !ees
insulaires ne se comprenaient presque plus entre eux.
Que ces dialectes dérivaient tsus d'une meme langue mere apparut
vite comme évident awr chroniqueurs de la conquete et aux quelques
pr6tres l'arne de chereheurs qui comrnencerent h. recueillir un peu
de vocabulaire indigPna. Es s'apercurent qxe !'m&legie des mots em-ployés
dans chaque ile pour déterminer un meme objet ainsi que Zeur
racine, leur ktymologie et la constmetisn des phrases prouvaient une
source commune. Mais quelle était cette ssouree?
Pendan-t des siecles et des si&Aes nombre d'his'coriens et de lingks-
tes entreprirent de la déterminer, et leurs tentatives se heurterent
toutes A un écrreii apparemment infranchissable. En effet, Ies ches-cheurs
qui tatonnaient dans diverses langues étaient brouillés de plus
en plus par les théories des partisans de I'Atlantide qui attribuaient
automatiquement & la Iangue canarienne une étroite parenté avec
les anciennes Iangues améro-indiennes.
Les déductions du savarrt conszal francais Bertheiot devaient i-a-mener
les recherches sur Ieur véritable terrain scientifique. C'était du
c6té de I'Afrique et non de I'Amérique qu'il falIait chercher. La d6-
couverte des origines linguistiques amait fatalement fait découler la
découverte des origines géograpfiiques et ethniques des Canariens,
étant donné que la langue mere propre tous les insulaires prouvait B
c.
la filiation a une civilisation cornmune. Les modifications dialecta- E
les devaierrt Gtre attribuées A l'état d'isolement dans lequel avaient :O
vécu les insulaires depuis le peupiement de i'hchipeb ainsi qu'au -- m
O
manque de commr,unieations entre les Iles. Le nombre de sl&les-se E E
ehiffrant par millénaires-qui doivent s'etre écoulés, depuis la pre- 2
E
mi&e migration et 1% conqugte par les Européens, justifie encore
-
davantage ces altérations linguistiqv-es par rappoíi, i la langue mere. 3
-
Berthelot réussit 2. colIectioniier plus de 1.000 mots canariens, -
0
m
E pechés un peu partout dans les chroniques de I'époque de la conqu@te O
et dans les manuscrits des voyageurs précédents. 11 établit ainsi un
glossaire, cornpos6 de 200 substantifs, 38 noEs de norn?ms, 467 noms n
E
de lieux et 242 noms propres. Se penchant sérieusement sur ce récueil
-
a
initiai, mais tr&s consistant, les lirig~istes purent, entre le XXeme 2
d
n
et le XXeme sikcle, ~;oursuivrel e ~ mét udes comparrks. Apres cinq n
siecles d'incertitude et de suppositions le -!us soutrent fantaisistes 5
O
et osées, nous sommes A 19heu.re actuelle parvenus & établir que la
langue mystérieuse parlée par les anciens insulaires des TIes Ganaries
était une langue hamito-sémitique, issue du libyen et apparentée done
par filiation a certains dialectes berberes d'Afrique du Nord et du
Sahara.
L'éthnographie comparée et l'anthropologie venaknt confirmer, e=
partie, les théories linguistiques, et I'origine libyco-hrb&e des Guan-ches
semblait par E pleinement. reconnue.
120 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLANTICOS
SUR L'ORIGINE DES CAKARIENS PRERISPAXIQVES ?
~u d&ut l'exarnen des cranes et des momies guanches arnenait
lyanthropologue Verneau & reconnaitre h la premiere des quatre
couches ethniques canariennes une origine Cro-Magnon, ce qui p u r -
rait faire songer a un substratum arehayque indighe d'origine pa-léolithique,
précédant toutes les autres cultures canariennes super-posées.
La théorie de Vemeau, suivant laquelle les hommes de Cro-Ma-gnon
aarajent fait des Canaries leur derni&re étape dans leur grande
migration du centre de 1'Europe oceidentale vers l'Afrique, trouva
un écho dans celle de 'Vdolfel, qui reconnait que c'est cette meme race
qui a csnstltué La p~emil&rceo uche cultnrelle des Ues, celle de la pierre
polie et des habitats troglodytes. L'anthropologie francaise avait
déjj admis cette possibilhté eteelle avait reconnu notammeint le pa-rallele
entre les Cro-Mapon de 1'Afrique du Nord et ceux de I'Ar-chipel
Canarien.
A la suite de Iongues recherches, Boule, Vallois et Verneau se
sont rencontrés pour admettre que les squelettes fossiles trouvé.s en
1928-29 par Arambour dans l'abri sous roehe de Afalou, au sud de
Bougie, sont a rattacher au type de Mechta-el-Arbi. Ce dernier pré-sente
des ressemblanees indiscutables avec I'homme de Cro-Magnon,
dans Ie squeIette des membres et, surtout, dans I'index céphaliquc.
En 1935 R. Vaufrey, dans une note publiée dans '6L'An.Chropolo-gie",
faisait écho & son tour a la théorie de Verneau et réaffirmajt la
liaison directe entre le type Cro-Magnon d'Afrique du Nord et eeleii
des Iles Canaries, le demieme apparenté au premier. Varafrey ajoata
en ontre que I'ocetipation des Canaries par les prerniers cromagnoides
ne pouvait &re considérée comme antérieure le période holocene.
Cet une pointe perdue des trogiodytes rnagdaiermiens qui aurait
poxssé, d'apes la théorie de Verneau, jusqu'aux Canaries alors in-habitées.
PlJsus ignorons cornment ils ont pu y arriver et en que1 nom-bre,
et meme si la premiere parution de l'hornme dans 1'Archipel est
dfie vraiment ,& ces Cro-Magnon d'Afrique du Nord et si ce sont eiax
qui ont formé la premiere couche ethnique proto-guanche cavernico-le.
On ne pourrait, dans le cas o$. cette théorie serait exacte, que re-gretter
le pouvoir abrutissant que les conditions du milieu paraissent
avoir exercé sur eux qui, de ggrands artistes riches en génie inventif
Núm. 4 (1958) 'I -
121
8 A!iTIJ..IO GAUDIO
qu'ils étaient, ont reculé, oubliant tout de leur stade précédent pour
retombw dans une existence =limale et insignifiante.
Ce n'est plus par supposition et par vague tfliorie que l'on aborde
cependant la présence aux Iles Canaries de la deuxieme couche ethni-que,
la néolithique et qui a d'ailleurs procédé "la néolithisation" in-tégrale
de 1'Archipel. Cette migration, relativement iardive par rap-port
au substratum cro-magnoide, ei qui parait 6tre d'ailieurs une
suite des vagues de peuplement éche!onnées sur des siecles nombreux,
a été une branche des anciennes civilísations néolithiques méditerra-néennes,
dont le foyer originaire étaient la vallée GIu Nii, la Palestine,
la Syrie et la ?Lésopoiamie.
Ces memes civilisations, qui entre le VdIhe e t,1 IIIhme millénaire B
av. J. C. devaient couvrir presqu7enti&rement les trois rivages asia- N
E
tique, africain et européen de la Méditerranée, ainsi que les Iles Égéen- O
nps, la Sirile, -Malte, 12 &r&igne, 1% Csrue et Ect!&reo, etwier,t ---- n-- m
O probablement celles de pup1es de souche ouralo-altaique (ou tura- E
E
nienne) dont l'anthropologue italien Sergi (auquel se sont ralliés la S
E
piupart des savants rnodernesj voit s'avancer en deux directions la -
vague migratoire. En seraient issus 1) les Libyens (dont me survi- 3
vance certaine est celle des Touaregs actuels), et 2) les Iberes (dont
- -
0
m
une survivance extreme, mais mglangée d'autres éléments, pourrait E
O étre représentée par les Basques actuels), les Ligures et les Sicanes
ices deux derniers étroitement et indiscutablement apparentés) . n
- -E Pour mieux saisir les origines des principaux aspects de la cul- a
2 ture néolithique canar-rienne, il n'est pas inutile de jeter em regard n
sur ces pmples méditerranéens qni tiennent le fil conducteur. Le n
plus passfonnant et le plus mystkrleicx est sans doute celui des Libyens. 3
O
Avec l'introduction de la culture néolithique en Afrique du Nord,
le Sahara septentrional devient, ara point de vue ethnique et par con-séqueni;
anthropoiogique, une plaqeae tournante africo-miditerrá-néelane.
C'est E que commence I'histoire de i'Afrique du Nord, té-
122 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLBFTICOS
SUR L'ORIGINE DES CANARIENS PYLEI-IISP.4NIQL'ES 9
moignée par des inscriptions, mentionnant des peuples venus de la
mer (d'aprGs la tradition égyptienne) et des négroides venant du sud
(d'apr&s la tradition classique) et dont l'histoire s'identifie ainsi pro-gressivement
avec l'histoire des Libyens proprement dits.
De ces inscriptions, qui ouvrent une nouvelle page du cycle de la
vie humaine nord-africaine, la plus ancienne et peut-Gtre r n h e la
plus importante, est celle de la stele de Kharnak et d'autres monu-ments
égyptiens de la 14"e dynastie (environ 1400 av. J. C.) o& sont
cités et représentés parmi de nouveaux envahisseurs de la vallée du
Nil, des Libyens aux cheveux blonds et .A la pigmentaiion claire,
appelés "lebG" et qui étaient guidés par un roi du mom de Maoumo-nion.
Apres les Egyptiens pharaoniques, qui, pendant plus d'un
millenaire, devaient garder des relations tres suivies avec les Libyens,
preque teus les g u o& & i . ~ n i q ~&~&q~u~es s grecs & r ~ ~ l i n ~
traitent le sujet libyen. Nous pouvons puiser notamment aux docu-ments
d'Herodote ou de Strabon, de Diodore de Sic& ou de Pausa-nias,
de Ptolom6e ou de Plutarque ou encore de Pomponio Mela. Mais
cornbien de point obscurs, de mysteres et de problernes passionnants
renferme l'histoire de ce peuple nord-africain qui a été le seul a
vanter une civilisation du désert et une tradition ininterrompue de
liberté et de fierté, pas encore éteinte! Ce sont ces Libyens qui ont
donné A 1'Egypte le plus haut de ses dieux, le dieu-soleil Ammon 5
%te de helier. Ce sont eux qui ont donné 2 la mythologie phénicienne
la déesse Tanit dont le eulte était en grand honneur i. Carthage.
Dans le premier millenaire av. J. C., lorsque les premiers Tyriens
débarqnerent en atinisie et poserent les pierres de cette ville qui
aurait dfi devenir la reine des mers la plus redoutabie, une d e ~ = ~ í u s
pwes puplades libyennes s'était établie de facon sédentaire 5 mille
kilometres l'intérieur du Sahara, ara Fezzan. C'étaient ies Gara-rnantes
ligendaires, fougueux conducteurs de ehars de guerre et de
rapides destriers, représentés sur tant de gravures rupestres saha-riennes.
Les vextiges de ces Garamantes, qui gisaient sous les sables
de l'oued El-Agial et de la cuvette de Djermk, ont été finalement
restitués A la liami&re par les fouilles des missions archéoñogiques
italiennes de ces dernieres décades. On a ñibéré des dunes des habi-tants
en pierre, des steles et des nécropoles monumentales d'ou furent
exhumés les crgnes et les squelettes qui permirent A l'añithropologue
Sergl de classer deux des quatre groupes reccnnus comrne étant de
type dolicocéphale de souche Cro-Magnon.
La parution de la plus ancienne Iangue écrite nord-africaine, 1'a.n-cien
libyque, remont aussl a l'époque de la civilisation garamante.
Qrroique son curieux alphabet géomhtrique soit connu dans la vaieeor
de ses 29 Iettres, les nombren linguistes et épigraphistes moáernes
qui se sont penchés sur cette langue ne sont pas encore parvenus a
l'interpréter. Pourtant, pour étra,nge que cela paraisse, I'ancien liby-que
est toujours une langue vivanle, car elle est parlée et éerite par
les Touaregs actuels, dans une forme giottologique tres altérée et
transfcrmée par rapprt I'originaie, le "tifinagh". D'aiIleurs la
classe ariszocralique targcie pa,rait &-e d'ascendance garamante B
assez directe. N
E
I&algré ceiz et madgré le nombre impressioimant d'inscriptions bi- O
! i~gps!i byc=-pniqueu déc~g~~reye¿l et~~z j9g-r;& i'étij& pn Frp_eei n-- m
aucun essai comparé n'a donné de résultats positifs. L'espoir que Ie O
E
hrh&rolog'uei talien 3eguinot no~irrissait,a p r k svoir d6couveré lui- E
2
E m&ne plus de 200 textes épigraphiques, de traduire i'ancien libyque -
en berbere moderne, s'est évanoui ii !a suite des arguments contmi- 3
res appxtés par le sSv& savant ke6A~ofoguef rancsis Bndré Basset. - -
0
m Cem que cette énigxe linguistiqrx passionne, continuent &. taton- E
ner, quoique l'on croie de plus en plw utile, du moins pour ee qui coa- O
cerne l'alphabet, de se rapprocher des conclusions érnises par l'émi- n
E nent épfgraphiste anglais A. Evans faisant dériver l'aneien libyqne -
a
de la perniere écri'cure crétoise. D'ail!eurs les reIations milénaires 2
n
entervenues entre les peupjes 3géens e t k s Eibyens, c p i rmyun- n
terent avx premiers !'a& perfectionné de la fabricatior, et de Ia déco- O3
ration des céramiques et de I'armurerie, sont bien connues.
Le iong d.u rivage européea, s'étaient instaZSs, face .5 leur cousins
libyens, les Iberes et les Eigures. Sur de hauts-platea= arides et en-soieiíiis,
sur ies hauieurs akrupies 8es ~noiit~agiiecsp i Uurilinaient !a
cate méditerranéenne des Pyrénées juscju'aux Colonnes d9P4ercule,
des tribus de chasseurs débarquées d'Afmque du Nord, s'étaient
éparpillées et établies. Eiiies avaient des noms différents, mais la
SUR L'ORIGME DES CANARIENS PREHISPANIQUES
g>lus redoutable, étant domé lew esprit fanatiquement ,uerrier,
était ceelle des Ibkes, qui devaient ensuite laisser leur nom toute
la Péninsule.
Aidés par la stabilisation d'un climat tempéré, ils furent les pre-miers
habitants de 1'Espagne préhistorique, A vivre dans des maisons
en pierres et en terre séchée, dbdaignant la vie troglodyte d-e leurs
prédécesseurs rnagdaléniens. Apportant d'Orient les preinziers rudi-ments
de la culture néollithique, ceux $entre eux qui péferaient les
paisibles occupations agrestes A la vie mouvernentée et violente des
ehasseurs, défrich6rent les terires encore vierges, de Catabgne, de
Castille, d9Andalousie, pow y cultiver l'orge et le mkllet. D'autres tra-vaillaien'c
la pierire dure des montagnes, dontiis faconnaient des
utensiles agrieoles et domesticpes B l'aide d'un outillage lithique mi-niascule.
Pour la. chasse ils s'armaient d'ares et de fleches a poíntes de
silex; pour le eombat de haehes en pierre, de massues et de co-mts
javeñots, et se protégeaient allors par un bsuclier road lié au bias
gauche. Leurs cibles prbférées étaient les ceds contre lesquels il or-ganisaient
de véritables battues en commm. Certains se consacraient
$ I'élevage et erraient sur les hauts-plateaux avec leur troupeaux
tout eomme les bergers que 1'0x1 rencontre aujourd'hui coiaverts de
pea= de brebis, un loig biiton & la main, suivant sur Bes maigres
pzlturages de 12. "meseta" leurs chhvres et leurs moutons dirigés par
les alboyements d'un ehien.
Le chien a été d'ailleurs le seul animal domestique introduit en
Espape par les Hberes aux temps néslithiques.
Tres fiers, aimant la liberté, iils ne to;éraiea'e aucura cornmande-ment,
m.~usne autorith en temps de paix. Ce n'est qu9en cas de danger
ex'r&ienr qu'ils choisissaient p r m i les phs vailiants gterriers celui
qui serait leur chef. De caracLct6re brutal et rusé, ils étaient craints
et connus parmi taus les Méditerranéens yS0.m leur agressivité et leur
manque d'hospitdité vis-A-vis des étrangeirs. Chaeun de leurs villa-ges
étaiten Iui-m4me, par sa position nateñrelle et les fossés et ps-
Ifss~des qui Be cem&n~, une g&CLp cikzd~.&.
Eeum maisons pr6sehntaPent pesque tsutes un plan gbom6tliique.
11 y en avait de cornpletement circulaires, d'ovaloides et d9autres en-core
en forme de crok greccpe, dont chaque saillie fomnait une petite
ATTILIO GAUDIO
piece. 11s doimalent sur des peaux de bete non tannées, souvent de
mouton, et s'en couvraient. Un v6tement tres semMable au "tamar-co"
des Canariens, les couvrait le jour, et, tout comme les Libyens
et les insulaires de Lanzarote et Fuerteventura, ils s'ornaient 1a tete
de plumes. Les femmes étaient vetues de longues tuniques serrées
Iz. taille par une ceinture en cuir.
Privés de tout sens de l'organisation, aucune activité commer-ciale
ou inidustrielle, ne serait-ce qtre sous forme embryonnaire, n'a
existé chez eux. Encore moins ont-ils jet6 les bases d'~meso ciété, avec
des lois morales et civiques, l'exernple des Libyens.
Cependant ils n'étaient pas dépourvus d'imaginalion artistique.
Des Pyrénées i la Sierra Morena, ils ont peint, sur les parois de grot-tes,
les sches plus saisissantes de leur vie de chasse, o-l1 se groupent
des chevaux, &es taureaux et des cerfs avec les hornmes et les fem-de
7yz+ épyqlip, dms f i r ; ~ ~ rqz:i irl~-pp~&e~nC _ ,nr& 1-s
gravures et certaines peintwes schémsttisées néolithiques d.u Saha-ra
et d'Afrique du Nord. Si la valeur artistique de ces dessins sur
roche est loin d'atteiadre le mervei!Ieux degré de l'art aagdalenien,
ii n'en est pas moins vrai qu'ils nous ont laissé 1a un témoignage
fidelle et vivant de Iew existence.
Leur esprit créateur s'est montré avec éclat dans la vannerie et
dans la céramique. Pendant que !es hommes partaient dans les hois
$ la recherche de gibier ou descendaient sur les &es pour ramasser
mcules et escargots, les femmes ibériques fabriquaient les récipients
dont elles avaient besoin. Elles tressaient des paniers pour différents
usages, formes originales qui devaient 6tre imitées plus tard par les
potiers, d'ou sortit le plus célébre et @pique exemplaire de la céra-mique
péninsulaire, le vase campmiforme. Pour conserver l'eau et
le lait, elles faisaient cuire A la flc?mme du foyer domestique des
cmches en terre, génkaiement assez grcassi&re, et mes. Pourtant,
lorsque s'éveillait en elles !e gofit esthétique et l'envie de "faire que:-
que chose de beau", elles savaient travailler la terre ToruQe et se servir
habilement de lexrs dsigts et de leur légers poinpns puur créer
des cérmiques remarquablement fagonnées et décorées q ~ giag n.6-
rent, me place respAable pamt les poteries néolithiqurs. C'ette cé-rarnlque
ibérique suhit un cycle évulutlf constmt, notamment dms
la variété et fe genre et 6es peupks pelasgiques, jusc/dA attelndre,
126 AWUARX CE ESTUDIOS ATLANTlCOS
au cours du prernier millenaire av. J. C., une perfection de style per-mettant
de la confondre souvent avec I'authentique céramique mycé-néenne.
Tout comme les Libyens, les Ligreres et les Canariens, les Iberes
ensevelissaient leurs morts dans des grottes funéraires et dans des
tombes creusées dans le sol, mais revetues de dalles.
k u r langue parait avoir été tres proche de la langue libyenne
et ils adopt$rent, aussi par la suite, le m8$me genre d'écriture. Elle
aussi résista aux tentatives des épigraphistes, qui n'ont pu encore
donner une signifieation valable aux mots forxés avee les lettres de
cet étrange et primitif alphabet.
Dans le midi de la France et dans 1'Italie nord-occidentale, se
trouvaient A la m6me époque ces Ligeires dont les origines et l'aire
de diffusion géographique ont don& lieu $ bien des controverses.
Une des théories les mieux aecréditées est celle qui veut qu'ils soient
parmi les populations indigenes les plus archaiques de 1'Europe sud-occidentale
et celle dans laquelle l'nnité néolithique méditerranéenne
a trouvé son meilleur support. On prétend d'ailleurs qu'lls se trou-vaient
dé@ en Europe, lz, Peninsule Ibérique fncluse, 2 I'aririvée des
Iberes.
C'est a un hasard heurem et assez rhcent que l'apithropologie
doit see plus sérleuses connaissances sur ce peup1e lointain qui a
habité notre sol. La chance favorisa un beau jour du dernier &de
deux cherchews italiens qui se pprornenaierrt trarmquiilement dans une
hile vallée de Ligurie. Aperqevant une obiverture dans la colline,
91s y pénétrerent et parmi toufes smkc de eai!!cxx et de branchages
humides, se 'cio'ilv6rent face a I'entrée $une caverne dont ils ne
voyaient pas le fond. @e n'était que 19antichambre d'm ensemble de
boyaux et de grottes au sol irrégulier et boueux jonches des restes
d9un grand foyer de vie humaine néolithique.
Une fois découverte; cette i'mportmte sta'ciox~y r&ist~rfcpx,n mi-m4e
'?Delle Arew Candide", fut soigneusement ktudiée. Ea découverte
la plus importante fui celle de plusieurs dizaines de squelettes qui,
sortis de leur néciopde et étudiés aux Iaboratoires, prmlrent aux
préhistoriens itaiiens de Eixer le caractere dolichocéphaie de ces pre-miers
habitants de la Ligurie (abstraction faite de la race negroide
de Grimaldi qili aprhs s'etre établie en Lígurie bien avant nos Ligw
res, n'a pas laissé de kraces durables de son cycle de vie aurigna-cienne,
totalement étein'te au paléolithique sup6rie;ir).
Ces Ligures, dont les manifestations ont i peine effleuré le néo-lithique,
n'ont connu les rngtaux et Ya-rt. du batiment m4me le plus
rudimentaire, teiles que des caluanes S~X piloti, que, lorsque d'autres
vagues d'girangers sont vemes les introduire chez eux, inaugurant
I'age du bronze et beaucoup $us tard cehi du feir.
11s devaient mener une existence tres dure et le milieu défavora-
He, avec ses imp5rieuses nécessit5s alimentaires, ne devai'c pas &re
B tres prosice k l'épanouissement de leur sensibilité. Satoilés en rouge N
comme les magdaléniens de la Dordogne, les Guanehes des Canaries E
O
uü !es Pe;t-m=m~geds' A??25riqiíe,s embXFíes A de grosses betes fau- n-- m ves se tenant slw deux pattes, couverts de pea= de bete et bran- O
dissant, menacants, des haches en plerre et des Írandes priissauates, 2E
les Ligures hantaient ies IorGts et les bords des torrents A la recher- -E
che d'ours, de loups ei de sangliers. La nature des lieaax était alors $
beaucoup plus suvage que i'actuefle, car les plantes qui aujourd'huí %
en foat le chaime, l'olivier, !a vlgw er. les agrums, ne s'y trouvalent
pas aíors. O
$ Ils communiquaien d'xa sommi; & l'atre yar des ciis et des
sifflements et slgnalaient I'endroit o$ mait !ieu me chasse heureéz- -E
a
se par des do,mes de fumée. Sur ces feux cp'ils dlumaient dans les
clairihres ou sur le rivage de la mer, ils r6tissaient les chairs firakhes
des Mtes et apr& le repas, afsandonnaieat les ossements pr6s des
cendres pour remonter vers leurs cavemes en trainantles peaaur.
Leurs fe-mmes les grattaient, les faisaient sécher, les coaapient et
les coiisaientpow en faire des nattes et des v6temenrs.
Hls complétaient lew menu par des haks et des glands sauvages,
des fruits de iner e"¿des poissons qu'ils pechaient 2 l'hamqm, ainsi
que $une sorte de polenta qu'ils confectionnaieiit avec de la farine de
e4r.réales, coirm de l'orge ou du seigle. Pourtant auckilie trace de tra-va=
sgricoles da été retroaavk, ce qui laisse supposer qx'ils étalent
incompéten'cs en cette matiGre. Par contre ils étaient pasteurs et
gardaient dms les vaílées des t r o i r p a u ~d e bovides, de cñ6vres e t
128 ANUARIO DE ESTUDIO8 ATLANTICOS
En haut: Ruines de maisons particulieres A plan géometrique de la ville royale de Gáldar
(Grande Canariel.-Au centre: nlaquette de la reconstitution ideale de la fameuse necro-uole
royale cle Gáldar. indüment aplielée par certains canariologues ((La Guanchar.
Cette necropole es1 nettement mégalithique par sa construction et neolithique orientale
par son plan.-En bus; Reconslitution ci'une habitation semi-trofilodyte propre aux
indigenes de l'ile de Fuerteventura. Ce genre bizarre de demeure privée rappelle éga-lement
certaines constructions mégalithiques de la peninsule ibérique et de grandes íles
de la Méditerranée.
Museo Canario.
SUR L'ORIGINE DES CANARIENS PREHISPANIQUES 15
des brebis. 11s furent aussi les premiers Italiens et Franqais ia con-naitre
le chien et & I'accepter comme ami.
11s fabriquaient de la vaisselle et des récipients d'utilité domesti-que,
pétrissaient l'argile et le sable avec de l'eau, fomaient l'objet
A la main et en décoraient la surface avec des lignes et des rainures
tres simples A I'aide de petits coquillages, d'arstes de poissons ou de
burins. Plus rarement, ils incisaient des dessins plus étudiés, en utili-sant
des tampons. La cuisaon était effectuée par la pose Ctirecte de
l'objet sur le feu. Du bois ils faisaient des manches pow beamoup
d'objets domestiques et d'armes, surtout poignards.
11s apprirent aussi & polir les pierres de travail et lews armes en
silex. L'emploi du "tniton comme come pour appler les troupeaux
ou pour assembler les gens de la tribu était commun chez e n . Mais
l'objet le plus étrange et de provenanee xnystérieuse qu'ils ont lar-gement
uttiiise a été ia "pintadera", tarnpon en gierre ou argñie
triangulaire, carrée ou circulaire, motifs tres variés qui servaierat
pour le tatouage A fIeur de peau. Ces bmpons portant des dessins
pour la plupart géomGtriques, ktaient idénliques ceux des Guanches
des Canaries et des Hndiens d'Amérique! Hasard fortuit de l'invem-tion
humaine ou relation transoc6asiienne A I'époque préhistosique?
Nu1 ne saurait le dire jusqu'A présent.
4.-L'homme nSoMthique aux Canaries.
Cette vague de néolithisation "ancienne" qui a unifié la cultwe
préhiistorique des premiers peuples méditerranéens, aurait employé
environ 4.000 ans pour progresser du Moyen-Orient et de YEgypte,
d'ou elle est originaire, jusqu'aux Iles Canaries, son éhpe ultime.
En effet, si l'on accepte comme point de départ I'industrie nhlli-thique
de Jéricho, découverte récemment, ainsi que celle de Jamo,
au nord-est de la Nésopotarnie, l'analyse-au carbone 14-du ma-tériel
exhmé indique 6.700 ans avant notre &re, ce qui recule de
presque trois millénaires la naissance du néolithique ancien, située
jiasque vers 19an 4.300 av. 3. C. (selon le foyer de Fayoun en Egypte,
et le premier foyer d'une peuplade hamitique de Négada, en Ha&
Egypte) .
Par ailleurs, g&ce awr travaux des spécialistes franqais Vdois,
Baloutet Vaufrey, et des archéologues espagnols Bosch-Gimpera, Pe-ricot
et Martinez Santa-Olalla, on sait avec certitude que la premihre
manifestation du néolithique ancien commune $ 1'Afrique du Nord
et au Levant espagnol-appelé par simplification "ibéro-mauritien-ne"-
ne remonte pas au-del& du troisieme millénaire. Etant donn6
que, de cette vague, s'est vraisemblablement détachée la braniche
atlantique qui de-~ait "néolithiser" les Canaries, le peuplement ca-narien
de provenance africaine ne peut done se placer avant ce millé-naire.
0ii sont maintenant les éléments de comparaison proprement eth-nographiques
qui nous permettent de supposer ce deiaxieme pseuple-ment
des Des Fortunées, contemprain et dérive de l'ancienne civi-lisation
néolithfque médilerranéenne? Les étranges inscriptions et
gravures rupestres de Hierro, La Palma et Gran Canaria pointaient
-.m-?. 1 7 h Cn: -.., ,+ -.,n, 17nn:,,+. -,:, ,,, 1,- ,,,l,.4,, C n , n n n M C n n *n
V C L D L ~ P I Lq ue C;L v c l r5 1 V L I ~ I I L , u k a m y a 1 I c a auarus r ca ~ ~ a y p o i i -iLA-~ ~ a
tre la civilisation pastorale canarienne et les peuples précités, on est
amené, par déduction togique, 2 retroiñver les véritables anc6tres de
ces insulaires. 11 y a 12 de quoi douter sérieuseinent des théories qui
vofent dans les Guanches les survivants de l'lhtlantide! Et pourtant.. .
1'Atlantide n'est pas qu'une Iégende! De meme que toute la littéra-ture
mythologique et épique grecque, qui revélait toujours des vé-rités
historiques, le fameux dialogue platonicien, a su décrire de facon
palpitante un grand peuple $Extreme-0cciden"Lisparu et qui a vrai-ment
vécu, 16, o&-comme par une ironie du destin-les partisans
acharnés de I'existence de 1'Atlantide n'ont pesque jamais regardé.. .
Wais cela est une autre question.. .) .
Les objets usuels et les faits de la vie matérielle canarienne trou-vent
facilement et abondamment leurs points de comparaison tout
d'abord en Méditerranée orientale. Les villages néolithiques du Iac
Moeris, en Basse Egypte, découverts par J. de Morgan et définitive-menl
fouillés depuis 1925 par Miss Caton Thompson, ont révhlé un
stade de civilisation en tout similaire & celui des Iles Canaries. Ces
primitifs égyptiens, de souche hamitique done afiricaine, taillaient les
51ches e= silex et en pierre pdie ( C ~ Sd emi2res ~ ~ l a ~ Ig~TmY ~CIt-naries)
, fabriquaient une céramique grossiere non décorée (comme
une premiere typologie de Lanzarote, Fuerteventura et Thnérife),
avaient domestiqué le porc, la chevre et le boeuf, se nomrissaient
130 AATUARIO DE ESTUDIOS ATLANTICOB
aussi de poissons et de fruits de rner, labouraient la terre avec des
pics et des socs de charrue en come et en silex, semaient le blé et
l'orge, moissonnaient avec des faucilles en silex et conservaient les
grains dans des silos, en partie creusés m&ne le sol.
Les néolithicpes de Négadah offraient, de plus, des s6pultures
telles que des Eosses comunes et individuelles, ovales ou rondes, sur-montées
d'un t~amulusc irculaire et concentrées en vastes nécsopoles,
tres proches de celles de Gran Canaria. D'aprlSs Alex. Moretl il est
probable qu'une vague de cette civilisation esk partie de la vallée du
Ni1 avant le Vhe millénaire et s'est propagée, par 1'Mrique du Nord,
A 191bérie, puis de la au reste du monde rnéditersanéen, dont les fles
Canaries.
La station néoliihique de Yarmuk, au sud du lac de Tiberiade, a
donné les m6rnes pointes de flkches frustes, lames en silex, haches
taillées avec polissage partiel, tranchets en pierre pour le travail du
bois (genre de petits rabots) que ceux des fles CanarSes, notarnment
les instruments d'obsidienne, ce mineral volcanique qui remplaca
souvent aw: Des le silex.
Les historiens anciens qui parlent des Hles Canaries utilisent fré-quernment
le terme "tabona", lorsqu'ils veulent dhsigner un objet li-thique
indighe spécial. Tous sont cependant d'accord pour dire qu'il
s'agit d'un couteau, ou lame tranchante, obtenu avec des éclats d'ob-xidienne
ou de basalte, dont l'usage était tr& répandu chez les Guan-ches.
Cela ne peut pas étonner si I'on songe que, dans l'fle de Téné-rife,
l'obsidienne et le basalte étaient les seéals minerais qu'on pouvait
utiliser pour fabriquer des instruments tranchants. A Gran Canaria
on peut ajouter le porphyre et le silex, mais en petite quantitcé par
rapport aux deux premiew. (L'obsidienne est abondante am ales Ca-naries,
étant donné leur fomation volcanique. 11 y a des chahes de
montagnes, longiaes de plusieurs kilom&tres, entierement faites d'ob-sidienne.)
Les "tahonas" d'obsidienne ne répondent pas une typologie et
1 Alex. Moret: Histoire Ancienne de ZJOrielzt. Paris, 1936.
Núm. 4 (1958)
une technique uniformes. Eeurs dimensions varient suivant le genre
d'instrument fabriqué. En gros, on peut établir trois groupes:
Le groupe courant, dont les exernplaires sont les plus abondants;
longueur entre 3 et 8 cm., largeur entre 2 et 4 cm.
Un second groupe formé uniquement de petites pieces (longueur
de 2 2 3 cm., Iargeur d'environ 1,5 cm.).
Un troisieme comprenant des objets de grand format, dont cer-tains
ressemblent A de véritables haches 5 main. Ils sont tres raxes
et ceux dont on dispose ont été trouvés presque tous dans les habita-tions
rupestres du Barranco Cabrera (Sauzal IKatanza) , A Ténérife.
Il y avait une technique de percussion pow obtenir les "tabonas".
Les gros nucleus d'obsidienne qui on"Lté trouvés ~résentent de
nombreux points de frappe. Etant donné leur lhg&reté, plusieurs
éclats se détachaient A chaque percussion. Certains d'entre eux étaient
polyédriques ou A plans mxltipks et avaient les c6tés concaves su
convexes. La plupart éclataient sous forme de Is~mes A double bord,
dont l'un, effilé, se terminait en pointe. Ce dernier type de "tabonas"
était deja prgt pour tout usage qui n'exigeait qu'une lame. On en
a trouvé dans tous les gisements archéologiques de ll%ge primitif,
d a s les grottes-habitals et dans les nécropoks. AUX Cazaries,
le corps était enterré avec totis ses utenailes donestiques et dans
les sépultures archai'ques la plus grande place est tenue par les "ta-bonas".
Les "tabonas" représentent la seule industrit: lithique des Cana-riens
primitifs qui ait eu l'avantage d'me sérieuse bibliographie;
celle-ci indique A plusieurs reprises combien le~ire mploi était cher
am indigenes.
Le @re Alonso de Espinosa2 raconle ainsi dans son ouvrage
que les Guanches, lorsqu'ils étaient malades, se faisaient une entaille
&-uec la "taboria" aüx braa et 5 la tg", gGecr :le sclng. Cctte eoUh-me
médicale est typicpement berbere et, encore aujourd'hui, elle est
courante en Afrique du Nord et dans le Sahara. Núñez de la Peña
dit que les "tabonas" étaient aussi employées pour coupr le bois et
pour r a b~t e rle s objets fabriqués en bois.
2 Espinosa: Del origen y milagros de Nuestra Señora de Candelaria. Se-villa,
1594.
3 Núñez de la Peña: Conquista y antigiiedudes de Zas islccs da Gran Ca-nclria.
Madrid, 1676.
132 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLANYICOS
En hnut d gauche: Broyeur des grains elliptique en hasalte. avec son pilon en ]>ierre.-En Iintct ii droite: Moulin main neo-
Iithique en pierre circu:aire.-En bas: Vaisselle de bois.
.Museo Canario.
Moiilin a main n4olithiqiie en ~iierre circulaire.
Assiette de bois avec sa cuill*re.
Museo Canario.
SUR L'ORIGINE DES CANARIENS PREHISPANIQUES 19
Viera y C1avijo4 explique que dans l'étui de cuir que les Guan-ches
portaient sur eux (comme tout BerIsere de I'Afrique du Nord
lorsqu'il part en voyage) il y avait toujours nombre de "tabonas".
Une arme typiquement canarienne, espece de lourde massue en bois,
était munie de nombreuses lames d'obsidienne fixees sur les deux
boules aux deux extrémités de la massue. Le fil tranchant de la
hache B main était également fait en obsidienne.
Dans la chirurgie indigenie, des "tabonas" i pointe effilée doivent
avsir précédk nos bistouris modernes, selon le Rofesseur Bosch Mi-llares,
qui a publié en 1944 un important travail sur les armes et les
fractures crgniennes des Guanches, et le P&re Sosa 5, qui a mené une
enquete 2 ce sujet dans I'Ile de Gran Canaria.
Les "tabonas" servaient aussi de ciseaux piar la taille des peaux
et, pendant les repas, on les utilisait pour extraire des mollusques la
partie cnmeutib!e.
&-Le mulin a main et Ze "gofio".
Un objet lithique tres important d'usage domestique, apporté
également aux Iles Canaries par Ia néolithisation orientale, est la
meule ou msrtier & main. Le premier type de moulin & main qu'on
ait trouvé aux IIes Canaries est constitué par me pierre basaltique
poreuse, oblongue ou circulaire, i la surface concave, sur laquelle on .
écrasait les grains $ I'aide d'une pierre ronde ou ovaloide tenue 2 la
main. @e type de moulin zppartient & la cdture ibdro-maumritienne et
nilotique ancienne et on le retrouve également chez les tribus noires
du Soudan et chez les Haoussa. (On p u t supposer qu% Gran Cana-ria,
ou abonde ce premier type de mortier $ main néolithique, il a
semi égalemeiit pdv6riser i'vwe servant i ia préparation de ia
patine qui brunit les céramiques du m6me iige.)
Les mouiins $ main portatifs étaient d'un autre genre. On les fa-briquait
de la manih suivante: d'un groc bloc de basalte poreux
voleanique on dbtachait deux gros morceaux, destinés l'un A la meule
inférieüre, l'aüti't: A ia supérieure. mis on ieur donnait une forme
4 Viera y Clavijo: Noticias de 'la Historix. General de las Islas de Canaria.
1772-83.
5 Sosa: Topogmfia de la Isla de la Grm Camria. 1678.
Núm. 4 (1958) 133
2?3 ATTILIO GAUülO
circulaire, en laissant plate la partie destinée au frottement et con-vexe
la partle extérieure. Les deux meules ktaient ensuite perforées
d'un meme trou eirculaire en leur rnilieu, 2 travem lequel passait
l'axe en bois du rnoulin; la =eule supérieure tournait autour de l'axe.
Le diam6tre moyen des moulins ?i main canarlens étaitde 30 cm. avec
un minirnum de 15 et un rnaxirnum de 35 coame Gran Canaria.
L'kpaisseur de c h a p e rneuie v ~ r i a idi e 3 a 12 cm. et le diamitre du
trou de perforation de 4 a 7.
Le "gofio" des Cmariens était aussi I'aliment principal des no-niades
Numides et&s anciens Libyens. Procope nous dit que "les
indiggnes ne font pas cüire le frolinent, l'épeautre, l'orgv; ils n'en font
ni farine, ni bouillie: mais aangent le grain B la f a p n des betes".
B
Souvent les nomades faisaient grilier les grains, mais l'usage les N
broyer remonte tres haut et des procédés prirrritihs se sont conservés O
uhez !es EerErex iI t r a ~ ~ eler s si&cles.L es gr-rins Gtsient 6crasés avec n-- m un piTon d2ns urr rnortier circulaire en pierre oaa en bois. On a re- o
E
trouvé dans nombre de ruines antiques berk4eres d'Afrique du Nord E
2
ce genie de mortiers en pierre. -E
Dans d'autres cas, on trikiirait les grains sur une large pierre 3
elliptiyue, dont la surfaue Stait 1égGrernen.t coneave. Ce type de mor- - -
0
tier était connu aussi dans 1'Espagne néolithique, oia l'on en a trouvé m
E
de nombreux fiiagments. Pi continue, d'ailleurs, a &e emplioyé chez O
les Touaregs du Salzara central. n
-E
L'instrizrnent servant A broyer le grain le pius courant chez les a
2 anciens Berberes était de toiite facon le moulin ?i main portatif, de n
20 i 40 cm. de diarnet~ef,o rmé de deux dísqiaes de pierre superposés. n
Ea meule inférieure fixe était pourvue d'une axe vertical en métal 3
O
ou en b i s ; on y insérait la rneule supérieure, @une rnanivelle per-mettait
de faire tourner et qari était percée d'une cheminée par la-quelle
on versalt les grains. Le frottement des de= disques op¿;rajait
la mouture. @e moulin a été connu autour de la Méditerranée des une
époque fort reculée, avant Ia fonda'cion de Caithage 7.
6 Procope: De Bello Vand. 11, 6, 13.
7 Pour les détaiis concernant ies différentes pieces d6coiivertes aüx %!es CU-naries
et actuellement conservées dans le Musée de Santa Cruz de Ténérife et
dans celui de Gran Canaria, nous pouvons renvoyer le chercheur a la commu-nication
du Professeur Luis Diego Cuscoy et E. Serra Rafols. "Revista de His-toria"
de 1'Université de Ea Laguna, n.o 92, 1950, page 384.
134 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLANTICOS
Morceau de tissu vestimentaire en jleau de chtvre tannee dont la couture parfaitement
ajustee est encore visible.
Cordes, nattes, panniers. filets et autres objets divers d'usage domestique, personnel et
artisanal en osier et en fibre palmier tressée. fabriqué5 par les femmes.
Museo Canario.
En hnut: Poin~on; et aiguille; en os et en hois ernlilovbi I)ar lec femmes canaricnne; pour la couture et le tissagc.-E!? bflc: Dia-r
l h e de rondellec en os et en nncre i>or:á par les jcunes fillss iiobles.
Museo Cnnnrio.
Avec la céramique et les mortiers a main, la m4me néolithisation
a apprté aux Iles Canames les outils les plus divers en os et en bois,
tels les pincons, les peqoirs, les aiguilles (que noup avons vu em-ployées
rnagistrakrnent par les femmes canariennes dans leurs travaux
de tissage et de couture), les lissoirs et les racloirs, dont les hornmes
se servaient pour tanner les peaux, et les "cnt discuthes "pintaderas".
Les boules de pierres arrondies et polies, qui figurent tres nom-breuses
dans le matériel du Museo Canario, étaient utilisées aussi
comme armes de jet chez les anciens Libyens. A S'époqaae hñatorique,
durant les combats rituels de l'Afrique méditerranéenne, on lancait
avec force ces boules.
Diodore rile SlciIe di- que jps Ghjreris h&itant !e d&rO; ~rien?;~I
partaient pour la guerre avec des javebts et des sacs de cuir remplis
de pierres, qu'ils savaient lancer avec beaucoup d'adresse. La fronde
était aussi une arme libyenne et Jugurtha en avait armé une partie
de ses troupes d'infanterie au siege de Nenmanca Les Carthagñnols
firent grand usage de Ia fronde comrne arme défensive eorsqu'ils furent
assiégés par les Romains, et un grand n o r i e de pierres rondes pa-reilles
a celles des Canaries ont été retrsuvées dalas les ruines de la
grande cité punique. D'un autre caté, on sait que la fronde était I'ar-me
nationale aux Hles Baléasoes dans la haute époque ibéricpe (deuxie-me
millenaire av. J. C.).
,.. P.-La céramique néolithique: origine et comparaiso.~z. -
Les stations néolithiques palestiniennes dont nous avons parlé,
présentent, pour ce qui concerne la céramique, le type origine1 de la
plus simple céramique de Gran Canaria, celle dont les motifs ordon-nés
en bandes gravees au pigne, reproduiseni tous des figures géo-metriques-
triangles pointillés, losanges et pasallélogrammes qua-drillés-.
Mais la caractéristique principale de cette céramique est
Núm. 4 (1958) 135
l'utilisation de la paille hachée pour empecher la déformation exté-rieure
de la @te argileuse pendant la c-uisson de I'objet. On retrouve
la m h e céramique dans la station néolithique égyptienne du Fa-youn,
dans le néolithique de tradition capsienne en Afrique du Nord,
et dans certains fragments de céramique saharienne du Tassili-des-
Ajjers.
Panni la riche gclrnme d'exemplaires laissés par les potiers de
Gran Canaria, de gros vases Iizisants et d'un meulage élégant et raf-finé
frappent I'oeil m4me d'un profane, et aucune axtre poterie de
l'hchipel ne leur est égale, tandis que Ieur similitude avec des pots
chypriotes est évidente. 11 faut done déplacer les recherches compa-rées
du Moyen-Orient au monde égéen, p u r trouver le foyer d'ori-gine
de la céramique canarienne la plus évoluée et propre 5 Gran
Canaria.
Le t-2se ~SevU-Iert les fll-&lles de TvT-üil-üs & Cplype & &crit
par DikaYos en 1940 dans "A.rcheologia" ( n . ~88 ), est le meilleur exem-plaire
de cette poterie en ocre rouge enduite de bitume. Celle-ci, im-portée
d'ailleurs B Chypre entre le troisieme et le deuxieme millenai-re
av. J. C., rernplaga la céramique pinte de fabrication indigene ar-chaique:
phénomene analogue a celui qui, ii l'époque postérieure,
doit s'etre prodrait aux Res Canaries. Sa typologie-qu'on appelle
done indfiment "cypriote" puisqu'elle est également étrang&re
cette ile-est celle dont les éIéments précis ont été retrouvés aussi en
Italie méridionale (ex Magna-Grecia), en Sardaigne et en Espagne,
oia elle a constitiré me étape de la culture néolithique.
Le Iieu 06 cette phase culturelle s'est principalement manifestée
sur Ir territoire ibérique, est la grotte de "Los Murciélag~sp~re~s dlr
village de Zuheros dans la province de Cordoue s. A Zuheros on trouve
des cruches creuses, sphériques, bien modelées, peintes entierement en
ocre, tr&s brillantes, de fine composition, aux parois d'épaisseur uni-forme
et de cuisson homoghe. La décoration, incisée extérfeurement,
se cornpose de lignes fragmentées, horizontales et verticales, et la
poignée est perforée en haut pour permettre au porteur de la soule-ver
avec un doigt oto de Ia suspendre 2i une corde.
Ge sont 15 des éléments qui se ré@tent, avec de IégGres simpli-
8 Fernfindez Cruz, dans "Cuadernos de Historia Primitiva", du 1946, SOW
le titre Cueva del neolitico h2spa?zo-mauritalzo de Zzlheros (Córdoba).
136 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLANTICOS
fications, & Gran Canaria. Sur cette Éle, les insulaires modelaient de
véritables amphwes, dont la surface était décorée d'étranges figu-res
astrales. Dans la Péninst.de fbérique la m6me inspiration a guidé
le pinceau de l'artiste. Dans la sépulture col~pole mégalithique de
la Granja del Toninuelo, en Extremadeara, des vases ont été retrou-vés,
prtant des figures astraks sur I'argile rokige, en tout semblables
5 celles de la poterie canarienne.
11 y a une différence entre les cérarniqzaes de Gran Canariz. et celles
de Fuerteventura et de Eanzarote: dans les deux ?les orientales, le
polissage est plus sombre, grossier et superficiel. tandis qu'5 Gran
Canaria, il est lisse, brillant, érnaillé de couleur vermillon, cannelle
claire, ocre rouge. La thématique décorative de Gran Canaria est
peinte et tres rzrement gravée, tandis que celle de Fuerteventura est
toute gravée ou travadlée et ses Pncisions vont de la plus simple et
schématiqiae 2 la plus recherchke. Le matériel employé est tres variB.
En analysant un fragment de poterie de Fuerteventura, on trouve des
corpuscules carbonif86res, des grains de sable, des particules de mica,
de la pyrite de Eer décomposée. La typologie ne darrete pas aux
poteries ovoides & pointe on semi coniques troraées. El y a des objets
semi-sEjherlques, circulaires 2 base $ate, amphores ictyformes A col
éEevé, tasses avec poip-ée et base plate, marmites 5 base plate, ouver-ture
ñarge, crucbes circulaires et elliptiques 9.
La décoration, comme i1 a été déja expliqué, est essentiellement
ghom6trique. Les incisions sont de simples traits faits 2 I'aide d'ins-troments
t r k effilées e t fr8?.~hUntySc, ~ m l l a!e~s styIets C?'osPé pines,
argtes de poissons, pintes de bois. La découverte d'un peigne de bois
dans le village nkolithique de La Guirra, dans I'Ile Fuerteventura,
laisse supposer qu'on utilisait cet instrzament pour les incisions ?i
lignes verticales et horizontales. La cezisson était assez forte, 5 l'ex-
9 La hauteur des vases ovoides varie entre 19 et 48 cm.; le diametre de
l'ouverture de 15 30 cm.; le col de 4 & 10 cm. de hauteur; la partie renflée de
19 ?40i cm. de diametre rnaximum. Généralement le diametre du ventre corres-pond
& la hauteur totale de l'objet. En outre il y a de petites marmites qui ont
une hauteur de 6 ti 16 cm. et un diametre rnaximum de 10 a 14 cm.
24 ATTILIO GAUDIO
térieur corsllrne A l'intérieur, ce qui nous est prouvé par les brfiluñles
alternées sur la masse argileuse.
Les historiens espagnols de l'époque de la conqugte nous ont
jaissé des renseignements précis sur le procédé employé pour la cuis-son
des poteries c a~a r i e n~eCse.! !es-ci, une fois séchées a li'air libre,
6taient polies extSriewement a !'aide d'un palet arrondi. Elles étaient
ensuite enterrées dans tmu creus6 dam le sol, au dessus duque1
on alltímait le &u, ent r ekm suffisazrmz~en"t~~i~gie.ep~opuir- >o btenir
le degr6 de cuisson dksiré. &'¿te techniq~ee st toujours empZoyCe par
les pstiers krhiires du Maroc Central.
La fabrication de la poterie, qui ne peut se développer que chez
les sédentaires, étairl aussi une industrie pratiquée dans les carnpag-nes
be-rfieres par des fermes spécialisées, de véritabks ouvrieres
qui, ayant appris cette technique, travaillaieíit pcrr les habitants
de 1%- Yil:Ge. Le sigIle &st-lctif de ceA.te c&r8i1iiq-u_e f&ilbi&
qu'elle a toujours été ktiavaillée la main, sans tour e-t sans four;
pour la cuire, on placait Yobjet srr un tas de bois auquel on mettait
le feu. Ces t powquoi a>= Ca~ar iesd, ans certains fragments de ces
poteries, on a trouvé des morceaux de bois carbonisés mis A la céra-mique.
Nornalement, ces ~oterles, marmites, &uelies, plats, bols,
pots et tasses avec ou sans ame, étaient mal cuites, de couleur gri-satre,
brunbtre ou noirgtre et étaient formées de dessins géométri-ques
rudirnentaires, gravés a 12 pinte.
Ce type de céramique est caractéristique de l'époque néolithique
et elle abonde justement dans les iles de Lanzarote et de Fuerteven-tura.
En Afrique du Nord, cette poterie a &té retrouvée dans les sé-pultlwes
mégalithiques et on peut en voir des collections intéressantes
au Musée d'Alger, classées comme "Vases des dolmens des Beni Mes-sour
et de Djelfa", et dans Ba collection Reygasse, "Poteries de Gastal".
Aujourd'hui, on retrouve a peu pres la mZme fabrication néolithique
chez certaines tribus berberes de 1'Algérie; leur usage est presque
toujours sacr6: on !SS dépose comrae vases d'offranffe dzns le tom-beau
marabutique.
Dans la ceramique de Gran Canaria, le groupe primitif ne differe
guere de la technique employée A. Fuerteventura: vases sphéroides,
cruches avec poignée et une vase cylindrique coordonné.
Le deuxi&i~eg roupe présente dé@ une phase évolutive, en ce sens
138 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLANTICOS
Poteiies de iechnique diverses. (En hatrt et en bas a gauciie: Fuerteventura.-En bfls O droite: Gran Canaria.]
Museo Canario.
En haut: Deux poteries nkolithiques de l'íle de Lamarote.-En has: Poteries de I'ile de Fuerteventura.
Mueo Canario.
poteries rle techniques diverses. Grancle Canarie. (En hmit il gnliche: Fuerteventura.)
Museo Cana~io:
poteries de l'ile de la Grande Canarie.
Museo Canario.
SUR L'ORIGINE DE1S CANARIENS PREHISPANIQUES 25
que les poignées se termninent par un bec pointu et que la décoration
peinte est plus raffinée.
Les rnamites sont peintes en muge et noir. Le fond plat porte
des étoilles avec des cercles noirs; sur la ligne carénée est tracée une
1a;rge bande rouge d'angles alte-més rentrants et saillants, qui for-ment
&S "el-iangles au cok. Les vases tronco-coniques sont particu-liers
Gran Canaria. Ils sont des poignées rondes, carrées et la com-binaison
des deux. La poignée typique est carrée. La décoration
courante es& cornpos6e de lignes 1arges ou fines, doublées en angle
de facon & Tormer des doiables series de lignes dentelées sbliques et
ve-.ticales, des lignes de triangles, de doubles triangles et de rectan-
@es. Les figures rondes son tres rares.
La perfection de la poterie de Gran Canaria a 6th atteinte avec
19application dw. veirnis muge sur la @te noire et la fabrication en
série d'amphores et vases ovoides. Le polissage de la bordure est si
parfait que, dana les ateliers modernes, on n'a jamais pu, A l'aide de
machines, le perfectionnei, et la sphéricité du corps et de l'ouvertu-re
est si bien modelée qu'on n'aevait ~ IaItte indre un te1 résultat en
se servant $m tour.
L'échantillon jug6 parfait de ce kype de pterie est celui (classé
au Museo Canario sous le n.O 366) qui a 6th retirouve place San Se-bastián
& Agiiirnes, a,vec les vestiges gun ancien village en pierre. 11
est décoré en rouge sur f o ~ ndo ir, le col de mies rouges et de bandes
rouges et noires alternées. Au centre du vase, il y a cinq figures et
deux cercles rouges e& de= circonférences de chaque caté. Lka poig-née
est ornée de bandes rouges et d'un triangle la base. Sa hauteur
est de 32 cm.
La. rlécoratim d.es amphores wec pnign4e perf~réee t hec p i n t ~ ,
qui, 5 Gran Canaria, ont atteint une silhouette l'élégance presque
grecque, est du meme groupe que les marmites. Les principaux exem-plaires
ont été retrouvés dans le tmulus de "El Agujero", pr& de
Gáldar.
La céramique iisse, noire et privée de toute decorat~on, particu-li,&
re$ l'Ile de Ténérife, est de forme ovolde, 5 fond cintré mais d'un
moulage et d'une cuisson parfaits. Sa simplicité et la pureté de ses
lignes en sont le principal attrait et ne laissent pas de doute sur se3
relations directes avec la poterie néolithique égyptienne du Fayoun
et de Négadah lo.
Les "pintaderas", ces objets de terre cuite ou de bois, sont une
exclusivité de I'IIe de Gran Canzria, 02 ils onit été retrouvés dans les
trois gisements néolithiques de Agilimes, Gáldar et Tirajana.
Les "pintaderas" faites de terre ciaite, ont Ia codeur rouge de
la brique. Elles ont une surface planes une épaisseur de 4 & 8 mm., une
poignée conique ou pyramidale. La partie plane est gravée avec des
dessins géométriques de différentes formes, pesque toujours carrées,
rectangralaires, triangulaires ou cirdaires.
11 est tres curieux de noter que les figures géométriques des "pin-taderas"
sont 5 peu pr5s les memes que celles qui décomt les céra-miques.
D'apres le Dr. Verneau, les "pintaderas" de YIle de Gran
Canaria ressemblent beaucoup 2 celles, affectées au meme usage du
tatouage, des indighes du Mexique et de la Colombie, mais surtout
2 celles des puplades ~éolithiquesd e I'Afriqiiie dea Nord e t de 1'Euro-pe
méridionale (les higures d'ItaIie). Or, c'est chez les BerMres de
1'Atlas marocain, que les pintaderas eanariennes t ror ive~tE eur plus
proche eiqloi, encore A l'heure actuelle.
D'une maniere gknérsle les Berbgres de 17Atlas tatouaient :es
jeunes filks avm.t Iew rnariage e t k s gmgons &S leur puberté. Ceci
semble indiquer, eomne observait justernent le berberisan"s. hsaoitst,
que le tatouage chez les be&&res a pu &re A l'origine uii rite d'initia-tion
'l. Cette reminiscenee rituelle avait vraisemhlablemer,' Ia m h e
souche que les rites d'initiztion des anciens Ensulaires, quf, e-,
s'étaient toujours mairite5-a~ au stade pri-islamique et danc n'ont
paa a$ at.ténler leij~g~ ~ l t eef.- je urc: srrperstitions pareniles de ja.dis7
comme cela a été le cas porir lec Berberes d'afrique du No~d.
Les dessins de ces cachets berberes .& tatouage variaien'c non seu-lement
d'apres la tribu, mais amsi seIon !e clan et la famE!le. Seuls
les tatouages d'nn meme groupement apparenté présentaient certai-
10 Cette typologie de l'fle de Ténérife peut &re facilement placée dans le
classement de 1 30 du Tableau chronologiqug établi par Flinders Petrie, con-cernant
I'évolution re@i6re de la céramique néolithique égyptienne.
11 E. Laoust: Mots et Choses Beroeres. Paris, 1920.
140 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLANTZCOS
rPintarleraFn de l'ile de la Grande Canarie.
Museo Canario.
Differents exemplaires de «pintaderas)) en bois. pierre et argile. toutes ddcouvertes
dans l'ile de la Grande Canarie.
Museo Canario.
SUR L'ORIGINE DES C.4PiARIENS PBEHISPANIQUES 27
nes analogies. C'étaient d'ailleiars les dessins du tatouage qui ren-daient
souvent reconnaissable I'identité et la localité d'origine d'un
individu. Cela explique aussi bien pow les Canaries, pourquoi pres-que
toutes les pintaderas retrouvées-et elles atteigr-ent des centai-nes-
offraient des dessins et des formes différentes avec une telle
gamme de variations. Mais tout comme les "pintaderas" canariennes,
celles des Berbhs présentaient toujours des figures géom6triques
de base et ceiles-ci étaient, dans les d e n a s , des cornbinaisons de
lignes droites et bris4es, des croix, des triangles et des losanges.
G. Marcy était d'une autre opinion 12. Dans son enquete sur l'ori-gine
et I'usage des "pintadesas" canariennes, au cours d'un voyage
effectué dans 1'Au&s en 1938, il avait trouvk des eachets sna!ogues,
utilisés par les Berberes chaouis, pour servir la feruraekre de leurs
habitations et des greniers-fosteresses collectifs des villages.
Ldes greniers-forkeresses de l'Mrique dla Nora ssni $origine &o-gíodytique
e% le type le plus ancien était une ssrte de batiment ru-pestre,
soit creusé dans le flanc des falalses et des monlagnes, soit
amenag6 dans des cavemes naturelles et pesque toujours placées
dans une positlcrn difficile 5, attelndre, dominant les vallées et la plai-ne.
Le F&re de Foueauld, R. Montagne et J. GattefossS nons ont
donné de nombreuses &tudes sur ces "igudar" de 1'Aths. Les com-parant
2 cenx de Gran Canaria, on peiit dire que la similitude est
frappante et que le nombre des chambres rupestres canariennes esst
tr5s élevé, étant dsnné l'existence de villages entiers amenagés dans
]Le roc par leurs anciens habitants. Le meme terme pluriel "igudar"
était d'allleurs empiioyé, avec le m6me sens qu'en Berbhe, par les
aborigGnes de Gran Canaria et cela trowe sa eonfimation dans la
chronique d'Abreu Gaiindo
- ., Selon G. Narcy, les rnontapards de l'Au&s conservent encore a'neure aciueile de sysGrne elassique de sceiler les charnbres e6 les
grenlers-forieresses, qui prennent le nom de "gue&". Ees cachets
employés par les Chaoui'a soni en b i s eQ en argile, & manche perfor6
pour la suspnsion, postant pav6 en erem des motifs géométriques,
12 Marcy publia ce sujet une étude sous le titre: La vrnie destilzatio~d es
"'filztadera.9' des fles Ca~aries. "Journal de ]la Société des Africanistes", t. X,
1940, pp. 163-180.
'13 Abreu Galindo: Hktorica de la cowpoista de las siete islas de Canarias.
1591-16134 (11632). Santa Cruz de Tenerife, 1888, p. 147.
adoptés par eux comme marque persomelle, et sont absolument iden-tiques
aux "pintaderas" de Gran Canaria. G. Maí-ey soutient d'aillews
que l'origine des sceaux berberes et canariens remonte a-ax anciens
Egyptiens, dont l'usage t&s cowant dans toute la valIée du Ni1 ausait
été transrnis $ 1'Afrique du Nord, aux Ligmes et A Gran Canaria.
On peut conclure cependant que les deux hypotheses sont également
acceptables, aussi bien eelle de l'utilisatioli des "pintaderas" comme
sceaiax, que celle d'une utilisation comme estampille p o u ~le tatouage
corporeE
Pow ce qui est du géometrisme méthodique et constant qui ca-ractérise
toute la thématiq.de ornanentale canarienne, que ce soit
dans les "pintaderas", dans la céramiqiie ou dans les décorations
pariétales, un sont ne peut 6tre établi qu'avec la peintwe ibérique.
La décoration strictement géom&trique de la "Cueva pintada" de
G&!Uwr, prtr exempk, qüi & prime zbord parait &+aiige et aans pints
de comparaison possibles, se retironve cependant assez fidGlement
répresentée en Galicie, dans la sépulture mégalithique de Pedra Co-berta.
Louis Pericot, dans son España primitiva, dit que düns cette
sépulture il y a trois rubans ornementaux homog6nes le long des
parois de la chapelle fnnéraire et du csulcir, en noir et rouge sur
fond blanc, avec des lignes ondulées verticalement et des combi-naisons
de lignes cowbes, des cercles concentriques et des triangles
alternés.
TGo2t ~'oU~i!!a,ger ,éo!itpLiyqdde e $erre Ge terre entr6 a-
Canaries, comme en Afrique dn Nord et en Europe occidentale, avec
les cinq anima= @piques du néolithique ancien: le chien, le boeuf,
le porc, la ch&vre et le mouton. Ces animawr devaient d'ailleurs rester,
jusqu'a la conquete espagnole, la seule faune domestique coexistante
avec les itliO"rig&iiesd es Tiee For~uii&'s. - - -"'- - -; "-:- -A---' '
-2--- "- Les cnieris. eLa l e r lL ~ r e bal mes
des insuiaires et la race canine a proliféré généreusemcmt, au point
de frappr I'attention des navigateurs de l'antiquité qui ont donnés,
p u r cette raison, le nom latin de "Canaria" a une des Iles. I4ans le
142 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLANTICOS
domaine des moeeurs et des cultes B'analogie entre la civilisation ca-narienne
et les anciennes civilisa",ons méditerránéennes est encore
plus marquante.
La oii subsiste doute ssiaí- les relations possibles et les origines
éventuelles de deux peupks, on s'adresse S, la langue et ia religion
pour obtenir la preuve décisive. La Bangue des anciens insulaires a
déja livré sorñ secret et la, clé était méditerranéenne. Qu'en est-il des
croyances et des rites canariens?
B.-Nots et fonctions religieuses.
Les principaux éléments comparatifs entre la pretrise canarien-ne
et celle d'anciennes eivilisations-meres, se montrent, une fois de
plus, notamment en Palestine et en ChaEdée.
L'étymologie dei mot 'Yaycan" lui-m&ne, d'aprks l'ethnologue ca-narien
B. Bonnet, est celle du nom offlciel d'un personnage qui en
Chaldée acompagnait le roi dans ses expéditions guerrieres, le "fay-can"
ou "bairum". Le roi d8 Babylone oetroyait 2 ce dignataire re%
gieux des terrains et du bhtail 5 titre de pensión vie. Ce "faycan"
recevait souvent des charges administratives, qui lui étaient égale-ment
confiées par le roi. Comme les deux grands "faycans" de Te1de
et de GhIdar, Gran Canaria, ceux de Mésopotamie étaient toujows
de sang royal, éhnt automatiquement choisis parmi les princes. Chez
les mages ckaldéens et chez tous les hommes d'un certain rang ca-nanéens
et phéniciens, le port du bonnet conique, qui était le eou-me-
chef typique des pretres canariens, était d'usage courant.
Les cultes des hauts-Bien et des sacrifices sur les sommets des
rnonia=q p p r e s IILX rftes canariens, se rsrttachent B &S origines
cananéennes. C'est en Palestine que tous les sanetuaires et les lieux de
pri'ere et d'offrande consacrés a une divinité (notarnment au dieu
Baal) se trouvaient en plein air sur des hauteurs, o6 se trouvaient,
dans une enceinte carrke entourant m autel ou le pretre consommait
le sgcrifjce & iEt3rpr&ajt ]eu awAyes. hcudnocu mEt
important que la Bibk elle-meme qui nous en parle.
Tous les proph4tes d'Israe1 considéraient comme la pire des hé-rksies
le fait que le peuple élu se laisse parfois entrainer par les
pretres canadens A cél&rer dans les hauts-lieux ces cultea idolatres
et naturalistes. La BZble (Deutéro.laome, chap. 12, ,%"e verset) est
tres explicite 2 ce sujet dans sa répétition des lois et ordonnances.
Le premier de ces ordres de servir 1'Eternel dans le lieu qu'il choisira,
&t: "Vous détruirez tous les lieux oti les nations que vous allez
chasser servent ieurs dieux, sur les hautes montagnes, sur les colli-nes
et sous toilt arbre ve&." Une autre rnention des autels sw les
hauts-lieux, o& les p&tres montaient p3ur bdier des parfums et sa-crifier
des animal= aux iiieux, se tiouve dans le L/ivre des Rois (chap.
13, 2"e ver&).
Des vierges pretresses existaient aumi en @nald&, qu'on appe-lait
"harimate". Elles résidaient a;u temple de la divinití: & ?aquelle NB
elles étaient ccnsacrhes. Ces temples s'appelaient "gagwn", d'oia le E
terme dérivé des deux noms "Earimat-gafirn" ou "femmes du tem- o
n -
=
pie". Snutile d'insister sur l'analogie kvidente entre cette dénomina- m
O
E
tion des pretresses chal¿aeemes et le mot "ha~imaguadas",n orn don- S£
né siir, pr&"cases canariennes. Les Chaldkennes aussi, tout cornme =E
les Canariennes, pouvaien't se dhlier 2 un cerlailz 2ge du vceu de 3
chasteté, quitter le temple e'. se maznier. Ellrs recevaient, tout au long -- 0 de leur sacerdote, une attribution annuelie de vfvres et nom savons m
E
que les PrGtresses du grand temple d'TJ. vivaient d'offrandes publi- o
ques et observaient les memes regies religieusus, accompiissant les n
memes obiigations cultuelks, que les "harimagmdas". E a-
Le fait que les pretres canariens étaient les seuls dépositaires de 2
n
la tradition et de l'instruetion de la je-messe dzns tow les domaines 0
moraux, culturels, religieux et pofitiques, est un autre priviEge ex- =O
cllmaif du clergé orie~ta'i,l e premier d'é~illeursq ui ait établi et fait
accepter par les peuples méditerranhens les prérogatives temporelles
de la ~gi.Gerise.
Par contre, l'insigne de E'autoritk religieuoe p r t 6 par les Yay-can@
de Gran Canaria, no= déplace vers le monde lilyena et p~o'co-berbere
en g6néral. Il s'agissait tete dessechee de chhre ou de
belier, attachée au cou du -&re ou proaen& par celui-ci au kout d'm
long baton. Ce syrnbolisine ex';érieur appartient A, 190rigine au culte
li'iyen du bélier. D'ailleurs eette exhibition de la tete de l'animd
sacré! des popialations néolithiques sahariennes, a sw6cu aux millé-
144 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLANTZCOS
SUR L'ORIGINE DES CANARIENS BREHISPANIQUES 31
naires et aux superpositions ethniques et elle est pratiquée encore de
nos jours chez certaines tribus de 1'Atlas et du Sahara. Les frontaux
d'ovidés avec leurs comes, ainsi que les cranes des mouflons auraient
jadis orné le seuil des derneures libyennes et des grottes 05 habi-taient
les montagnards néolithiques de 1'Atlas. Certaines tribus kr-
Sres actuelles cependant, comme les Aissouas, attribuent toujours
au bélier des pouvoirs totkmiques et chez d'autres Berberes encore
le bucrane est un talisman jalousement gardé p u r se protéger du
mauvais oeil.
Le bucrgne a été d'ailleurs stylisé dans les reproductions en des
nombreuses gravures rupestres et poteries nord-africaines. Sa sché-matisation
est celle d'un croissant et dans d'autres cas d'une figure
esquissée en forme P ' U . Frobenius et H. Obermaier ont trouvh
parmi les gravures de Chellala trois de ces signes mis, ce qui parait
p l p ~E r : identiwz 2 e&Ains mYSt&,-ie-- &CO-aveL.&~ u~~
les rocs du santuaire rupestre canarien de "Las Cuatro Puertas"
On peut mGme supposer que le bucril~lea vait chez les Canarias la
meme signification totémique que chez les anciens BerbBres.
Les plumes qui couvraient la t6te des indighnes des Iles de Ean-zarote
et Fuerteventura, et que I'on retrowe chez les Iberes, étaient
aussi une coutume d'origine libyenne. L. Frobenius et H. Obemaier
disent, dans leurs monographies sur 1'Atlas saharien, que la mode
des coiffures de plurnes, chez les personnages néolithiques nord-afri-cains,
se trouve confirmée par les images de Tiout, o& I'on voit trois
hommes, dont un archer, coiffés d'une couronne des plumes d'autru-
@he. D'ailleurs, dans les gravures du tombeau de Séti Ier, en Egypte,
on reeonnait tres bien tous les Libyens ayant les tetes suirmontées
de p h m s d'aaatruche. Les Nasamons et les Garamantes, les plus
pus pami les Libyens; aimaient particuEPi-rnent &te fi&e cciffe
et cet usage se prolongea longtemps, si on songe que Corripus en
parle dans ses Jomazides, quatre siecles apr& J. C. La fameuse prin-cesse
berb6re iaont on a découvert la sépulture B Tin Hinane, dans
le Hoggw-et que la fantaisie de Pierre Benoit a rendue ckl&bre sous
ie nom d'Antinea-. portait éylernent des plumes hlslncheu d a ~ sse s
eheveux blonds. Aujoiard'hui il n'est pas rare d'assister & des fan-hasias
guerriGres berbhres, 06 des hommes mlment les combats et
dansent coiffés d'un bonnet plumneux.
Certains ethnographes espagnols ont lourdement insisté sur les
libations de lait et sur les offrandes de beurre que les insulaires des
Canaries auraient versées sur les autels rupestres de leurs temples
ou sur les sommets de leurs montagnes sacrées. La prSsence des frag-ments
de poteries qui doivent avoir servi aux pélerins et aux fideles
pour un usage cultuel, les a renforcé dans cette thgse. Cependant les
trouvailles archéologiques dans ñ'hrchipel confirment de plus en plus
que les rites et les croyances des Canariens ne se différenciaient
guere du mysticisme libyco-berb&re des temps pre-islamiques. Ces
m6mes cérémonies naturalistes étaient largement célébrées, et le sont
encore, dans 1'Atlas au solstice d'été. Mais ce sont surtout des ani-maux,
chevres, moutons et boeufs, que les Libyens sacrifiaient au
dieu solaire, la pluie et & la nature nourriciere. Les récipients en B
N
terre cuite recueillaient le sang des victimes, qu'ensuite on versait E
sur l'autel du sacrifice. Pourquoi ne pas penser que les rigoles can- O
n--
nelées par les Canariens dans les dalles en pieme qui servaient d'au- m
O
E
tels et qui aboutissaient dans de petits creux circulaires, étaient des- ?£
tinées 5 convoyer le san8 des victimes coulant sous les lames d'obsi- -E
dienne des offrants? 3
Les grands pélérinages eollectifs qui avaient lieu Gran Canaria O- -
étaient pareils, ou presque, A ceus des Libyens, qui, eux aussi, fai- m
E
saient apporter par des femmes jusqu'au lieu du culte, des branches O
de palrniers qu'elles brulaient ensuite. La direction et I'intensité de n
E cette furnée qui montait vers le ciel du sommet d'une montagne sa- -
a
crée, de meme que celle produite p2r la combustion des animaux, 2
n
étaient interprétées par les augures de la tribu qui, comme aux Iles n
n
Canaries, implorait la divinité pour avoir de la pluie, ou pour sa recol- 3
O
te ou pour son Etail. (Cela ne contredit pas l'existence d'offrandes
en nature chez les Canariens. Meme chez les Berberes du proche con-tinent
africain, les femmes et ies enfants jetaient souveni des oii-ves,
des amandes, des figues, des dattes et meme du beurre sur Ie
feu de joie rituel.)
11 a été découvert & Gran Canaria un objet en argile "non iden-tifié"
(version officielle de l'archéologue espagnol) qui s'est révélé
&re un ex-voto phallique, ayant eu sa place sur l'autel d'un temple
souterrain. Gtte trouvaille fut mise en relation avec une lointaine
découverte du X I V a e siGcle, dile A des navigateirrs portugais qui, dé-
146 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLANTICOS
SUR L'ORIGINE DES CANARIENS PREHISPANIQUES 33
barqués A Gran Canaria, s'approprierent une statuette représentant
un homme (Hercule) , prtant un globe sur ses épaules, statuette qui
avait été trouvée dans un lieu de culte rupestre.
Ce culte phallique, associé A la divinisation d'Mercule, qui doit
aussi avoir existé chez les Canariens, était aussi d'origine purement
libyenne. Le meme culte était en honneur a I'époque néolithique sur
toute la c6te du Maroc. Au Cap Spartel, A I'ouest de Tanger, une grot-te
sacrée et habitée jadis par les néolithiques, ancetres des Guanches,
a été découverte. Cette grotte aussi avait été consacrée a Hercule.
Etant donné que ces néolithiques nord-africains, tout comme les &?a-nariens,
vivaient grace aux anirnaux tels que le ch&vre, le mouton
et le porc, l'organe sexuel male qu'ils vénéraient n'6tait pas, comme
certains voulant le croire, humain, mais animal (phallus du bélier),
ce qui explique sa forme et sa taille.
Tout laisse donc supposer que les Canariens, comme leurs voisins
africains, célébraient des fetes rituelles consacrées & la fécondation;
moins innocentes peut-etre que les longues prscessions populaires
dirig��es par les vierges "harimaguadas" qui, lors de Ieurs descentes
des montagnes sacrées aux rivages de I'Océan, se limitaient ii lancer
des invocations et A frapper les vagues de branches de palmier. Ni-colas
de Damas conte une de ces fetes de la fécondation célébrée par
les Libyens de la région de Gabés, et qui fut appelée "fete de l'erreur".
Le jour qui suit le coucher des Pléiades (ce jour triste qui marque
le début de novembre), les hommes et les femmes de la tribu se réunis-saient
tous dans le désert. 11s consommaient un copieux repas & base
de mouton reti. Le festin au grand air terminé, ils se retiraient tous
dans une caverne 06, dans la semi-obscurité, chaque homme prenait
possession de la femme qu'il rencontrait.
La m6-e f&e hit c6Ebri%, uelóii iévii i'Ahicain, pres de ia fon-taine
aux idoles d'Ain-el-A~nam, dans les montagnes au sud de Sefrou,
au Maroc. C'est 12 que vit encore de nos jours une tribu berbere tro-glodyte,
les Bahloula, q~~ ont conservé certaines moeurs propres
l'antiquité libyenne. Cette traclition rituelle vit de nos jours dans
diverses iocaiités du Naroc septentrional, notamment a Sefrou, Ouj-da,
Oued Saoura et A Taza chez les &ni-Mahsen. L'entrée des ca-vernes
consacrées 2 ce genre de culte a été toujours rigoureusement
interdite aux étrangers. Mais de tous les Berbiires ce sont les Beni-
34 ATTILIO GAUDIO
Xahsen qui méritent le plus d'intéret pour Ieurs reminiiscences paien-nes.
Comme les anciens, ils cél2brent cette f6te de la fécondation en
automne, dans une véritable nuit d'orgie 14.
Chez d'autres peuplades berberes d'Afrique du Nord, la m6me
fete se célébrait par une grande manifestation de mysticisme collectif.
Au printemps, un cortege des femmes pieuses, suivies des autres
membres de la tribu, sortait du village pour accompagner jusqu'au
seuil d'une grotte sacrée un jeme h o m e et une jeune fille vierges,
désignés pour accomplir le rite. Toute la foule se massait 3. I'entrée
de la grotte ou l'union charnelle du jeune couple, qui incarnait les
forces vives de la nature, était consommée. Et dans cet acte, la tribu
saiuait le renouveau perpétuel de la création destiné feconder, une
B année encore, leur sol et lew bétail. N
Enfin la coutume de Gran Canaria qui donnait aux "GuanartGmes" E
O le droit du seiyeur sur les jeunes mariées, était aussi observée chezi --: m res anciens Libyens. O E
E
2
2.-Rites f uneraires.
Les rites canariens d'inhumation et presque toutes leurs formes
de sépultures appartiennent également ?lai période néolithique des
peuples nord-africains et sahariens.
Cadamosto dit l5 qu'une relique du roi qui venait de mourir-oa
ne peut établir exactement s'il s'agit de tout le crane, ou de la m$-
choire inférieure, ou d'un os du bras-devenait le signe importmt
de la dignité du nouveau roi et, sur cette relique, les guarpres et les
vassaux pretaient serment. C'est un trait qui se retrouve dans I'en-semble
des territoires africains, o~ la machoire inférieure et le coP
don ombilical jouaient le r6le de reliques royales. De m6me pour Té-nérile,
ii reste certain q u ' a f~un kraiiies & chef des james li&ross 'im=
mal-aierit. Les participants la cérémonie remettaient % celui qui si
14 Cette coutume aurait survécu meme dans le midi de la France jusqu'au
XVIeme &de. Les adeptes des sectes hérétiques, manichéens, cathares et vaudois,
si l'on en croit les documents laissés par les tribunaux de l'Inquisition, seras-sembiaient
~ilaisond 'cn cu+&g;onnaire 1s j ~ f~k& rT,a =U;+ yenue,
étei,gnaient toutes les lumi&res et prononcaient la. phrase fatidi'que: "Qui habet
habrat", en se livrant A l'accouplement occasionnel.
15 Alvisio di Cadamosto: DeZZe sette Zsole Ganarie e delli loro costumi
(1445-1457).
145 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLANTICOS
immolait des confidences, des invocations et des priGres au roi et aux
autres morts. Celui qui s'immolait recevait de grands honneurs et
ses parents étaient élevés des hautes dignités.
On a constaté également & Gran Canaria des suicides avee invo-eation
1'Etre Suprhe. Les hommes portaient de la nourriture aux
moda, les femmes aws. mortes, et ils dormaient sur les tombeaux
des ancgtres comme en Sardaigne, & Malte et en Afrique du Nord.
Les tumulus se trouvent depuis l'kge néolithique jusqu'ii nos jours
dans tout le Sahasa et dans I'Atlas, ainsi que les tombes cylindriques
que Reygasse appelle "chonchets". Tous les types de sépultures ca-nariennes
ont des centaines de "sosias" depuis plus de quatre mille-naires
dans les localités de 1'Afrique du Nord que le récent ouvrage
sur les monnments ffunéraires pré-islamiques du Prof. Reygasse a
pleinement Illustrée. L'origine des constructions funéraires canarien-nes
a été un sujet inépuisable Ge controverses et a donné iieu awr;
2nypothGses les @ras fantaisistes de la part des historiens qui y
voyaient, soit I'oeuvre Iégendaire des Atlantes, soit les vestiges $une
eolonisation eelte, germanique et meme viking!
La vérité ssemble etre bien plus simple et circonscrite: dans ee
dornaine aussi, les Tles Foñ-tunées n'étaient qu'une appendice de H'an-cien
monde néolithique anéditerrméen. 11 est, cependant, une particu-
1arlté quP nous rernplit d'admiration et de stupew, en ce qui concer-rme
les travaux sépulcraux: alors que les grottes funéraires creusées
dans le roc par les proto-berbgres d'Afrique du Nord l'ont été U, Ya4de
d'instruments métalliqizes, les "cuevas" des Canariens l'ont 6th uni-quement
par de getits outils en pieme!
Ces sépuItures nord-africaines nous révelent m aratre détail an-t3ropologiqeaement
saisissant: les Spes humains dont on a exhiamé
les d6pouilles rnortelles; étaient aussi bien ceux de báancs cromag-noides,
de hamito-sémitiques que de métis négroides-exactement
les trois types raciaux cIassés par Vernem dans son examen des
cranes eanariens. Cela psourrait done signifier que ces trois t y p s se
troanvaient déj& mélangés dans la couche ethnique vivant 2, l'gge
néolithicpe et qu'il ne faudrait pas attribuer forcément A I'une d'elle.
su A clriacune isolhent et successivement, le peq$ement des. Zles
Fortmées.
ATTILIO GAUDIO
l.-La preuve de Za langue.
Cependant, meme si l'on a tenté d'établir l'origine orientale et
méditerranéenne de la deuxierne couche culturelle canarienne, on ne
saurait pas trop se hasarder quant A la date précise & laquelle ces
porteurs de la civilisation continientale auraient débarqué aux Iles.
Diverses hypotheses sont & retenir pour la datation initiale de la
migration néolithique. Si on admet que cette vague a atteint les @a-naries
des le deuxieme millenaire, tout juste apres 1'Afrique du Nord,
alors les nouveaux débaqués n'apporterent sans doute pas I'écriture,
rnais seulement les quelques signes idéographiques d'inspiration
égéenne.
On doit donc admettre, qu'i! y eut fataiement ensuite, c'est dire
dans le premier rnillénaire, déjh en pleine époque carthaginoise, une
troisieme vague de colonisateurs nord-africains qui apporterent cette
écriture libyque que l'on a constamment décelée parmi les inscrip-tions
rupestres de 1'Archipel. La placer a une époque plus récente,
par exemple a la suite de l'invasion de 1'Afrique par les Romains ou
encore par les Arabes, se serait scientifiquement absurde, car les
dialectes canariens n'auraient pas eu, en ce cas, le temps de se déta-cher
tellement de leur langue-mere et surtout de se différencier entre
eux. 11 faut bien des siecles pour qu'un idiome puisse se modifier au
point de paraitre incompréhensible 2 ceux qui parlent la langue d'ori-gine.
D'autant que dans ce cas précis, le dialecte a revetu autant de
nouvelles particularités qu'il y avait d'Iles.
La réside d'ailleurs le véritable intéret du probl6me Iinguistique
canaria. Si la langue parlée par les insulaires était de I'ancien ber-bere,
voire du libyque, il va de soi qu'ils parlaient, donc, au XVhe
siecle, lorsque les Espagnols les soumirent, une langue qui, sur le
c ~ n t i n p n tp y~chqé tait &pis longkm-ps. Ilc: parlaient cette
m h e langue ancienne méditerranéenne, apparentée aux autres
langues des peuples pre-sémitiques et pre-indioeuropéens, dont les
inscriptions épigraphiques ont été découvertes si nombreuses en
150 ANUARIO DE ESTUDIOS ATLANTICOS
SUR L'ORIGINE DES CAMARIENS PREHISPANIQUES 45
Les emplacements occup6s par les Sémites Gran Canaria ont
été d'ailleurs parfaitement localisés. Ils vivaient dans la Ane méri-dionale
de l'IIe, qui est sa partie la plus déserte et la plus ingrate, et
dans toute la petite presqu'ile de La Isleta, A 1'Gxtremité Nord-Est
de Gran Canarie. Cela laisse supposer qu'ils arrivGrent alors que l'Ar-chipel
était déjh habitée par une population bien établie, qui vraisem-blablement
ne permit pas aiax nouveaux arrivants de se m8er 5 elle
et de @n$trer dans les régions les plus habitées et hospitaliGres.
A Hierro (ou Héro), certaines moeurs, ainsi qu'une certaine ono-mastique,
laisse aussi penser sérieusement une forte immixtion
d'éléments arabes. Le nom de "bimbachos" que les chroniqueurs de la
conqugte nous rapportent comme étant celui des insulaires de Hierro,
pourrait Gtre une déformation de "benbaschis", tribu arabe du Maroc
et de provenance, parait-i1, sud-arabique. De m4me, il n'est pas de
doute sur la racine ara-be du nom qu'il donnait a leur prfson sou-terraine:
"beni-sahare". C'est la sede Ile de 1'Archipel oii la loi du
talion était appliquée avec une telle rigueur et une telle fid&lité
formes originelles du Hedjaz, et oii la polygamie s'était maintenue
jusqu'a la conqu6te comme le seul principe de vie conjugale reconnir
et accepté par la csutume.
Toujours en ce qui concerne le peuplement de I'Archipel, signa-lons
un dernier point, concernant la population de I'fle de Gomera,
Verneau a tout de suite reconnu que cette Ile est celle qui contenait
le groupe humain le plus compact et le plus homogene de I'Archipel
et celui qui devait présenter le plus d'analogies avec les Berberes
d'hfrique du Nord. Un paralMle entre les anciens habitants de cette
fle et le groupement berbere homonyme du Rif espagnol, avait dé$&
été posé par Berthelot. Malheureusement aucune étude sérieuse n'a
été faite jusqu'A ce jour sur 1'Ile de Gomera, ni sur les Berberes go-mériens
du Maroc espagnol, qui d'ailleurs, réduits airjourd'hui A trois
tribus seulement dans une région enti4rement arabophone, ont été
oubliés par presque tous les berErisants.
L'hypoth&e émise par Berthelot a été récemment reprise par le
nrnfnaa~~rApn i 4 rLi Roaen+ ml r i n r . x r a e~rn;+ n h n w n% nrr 1ChK9 dn Fm:rrn r.nr\
r-u-v-u-- rnr runb -uuu-rr y- rsvuu r * v -&b i r i ~ c u ~ r ;c,r r Agua, uc ~ . a d a r ;u i r c
premiere enquete sur l'exacte localisation géographique des actuels
berberes gomériens et de dresser une statistique des éléments vivants.
IB est & souhaiter que dans un proche avenir des recherckes histo-
riques soient commcnc6es également par les canarioiogues en vue
d'examiner l'éventualité suivaat laquelle les gomériens auraientpu
passer dans 1'Archipel Canarien et peupler l'Ile de Gomera. Une fois
de plus, il s'agirait d'une population de montagnards, de rnoeurs et
de culture totalement continentales, qui n'auraient jamais pu, meme
habitant une Ile, se transfmmer en navigateurs.
Pourtant cette absence de connaissances mritimes reste éton-nante
chez les anciens Canariens, si I'on pense que les Iles sont si
rapprochées les unes des autres que l'on peut les distinguer
I'oeil nu.
Comment put-on expliquer que pendant des siecles aucun habi-tant
d'une des nombreuses Iles n'ait jamais eu l'idée, ne fui-ce que
par curiosité, de tenter par tous les moyens de franchir le bras de
mer, meme & bord d'un simple canot creusé dans le tronc d'un arbre ?
Le s e d mdke z~~eptzhleet, qi~pi rriirrait serv:r de base & une &tilde
sur ce sujet, est celui des croyances religieuses et superstitieuses
dont la mer éétait I'objet chez les anciens habitants des Iles, de telle
sorte que, dans le culte canarien, les cérémonies de la mer tenaient
une place de premier plan.
L'eau de I'Lacéan aurait pu exerce-s. sur la psychologie des Pndi-
&nes une empris mystique et surnatwelle qui I'aurait fait considé-
Ter comme un 4lément sacré, inviolable et inaffrontable. Les Guan-ches
de ]'ríe de Ténérife, par exemple, haíssaient B'eau k te1 point
qu'aucun d'eux ne savait sager. Lors de la sanglante bataille de
Acentejo, pendant la conquete de Ténérife, les guerriers guanehes
qui, dans la poursiaite d'un groupe dYEspagno!s ayant réussi A se ré-fugier
sur un Geueil, 5 quelque metre de la plage, tent6rent de les
rejoindre en traversant le ptit bms de mes, se noyerent tous.
Une autre solution 5, cetenigme serait que les premiers habitants
de l'hchipel y soient arrives prt& par una terribie tempete qui
avait mis leurs vies en danger pndant de nombreux jours et que
la, sur 1'Océan inconnu et déchainé, en proie 5 toutes les angoisses et
saisis par la mort, ils auraient fait serment aux divinités 'mitonien-nes
que s'ils débarquaient sains et saufs sur une teme qileleonque,
jamais plus ils n'oseraient violer leurs vagues et toucher le terrible
45céan. Sauvés par I'apparition miraculleuse & l'horizon des Tles @a-naries,
ils se soiavinrent de leur sern~entE. a terreur sacrée de l'Oc&an,
164 ANUAEIO DE ESTUDIOS ATLANTZCOS
SUR L'ORIGPNE DES CANARIENS PREHISPANIQUES 47
ainsi que l'engagement solennel contracté entre e n et les dieux gdce
auquel leur cauchemar prit fin, furent transrnis aux générations suc-cessives,
jusqu'g devenir un principe inébranlable de la religion in-sulaire-
que les immigrants postérieurs, s'assimilant tout ii fait ii la
civilisation pastorale locale, acceflrent eiax aussi. Ce que l'on
peut dire skement c'est que pour les insulaires de l'antiquité cana-rienne,
l'Archipe1 des FortunGes-et surtout l'ile qu'ils habitaient-était
tout leur univers, celui de leurs p8res et celui de leurs enfants.
Ce n'est que chez les Guanches de l'fle de 'kénérife que le souve-nir
d'une origine méditerranéenne ne s'6tait jamais éteint. Encore
au XVIIeme siGcle, lorqu'un étranger demandait aurr viem habitants
de cette %le s'ils savaient d'oU leurs ancgtres étaient venus, ils répon-daient
invariablement : "Nos peres nous ont dit que Dieu nous a mis
sur cette fle, qu'ici il nous oublia, mais qu'un jous il reviendra A nous
sur !e soleil qu'il fait naitre chaque matin: dl'oti nolas sommes issus."
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