29-i SÉANCE DU 21 AVRIL 1892.
cendus dans les bourses et qui sont azoospermiques, soit
d'autres hommes dont les testicules sont en ectopie inguinale
et qui, dans les deux cas, présentent tou3 les attributs
extérieurs delà virilité. On ne peut faire que des hypothèses sur
l'état anatomique des cellules séminales, qui, tout en gardant
une certaine activité sécrétoire, ne sont pas aptes à
bourgeonner, à subir les métamorphoses karyokinétiques qui
aboutissent à la transformation en spermatoblastes. Tout ce
que nous pouvons dire actuellement, c'est qu'à première vue
les cellules contenues dans les tubes des testicules dans le cas
d'ectopie inguinale ne diffèrent que peu de celles que
renferment les testicules tout à fait normaux. Des recherches
microscopiques ultérieures nous éclaireront peut-être un
jour sur ce point jusque-là obscur.
Discussion.
M. Bordier demande si les rapports que ces faits ont
entre eux peuvent infirmer le procédé de Brown-Séquard.
M. Variot répond que le mémoire qu'il vient de lire est
une étude plutôt anatomique que physiologique et que, les
expériences de Brown-Séquard étant faites à un autre point
de vue, ne peuvent être ni infirmées ni confirmées par ce
travail.
La race Ibère
(Cranes des Canaries et des Açores)
PAR M, LAJARD (d' AVIGNON) .
I
OSSUAIRES CANARIENS.
Quand je me proposai, l'année dernière, à Ténériffe,
d'étudier une série de crânes modernes, de récents incidents,
provoqués par l'abus de la vente de diverses photographies
représentant ces ossuaires, venaient d'en rendre l'accès
difficile. Les usages diffèrent avec les pays. Quelques étrangers,
peu habitués à la vue de ces monceaux d'ossements avec
LAJARD. — LA PACE IBÈRE. 295
leurs momies couchées ou dressées contre les murs, en
parlaient défavorablement dans leurs publications. Les autorités
avaient interdit la visite des ossuaires. Aussi dois-je tous mes
remerciements aux alcades d'Orotava et de las Palmas,
ainsi qu'à don Pedro Ximenez,à Telde, pour l'obligeance avec
laquelle ils ont fait exception en ma faveur.
Les ossuaires sont très nombreux aux Canaries; on en voit
dans les villes surtout, dans presque toutes les
agglomérations où se trouve réunie quelque population. Les petits
villages n'en ont point. En certains endroits, au voisinage
d'Orotava, par exemple, les amas d'os exhumés dans les
cimetières abandonnés, semblent prouver l'ancienneté de la
coutume.
On ne peut pas les étudier partout indistinctement. Plusieurs
localités doivent être écartées. Il est nécessaire de faire un
choix si l'on veut éviter les mélanges.
Les cent crânes étudiés sont tous modernes et ne
remontent pas à plus d'une quinzaine d'années. Ils ont été ramassés
au-dessus du tas. Gomme on a l'habitude de jeter les os les
uns sur les autres, ceux de la surface proviennent des
dernières exhumations. Ce sont ceux qui se trouvaient le mieux
à la portée de la main, et nous n'en avons pas cherché
d'autres.
Les cinquante têtes de Ténériffe ont été recueillies àOrotava.
Cette ville est distincte du port i qui se trouve à plusieurs
kilomètres de distance. Elle possède son ossuaire séparé et se
trouve à peu près en dehors du flux de la population qui va
aux Canaries, d'Europe pour y passer l'hiver, d'Afrique pour
y passer l'été. Orotava a été repeuplée anciennement par
les Espagnols qui s'y sont établis dès la dispersion de la tribu
du chef Bencomo. L'ossuaire est le plus considérable de l'île.
Ceux des villages ne pouvaient fournir une série un peu
longue, et celui de Santa-Cruz m'a paru présenter tous les
inconvénients des ports de mer à ce point de vue.
„* El Puerto.
296 SÉANCE DU 21 AVRIL 1892.
Dans l'île voisine, à la Grande-Canarie, j'ai dû négliger
pour la même raison le grand ossuaire de las Palmas. Telde,
placée dans l'intérieur, était préférable. Nombreuse, en voie
de décroissance, sa population se prêtait le mieux à l'élude.
La ville moderne s'est développée, sortie d'un petit village de
grottes, attestant son ancienneté.
Il résulte de ce choix des ossuaires que la population dont
nous avons fait la craniologie,est celle de la ville. Il n'estpas
démontré que les populations rurales soient identiques. Nous
reviendrons un peu plus loin sur ce sujet.
Les crânes recueillis à Telde sont, comme ceux de ïénériffe,
au nombre de cinquante, dont vingt-cinq masculins et vingt-cinq
féminins.
Aux Canaries, les morts apportés au cimetière sont enterrés
à la manière ordinaire ou placés dans des sépultures de
galerie. Ces sépultures couvrent le mur d'enceinte autour du
champ. Elles sont à quatre et cinq étages. On peut les voir,
en Espagne, dans l'ancien cimetière de Barcelone et dans les
campi santi d'Italie. Les cercueils sont placés chacun dans
une niche étroite et profonde. Une pierre plate et posée de
champ ferme le tout.
Cette façon d'inhumer est générale chez les peuples latins.
A Palerme, on voit des momies dans des caves souterraines.
Théophile Gautier en a donné une description imagée dans
ses voyages.
La France, au climat plus humide et moins latinisée que
les peuples méridionaux, n'a pas cette pratique. Différant en
cela comme sur d'autres points de sociologie, elle marque
son indépendance. Les usages funéraires la rapprochent des
peuples du Nord.
Les concessions sont de cinq ans, c'est le quinquennio ;
passé ce délai, l'exhumation est généralement pratiquée. De
même, quand le prix n'est pas payé par la famille du mort,
la niche est ouverte et le corps jeté à l'ossuaire.
Cet usage joint à l'emploi de la chaux a très souvent pour
résultat la destruction rapide des parties molles et la conser-
LAJARD. — LA RACE IBÈRE. 297
vatioa des os. Elle fait penser à la pratique du décharnement
obtenu par des moyens différents.
Comme M. Sabin Berthelot, nous avons vu de nombreuses
momies dans les ossuaires de la Grande-Canarie. C'est là un
fait assez général. Il est porté à se demander si ces momies
ne provenaient pas de corps laissés sans sépulture. Elles sont
trop nombreuses pour cela. Il n'est pas nécessaire de recourir
à cette supposition. Le mode employé pour les inhumations
et les quinquennio suffit, avec la sécheresse de l'air, pour
expliquer ces résultats. Nous n'avons pu savoir, toutefois, si
les momies provenaient uniquement des galeries.
Nous devons ajouter cependant que nous avons vu, à Téné-riife,
un cercueil dans une grotte naturelle, près de la route ;
c'était celui d'une dame de Guimar : exception évidemment.
En supposant même que des exemples analogues soient
signalés, ils ne pourraient pas rendre compte de la grande
quantité de momies qu'on voit dans les cimetières. On les a
cités aussi comme preuve de la faible humidité contenue
dans l'atmosphère. Le climat de la Grande-Canarie est sec
évidemment; à Ténériffe, qui l'est moins, nous n'avons vu rien
de semblable, mais il ne faut pas oublier qu'on a trouvé des
momies dans la péninsule ibérique et même en France '.
Il
ÉTUDE DES CRANES CANARIENS.
A la différence des anciens Canariens dont les dents
présentaient souvent une usure extrême, celles des créoles
montrent des couronnes en général bien conservées, sauf ce qui
revient à la carie. Il n'est pas rare de trouver chez les
vieillards des dents paraissant indiquer un âge moins avancé. Il
faut examiner les sutures pour arriver à une détermination
plus exacte. Ces faits tiennent à l'alimentation et à l'usage
général du « gofio». Cette nourriture primitive, consistant,
ainsi qu'on Га montré, en farine de grains torrifiés avant la
1 Musée Broca, n° И88.
■298 SÉANCE DU 21 AVRIL 1892.
mouture, blé, orge, maïs, et délayée dans l'eau ou le lait,
ne laisse aucun travail aux mâchoires, et les dents sont bien
conservées 1.
Les procédés et les instruments employés sont ceux des
instructions craniologiques; seul le dacryon a été pris à
l'intersection de la crête postérieure de la gouttière lacrymale
avec la suture unguéo-fronlale, comme le faisait Broca. Le
diamètre stéphanique a été pris avec le compas au lieu de la
glissière.
Le défaut d'instruments ne nous a pas permis de cuber les
crânes ni de prendre des mesures d'os longs, malgré
l'abondance des matériaux.
Les crânes ont été récoltés au hasard parmi un très grand
nombre; les vieillards édentés ont été éliminés de manière à
pouvoir mesurer le diamètre ophryo-alvéolaire. Les individus
de sexe incertain ont été réunis plutôt aux femmes, suivant le
conseil de M. Mantegazza.
A Orotava, l'ossuaire était une crypte souterraine en
maçonnerie au-dessous d'une chapelle. Deux soupiraux la
ventilaient largement, condition nécessaire pour avoir des crânes
secs 2.
Les mesures de cette station sont comparables, par
conséquent, à celles de Telde. Ici, l'ossuaire est àciel ouvert, formé
de quatre murs et sans porte. On y monte avec une échelle.
Les crânes sont très blancs et secs également.
Dans la description des crânes que nous avons étudiés, nous
n'avons pas suivi pas à pas la discussion de chaque diamètre
et de chaque courbe ; c'est là une opération longue et
fatigante. Souvent les différences sur lesquelles on discute sont
d'un ordre de grandeur inférieur aux erreurs qui proviennent
de l'insuffisance des éléments constitutifs des séries. Pour
1 Chez les Guanches, au contraire, à côté du gofio, dont l'emploi était
très répandu, on a trouvé une alimentation encore plus primitive. Le
manuscrit de Bocacio de Certaldo affirme que les Canariens mangeaient « les
grains de blé grillés ». (Sabin Berlhelot, Antiquités canariennes.)
2 Broca, Propriété hygrométrique des crânes (Bulletins de la Société
d'anthropologie, 1874). J
LAJARD. — LA RACE IBÈRE. 299
obvier à l'insuffisance des documents qui pourraient résulter
de ce procédé, il suffît de se reporter aux tableaux. Mieux
que le texte, ils disent d'une manière claire ce qu'on ne peut
qu'étendre. Si nous ne nous sommes pas bornés à publier ces
chiffres seulement, ce n'est pas avec la prétention à une
exactitude qui se vérifierait dans le menu détail à chaque
instant. Le degré d'approximation dans la valeur des nombres
ne le permettrait pas quelquefois. Nous serions heureux si
nous avions réussi à donner une impression d'ensemble.
Le crâne des néo-Canariens des ossuaires que nous avons
visités est moyennement développé, d'une ossature à égale
distance entre la finesse et la rudesse. Sur quelques-uns,
l'aspect est dur, avec des impressions musculaires et des
crêtes saillantes, mais c'est l'exception.
Le contour de la norma verticalis est polygonal, mais non
heurté, sauf sur quelques types isolés et, en particulier, l'un
des crânes masculins de la série d'Orotava qui ressemble
exactement, sous ce rapport, au crâne guannhe. Le vertex
offre souvent un léger méplat et même une petite
dépression ; ce caractère n'est pas constant.
Les indices céphaliques moyens des crânes des ossuaires
de Ténériffe et de ïelde sont égaux. Cette circonstance dans
les deux stations permet de les réunir, et la moyenne alors
est à peu près celle d'une série de cent crânes, car seuls les
crânes féminins de notre série de la Grande-Canarie sont un
peu moins dolichocéphales, les autres sont pareils.
L'indice céphalique moyen des crânes masculins d'Orotava
est de 74,52, ce qui les range parmi les dolichocéphales. Un
seul monte à la limite supérieure de la mésaticéphalie, 80,
c'est le maximum; le minimum descend à 65,85: ia série est
donc dolichocéphale. A Telde, l'indice moyen est identique,
74,52, le maximum touche à la sous-brachycéphalie, 81,14,
un seul crâne. Le minimum s'abaisse à 68,84. La population
d'Orotava est dolichocéphale aussi. Par exception se voit le
type sous-brachycéphale. L'écart entre les deux nombres
extrêmes est de И unités.
300 SÉANCE DU 2t AVRIL 1892.
La série des crânes masculins de Telde a le même
caractère avec des limites de variations un peu plus étendues,
atteignant 15 unités.
Les crânes se répartissent de la manière suivante :
OROTAVA.
Dolichocéphales ,... 52 pour 100
Sous-dolichocéphales 28 —
Mésaticéphales 16 —
Sous-brachycéphales 4 —
TELDË.
Dolichocéphales 56 pour 1 00.
Sous-dolichocéphales 28 —
Mésalicéphales 12
Sous-brachycéphales 4 —
L'indice vertical moyen de nos crânes de Ténériffe est de
73,5 1 ; il concorde encore avec celui de l'ossuaire de la Grande-
Canarie qui est de 73,51 aussi.
Le maximum des premiers est de 80,64, le minimum de 66,00
accusant une variation de 14 unités.
Celui des seconds monte à 76,26 pour descendre à 66,7,
s'écartant de 10 unités.
La courbe frontale cérébrale est de 112 à Orotava, le
maximum est de 124, le minimum est de 94 ; à Telde, nous
trouvons 112,6: maximum, 124, minimum, 100.
La frontale totale est aussi la même dans les deux ossuaires,
12^,4 : maximum, 149; minimum, 118, à Orotava; de 133:
maximum, 149, minimum, 119, à Telde.
La courbe pariétale donne à Telde 131 : maximum, 143,
minimum, 113; et à Orotava, 129,5 : maximum, 145,
minimum, 1 16.
La courbe occipitale totale est de 1 16,8 à Orotava ;
maximum, 134, minimum 101 ; et à Telde. 116,1, avec un
maximum de 135 et un minimum de 93.
Les écarts dans la courbe occipitale totale sont un peu
plus grands à Telde qu'à Orotava.
LAJARD. — LA RACE IBICRE. o'Ol
La courte médiane du crâne est assez souple, le contour
n'est pas fortement anguleux. Au bregma, la ligne s'infléchit
légèrement en dedans, creusée d'un léger sillon, la dolicho-céphalie
occipitale n'empêche pas d'apercevoir le méplat
parié to-occipital qui, sans être accusé, se voit sur les
Canariens comme sur la plupart des crânes en général.
La courbe transversale sus-auriculaire moyenne est à Telde
de 300,5 avec un maximum de 3i2 et un minimum de 285.
L'indice nasal moyen est, âOrotava, de 49,49 ; le maximum
est de 58,25 ; le minimum de î3,92 ; variant seulement de
6 unités.
A Telde, l'indice nasal moyen est le même, 50, mais avec
des oscillations beaucoup plus grandes, indiquant une
population un peu plus mélangée.
OROTAVA.
Leptoihiniens 27 pour 100
Mésorliiuiens 57 —
Platyrhiniens S —
TELDE.
Leplorhiuiuis. :î6 pour 100
Mésorhiniens 48 —
Platyrhiniens 16 —
L'indice facial range les crânes sur la limite du groupe
mésosème et du groupe microsème. L'indice facial moyen
des cent crânes masculins et féminins est de 6o,99, les
plaçant dans les derniers microsèmes sur la limite du groupe
mésosème, la face est moyenne, plutôt basse que longue.
Nous sommes donc en présence d'une race dolichocéphale,
mésorhinienne, à face moyenne, mésosème, plutôt basse.
Comparaison des crânes de Telde et d'Orolava. —
Relativement à ces indices, il y a concordance parfaite entre les
crânes de Telde etOrotava, c'est-à-dire entre les deux crânes
des îles. Ce rapport n'est trouble que par l'indice frontal, chez
les hommes, qui est plus petit, à Telde, et l'indice du trou oc-
302 SfiANCE DU 21 AVRIL 1892.
cipital,chez les femmes, qui est un peu plus grand dans cette
station.
Le front est, dans nos séries, plus large à Orotava, le
diamètre frontal minimum est de 98,48, tandis qu'il n'est que
de93,16àTelde.
Les courbes, même les plus longues, des crânes masculins
n'offrent pas non plus de différenciation bien sensible de
l'ossuaire de Telde à celui d'Orotava; les femmes semblent
diverger davantage. Les courbes horizontales totales sont,
dans les deux sexes, très voisines, la transversale
sus-auriculaire est exactement la même dans les deux stations, 300,5.
La courbe frontale est un peu plus faible à Orotava, fait qui
correspond à un indice un peu inférieur également.
A la Grande-Canarie toutefois, la population de Telde paraît
plus mélangée que celle d'Orotava, comme nous avons vu par
les écarts plus grands des maxima et minima, tout en conservant
une moyenne égale. Il en était de même du temps des anciens
Guanehes. Il suffît de se reporter aux tableaux pour le détail
de ce sujet. La race des créoles des deux îles paraît donc
homogène, à l'inverse, en ceci, de la race des anciens
Canariens, comme nous le verrons par la suite.
Les habitants de Ténériffe sont semblables à ceux de la
Grande-Canarie. Cette ressemblance concorde avec celle des
pays eux-mêmes habités par ces populations. Même milieu.
Les deux îles, quoique assez éloignées, sont identiques comme
étendue ; flore, climat, les animaux domestiques y sont les
mêmes, les cultures aussi à peu de chose près; la constitution
géologique est identique, volcans. Seul, le système hypsomé-trique
fait exception. Le pic de Ténériffe donne à cette île un
caractère plus franchement montagneux. Étant un peu moins
près de la côte d'Afrique, les pluies y sont plus abondantes
également.
La femme ne diffère pas beaucoup de l'homme dans les
séries que nous avons étudiées. Nous y avons trouvé les
différences morphologiques qui caractérisent le sexe, telles que le
moindre développement du diamètre vertical et les différences
LAJARD. — LA BACE IBÈRE. 303
dans la valeur de l'indice stéphanique. C'est la loi du dimor-phisme
sexuel.
L'indico orbitaire est soumis à une influence analogue. Le
développement plus complet du squelette de la tête chez
l'homme, amène, dans plusieurs cas, une réduction de la
hauteur de l'orbite. Les. os frontaux et malaires forment,
chez lui, une crête horizontale en haut et en bas qui recouvre
légèrement la cavité orbitaire. Ce développement osseux des
bords orbitaires n'existe pas sur la tête féminine, et l'indice
s'en ressent.
Sur les Canariens que nous avons étudiés, l'indice cépha-lique
moyen d'Orotava est, pour les hommes, de 74,59 à
Ténériffe et de 74,52 à Telde, pour les femmes, de 74,43 ;\
Ténériffe et de 75, 99 à Telde. Il est donc constant, sauf a
Telde, où celui de la femme est plus élevé d'une unité et
demie. Les tableaux des indices le montrent; tous1 sont
dolichocéphales, sauf la femme de Telde qui touche à la
sous-dolichocéphalie.
Les indices céphaliques moyens des hommes et des femmes
des deux îles sont rigoureusement égaux. On voit rarement
pareille concordance. Je n'ose pas affirmer qu'il y ait là plus
qu'une coïncidence, ayant opéré sur des séries de longueur
moyenne. Cependant on sait que l'iudice céphalique est un des
caractères les plus fixes, il est aussi un de ceux qui changent
le moins dans les métissages. Sur les registres de Broea, on le
voit souvent très légèrement plus élevé chez l'homme que
chez la femme, quoique le contraire ne se vérifie pas en
particulier chez une série de soixante basques de Zaraus et
quarante-quatre crânes de Baye.
L'indice vertical de la femme est un peu inférieur à celui
de l'homme, à Orotava, 72,19 pour 7J,oi, c'est un caractère
sexuel. Il n'est pas marqué dans notre série sur les crânes
de Telde, l'indice est mésosème.
La tête de la femme est donc un peu moins haute ; on le
1 Les indices moyens.
304 SÉANCE DU 21 AVRIL 1892.
voit aussi pár l'indice transverso-vertical, qui se tient, pour
les hommes et les femmes, sur les limites des grandes et des
moyennes valeurs. Les hommes sont mégasèmes, à Ténériffe
et à la Grande-Canarie, et les femmes sont mésosèmes. La
différence n'est pas bien marquée et les désignations de la
catégorie changent, cela tient surtout de la remarque
précédente.
A Orotava, le front de la femme est égal, comme largeur
proportionnelle, à celui de l'homme; la différence des indices
frontaux ne dépasse guère les erreurs des mensurations. Les
chiffres sont 71,01 et 69,63. A Telde, il est plus étroit chez
l'homme; les indices ont un écart déplus de 2 unités, 69,8
pour 67,62. Tous sont mégasèmes ou mésosèmes. Ces
résultats confirment les recherches de M. Manouvrier sur les
différences morphologiques sexuelles1.
L'indice stéphanique est à peu près égal pour les deux
sexes, il serait légèrement plus fort à Ténériffe. Indices
mésosèmes.
L'indice du trou occipital varie peu de l'homme à la femme ;
a peu près égal à Telde, l'ovale est légèrement plus allongé à
Ténériffe chez la femme. Il varie beaucoup plus d'une île à
l'autre.
L'indice facial est exactement pareil a Telde, sur les crânes
masculins ou féminins. La différence est négligeable à
Orotava. Caractère de race.
Le nez est identique aussi pour les deux sexes, tant à
Ténériffe qu'à la Grande-Canarie (50 et 49,46 d'une part, 49,49
et 48,18 de l'autre). Même remarque. Ces deux derniers
caractères sont les plus importants pour l'unité de la race.
L'orbite est plus ouverte chez la femme dans les deux îles.
Les nombres passent de 86,48 à 90,28 pour Telde et de 86,55
à 91,7 pour Orotava. La différence est très sensible. Nous y
voyons un caractère sexuel général distinguant le crâne
1 Sur la grandeur du front et des principales régions du crâne chez
l'homme et chez la femme. Association française. Congrès de la Rochelle,
1882.
LAJARD. — LA RACE IBÈRE. 305
féminin du crâne masculin, et dont nous donnons ailleurs
l'explication. Il se vérifie dans toutes les races.
Il y a donc peu de différence entre le crâne de l'homme et
celui de la femme dans les deux îles, sauf celles dues au
dimorphisme sexuel et relevant de l'anthropologie générale.
III
COMPARAISON DES CRANES CANARIENS ANCIENS ET MODERNES.
Que sont ces néo-Canariens et d'où dérivent-ils au point de
vue ethnique? La question est-elle de celles qu'on peut
résoudre avec les ressources de l'anthropologie ? « Un jour
viendra, dit Broca, où les caractères de toutes les races et de
leurs subdivisions seront assez connus pour que l'étude d'une
série de crânes puisse suffire à en faire connaître l'origine. »
Ce but est loin d'être atteint et nous devons nous contenter
de comparer des séries. En ce qui concerne les
rapprochements relatifs à nos ossuaires, nous avons pu réunir des
matériaux assez nombreux.
C'est d'abord la population qui a précédé dans les îles,
celle qui fait, l'objet de notre étude, les Guanches. Us ont
été décrits avec soin par Broca, de Quatrefages et le docteur
Verneau. Les moyennes des crânes portugais, dont nous
sommes redevables à M. F. Ferraz de Macedo, offrent matière
à la comparaison ; enfin nous avons pu étudier nous-même une
série de quarante crânes des Açores, qui présentent avec les
nôtres quelques rapports.
Les Guanches ont été l'objet de l'attention d'un grand
nombre d'anthropologistes, et, depuis longtemps, peu
d'éléments ethniques sont mieux connus. Ils ont donné lieu à des
travaux importants basés sur un grand nombre de
mensurations.
A Ténériffe, on a trouvé le type guanche, que M. Verneau l
considère comme pur, tout en établissant, avec beaucoup de
1 Rapport sur une mission scientifique aux Canaries.
т. ш (4e série). 20
306 SÉANCE DU 21 AVRIL 1892.
précision, une légère différence entre les versants nord et
sud, au point de vue anthropologique.
Dans l'île voisine, à la Grande-Canarie, les populations
étaient multiples, et on est en présence de plusieurs races.
M. Verneau a distingué cinq groupes, les Guanches, des
Sémites à la Isleta surtout, des métis des uns et des autres,
d'un type à crâne court et, avec des réserves, d'un type
berbère.
Les nombres que nous donnons se rapportent aux
Guanches de Ténériife.
La forme des courbes que nous avons décrites plus haut
rappelle celle de l'ancienne population. Comme elle, les hommes
de Tenériffe et de Telde ont le contour pentagonal de Ja
courbe donnée par la norma verticalis, le léger méplat du
vertex et celui de la région pariéto-occipitaie. Ces caractères
sont toutefois atténués dans la série moderne.
En se reportant aux tableaux comparatifs qui sont joints au
texte de cette étude, nous voyons que les Guanches et les néo-
Canariens ont des points de contact nombreux.
Les diamètres moyens de la tète guanchesont, en général,
un peu plus grands. Co sont, pour le diamètre céphalique
antéro-postérieur ; 190 pour 185,3.
Le diamètre moyen transversal maximum du Guanche
dépasse celui de l'ossuaire moderne de Ténérifïe. C'est 144
du néo-Canarien pour 138,4G, Maximum des Guanch.es, 155
pour 147,5 àOrotava; minimum, 137 pour 131.
Même différence pour le bi-auriculaire. Celui des Guanches
est de 124, dépassant de 4 unités celui des néû-Canariens
de l'ossuaire d'Orotava, avec un maximum de 133 pour 130
dans l'autre série et un minimum de 110 pour 114.
Le diamètre frontal ne continue pas ces rapports. Le front
est proportionnellement plus large, par conséquent : 98 chez
les Canariens, 98,48 chez ces derniers pour 98 des Guanches.
La différence est faible. Maximum des Guanches, 108,
maximum des Canariens, 113,5. Minimum des Guanches, 90,
minimum de Tenériffe, 92,5.
LAJARD, — LA RACE IBÈRE. 307
La courbe frontale est à peu près égale chez les deux
groupes, 129 et 128,4,
Le diamètre moyen vertical basilo-bregmatique est un peu
plus développé chez les Canariens actuels, 136,1 pour 134 des
Guanches. Maximum des Guanchea, 150, des Canariens, 142,
Chez la femme, la différence se retrouve analogue ; le dia-mètre
basilo-bregmatique est légèrement plus fort, 131,4, au
lieu de 127 des Guanches.
Les indices sur lesquels ces différences se font sentir,
accusent un écart de 2 unités. L'indice céphalique. moyen des
crânes guanches masculins, 76,07 pour 74,5 des ossuaires
canariens; l'indice vertical est plus faible, 70,75 pour 73,5
des Canariens, Le transverso-vertical est 93,15 pour 98,55 et
98,91 des Canariens,
L'indice frontal est plus faible chez Je Guanche, 68,05, avec
3 unités de différence.
Les courbes crâniennes sont plus grandes sur le crâne
guanche en général,
La face des néo-Canariens présente deux indices assez
rapprochés des chiffres du crâne guanche. Ce sont l'indice
facial et l'indice nasal, les deux plus importants pour la
détermination de la race. Le premier diffère de 1 à 2 unités et
le deuxième de 3. L'indice orbitaire, par contre, s'éloigne de
5 unités, avec 86,55 et 86,48 pour les Canariens. La série
ancienne donne 81,27 seulement. C'est là le point qui
différencie le plus les deux typea ;il est important. Les Guanehes
étaient très microsèmes, et ce caractère sur lequel on a
beaucoup insisté est l'origine du rapprochement des Guanches et
de la race de Cro-Magnon.
Il s'est rencontré seulement sur la tribu des vrais Guanehes.
Il n'a pas été trouvé sur une grande partie des habitants de
la Grande-Canarie et de l'archipel •.
Là où la diversité était considérable, M. Verneau a obtenu
des indices : à la Isleta, mégasèmes ; à Agaete, mésosèmes ;
1 Verneau, loc. cit.
508 SÉANCE DU 21 AVRIL 1892.
à San-Lorenzo, mésosèmes ; à Guayedeque, microsèmes ; à
Santa-Lucia, mésosèmes ; et à San-Bartolome, mégasèmes.
En résumé, les Guanches étaient des sous-dolichocéphales,
tandis que les Canariens actuels atteignent la dolichocé-phalie
; ils étaient leptorhiniens pour la plupart, les
Canariens de nos ossuaires sont mésorhiniens et leur indice orbi-taire
est microsème, tandis que les Canariens sont mésosèmes.
Certes, ce sont là des différences assez importantes;
néanmoins, les analogies que nous avons signalées n'en sont pas
moins appréciables.
Nous avons fait, dans le chapitre suivant, remonter la
comparaison jusqu'à la race préhistorique, dont on suppose
sorti le rameau guanche. De cette comparaison il résulte
qu'on pourrait dire que, par la majorité de ces mêmes indices,
les Canariens se rapprochent autant et même plus de la race
néolithique, que les anciens Guanches.
Les Canaries sont reliées et assimilées administrativement
ù la Péninsule, malgré la distance assez considérable qui les
sépare du continent. Si nous avons employé le terme de
créoles pour les désigner, c'est, à ce point de vue, un mot
impropre.
Les Islenos sont de loyaux et fidèles Espagnols, dévoués à
leur pays. Aussi le plus grand nombre est-il loin de penser
que leur sang est mélangé de sang guanche. Cette opinion
paraît'être celle d'un grand nombre de vieux historiens
espagnols qui parlent d'une extermination complète des indigènes.
•Elle n'est pas partagée par Sabin Berthelot. Cet observateur,
qui a habité longtemps les Canaries, admet le mélange des
deux races '.
Les Espagnols et les sauvages se seraient mêlés par de
fréquentes et nombreuses unions. Pour lui, les Guanches
n'auraient pas disparu, massacrés après la conquête ; tous
ceux qui acceptaient le baptême auraient été épargnés. Il
prend pour thèse, avec de nombreuses citations de Nunez de
1 Antiquités canariennes.
LAJARD. — LA RACE IBÈKE. 309
la Perla et du pèrs Espinosa, cette fusion des deux peuples,
et cite comme preuve les noms guanches portés par les
colons, les nombreux mariages des nobles espagnols avec les
filles des chefs indigènes. Il estime qu'après la soumission de
l'île, la population sauvage était encore très nombreuse.
Knfin, sans le décrire, il affirme avoir rencontré le type
guanche encore vivant, avec les usages, et les moeurs
primitives et les traits du caractère, parmi la population rurale
actuelle. Dans les villes, l'élément européen serait
prédominant.
Nous né connaissons pas malheureusement, d'une manière
sûre, les effets du voisinage des Européens sur le peuple
primitif. Si les indigènes se sont unis aux nouveaux venus et ont
adopté leur civilisation, ils ont pu échapper évidemment à
la décadence et à la rapide disparition qui est le sort habituel
des sauvages, quand ils prennent contact avec les Européens.
Nous n'avons pas pu nous assurer s'il existe encore, dans
certaines localités, des traces de ces Guanches. Nous avons
vu, à Atalaya, des familles de troglodytes qui, pour
quelques-uns, répondraient à l'idée que s'en faisait M. Sabin Ber-thelot.
C'est une espèce de tribu maudite, dont le reste des
Canariens ne parle qu'avec dédain. On sait que cette
particularité désigne souvent à l'attention un groupe ethnique
différent de celui de la population dominante. Celui qui nous
occupe est réduit à quelques familles de bergers dont les
femmes fabriquent de la poterie. Ce village a été décrit bien
des fois. M. Charles Edwardes ', qui a publié une intéressante
relation de voyage sur les îles, parle du défaut de moralité
qui est attribué aux habitants dans des termes où il est
difficile de distinguer l'humour de ce qui revient à la vérité
scientifique. Nous n'avons pas vu d'ossuaire à Ataîaya.
M. Edwardes, sans prétendre faire de l'anthropologie,
attribue à cette population une descendance indigène. La
défaveur dont elle est l'objet pourrait, dans une certaine
* Teneriffes and the Canary Isles.
310 SÉANCE DU 21 AVRIL 1892.
mesure, justifier cette manière de voir. Le défaut
d'observation laisse à cette idée le caractère d'une hypothèse.
M. Verneau a également rencontré,fdans uncertain nombre
de localités, « des individus qui ont conservé le type des
anciens habitants, malgré l'invasion espagnole». On conçoit
combien il serait difficile d'analyser cette impression, l'aspect
vivant de ce type nous échappant entièrement.
■ II faut citer, parmi les éléments étrangers, la présence, à
Tirajana, de mulâtres qui descendent des esclaves d'anciens
planteurs de canne à sucre. Ils n'ont aucune importance
comme population.
Faudrait-il voir dans les observations qui précèdent, la
raison de la ressemblance que nous avons trouvée entre les
crânes islenos modernes et les crânes guanches? ou bien y
a-t-il eu retour vers la race primitive sous des influences
locales ? Les deux solutions, également acceptables,
pourraient se justifier l'une et l'autre.
Les Espagnols eux-mêmes paraissent de la même race,
comme nous le verrons plus loin. Les néolithiques de la
Péninsule se rapprochent des Guanches, et les séries du Portugal,
de Galice, qui nous sont connues, accusent des relations entre
ces groupes de populations et les Canariens, comme nous le
verrons plus loin.
IV
CANARIENS ET RACES DE CRO-MAGNON.
Nous avons mis en parallèle, dans un chapitre précédent,
la série des anciens Guanches et celles de nos ossuaires. 11
nous a paru intéressant de nous avancer plus loin dans cette
voie, et d'atteindre jusqu'à la race de Cro-Magnon. C'était un
moyen de rechercher des données supplémentaires sur le
sens de cette ressemblance.
Nous avons donc comparé notre série à celle des Guanches
anciens de Ténériffe et à celle des crânes préhistoriques de
Cro-Magnon auxquels on les a rattachés. •'
LAJARD. — LA RACE IBÈRE. 311
En outre, comme les moyennes sur lesquelles repose la
création de la race de Cro-Magnon sont dues à un nombre de
tètes extrêmement restreint, nous avons placé à côté les
moyennes de la série de la grotte de l'Homme-Mort, qui se
compose, on le sait, de dix-neuf crânes. Il est impossible,
en effet, d'attribuer aux chiffres moyens de Cro-Magnon une
valeur un peu rapprochée.
Il est vrai que la présence accusée, à un haut degré, de
caractères particuliers, vertex déprimé, faiblesse de l'indice
orbitaire, bord rectiligne et oblique du contour inférieur de
l'orbite, compense, en partie, cette infériorité numérique. Il
en est de même de la découverte faite en divers endroits, et
surtout en Espagne, de stations préhistoriques dont les crânes
se rapprochent de ceux des troglodytes de la Vezère. Les
chiffres restent vagues, incertains, malgré cela. Des
considérations ne changent pas la conception abstraite de ce que
vaut une moyenne. Et qu'est-ce que vaut une moyenne de
trois éléments dans une statistique ? Les sciences naturelles
font appel rarement aux mathématiques ; mais, si elles en
viennent là, elles doivent en accepter les procédés
servilement. Cette idée nous a fait placer dans nos tableaux, à côté
de la colonne relative à Cro-Magnon, celle qui est fournie
par la série de la caverne de l'Homme-Mort.
Cette série, par les analogies qu'elle montre avec la
précédente, diminue de beaucoup l'incertitude qui aurait pesé sans
elle sur ces chiffres de Cro-Magnon. Depuis, surtout, qu'on
sait qu'elles sont de la même époque, leur rapprochement
prend beaucoup plus de force. La nouvelle attribution
néolithique, tout en lui enlevant une partie de son intérêt, a rendu
la comparaison instructive et nécessaire. Elle nous a donné
des résultats particuliers dans le cas qui nous occupe.
Les courbes des crânes de Cro-Magnon et de l'Homme-
Mort sont, en général, plus grandes que celles de nos créoles
canariens, sauf celles qui se rapportent au cerveau. Cette
exception provient, en partie, d'une légère différence dans
l'appréciation de la position de l'ophryon. On le voit, en
312 SÉANCE DU 21 AVRIL J 892.
lisant les chiffres qui expriment les mesures des deux
parties du frontal divisé par l'ophryon dans les deux séries.
La courbe moyenne occipito- frontale totale, plus longue,
388 pour Cro-Magnon et HS3 pour l'Homme-Mort, et la courbe
horizontale totale accusant une différence de même sens, 538
et 525 pour 518,8 ef 523,4. Elles montrent que le crâne
moyen des néo-Canariens de Telde et d'Orotava est moins
développé et moins grand que celui de la race de Cro-Ma-gnon,
sous ce rapport.
Mettons en présence les indices des crânes des ossuaires
d'Orotava, à Ténériffe, de Telde, àlaGrande-Canarie,ceuxde
la série de Cro-Magnon et de l'Homme-Mort, enfin ceux des
anciens Guanches.
En dressant le tableau des indices, si nous rangeons pour
chaque ligne les nombres qu'ils renferment en les ordonnant
depuis les plus faibles jusqu'aux plus forts, nous avons
huit rangées horizontales. Dans chacune d'elles, un groupe
séparé d'un autre par le nom d'un groupe voisin est plus
éloigné de cet autre par l'indice considéré, et par ce moyen,
il est facile de se rendre compte de sa position relative.
En sériant les crânes masculins de cette manière, nous
avons le tableau suivant :
Indice céphalique. ... Cro-Magn. H.-Mort. Telde. Orotava. Guanches.
— vertical H.-Mort. Cro-Magn. Guanches. Orotava. Telde.
— transv.-vertic. . Guanches. Cro-Magn. H.-Mort. Orotava. Telde.
— frontal Telde. Guanches. Cro-Magn. H.-Mort. Orotava.
— occipital Guanches. Telde. Orotava. H.-Mort. Orotava.
— facial Telde. Cro-Magn. Orotava. Guanches. H.-Mort.
— nasal H.-Mort. Guanches. Cro-Magn. Orotava. Telde.
— orbitaire Cro-Magn. H.-Mort. Guanches. Telde. Orotava.
Nous voyons ainsi que, pour quatre indices sur huit, c'est-à-
dire la moitié des indices, soit les indices céphaliques et
nasaux, les crânes des créoles canariens sont plus près des
types de Cro-Magnon et de l'Homme-Mort que les anciens
Guanches. Remarquons aussi que ces indices sont les plus
importants au point de vue de la détermination de la race.
, Pour deux indices, les Canariens modernes sont plus éloi-
LAJARD. — LA RACE IBÈRE. 313
gnés que leurs prédécesseurs sauvages. Nous trouvons
toujours chez eux le crâne un peu moins haut et l'orbite plus
grande.
Chez les femmes, ces résultats sont plus nets encore :
Indice céphalique . . . . Orotava. H. -Mort. Cro-Magn. Telde. Guanchea.
— vertical Guanches. Orotava. Cro-Magn. H.-Mort. Telde.
— transv.-verlic. . Guanches. Orotava. Cro-Magn. Telde. H.-Mort.
— frontal H.-Mort. Guanches. Telde. Orotava. Cro-Magn.
— occipital H.-Mort. Guanches. Orotava. Cro-Magn. Telde.
— facial Cro-Magn. Orotava. Telde. H.-Mort. Guanches.
— nasal... H.-Mort. Guanches. Orotava. Telde. Cro-Magn.
— orbitaire Cro-Magn. H.-Mort. Guanches. Orotava. Telde.
Ici, pour quatre indices sur huit, les néo-Canariennes sont
plus près des crânes de Cro-Magnon et de l'Homme-Mort;
ce sont les indices céphaliques, verticaux,
transverso-verticaux et faciaux. Pour trois indices, il y a mélange dans la
situation des cinq groupes, et pour un seul indice seulement,
l'indice orbitaire, les Guanches sont interposés entre les
séries de l'Homme-Mort et de Cro -Magnon réunies et les crânes
des ossuaires d'Orolava et de Telde.
La différence que nous venons de trouver chez les hommes,
dans la hauteur du crâne, disparaît, les crânes féminins
se ressemblent, en les prenant en particulier, plus que les
autres.
Examinons les rangées où nous trouvons la position des
cinq groupes mélangés. Nous voyons que l'indice frontal
70,29 de Cro-Magnon est très voisin des chiffres de 69,63 et
de 69,81 donnés par les crânes modernes et plus voisins que
ceux des Guanches.
Pour l'indice occipital, les Guanches tendent vers la série
de l'Homme-Mort, et les créoles vers Cro-Magnon.
L'indice nasal rapproche nos Canariennes de la race de
Cro-Magnon, 49,46 et 48,98 pour les premiers, et 48,98 pour
les derniers.
A quelques exceptions près, quand les indices crâniens
et faciaux des néo-Canariens s'éloignent sensiblement des
3U SÉANCE DU 21 AVRIL 1892.
Guanches, c'est pour se rapprocher des nombres fournis par
la race de la Vezère et des gorges du Tarn.
Il résulte de ceci, que les crânes de nos ossuaires, par
leurs indices moyens, ont autant de rapports avec cette
ancienne souche que les anciens Guanches.
L'indice orbitaire, d'un autre côté, les en éloigne d'une
façon marquée. Il est très différent pour les trois crânes de
Cro-Magnon, dont l'indice est si faible, 68,65, beaucoup moins
pour les onze de l'Homme-Mort. Les canariens modernes sont
mésosèmes de la série masculine avec 86,55 et 86,48. Ce fait
une fois constaté, les analogies ne sont pas moins appréciables
entre les uns et les autres; surtout si l'on se reporte aux
réflexions que nous avons émises au début de ce chapitre
sur la faiblesse numérique de la série de l'Homme-Mort.
Cette différence s'accentue davantage chez la femme.
L'analogie est moins grande en ce qui concerne les courbes.
Elle s'étend cependant à la courbe transverse sus-auriculaire
comprenant toutes les grandes courbes du crâne. La courbe
occipitale cérébrale fait encore exception comme pour les
hommes.
Reprenons le tableau des diamètres crâniens de Cro-Ma-gnon
et de l'Homme-Mort. On voit que si parmi ces derniers
plusieurs sont supérieurs à ceux des crânes de nos ossuaires,
il n'en est pas de même des diamètres verticaux. L'indice plus
faible, 69 pour 73,5, montre également que la tête est moins
haute dans la race des hommes des stations néolithiques.
Les résultats qui précèdent indiquent des rapports
inattendus entre les populations actuelles et les anciennes races
néolithiques, mais ils montrent aussi avec quelle prudence
on doit interpréter des analogies de cette nature. Il faut
s'entourer .de toutes les précautions pour conclure . La parenté
des Guanches avec la race de Cro-Magnon, appuyée sur des
documents aussinombreux que ceux qui ont été apportés par
les précédents anthropologistes, n'échappe pas à cette
objection. Le tableau du classement des cinq groupes par leurs
indices en est la preuve.
LAJARD. — LA RACE IBÈRE. 315
V
LES IBÉRIENS CONTEMPORAINS (PORTUGAIS ET AÇORIE\s).
La série des mille Portugais est due à M. F. Perraz de
Macedo. Les indices et les courbes des crânes masculins ont
été publiés au Congrès de Bruxelles1, et je dois à l'obligeance
de l'auteur les chiffres encore inédits de la série féminine
ainsi que ceux de la région faciale. L'abondance des
matériaux amassés montre que les ossuaires sont répandus en
Portugal comme aux Canaries et en Espagne.
Ces crânes ressemblent à ceux des Canariens que nous
avons étudiés. C'est même là la relation la plus évidente
que nous ayons rencontrée. Ils leur ressemblent plus que les
crânes guanches ne ressemblent au type de Cro-Magnon, si
l'on fait abstraction de la région faciale.
Les indices crâniens moyens de cette série de Portugais,
dont les valeurs sont très précises, sont très voisins de nos
séries de Canariens.
L'indice céphalique, de 75, est identique, l'indice vertical
ne diffère que d'une unité; l'indice transverso-verlical
également ; l'indice frontal est la moyenne entre celui d'Orotava et
de Telde, l'indice stéphanique est de 83,04 pour 84,48 à Té-nériffe
et 83,27 à l'ossuaire de Telde. Ces différences sont
très faibles entre les deux séries.
Il y en a une plus grande pour la région faciale : S unités
en plus pour l'indice facial, 4,5 en moins pour l'indice nasal :
le nez est plus long, et 4 pour l'indice orbitaire, 82,6 :
l'orbite est plus basse, se rapprochant de celle des Guanches,
81,27.
Chez les femmes, l'indice facial diffère davantage. L'écart
atteint 7 unités, c'est le plus fort indice de tous ceux que
nous ayons rencontrés. En revanche, l'indice orbitaire est
* Ferraz de Maeedo, Crime et Criminel.'
316 SÉANCE DC 21 AVRIL 1892.
égal dans les deux séries. Les Portugaises ont 89,88, les
créoles de l'Orotava 90,28 et ceux de Telde 91,7.
En outre, relativement au rapport des dimensions de
l'orbite, la différence due au dimorphisme sexuel signalée plus
haut se retrouve très grande chez les Portugais comme aux
Canaries. L'indice orbitaire moyen des crânes portugais
masculins est de 82,60, celui des crânes féminins, 89,88,
soit 7 unités de distance. Cette coïncidence est digne de
rémarque, au point de vue de l'anthropologie générale.
Les diamètres crâniens confirment ces données, ils sont un
peu plus faibles que ceux des Canariens. Les diamètres
faciaux marquent la différence de l'ovale du visage des uns et
des autres. Le diamètre ophryo-alvéolaire de la série
masculine est de 91,67 pour 87,5 et 85,î9 chez les hommes, tandis
que le diamètre bizygomatique est plus faible.
Les courbes sont légèrement plus réduites également. Le
crâne rapproche beaucoup ces deux séries, la face les
éloigne. Le visage est moins bas chez les Portugais et le nez plus
haut. On le voit aisément par les chiffres des séries
comparées sur nos tableaux.
La moyenne des dix Galiciens que nous trouvons
également dans le travail de M. Macedo, donne des chiffres qui,
sans être éloignés, s'écartent de ceux de nos Canariens pour
la région frontale et l'indice transverso-vertical de la tête; la
dolichocéphalie est moins accusée, le front plus étroit.
Les quarante têtes osseuses des Açores1 que j'ai pu étudier
proviennent d'exhumations directes, circonstance qui a
permis d'avoir la mandibule. Ces exhumations ont eu lieu
probablement à la fin du quinquennio. Chacune porte la
désignation de l'âge et du sexe, d'après les renseignements
fournis par M. Pacheco. Je dois ajouter que, en ce qui concerne
ce dernier point, il a été impossible de maintenir exactement
ces désignations. Chez les Açoriens,les caractères masculins
sont, en général, peu accusés, le crâne est petit, la glabelle
1 Données'par M. Pacheco à la Société d'anthropologie.
LAJARD. — LA RACE IBÈRE. 317
peu saillante et les impressions musculaires de l'occipital
effacées, en d'autres termes la tête de l'homme se rapproche
de celle de la femme. Néanmoins, sur plusieurs exemplaires,
le sexe féminin était si évident que force a été d'en faire
rentrer plusieurs dans la série des femmes. Encore avons*
nous mis avec les hommes deux cas douteux.
Ce classement est justifié par l'aspect général de la série,
qui est celui d'une race petite.
Une tête d'idiot microcéphale et une autre trop jeune ont
dû être exclues des mensurations.
L'application des procédés craniométriques a donné les
résultats suivants :
Tous les indices des crânes des Açores, quoique
ressemblant beaucoup à ceux des Canariens de la série que nous
avons étudiée, sont plus faibles, sauf l'indice orbitaire et
celui du trou occipital qui n'a pas beaucoup d'importance.
Cela revient à dire que les habitants des Açores sont un
peu plus dolichocéphales, ont le vertex plus bas, la tête plus
aplatie, le front plus étroit à la partie antérieure, le nez
plus mince, leptorhinien. Cette dolichocéphalie accusée des
Açoriens les éloigne complètement du type brachycéphale.
qui leur est attribué par Elisée Reclus sur la foi d'Arruda
Furtado1. Peut-être pourrait-il se trouver sur un point isolé
dans les îles où se rencontrent des traces d'une colonie
française venue de la Bretagne.
La face est basse.
Enfin, l'orbite est plus ouverte. Ces caractères, concordant
avec un crâne plus petit, donnent à ces insulaires une
physionomie différente des Canariens. L'impression générale est
celle d'une race petite et faible. Ces chiffres concordent bien
avec les résultats fournis par les diamètres. La saillie de
l'arcade zygomatique est légère (le diamètre bizygomatique
est de 125 millimètres seulement).
L'indice orbitaire, par son caractère mégasème, donne un
1 Maleriaes para o Esludo antropologico dos paros Açorianos,
318 SÉANCE DU 21 AVRIL 1892.
résultat concordant. Il dépasse de 3 unités en moyenne celui
des Canariens, Une orbite plus grande correspond dans,
plusieurs cas à un moindre développement osseux, Les crânes
dont les crêtes sont saillantes et les insertions musculaires
épaisses ont souvent le bord inférieur du frontal recouvrant
légèrement l'orbite, ce qui diminue un peu sa hauteur.
La différence entre les indices crâniens des Açoriens et des
Canariens paraît donc surtout due à sa petitesse et à. sa faible
musculature.
Les ressemblances ne s'étendent pas à la face, Les indices
moyens des uns et des autres diffèrent ici, comme il est facile
de le voir sur les tableaux, de plus de 3 unités,
Les crânes açoriens sont les plus petits de tous parmi les
groupes que nous avons comparés. Dans la série des hommes,
tous les diamètres sont inférieurs en dimension à ceux d'Qro-tava
et de Telde, tant pour le crâne que pour la face, sauf la
hauteur orbitaire et la longueur du nez.
Chez la femme, le diamètre antéro-postérieur de la série
des Açores est plus grand, fait en rapport avec la dolichoco-phalie
accusée de ces insulaires,
En résumé, la comparaison des diverses séries que nous
venons d'étudier avec les Canariens modernes nous donne
les résultats suivants :
Le crâne des Canariens, des Açoriens et des Portugais est
très semblable. L'analogie est serrée de près entre le crâne
des Portugais et des Canariens, d'assez près entre les
Portugais et les Açoriena et entre les Açoriens et les Canariens.
La face, au contraire, est différente dans les trois groupes
et chacun y est séparé. L'analogie ne va pas au delà du crâne,
elle ne s'étend pas à la face. Les indices faciaux, nasaux et
orbitaires présentent des écarts assez considérables entre les
groupes. Enfin, la tête est plus petite aux îles Açores.
On trouvera à la fin des tableaux, celui des mandibules
comparées.
En résumé, ces types se rapprochent par le crâne et
diffèrent parla face.
LAJARD, — LA RACE IBÈRE. 319
YI
CONCLUSION SUR LA RACE IBÈRE.
Ces différents rapports entre des séries appartenant à une
région géographique vaste mais caractérisée font penser à
une race diversifiée et étendue,
Pour beaucoup d'anthropologistes les Ibères constitueraient
une race dont l'aire de dispersion couvrirait presque toute la
péninsule, les îles de la Méditerranée et déborderait en France
par-dessus les Pyrénées. Ces dolichocéphales se trouveraient
aussi en Corse, où l'indice est de 75,3 (sur une série d'Ava-pezza),
et en Sardaigne (74,6 sur une série de quatre-vingt-dix-
huit sujets vivants1). M, Lagneau2 a fait la revue des
auteurs anciens qui ont parlé des habitants qui peuplaient
autrefois l'Espagne. Il attribue une origine ligure aux bra-chycéphales
de la péninsule que Larrey a rencontrés en
beaucoup d'endroits. Pour lui, les petits dolichocéphales andalous
décrits par M. Tubino seraient rattachés aux Ibères.
En dehors de toute autre cause d'apparition de types
différents, il est évident que de nombreuses invasions se sont
avancées au milieu des éléments ethniques de l'Espagne et à
plusieurs reprises. Les dolichocéphales n'en sont pas moins
très nombreux dans la région ibérienne, mais ces
considérations sont mal appuyées de documents.
Les mensurations des Portugais de M. Ferraz de Macedo
et les nôtres, pour les archipels de l'Océan, semblent
indiquer l'extension actuelle d'une race dolichocéphale.
Il en était ainsi également aux temps préhistoriques. Dans
cette région, le type dolichocéphale était nombreux, s'éten-dant
à la France, à l'Espagne, aux Canaries. Les stations de
la vallée de la Vezère,des gorges du Tarn, les grottes fouillées
en Espagne, le crâne de Gibraltar, ont donné des indices
céphaliques, microsèmes et mésosèmes, avec des orbites
1 Hervé et, Hovelacque, Précis d'anthropologie.
2 Anthropologie de la France, Dictionnaire de Dechambre,
320 SÉANCE DU 21 AVRIL 1892.
basses. Les crânes de la caverne des sables blancs près de
Savone i ont des indices de 7o,41, 66,66,71,79. Enfin, les
Guanches des Canaries reproduisent la plupart des caractères
du type de MM. de Quatrefages et Hamy.
Les dolichocéphales de Cro-Magnon sont-ils venus du sud
ou du nord? Plusieurs anthropologistes ont admis la
première hypothèse. M. Verneau s'est attaché à démontrer la
deuxième. Elle paraissait jusqu'ici assez bien justifiée.
La marche de la race semblait jalonnée par des stations
de moins en moins anciennes en descendant vers le midi2.
On avait l'abri de Cro-Magnon supposé quaternaire, les
cavernes néolithiques de l'Espagne. Les sépultures de Roknia
correspondaient à la période pré-romaine et, enfin, les
Guanches de Ténériffe nous conduisaient jusqu'au quinzième
siècle. On suivait ces hommes à la trace. Or, le premier
jalon a été posé sur un terrain mal daté, par une erreur
d'attribution. Des recherches plus récentes ont montré, on le
sait, que les restes de Cro-Magnon étaient dus à des °épul-tures
néolithiques creusées dans un sol magdalénien. Les
hommes de la Vezère n'étaient pas des chasseurs de rennes,
mais des contemporains des troglodytes espagnols. Le
mouvement du nord au sud n'est donc pas prouvé de ce côté.
Les tombes mégalithiques de Roknia ont fourni quelques
crânes à orbites basses et vertex déprimé. Le type de Cro-
Magnon se retrouve sur des Berbers et sur un crâne de
Kabyle donné par M. Dubrueil à la Société d'anthropologie.
Mais les rapports avec la race de Cro-Magnon sont moins
évidents que ceux qui existent pour les os provenant des
diverses stations préhistoriques. 11 résulte seulement de leur
étude qu'ils ont des liens de parenté avec les populations
néolithiques de l'Espagne et de la France.
La dernière étape se rencontrait aux Canaries. Ony trouve
les Guanches à une époque récente et à un état social et
industriel, attestant une séparation ancienne. Mais cette der-
1 Angelo Incoronato.
2 De Quatrpfages, préface.
LAJARD. — LA RACE IBÈRE. 321
nière circonstance elle-même est une cause d'incertitude à
ce sujet. Trouver des Guanches avec une industrie roben-hausienne
aux Canaries, c'est dire que la séparation
remonte à une époque reculée, car des hommes connaissant
les métaux ne peuvent plus en désapprendre l'usage. Le
remarquable développement des qualités altruistes chez ces
sauvages et dont les auteurs anciens espagnols font foi,
montrent que la race a continué à faire des progrès d'un
autre côté sans perfectionner son industrie, chose
impossible dans ces îles. Or, si la séparation est ancienne, de
quelle époque date-t-elle ?
On a cherché à y répondre par une autre hypothèse, celle
de la descendance d'un peuple atlante. M. Verneau a
montré avec raison que les insulaires primitifs de l'archipel ne
pouvaient descendre d'un peuple venu du continent disparu
de Platon. En effet, l'absence de terrains sédimentaires et la
nature volcanique du sol de ces îles montrent que les
Canaries ont émergé à une époque géologiquement récente. Mais
il s'est trompé en voulant fixer la date de cette emersion à
l'époque quaternaire, ce qui était favorable à l'hypothèse
qu'il soutient d'une migration ibère du nord au sud1. Car,
ainsi que le savent tous les géologues, la faune et la flore de
l'archipel, la forêt de Laurinées, ont un caractère tertiaire.
La nature des roches constitutives des volcans témoigne dans
le même sens. Les érosions ont mis à nu, au-dessous des
basaltes des coulées modernes, les roches plus anciennes du
noyau central de la montagne2. Il ne peut pas exister de
doute à cet égard. Ces phénomènes se voient nettement dans
le grand cratère de Palma3. Enfin, la théorie des soulèvements
dans les formations volcaniques est abandonnée partout, et
l'orogénie se réduit à des épanchements successifs de matières
fondues le long d'une cassure de l'écorce terrestre*. 11 ne
1 De Lapparent, Traité de Géologie.
2 Revue d'anthropologie, p. 24, 1886.
3 Diabases et Porphyres, Elisée Reclus, Géographie.
4 Won Fritsh, PetermanrCs Mittheilungen Ergoenzungsheft.
т. U (4e série). il
322 SÉANCE DU 21 AVRIL 1892.
peut donc être question d'une apparition rapide des énormes
masses qui forment les îles de l'archipel.
Tout ce qui précède démontre que la marche de la race
de Cro-Magnon n'est pas certaine. En l'état de nos
connaissances, on ne peut rien affirmer à ce sujet. On voit, en effet,
une race dolichocéphale, répandue en Espagne à l'époque
néolithique avec des ramifications en France, en Afrique,
dans les îles de la Méditerranée et de l'Atlantique, mais il est
impossible de dire dans quel sens elle a marché. Le reste
n'est encore qu'hypothèses. Pour nous, que le terme d'Ibère
soit justifié ou non, il nous suffira d'avoir montré qu'à l'époque
actuelle des races présentant des liens avec cet ancien type
existent encore dans les mêmes lieux. L'Espagne est encore
mal connue; mais le Portugal avec ses sous-dolichocéphales
et ses dolichocéphales, la Galicie ses dolichocéphales, les îles
de l'Atlantique avec les indices de 74,5 aux Canaries etde 73,8
aux Açores, forment un groupe assez net aujourd'hui. Il est
intéressant de le voir s'étendre avant dans l'Océan.
DIAMÈTRES CRANIENS. (HOMMES.)
Auteurs des mensiiratitni.
CHAN ES.
Lajard.
2b
Orotava,
Lajard.
25
Telde.
Ver-neau.
Guan-ches.
Lajard.
20
Açores.
Auteurs Auteurs
des I des
Crania. Crania.
Antéro-post. max. . , .
Basilo-bregmatique. .
Transverse max
Stéphanique
Bi-auriculaire
Frontal minimum . . .
Astérique
Trou occip. largeur.
— — longueur
Métopique
Naso-basilaire
185,34
136,1
1:58,46
116,4'.
120,34
98,48
111,32
30,4
33,1
182,8
184,5
136
137,5
114,6
116,58
93,16
108
30,74
3(J,52
178,9
190
134
144
»
124
98
»
31
38
183,5
130,6
135,6
114,1
119,6
93
»
29,6
34,5
»
99,8
192
132
141
118
121
96
35,6
190
131
135
116
117
93
»
28
33
LAJARD. — LA RACE IBÈRE. 323
DIAMÈTRES FACIACX. (HOMMES
Auteurs dei memoration»
CRAN liS.
Interorbitaire
Bizygomat. max...
Larg. orbi taire... .
Hauteur orbitaire..
Largeur du nez. . .
Naso-spinal
Naso-alvéolaire. . . .
Ophryo-alvéolaire..
Lajard
25
Orotava.
24,78
130,6
37,18
32,2
24,8
49,8
67,8
87,5
Lajard.
25
Telde.
24,02
130,5
36,9
3ž,12
24,2
48,2
65,7
85,49
Ver-neau.
Guan-ches.
24
136
40
33
24
52
»
02
Lajanl
20
Açores.
21,9
123,6
36,9
32,9
23
49,0
65,7
N0,5
Auteurs
des
Crania.
9 i
6 еgе,
26
135
40
29
25
52
»
89
Auteurs
des
Crania.
i
5
Яi l
19
130
39
31
24
51
»
»
Ferraz
de
Macedo
404
gais.
22,45
127,72
39,67
32,77
23,16
52,17
»
91,67
Diamètres comparés.
DIAMETRES CRANIENS. (FEMMES.
A ut ears des mensurations.
CRANES.
Antéro-post.. max....
Basilo-bregmatique. . .
Transverse maxim...
íritéphanique
Bi-auriculaire. .......
Frontal minimum. . . .
Trou occip. largeur..
— — longueur.
Métopique
Lajnrd.
25
Orotava.
177,9
131,4
135,2
112,9
111,7
94,5
29,6
34,2
»
Lajard.
25
Telde.
178
128,7
132,7
112,7
113,2
92,6
29
35,1
179,6
Ver-neau.
Guan-che
».
Téné-riffe.
176
127
138
»
117
92
30
37
»
Lajard.
20
Açores.
180,2
126,7
132,1
112,6
117,6
91,2
27,7
34,5
»
Auteurs
des
Crania.
U*онl rSСоio
-я
183
132
138
117
ИЗ
97
30
35
»
Auteurs
des
Crania.
s -s
►S2 s£
184
132
136
113
НО
90
á8
3d
»
324 SÉANCE DU 21 AVRIL 1892.
DIAMÈTRES FACIAUX. (FEMMES.)
Auteurs dci mensurations.
CRANES.
Bizygomat. max...
Largeur orbitaire..
Hauteur orbitaire..
Largeur du nez. . .
Naso-spïnal
Naso-alvéolaire.. . .
Ophryo-alvéolaire. .
Lajard.
Orotava.
23,4
123,2
35,7
32,8
24
41 91/ j i-
64,9
81
Lajard.
25
Telde.
23,5
121,8
36
32,G
23.5
47,6
63,8
80
Ver-neau.
Guan-ches.
Téné-riťFe.
22
123
37
3 2
23
48
»
85
Lajard.
20
Açores.
21,4
119,4
36,3
33,1
22 2
49*7
65,9
81,0
Auteurs
des
Crania.
i
Cro- agnon.
25,2
129
40
32,5
25
49
»
»
Auteurs
des
Crama.
ume- Mort.
В
20
121
37
30,5
22
50
»
»
Ferraz
de
Macedu
506
Portugaises.
21,02
118,99
36,oo
32,86
22,29
49,06
»
N6,41
Courbes comparées.
HOMMES.
Auteurs
des mensurations.
CRANES.
Sous-cérébrale. . . .
Frontale cérébrale.
— totale. . . .
Pariétale
Oceipit. cérébrale..
Cérébelleuse
Occipitale totale..
Cérébrale totale.. .
Hor—izo ntalep rtéoatuarle...
Transverse
riculaire
Occipitale frontale
Lajard.
2
Oro-tava.
16,6
112,16
128,4
120, S
72,5
45
116,8
314
518,» S 4
300,8
374,7
Lajard.
Telde.
20.7
112,6
133
131,4
71,8
44,3
116,1
316,28
523.4
2i8,5
300,5
3S0.5
Ver-neau.
Nombreux Guanches. Tónériffe.
24
105
124
129
»
120
»
534
244
307
378
Lajard.
20
Adores.
17,7
112.1
129,8
127,9
116,0
309,4
514,7
230, S
300,1
37 i, 2
Auteurs
des
Crania.
3
Cro- Magnon.
22
ill
133
130
71
54
12 j
312
538
251
300
3HS
Auteurs
des
Crania.
11
Homme- Mort.
19
Ht
130
136
74
43
117
321
525
238
306
3*1
N О
,^ 5
4i0
Portugais.
21,28
я
108,72
129,31
»
118.,> 72
517,57
240,79
n
377,56
10
Espagnols
de
Galice.
18,4
»
112,6
124,7
»
123,1
»
520,3
247,4
»
3SÛ,8
LAJARD. LA RACE IBÈRE. 325
Auteurs del mensurations.
' CRANES.
Sous-jérébrale
Frontale cérébrale.. . .
— totale
Pariétale
Occipitale céríbrale..
Cérébelleuse
Occipitale totale
Cérébralû totale
Horizontale totale....
— préauric
Transv. sus-auricul...
Lajard.
25
Orotava.
15
108
120,4
123,3
72,8
41,8
111,6
301,8
500,8
»
290,3
Lajard.
25
Telde.
16
111,4
127,6
127
70
43
113
308,4
503,3
233 6
293
Ver-neau.
Guan-ches.
Téné-riffe.
22
100
122
122
»
»
110
»
506
227
291
Lajard.
20
Açores.
16,4
110,5
126,9
' 12657 ,3
49
116
302,8
504,4
232,7
29
Auteurs
des
Crania.
9■ à°
« s
20
110
130
Ш
70
47
117
304
517
238
303
Auteurs
des
Crania.
S ^
18
112
130
130
70
47
117
317
512
229
303
Indices comparés.
INDICES CRANIENS. (HOMMES.)
Auteurs
des mensurations.
CRANES.
Indice céphalique..
— vertical ....
— transv.
tical
— frontal
— stéphanique
— du trou oc-pital...
, .
Indice facial
— nasal
— orbit.
Lajard.
25
Orotava.
74,59
73,51
98,55
71,01
84,48
85,71
Lajard.
23
Telde.
74,52
73,51
98,91
67,62
83,27
83,01
Ver-neau.
Nom3*bre GuaaVnchi
76,07
70,75
93,15
68,05
81,58
Lajard.
20
Açores.
73,84
71,12
96,30
68,63
81,!>8
85,50
Auteurs
des
Crania.
с
3
Cro- Magno:
73,57
69,83
94.28
68,08
81,35
»
Auteurs
des
Crania.
11 Homm Mort,
71,45
68,89
96,42
68,89
80,17
87,50
N О
г о аз
«■°з
494 Portu
gai
75
72,2
97,36
69,73
83,04
»
REGION FACIALE»
г7,32
(1,50
92,48
67,98
84,91
67,04
49,49
86,55
65,51
50
86, 5-8
67,84
46,32
81,27
64,14
46,43
89,19
66,18
49,18
68,65
69,33
45,68
80
71,78
4Í.39
82,60
326 SÉANCE DU 21 AVRIL 1892.
INDICES CRANIENS. (FEMMES.)
Anteuri dei meniurationi.
CRANES.
Lajard.
25
Orotava.
74,43
72,19
96,22
69,81
79,12
82,86
Lajard.
25
Telde.
75,99
73,80
97,03
69,63
83,55
86,75
T Cl"
neau.
Guan-
<shes.
78,9
71,64
91,80
66,66
»
81,07
Auteurs
des
Crania.
i g
О to
"1
75,57
72,87
96,89
70,29
82,91
85,71
Auteurs
des
Crania.
à .
к2
75,13
73,02
97,19
66,17
79,64
80
Ferrax
de
Macedo.
506
Portugaises.
Indice céphalique . . . .
— vertical
— transv.-vertical
— frontal
— stéphanique...
— du trou occip.
• INDICES FACIAUX.
Indice facial
— nasal . . . . .
— orbita ire.
65
49
90
,57
,46
,28
65,83
48,98
91,7
68
47
85
,71
,05
,09
65
51
81
,11
,02
,23
66
45
81
,72
,19
,72
72,62
45,43
89,88
Mandibules.
DESIGNATION.
Largeur bigoniaque
Hauteur symphysienne. .
TELDE
HOMMES
et
FEMMES
40
95.57
29.07
AÇORES.
94.3
27.2
90 8
26.37
92.6
26.79
PORTUGA L.
97 97
30.42
89.46
27.69
93.62
29.03
Discussion.
M. Regnault. La communication de M. Lajard me paraît
d'une haute importance en ce qu'elle permet d'examiner,
sous un nouveau jour, la question des races. En effet, la race
des Canariens actuels, non pas seulement dans quelques
villages reculés, mais dans toute l'étendue des îles, offre une
DISCUSSION SUR LA RACE IBÈRE. 327
ressemblance très grande avec celle des anciens Guanches.
Non seulement leur indice céphalique est le même, mais
encore leurs autres indices crâniens.
On pourrait penser que :
1° Les Espagnols n'ont pas fait souche dans le pays; mais il
est notoire, par les écrits du temps, qu'une grande partie des
Guanches a été massacrée et que le reste s'est fondu dans la
population envahissante;
2° Que les Espagnols étaient identiques aux Guanchesvnon
seulement par leur indice céphalique, mais par tous leurs
indices crâniens. Bien qu'on ignore l'ethnographie de
l'Espagne, cette similitude portant sur tous les indices est bien
invraisemblable.
On est donc forcé d'admettre qu'il s'est formé une race
métisse dont le type est retourné vers un des types
procréateurs, le guanche. La zootechnie nous offre souvent des
exemples de race métisse ne pouvant prendre des caractères
propres et faisant retour vers un des parents. Ici, le type
procréateur qui a dominé est justement celui qui était le mieux
adapté au milieu où ses métis ont vécu.
On rapprochera de ce fait celui si connu de Broca, qui a
montré que l'indice céphalique des Parisiens avait peu varié
depuis le moyen âge, malgré les croisements de toutes espèces
qu'ils ont eu à subir. Ces faits se vérifieraient chaque jour
plus nombreux, si l'on pensait que l'indice céphalique, bien
que stable, n'est pas immuable ; mais, comme tout caractère
organique, soumis à l'influence du milieu ainsi que l'ont
montré, pour les êtres vivants, Geoffroy Saint-Hilaire, Lamarck
et Darwin.
Si l'indice céphalique ne pouvait se modifier et était un
caractère uniquement héréditaire, il faudrait songer que
l'hérédité ne fait que transmettre des qualités acquises par
les ancêtres. Or, si haut qu'on remonte, il faut toujours
arriver à une souche première unique d'où sont sortis des
dolichocéphales et des brachycéphales. A moins d'être polygé-niste
au point d'admettre deux souches simiennes distinctes
328 SÉANCE DU 21 AVRIL 4892.
pour deux blancs, dont l'un serait dolicho et l'autre brachy-céphale
; pour les Arabes et les Piémontais, par exemple, ce
qui serait aller bien loin.
En réalité, il convient de donner, dans l'anthropologie, à
« l'influence du milieu », le rôle qu'elle occupe depuis
longtemps dans toute la biologie.
Мшв Clémence Royer n'admet pas l'influence du milieu sur
les formes du crâne.
M. Manouvrier déclare que les chiffres de M. Lajard ne
prouvent pas l'influence du milieu, mais que ce n'est pas
une raison pour nier l'influence du milieu sur la forme du
crâne.
Cette influence peut s'exercer de deux façons: 1° par voie
de modification des causes encore inconnues qui déterminent
les variations de l'indice céphalique; pour le moment on est
réduit sur ce point à de pures hypothèses; 2° par voie de
sélection. 11 peut arriver que dans une région habitée par des
dolichocéphales et par des brachycéphales, les uns ou les
autres soient soumis à des conditions extérieures favorables
ou funestes à leur propagation (guerres, maladies, misère,
genre de vie, etc.), et qu'au bout de deux ou trois siècles, la
proportion des dolichocéphales et des brachycéphales dans
cette région soit' complètement changée. C'est bien là une
influence de milieu, et il n'est pas téméraire de croire
qu'elle a dû s'exercer, qu'elle s'exerce encore puissamment.
M. Bordier ajoute que si on l'admettait, toute l'ethnologie
serait bouleversée.
M. Hervé dit que cette idée est très acceptable, mais
qu'en ce cas l'influence du milieu se confond, en fait, avec
celle de l'hérédité qui maintient la forme du crâne, sans
qu'elle se soit aucunement modifiée par l'action du milieu.
M. Regnault pense que Ton a peut-être trop cherché dans
la voie de l'hérédité et que, sous l'influence du milieu, bien
des changements ont pu avoir lieu.
M. Gabriel de Mortillet dit que les crânes sont très
différents en Espagne comme en France. 11 ajoute que nous ne
DISCUSSION SUR LA RACE IBÈRE. 329
connaissons раз les Aryens au point de vue de la forme de
leur crâne, on ne sait s'ils étaient dolichocéphales ou brachy -
céphales. Aryen est un terme vague au point de vue des
races.
M. Firmin croit que le milieu a une grande influence. Après
avoir démontré ce que l'on doit entendre par milieu, il y
associe les conditions de situation sociale. Pour lui, c'est un
facteur qu'il ne faut pas négliger.
Il ajoute qu'il ne voit pas de vrais dolichocéphales parmi
les membres de la Société et que, parmi les hommes
supérieurs, c'est la brachycéphalie qui domine.
M. Manouvrier dit que cela peut être vrai à Paris, mais
que la brachycéphalie n'y est peut-être pas moins dominante
parmi les ■ inférieurs ; il faudrait mesurer. Il ajoute que les
nègres, en général, sont dolichocéphales, et que les nègres
supérieurs sont vraisemblablement, eux aussi,
dolichocéphales comme leurs congénères.
M. Gabriel de Mortillet dit que Berzélius et Linné étaient
brachycéphales. Il ajoute que M. Manouvrier a parlé des
nègres, mais qu'il faut distinguer entre ceux d'Afrique et ceux
d'Asie; les premiers sont dolichocéphales, les seconds sont
brachycéphales, les nègres ne sont donc pas tous
dolichocéphales. De plus, les singes sont dans le même cas.
M. Firmin, appuyant les observations de M. Gabriel de
Morlillet, dit que les nègres d'Afrique sont dans des
conditions inférieures pour le développement intellectuel, et qu'il
leur est difficile de montrer ainsi les grandes qualités qu'ils
possèdent.
M. Bordier demande à M. Firmin si, parmi ses ascendants,
il n'y a pas eu des blancs.
M. Firmin dit qu'il lui est très difficile de répondre, mais
qu'il peut arriver sans miracle que, dans les générations
précédentes, il y ait eu, dans sa famille, une parcelle de sang
blanc. Cependant il ne croit pas que ce soit cette raison qui
soit cause de son intelligence.
M. Bordier tout en l'admettant, pense que cependant il
330 SÉANCE DU 5 MAI 1892.
n'est pas impossible que ce sang blanc ait modifié le crâne
de M. Firmin et soit cause du développement de son
intelligence.
M. Manouvhier dit que cette brachycéphalie lui semble très
douteuse et qu'il serait désireux de voir M. Firmin se prêter
à des mensurations. Il l'engage à prier ses amis de race noire
habitant Paris à venir se soumettre aux mêmes
investigations.
M. Bordier rappelle qu'un mulâtre, membre de la Société,
M. le docteur Dehoux, était dolichocéphale.
M. Diamandy Ht un mémoire qu'il a rédigé sur des silex de
Belgique recueillis pendant une excursion faite en ce pays
sous la direction de M. Gabriel de Mortillet. 11 montre ries
moulages des pièces qu'il a recueillies et les опте à l'École
d'anthropologie.
M. Gabriel de Mortillet, en l'absence de M. Hovelacque,
remercie M. Diamandy.
La séance est levée a six heures.
L'un des secrétaires : Edouard cuyer.
558e SÉANCE. — 5 mai 1892.
Présidence de M. §AI,MOV, vice-président.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire général communique : i° une demande
d'échange de Bulletins, provenant de l'Académie de Vau-cluse
; 2° une circulaire des congrès internationaux de
zoologie, d'anthropologie, etc., qui doivent avoir lieu à Moscou
en 1892.