L'HISPANISATION D'UNE BOURGEOISIE
MERCANTILE: LES IMMíGRES FLAMANDS
ET WALLONS A TENERIFE (1670-1745)
J. G. EVERAERT
© Del documento, de los autores. Digitalización realizada por ULPGC. Biblioteca universitaria, 2009
Au cours des années 1660, les Pays-Bas espagnols -tout
comme les Provinces-Unies- élaborent une nouvelle formule d'affaires
avec les Canaries. Régulierement des marchands ambulants
canariens, a la fois exportateurs des vins de vidomie (<<vidueño»),
parcourent les centres cornmerciaux septentrionaux (particulierement
Anvers, Rotterdam et Amsterdam) a la quete de bailleurs de
fonds. Sous forme de contrats ala grosse aventure, ils leur empruntent
des capitaux aussitót convertis en cargaisons, composées essentiellement
de textiles et d'outils et transportées vers l'archipel dans
des bateaux affrétés en Hollande OÚ en Zélande. Lors de leurs orunées,
ils engagent de temps a autre de jeunes adolescents recrutés
moyennant un contrat de service comme gar90ns de comptoir a la
disposition d'un commer9ant insulaire. En apprenant le métier, ces
stagiaires continueront parfois aexercer, pour leur propre compte, la
meme besogne itinérantel .
1. LE DEMARRAGE: DV STAGE AV MARIAGE
A la diférence des files de maisons notoires d'Anvers, qui émigrent
temporairement aCadix, aLisbonne our aiUeurs pour s'y perfectionner
dans le cornmerce de gros, ces serviteurs sont d'une
origine sociale plutót moyenne et meme modeste. En 1.669, ayant
l'áge de 14 ans, Jan Janssen Verscuren,né aAnvers probablement
comme fils unique de Joannes Verschueren et de Eva Sebastiaens,
s'embarque aOstende adestination de Gran Canaria pour assiter
dans la maison cornmerciale du capitaine Juan Ramón. De passage
aAnvers en 1686, il Ylaisse attester cornment ses parents ont tou-
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jours dü se peiner et vivre de ménage2• Sa mere illétrée se voit méme
attribuer une rente viagere annuelle de 30 florins, allocation sommaire
équivalente d'une soixantaine de salaires joumaliers3 •
Apres son apprentissage, J. Jansen Verscuren va s'installer en
1676 a Tenerife, sans doute pour y monter sa propre affaire. A La
Laguna, il épouse en 1681 Mariana Lesur de la Torre, un bon parti
qui, avec ses seize ans, a dix ans de moins que son mari. Celle-ci est
l'avant-demiere fille, née des secondes noces (1646) de Miguel
Francisco, marchand aisé, et de Mariana Lopez Guerra. Un fils du
premier lit, parti aux Indes en 1660, a déja décédé; trois autres gar~
ons et une fille, tous entrés aux ordre, sont devenus respectivement
Dominicains, sacerdote et religieuse; deux filles finalement ont contracté
mariage avec des militaires de carriere4 • De cette maniere, le
beau-fils flamand restera seul a garantir la continuité mercantile de
la branche Lesur, qui a manifestement réussi dans les affaires. En
effet, la fortune réalisée par le marchand canarien se dégage beaucoup
plus des acquétes accumulés lors du demier mariage que de
s'expliquer par les dots apportés par ses deux épouses5 •
L'avancement, offert en guise do dot a J. Jansen Verscuren,
revient d'une part a faciliter sa besogne de commereyant en lui promettant
la moitié de la maison patemelle. Dans la pratique, cette
habitation, sise dans les Calles Reales dans la paroisse de Nra Sra
de los Remedios -la cathédrale actuelle- se partage avec les
mariés, ce qui inspire certainement de la confiance a la clientele
marchande. D'autre part le geune couple de voit bien installé en
ustensiles de ménage (ajuar: ropa blanca y de color... ), en
mobilierde décoration (alhajas: cuadros, sillas ... ), tandis que
les bijoux (prendas de oro y plata) de la femme constituent a
la fois une parure et un fonds de réserve. A ce trousseau d'une valeur
de 7.000 réaux, s'ajoutent encore les 1.500 pesos escudos que le
beau-fils re~oit a titre de capital de lan~age6.
Devenu plus tard un négociant aisé, J. Jansen Verscuren engage
(vers 1695?) a son tour Juan Pedro Dujardin, alias del Jardin, également
natif d'Anvers, et qui va l'assister a Tenerife durant «muchos
años en sus dependencias y libros... y en mi cassa» avec un appointement
annuel de 100 pesos escudos? Celui-ci s'y mariera en premieres
noces (1705) avec une niece a sa patronne.
Plus obscures restent les origines de Nicolas Mustelier le vieux
(sr), originaire de Valenciennes, centre linier réputé du Hainaut et
conquis par Louis XIV en 1677. Des cinq fils de Pedro Mustelier sr,
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deux restent dans leur ville natale, tandis que Carlos s'installe a Rotterdam;
par contre, deux freres, Francisco sr et Nicolas sr émigrent
aux Canaries, quoique dans des circonstances inconnues8• La prospérité
des parents se dégage du montant de la succession, s'élevant a
22.500 florins. Cependant, lors de son déces en 1681, la part de
Nicolas Mustelier sr (4.500 fl = 15.000 réaux) ne lui a pas encore
échu en héritage, de maniere que ce marchand fortuné n'ajamais pu
compter sur cette ressource intérimaire9 •
Vers 1654, Nicolas Mustelier sr épouse Juana Vigot (Bigot),
filIe de Claudio (le majeur), originaire de Rouen en Normendie et
également immigré aux Canaries. Plus tard, Pedro de Roo devient
beau-frere par son alliance avec Ana-María Bigot. Nous ignorons
presque tout de la fortune et du statut social des beaux-parents.
Cependant, des biens dotaux lui promis, Nicolas sr n'avait re<;u «...
esepto algunas rayses, un tributo de quatro fanegas de trigo... y algunos
muebles y semobientes», c.a.d. point d'argent liquidelO •
Encore plus mystérieux se révele la carriere de Juan de Esquinarte,
originaire de Nieuport en Flandre, fils de Juan Schenaert et de
Jeanne Vurquerque (Moerkerke ?) et décédé a La Laguna en 1695.
Quelques années plus tót, il y avait contracté mariage avec Francisca
Machado, qu'il laisse maintenant enceinte et avec deux
filIes mineures11.
2. LA REUSSITE: ADOPTER LE REGIME CANARIEN
2.1. Le commerce d'approvisionnement
Comment donc ces irnmigrés réussissent-ils a se tailler une fortune?
Le négoce leur sert de levier a l'ascension matérielle et sociale.
Installé a Tenerife, Nic. Mustelier sr y forme d'abord compagnie
avec Pedro Bardonas et cela pensant huit ans (1667-75). Ensuite, a
partir du mariage du fils ainé Pedro, celui-ci devient son partenaire
et y géra de plus en plus les affaires. Apres la mort du pere, la veuve
Juana Vigot continuere a assiter son filS 12 •
A La Laguna, la firme Mustelier exploite continuellement une
boutique, offrant un assortiment de marchandises non-spécialisé. Au
début de 1680, Nicolas re<;oit de l'huile, des sardines et de la mome
seche en provenance de Madere. Apparernment il n'est pas le seul
distributeur, puisque vers la fin de 1675 son beau-frere Pedro de
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R0013, originaire d'Anvers et également établi aLa Laguna, se voit
débarquer de la viande salée, du beurre, des bougies et des cuirs tannés,
chargement importé d'Irlande14 •
Logiquement les Pays-Bas, et sur place de préférence des
parents, jouent un role important dans les opérations. Durant des
années, Nic. Mustelier sr entretenait des relations d'affaires avec
son frere Guillaume aValenciennes et ensuite avec sa veuve Marguerite
Cauchon, en leur remettant des «frutos y efectos desta ysla»
-sans doute des vins. Faute d'une bonne comptabilité, la bellesoeur
se voit compensée d'un legs de 4.000 réaux de la part de la
firme Mustelier. Un autre frere, Carlos sr, établi a Rotterdam,
envoie lui-aussi des marchandises aTenerife. Guillaume Pedy, également
de Rotterdam, expédie des cordage aPedro Mustelier jr qui
lui remet a son tour des vins de malvoisie15 •
A part des multiples contacts interinsulaires, Tenerife entretenait
en outre des relations avec les archipels atlantiques voisins,
avec la cote saharienne, ainsi qu'avec la Basse-Andalousie. Afin
d'économiser les frets, les marchands prennent parfois des parts de
navire. Ainsi Nic. Mustelier sr partage la propriété de la barque
«San Cayetano» avec Ant.o Álvarez, bourgeois de Santa Cruz. Ce
navire se perdra sur la cote de Barbarie. Le sixieme part du vieux
bateau «el Perendege» se termine en échouage volontaire: son partenaire
Juan de Salas ayant récupéré artillerie, mature et voilure,
Mustelier se contente de la carcasse pour la démolir16 • Par contre, J.
Jansen Verscuren se limite en 1704 aun investissement passif sous
la forme de bomerie. Afin de financer les réparations, Bart. Pequeño
du Puerto de la Cruz, greve son navire d'un hypotheque de 4.000
réaux. L'intéret se mesure en fonction du trajet: 120 rs pour le cabotage
de port aport, le double pour un voyage aller-retour dans l'archipel
canarien et 640 rs pour le long-cours17 • La crise commerciale
qui sévit aux Canaries au début du XVIIIe siec1e, ne justifie certainement
pas un engagement maritime plus concreto
2.2. Les marchands ambulants
Au cours de la décennie 1680-90, le port de Rotterdam devient
en quelque sorte la plaque toumante pour les toumées d'affaires que
quelques marchands canariens entreprennent régulíerement vers le
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Nord. J. Jansen Verscuren y séjourne durant l'été de 1686. D'abord
il y affrete a raison de 525 florins par mois, la buse «La Gertruyde
de Bordeaux» (cap.ne Jean Maz-ieres de Bordeaux), appartenant aux
négociants-armateurs locaux Paulus Croes et Anthoine van Wecelen;
ce dernier, ayant résidéjadis (vers 1670) a La Laguna, se porte
garant de l'opération. A l'aller, le navire importera des marchandises
a Tenerife (Port Sanct Kruys = Puerto de la Cruz) pour en
retourner avec des vins nouveaux. Eventuellement, si la vendange se .
faisait attendre, le bateau devrait aller charger du sel aux Hes du Cap
Vert (<<Soute Eylanden»). Ensuite, disposant d'un moyen de
transport, J. Jansen Verscuren signe plusieurs emprunts a la grosse
aventure, sous forme de produits manufacturés luis consignés par
divers bailleurs de fonds de Rotterdam, en majorité des négociants:
Abraham Wijnants (2.259 fl); Clara Specx, épouse du marchand
anversois Antony Moermans (1.888 fl); Anthony van Wechelen
(800 fl); Charles Mustelier (620 fl), frere de Nicolas, établi a Tenerife
et possiblement veau-frere du precédent, puisque marié avec
Anna-Maria van Wechelen; Marcus Baelde (1.000 fl), commis a la
douane; Cornelis Blieck (747 fl) et Charles Hogel (204 fl). La
«bodemarye», augmentée de la prime de 22 ou 25%, couvre également
les risques des retours a efectuer soit en argent liquide,
soit en marchandises18 •
Pendant l'hiver précédent (1685-86), Charles Mustelier avait
déja hébergé le gendre de son frere Nicolas, notamment Matheo de
Palacios, qui avait accompagné Francisco Mustelier (frere et neveu
de Charles) a Rotterdam19 • Finalement, vers la fin de 1690, J. Jansen
Verscuren retournera a Rotterdam, en passant par Anvers20 •
2.3. Le vin: du négoce a la production
En échange des produits de consornmation, les Canaries exportent
les vins du terroir. En 1689, J. Jansen Verscuren consigna une
cargaison de 38 pipes de vin de malvoisie, de vin de «vidueño» ainsi
que de l'eau-de-vie a la négociante Anna-Maria de Roy, veuve de
Mathijs van Wechelen; a Rotterdam, la vente aux encheres rapporte
5.064 fl. net. Deux négociants flamands établis a La Laguna, Pablo
Dubois et Juan Squinart, expédient en 1681 du «vidueño» a Danzig21
• A partir des années 1680, le débouché anglais, manifestant
une prédilection corissante pour les vins concurrentiels de la pénin-
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sule ibérique, était en pleine régression. Lorsque la guerre de succession
d'Espagne éclate, les marchands hollandais, hambourgeois et
particulierement fran~ais établis a Tenerife, essaieront vite de se
substituer aux résidents britanniques22 • Déja enjuin 1701, un lobby
de négociants-exportateurs soutient un proces contre l'administrateur-
général des droits atTermés «sobre los derechos que pretende
de los vinos que se embarcan para fuera de esta isla». La
coalition d'intéréts se compose de Pedro Mustelier jr, Nicolas
Beeltsnyder et German Henriquez Wahn -respectivement consuls
de la nation marchande fran'1aise, hollandaise et hanséatique-, des
Flamands Juan Jansen Verscuren et Juan Antonio Moermans ainsi
que des Canariens Juan de Zarate et Pedro & Bartolomé de Cassabuena
porte-parole de leurs collegues23 • L'importance de la présence
flamande dans cette branche se mesure encore davantag~ lorsqu'on
apprend que la dime du vin este affermé a des «arrendatarios flamencos
», notamment le trio J. Jansen Verscuren, J. a. Moermans et
J. P. Dujardin24 •
Cependant, la position fran'1aise ne se renforecera point, puisque
les Anglais, moyennant des batiments camouflés sous pavillon
neutre et des compensations aux fonctionnaires espagnols, continuent
a apporter des textiles et des denrées en échange de malvoisie
et d'argent américain25 • En effet, durant la guerre, devant la pénurie
des vivres, les marchands britanniques for~aient l'approvisionnement
de l'archipel en comestibles, taxés seulement d'un «derecho de
contrabando» de 7%. Assez vite, l'autorisation s'étendra aux marchandises
qualifiées d'illicites. Derriere cette contrebande légalisée
figurent Bernardo Valois, alias Walsh (163-1727), commer~ant
irlandais a La Orotava, ainsi que Juan Ant.° Moermans, qui a donc
changé de camp pour besoin de cause. En 1710, en pleine disette, J.
A. Moermans et Thomas Maguier, tous deux de La Laguna, obtiennent
du roi l'abrogation des prix imposés sur les comestibles importés
de l'étranger26 •
Franchir le saut du commerce a la production se fait facilement
par l'achat de vignobles. En 1693, Pedro de Roo cede a son fils
majeur Matheo Bartolomé «una heredad de viña de vidueño, cassa y
lagar y bodegas». Ce domaine, situé sur le territoire de Tacoronte,
appartenait au feu Matheo Velasco, mais fut hypothéqué en faveur
du marchand flamand en raison des 1.000 ducats, dépensés par lui a
son aménagement. La meme négociant vend, en 1696, a son homologue
Luis Dancaeert, domicilié a Santa Cruz, une propriété locali-
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sée «en el pago de Geneto» et composée d'un vigne de «vidueño»
(ca 50 ares) et de terres en friche (ca 70 ares) et pourvue d'une maison
de campagne, d'un pressoir, d'arbres fruitiers et de figuiers, le
tout au prix de 4.362 1/2 réaux27 •
Si de telles exploitations viniferes peuvent etre a la fois des
domaines de plaisance, le contrat d~ métayage, que J. Jansen Versuren
passe en 1703 avec L. Rot Lindo del Puerto de la Cruz, fermier
d'un vignoble a La Orotava, vise certainement a lui fournir du vin
commercialisable. Par pénurie de fonds de roulement, l'exploitant
cede la moitie d'une vendange au fermier partiaire, qui se chargera
de toute la production, depuis la vigne jusqu'au chaF8.
D'autres se spécialisent dans les «caldos», tel que Juan Squinart,
alias Schenaert. Lors de son déces en 1695, il était en train de
se faire construire une maison dans la Calle Real a La Laguna et
pourvue de deux «calderas para distilar aguardiente». D'ailleurs sa
réserve se constitue d'une centaine de ruts avec du vin de vidomie,
de l'huile et de l'eau-de-vie29 •
2.4. Le trafic aux Indes
Pour les Canarles, le cornmerce des Indes était d'un intéret
vital, particulierement pour y écouler le surplus de ses vins et fruits.
Cependant, ce trafic camouflait souvent la contrebande de marchandises
étrangeres, transbordées dans les ports de l'archipel. Des autorisations
répétitives limitaient le contingent canarien a600 tonneaux
(1664-86), dont la moitié attribuée a Tenerife. Puis, a partir de
1688, le tonnage global augmentait jusqu'a 1.000 tonneaux30 • Ces
tonnages, ainsi que les indications concernant les navires individuels,
doivent se concevoir toujours en termes de chargement utile apres
jaugeage, d'ailleurs souvent truqué.
Puisqu'en principe les étrangers restent exc1us du trafic des
Indes, un premier procédé semi-légal consiste dans la vente acrédit
moyennant prime au capitaine et/ou aun «cargador» du navire de
registre; la seconde méthode, prohibée celle-ci, revient a la consignation
intégrale des marchandises a des subrécargues pour compte
et risque des participants intéressées ala cargaison31 • Les inconvénients
des deux systemes se manifestent dans les arriérés, régulierement
réc1amés par la médiation des fondés de procuration. En 1682,
Pablo du Bois, négociant flamand établi a La Laguna, autorise le
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capitaine Lorenzo Rodriguez Lindo du Puerto de la Cruz arecouvrer
les 1.500 réaux, lui dus par Alonso Gamboa, bourgeois de la
Havane32 • En 1695, J. Squenart réc1ame toujours 2.000 rs de la part
de Bernardo de Fau (Dufau), qui lui aurait du faire des retours pour
un montant de 600 (pesos) escudos33 •
Lorsqu'en 1697, la minuscule frégate «S. José, S. Francisco
Xavier yS. Guillermo (15 tx) quitte Puerto de la Cruz adestination
de Santo-Domingo, J. Jansen Verscuren a confié au capitaine Gregorio
Dávila Marroquin (He de La Palma), de compagnie avec
Joseph Viera, marchand ambulant de La Havane, une cargaison
d'une valeur quitte arisques de 10.787 réaux. Trois ans plus tard, il
donriera mandat a trois personnes différentes d'en percevoir la
dette34 •
Un méthode plus efficace était de s'approprier -du moins
temportairement- un navire pour faire la navette aux Indes. En
meme temps, le mécanisme laisse entrevoir comment les négociants
étrangers de Tenerife sinfiltrent dans le trafic colonial. En 1697,
Andres de Asoca, propirétaire et capitaine du bateau «S. Cristo de
La Laguna y Nra Sra de Candelaria» (105 tx) se trouve accablé
d'une dette énorme de 31.447 (pesos) escudos, dont 1.109 redevabIes
aJ. Jansen Verscuren. Les principaux créditeurs, tous des marchands
de Santa Cruz et de La Laguna, a savoir -par ordre
d'importance- J. M. Delgado, B. de Fau et J. de Zarate, ainsi que
leurs suppléants J. Jansen Verscuren, Pedro Mustelier et L. Pereira,
s'organisent en consortium. Disposant du navire pour un terme de
cinq ans, ils financeront le premier armement aux Indes grace a la
vente d'une partie de bois de teinture (campeche), mise en entrepót
et leur cédée par le capitaine; la restant de la vente sera investi dans
une cargaison de vin et d'eau-de-vie. Le reliquat de la dette s'amortira
araison de 10% d'intéret par campagne. Finalement, le consortium
prépose trois administrateurs-cargadores a la supervision des
opérations a Campeche et a La Havane35 •
Une transaction presque analogue se déroule en 1699. De nouveau,
J. Jansen Verscuren et Pedro Mustelier jr font partie d'une
association composée de participants tant actifs (Tenerife) que passifs
(La Palma). Ce contrat-ci ne differe du précédent que par le forfait
de 400 escudos par expédition, attribué au capitaine Bernardo
Nieto en guise de compensation alimentaire, tandis que .'«administrador
que conavigare y corriese con sus fletes y aprovechamientos
», notamment F. Hernandez Martines de La Havane, touche une
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L 'Hispanisation d'une bourgeoisie mercantile: les immigres... 153
solde de 1.000 escudos par campagne. Le navire, nommé «Ave
Maria» alias «la Chata», d'un tonnage oscillant entre 75 et 103 tonneaux,
figure a plusieurs reprises dans les listes a destination de
Cuba36 • Cette combina nous mene aun trafic aux Indes presqu'entierement
régularisé depuis les Canaries moyennant des agents
salariés.
Cependant, la formule idéale pour les investisseurs étrangers
était de pouvoir se fier a des parents canariens pratiquant le commerce
colonial. Dans ce sens, le clan des Mustelier jouit d'une relation
privilégiée, puisque Nicolas Mustelier sr avait marié sa fille
majeure, Marianne, au capitaine canarien Matheo de Palacios y Saldurtun,
tres actif dans la navigation vers la mer des Antilles. Etant
copropriétaire (avec le marchand Simon de Herrera Leiva) du
bateau «Sta. Ana y S. José» (90 tx), M. de Palacios entreprend en
1680 un voyage aCuba, en combinant les fonctions de capitaine et
de subrécargue. Dans la cargaison d'aller -composée essentiellement
de vin, d'eau-de-vie et accessoirement de cire et de taffetasparticipent
entre autres les deux associés précités, le beau-pere et le
beau-frere (Nicolas sr et Pedro Mustelier jr) du capitaine, ainsi que
deux amis d'affaires aeux, notamment le flamand J. B. del Campo
(Santa Cruz) et le hollandais Gerardo Grasuisen. Au retour, son
partenaire Herrera re<;oit des cuirs verts et tannés, du tabac, du
sucre et du bois de teinture37 •
L'année suivante, en 1681, M. de Palacios cornmande le «S.
Salvador y S. José» (maestre Pasqual Ferrera), un navire de registre
exceptionnellement destiné ala Veracruz38 • Dans ce vaisseau, baptisé
-a confusion- aussi «S. Salvador y S. Joseph» et d'un tonnage
mercantil d'ailleurs ouvertement contesté (100 ou 160 tx), le gendre
et le beau-pere se partagent la propriété; Nicolas sr s'y réserve le
quart, investissement qui s'éleve a5.532 réaux, y compris 18 pipes
de vin et le produit du fret. Manifestement l'association s'est compliquée
par apres, puisqu'en 1687 les héritiers du marchand wallon décédé
pendant que la campagne fut en cours- s'en remettront a
leur oncle, le négociant flamand Pedro de Roo, pour artibrer un
compromiso Puisque le vaisseau touchera également a Santiago de
Cuba, le pere Mustelier en profita pour embarquer son fils Nicolas
jr. Scénario prévu ou non, celui-ci s'y installe définitivement et se
mariera pour devenir ultérieurement bourgeois de Santiago. Lors de
son voyage d'émigration, le jeune Mustelier s'était vu consigner plusieurs
lots de marchandises pour les écouler a Cuba. Son pere lui
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avait confié une pacotille plutót exquise d'eau-de-vie, de poudre a
canon, de cuirs de Cordoue, de cadenats, de conserves et de sangde-
dragon. Puisque Nicolas jr se fichait de son mandat et ne présentait
jamais de comptes, ni de la vente ni des frets, l'opération se
soldait par une perte de quelques 4.500 réaux39 •
En 1683-84, M. de Palacios entame une expédition de grande
envergure. A condition de transporter a l'ile de Santo-Domingo un
contingent de cent familles d'émigrants avec une frégate d'une capacité
inusitée (430/440 tx), le roi lui concéde le registre pour la Veracruz,
meme si le tonnage global autorisé aux Canaries serait ainsi
dépassé. En contradiciton avec l'arrangement d'importer exclusivement
«frutos de Canarias (los caldos)>>, ce batiment énorme (560
tx), de construction étragnere et aussi -a confusion- baptisé «S.
Salvador et S. Joseph», se fait prendre en fraude flagrante en débarquant
des textiles a la Veracruz. Par apres l'infraction sera exploitée
par le Consulado de Sevilla pour suspendre les campagnes de l'année
suivante40 • Pour cette campagne, la maison mortuaire de Nicolas
Musetlier si ainsi que son frere Francisco sr, établi a Gran
Canaria (<<vecino de Canaria») se portaient solidairement caution
pour le capitaine M. de Palacios a raison de 12.000 rs, somme
empruntée par celui-ci en guise de bomerie a Fr. de Matos41
•
Les fils, nés en territoire espagnol de peres étrangers (<<genízaros
» ), jouissent du statut juridiquement ambigu de «naturales». De
ce chef ils sont généralement tolérés dans le commerce colonia142 •
Nous avons déja vu Nicolas Mustelier jr s'expatrier vers Santiago de
Cuba. A un moment indéfini -peut-etre entre 1681-83- Francisco
jr. son frere cadet, rapporte de La Havane cinq caisses de sucre (146
pesos) a ordre de son pere. Lorsque Pedro Mustelier jr aura repris la
direction de la firme, Francisco jr fait route vers Campeche a bord
du «Popa asul». Lilbas, au Yucatan, on dispose de bons correspondants,
notamment les freres Manuel Gregorio et José Vigot de Villareal,
oncles du cóté materne143 •
En 1697, Matheo de Palacios quitte définitivement les affaires
maritimes. Nornmé gouverneur de la ville de Santiago de Cuba, il
fera la traversée, accompagné de son épouse Mariana Mustelier, il
bord de la petite frégate (25 tx) «Nta Sta de Guía», commandée par
son beau-frere Francisco jr. Celui-ci va surement essayer d'y rattraper
une dette ancienne (1.128 pesos) de la part de son frere ainé
Nicolas jr44 • -
Manifestement Mustelier marche donc sur les traces de son
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beau-frere. En 1701-02, il prépare a Gran Canaria une expédition
vers Santiago de Cuba. Afin d'y pouvoir armer la minuscule frégate
«Nra Sra de la Concepción y S. Jorge» (16 tx), les frees Casabuena
de La Laguna lui pretent 232 pesos escudos sur bomerie, somme lui
avancée a Las Palmas par le négociant J. Th. Cigala45 •
3. LA CREOLISATION: PRESERVER ET ETALER
LA FORTUNE MERCANTILE
3.1. La consolidatíon du patrímoíne
3.1.1. La fortune et les investissements
Les testaments, mentionnant d'une fac;on complete et circonstanciée
les possessions d'un négociant agonisant, ne sont pas nombreux.
Rarement, en cas d'orphelins mineurs ou de litige parmi les
héritiers, les biens seront inventoriés. Surtout un marchand fortuné
cache souvent la succession en rédigeant un testament dos et sous
seing privé. Pour une raison identique J. Jansen Verscuren cache
dans son testament «los vienes que traje de capital a (mi) matrimonio
y los ganaciales que en el e adquirido.» 11 se réfere a une
mémoire, faisant partie intégrale de ses demieres volontés et confiée
aun de ses exécuteurs testamentaires, son beau-frere l'abbé Salvador
Lesur de la Torre. Celui-ci conserve également le répertoire des
créances et des dettes mecantiles de maniere que nous ignorons
presque tout du personnage46 • Ce n'est qu'un débutant comme Juan
Squinart qui nous dévoile sommairement les «bienes comprados
durante mi matrimonio». Les acquets de ce négociant en vins se
composent d'une maison en voie de construacción et de la maisonetteadjacente,
situés dans la Calle Real a La Laguna. A la campagne
-a Tegueste et dans la vallée de Tabares- paissent encore
quelques bétes bovines47 •
Gnlce a la combinaison heureuse de deux testaments exceptionnellement
détaillés et d'un état des biens, nous sommes en
mesure d'évaluer et d'analyser la fortune accumulée par les conjoints
Mustellier-Bigot (cfr. le taleau en annaye). Cet inventaire
rédigé ala fin de 1696, résume essentiellement la situation financigre
ala mort de la veuve, décédée il y a quatre ans. Les discordes
entre les enfants ainés et surtout avec le gendre M. de Palacios, ont
retardé le reglament de la succession.
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156 J. G. Everaert
réaux %
1. Biens-fonds {irnrneUbles (rnaisons, chais)
terriens (vignes, champs)
2. Tributs {cens principaux
rentes (arriérés)
3. Biens-rneubles {part de navire
rnobilier & ustensiles
4. Dot & legs (bijoux & argenterie)
5. Dettes actives (créances & hypotheque)
6. Héritage a Valenciennes
63.965,5 44,45
10.005 6,95
13.331 9,26
11.303 7,85
5.533 3,84
3.931 2,73
12.500 8,69
23.349,5 16,23
143.918
31.875
175.793
La fortune de Nic. Mustelier, réalisée aux Canaries, s'éleve
presque a 144.000 réaux. Si on en déduit l'apport dotal de son
épouse (10.388 rs), les acquets matrimoniaux totalisent la sornme
de 133.530 rs. Par contre, si Nicolas sr aurait pu investir aTenerife
son héritage (volontairement ?) bloqué a Valenciennes, le patrimoine
conjugal se chiffrait au montant arrondi de 175.800 rs. Ainsi
le capital accumulé par le négociant d'origine wallone aurait atteint
le tiers du niveau de la fortune du richissime J. Th. Cigala,
marchand-banquier de Gran Canaria48 •
Un peu plus que la moitié du patrimoine est investie dans des
. biens immeubles. Dans la Calle de los Herradores aLa Laguna se
trouve la maison principale, originalement construite par Nic. Mustelier
sr et embellie par apreso Promise lors de son mariage a
Mariana, la fille ainée, elle devient l'habitation du capitaine Matheo
de Palacios. Au coin de la meme roe et de la roelle qui coupe la Calle
de Savala (alias Zevallos) le négociant se fait batir une seconde
demeure prestigieuse, pourvue d'un arriere corps de chais. Marié et
devenu compagnon de son pere, le fils ainé Pedro Mustelier s'y installe
également et laisse aménager l'hóte149 • tout pres, dans la roe de
Saballos précitée, se trouve 1.!ne troisieme propriété, beaucoup plus
petite et achetée jadis par Cl. Bigot le vieux au nom de son gendre.
Deux autres logis contigus s'achetent «en el lugar y puerto de Santa
CruZ» (de Tenerife), faisant l'angle de la Place du chateau principal.
Elles sont louées ensemble, a raison de 5 a 600 réaux par an, au
commenfant d'origine fran(faise Bernardo de Fau.
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La «Casa Mustelier» ti La Laguna (C. herraderos, 57), originalement construite
par Nicolas le vieux, aménagée par son jils ainé Pedro Mustelier et embellie ultérieurement
(1739 ?).
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158 J. G. Everaert
Abstraction faite de quelques terrains vagues (44,5 ares), les
propriétés terriennes se constituent d'une part d'une paire de champs
de blé, d'autre part et surtout d'un domaine vinicole, situé «en el
pago de Tacoronte donde dizen Los Alamos». Ce manoir modeste
(1,81 ha), apporté en dot par J. Vigot, comprend «una viña de
vidueño... y la casa... con su colgadizo, bodega y lagar».
Les cens tributaires représentent quasi le dixieme de la fortune.
Cependant, puisque les redevances se sont considérablement arriérées,
la rubrique globalisée des titres et des rentes dépasse les 17%.
Cela signifie que l'ensemble des investissements du type foncier
absorbe plus que les deux-tiers de la fortune, ce qui est tout-a-fait
symptomatique pour une bourgeoisie marchande arrlvée. D'ailleurs,
dans une société insulaire ou le secteur agraire prédomine, malgré
que la superficie arable soit limitée, l'intéret pour les terres a défricher
et/ou irriguées est significatif. En 1672, Nic. Mustelier sr
achéte pour son fils ainé Pedro une «finca... en el riego de Texina»
(terre rriguées de Tejina), exploitation transférée par le beau-pere de
ce dernier, Claudio Bigot jr. Ensembles, les doux Mustelier ont
acquis, abas prix (500 rs), une «huerta de tierra y arboles frutales
junto de la mina de agua...». Puisque Pedro s'est chargé seul des
réparations urgentes, tant aujardin qu'a la maison et la cuisine, son
pere lui désigne comme propriétaire unique. Pedro jr agrandira
encore, en 1687, sa propriété a Tejina par une «guerta y tierra
calma... con su agua de riego...» d'une valeur de 400 rs50 •
Le testament clos de J. Jansen Verscuren ne nous apprend rien
de ses propriétés. Probablement, en tant que successeur dans le
négoce de son beau-pere, il a occupé définitivement «las casas de
nuestra morada con su bodega» que M. F. Lesur de la Torre sétait
fait batir dans la Calle Real, actuellement la calle San Agustín a La
Laguna. D'ailleurs, selon le dot, la moitié de la maison fut déja promise
a sa fille5!. Par le jeu des manages expliqué plus loin, cette
demeure arrivera finalement entre les mains de G. S. Van den
Heede52 •
3.1.2. La prévention du capital
Continuellement, les négociants -tant canariens qu'étrangers-
se prémunissent contre le fractionnement de leur patrimoine.
Pour les enfants destinés aux ordres, on s'arrange pour qu'ils renon-
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L 'Hispanisation d'une bourgeoisie mercantile: les immigres... 159
La «Casa Van den Heede» ,construite vers 1650par Miguel Francisco Lesur de la
Torre, occupée entre 1681-1705 par le marchandjIamand Juan Jansen Verscuren
et actuellement le patrimoine de la famille Gutiérrez de Salamanca y de
Ossuna.
cent aleurs «legitimas» moyennant un legs pieux d'ai leurs assez
restreint, consenti a propos des voeux.
Le mariage d'une filIe par contre exige un dot dont la valeur et
le contenu dépendent de l'importance du parti contracté. Normalement,
si le beau-fils sort du milieu des affaires, on lui promet (<<carta
de promesa») la moitié de l'habitation patemelle. En attendant l'héritage,
les mariés bénéficieront de l'usufruit de cette demeure qui,
généralement, abrite aussi le comptoir commercial. Cette formule
s'applique a J. Jansen Verscuren qui recevra «la mitad de las
casas... de nuestra bibienda». Si la fortune le permet, on offre une
maison entiere. Tel fut le cas de Palacios. Un rousseau forme l'autre
composante du dot, qui se constitue d'une part d'argenterie et de
bijoux féminins, d'autre part de meubles, de linge de maison et d'ustensiles
de ménage.
Le contrat du mariage (<<carta dotal») est passé devant notaire et
stipule minutieusement le dot (<<capitulaciones dotales»), puisqu'il
sera mis en compensation lors de la répartition des biens de l'héritage.
Exceptionnellement le futur époux, en acceptant les condi-
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160 J. G. Everaert
tions, apporte des arrhes. Ainsi, en 1705, Juan Pedro Du Jardirt
-assistant flamand de J. Jansen Verscuren qui lui a promis sa niece
garnie d'un dot de 20.000 rs, y compris une maison entiere qui
remonte a son grand-pere- apporte 5.000 réaux «en arras propter
nuptias», somme représentant la dixieme partie de ses biens déja
tres considérables53 •
Quant aux fils, parfois le pere les soutient au début de la
carriere mercantile en faisant des avances de fonds sur l'héritage.
Lorsqu'en 1660 Miguel Francisco Lesur jr, l'homonyrne du marchand,
part pour les Indes, il amene un petit capital de 3.100 rs en
guise de débours sur la succession54 • Par contre, jusqu'a sa mort,
Nic. Mustelier sr n'a rien donné a aucun de ses quatres fils «a
quenta de sus lexitimas»; seulement Pedro jr, l'ainé et futur successeur
dans la firme, a pu partager la demeure paternelle, en meme
temps siege de la compagnie. Apres le déces de son pere, Pedro jr
invite la justice a dresser un inventaire des biens patrimoniaux, dont
il sera ésigné dépositaire au nom de sa mere qu'il prend a sa charge.
Cet arrangement temporaire provoque cependant le mécontentement
du beau-frere M. de Palacios, qui, malgré sa situation favorisée,
luis intente un procéS55 •
3.1.3. Le patronage matrimonial
Ordinairement, les immigrés ont épousé une filIe soit canarienne,
soit déja hispanisée. Pour leurs enfants, ils choisissent possiblement
un bon parti. Ainsi Nic. Mustelier sr donne sa filIe unique
en mariage a M. de Palacios, un capitaine-trafiquant tres promettant
dans la navigation aux Indes. Son ils ainé Pedro jr, qui reprendra la
firme paternelle, reserre les liens avec les Bigot en épousant une
niece a sa mere. En outre, la marchand flamand Pedro de Roo,
beau-frere de sa mere, est déja devenu oncle par alliance.
Incontestablement J. Jansen Verscuren se révele comme le
champion des alliances combinées. Lorsqu'il épouse, en juillet
1681, Mariana Lesur de la Torre, avant-derniére enfant d'un marchand
aisé, il devient virtuellement l'unique successeur dans les
affaires, option confirmée par un dot important. Petronila, la filIe
cadette, toujours célibataire lors de la mort du beau-pere (1689), se
voit assigner par avance le tiers des biens paternels -en guise de dot
potentiel- a augmenter toujours du quint du résidu de l'héritage.
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L'Hispanisation d'une bourgeoisie mercantile: les immigres... 161
Toutefois, au cas de déces sans etre mariée, toute sa portion échoyerait
en héritage a sa soeur Mariana56 • Cette disposition laisse supposer
qu'elle soit receuillie effectivement dans la famille de J. Jansen
Verscuren. Quelques années plus tard, Petronila Lesur contractera
mariage avec Juan Antonio Moermans, un stagiaire anversois apparemment
intorduit dans le milieu canarien par J. Jansen Verscuren.
L'ancien collaborateur devient donc beau-frere. De cette alliance
naitra une filIe unique, María-Antonia.
Le ménage de J. Jansen Verscuren a également pris soin des
deux nieces a sa femme, Laura et Feliziana de Higueras Lesur, qui
ont déja perdu leur mere et dont le pere et un frere font de frequentes
absences en Amérique. Apres le mariage de J. A. Moermans, J. Jansen
Verscuren a engagé (vers 1695 ?) un demier assistent d'origine
anversoise, Juan Pedro Dujardin. Lors de la maladie de son patron,
celui-ci est devenu en quelque sorte un homme de confiance, tandis
que les nieces soignent la maitresse, également souffrante. Un
mariage d'inclination s'arrange en 1705 entre son protégé et Feliziana,
qui apporte d'ailleurs un dot important (20.000 rs), dont la
belle maison (7.700 rs) léguée par sa mere57 •
Le marchand J. Jansen Verscuren a eu plusieurs enfants (dont
une filIe), mais seulement trois fils lui ont survécu: Juan, JosephSalvador
et Miguel. En 1711, l'ainé épouse Maria de la O de Mesa
y Castilla, de souche noble, union d'ou naitra une filIe unique. A
premiere vue, aucun fils n'a été activement impliqué dans les affaires
du pere. Cependant, la seconde génération surgira dans le trafic
colonial avec le petit-fils Domingo Yansen y Osorio: en 1759 et de
nouveau en 1763, une frégate (126 tx) et un navire (218 tx) lui
appartenant, feront voyage vers la Havane et la Guayra58 •
Devenu veuf et sans enfants, J. P. Dujardin se remariera en
1720 avec Maria-Antonia Mormans, cousine germaine de sa premiere
femme et filIe unique du marchand flamand J. A. Moermans.
Cette alliance lui garantit la fortune des beaux-parents: quoique son
épouse meurt avant lui et sans descendance, elle laisse pleins pouvoirs
pour tester a son mari. Entretemps, celui-ci a déja invité (en
1725) sonjeune neveu, Guillermo Sebastian Van den Heede, originaire
d'Ostende, a lui rejoindre a La Laguna comme assistent afin de
se garantir un successeur dans les affaires. En 1737, ce dernier
entrera dans une bonne famille en épousant la petite-fille de J. Jansen
Verscuren. Quelques années plus tard, sa mere a elle, veuve
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162 J. G. Everaert
depuis 1722, consentira meme a convoler en secondes noces avec J.
P. Dujardin59 •
Ainsi le circuit matrimonial flamand s'est refermé: G. S. Van
den Heede devient le légataire universel des biens de son oncle, qui,
par le jeu des mariages, a su accumuler partiellement l'héritage des
Lesur de la Torre, la fortune entiere de J. A. Moermans et de J. P.
Dujardin, ainsi qu'une portion de la succession de J. Jansen Verscureno
Solidement ancré dans la bourgeoisie marchande canarienne,
ses propres biens immeubles dépassent les 80.000 réaux au moment
de la naturalisation en 1753. Néanmoins il pratique toujours le commerce
maritime avec Cuba et Cadix60 •
3.2. La mentalité du négociant arrivé
3.2.1. Les aspirations a l'intégration sociale
Le processus d'hispanisation se déroule successivement sur
devers domaines de la vie publique. Au sein des colonies marchandes
étrangeres, les négociants les plus éminents représentent leurs
communautés nationales. Ainsi Pedro de Roo obtient le poste de
consul-général de la nation flamande aux Canaries61 •
Au cours des anées 1686-88, Pedro Mustelier jr «por saber
hablar bien la vulgar castellana... y ser inteligente y perito en la
ynglessa», sert régulierement d'interprete a des capitaines anglais.
Par conséquent, au mépris d'etre de souche récemment francisée, il
exerce la fonction de vice-consul de la nation anglaise62• Assez logiquement
par contre, il occupera durant les années 1699-1706 le
poste de consul fran9ais, en disposant encore de quelques viceconsuls
dispersés sur l'archipeI63 •
Les immigrés J. Jansen Verscuren et J. A. Moermans sont revetus
du rang de capitaine du régiment des étrangers, incorporé dans
les milies insulaires. La seconde génération, tels que J. Jansen jr et
Pedro Mustelier jr, sont enróles en tant que gradés dans l'infanterie
ou la cavalerie de la province.
Au point de vue pragmatique, la portée d'une naturalisation
revient a l'autorisation de pouvoir trafiquer légalement aux Indes.
En 1684 déja, J. Jansen Verscuren entame une procédure quelque
peu prématurée, mais la sollicitation sera rejetée parce que les trois
conditions fondamentalement requises n'étaient pas encore remplies.
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Légende en bas du portrait du R. P. Salvador Lesur de la Torre y Guerra:
(~ ..fundador de la Ermita del Sr San Miguel, en Geneto... a la (fundación) ifue
concurrió el capitán Juan Yansen Verschüeren y Ems (sic)... capitan de regimiento
de forasteros de Tenerife•... noble caballero de Flandes. fundador de la
Casa de Yansen en Canarias. cuya representación lleva la noble casa de Van
Den Heeden de dicha isla.»
Casa de Ossuna - La Laguna (hommage de la part du Sr Enrique Roméu).
L 'écu de gauche remonte
d la branche flamande
des Van den Heede (hure
de sanglier noire sur fond
d 'argent avec un chef de
trois roses d 'argen sur
fond de gueules), ainsi
que le casque d 'argent
aux lambrequins avec son
cmier également de hurede
sanglier, flanquée
d Ílne ramure de cerf Il
n 'est pas exclu que le chevalier
(d 'or) capturant un
sanglier (de sable), marque
1'affiliation de la lignée
de Yansen Verschuereno
Nobiliario de Canarias 1.
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164 J. G. Everaert
Son ancien-protégé J. P. Dujardin n'éprouve, en 1728, aucune difficulté,
pas plus que G. S. Van de Heede (1753), l'héritier et successeur
de ce dernier64•
En dépit d'une paire de certificats émanant d'autorités anversoises
et invoqués par apres -volontairement manipulés ou interprétés
par erreur- comme justifications de noblesse, J. Jansen
Verscuren n'a jamais pu prétendre a une ascendance noble65 • Ce
n'est qu'avec l'arrivée, en 1725, de G. S. Van den Heede aTenerife
et surtout grAce ason mariage (1737( avec la petite-fille de J. Jansen
Verscuren, que la descendance de celui-ci pourra se ranger parmi les
lignées nobles. En effet, précédés en 1739 d'un enregistrement officiel
d'etre issu d'une famille illustre, des titres de noblesse authentiques
sont présentés par G. S. Van den Heede en 175166 •
3.2.2. Le style de vie du bourgeois-marchand
Le plus souvent, le marchand respecté habite des «casas altas y
sobradadas», c. a d. une maison a étage, généralement située dans
une me prestigieuse et commer9ante de La Laguna. Le rez-dechaussée
abrite, parfois rangés autour d'une cour intérieure, les
locaux d'une fonction essentiellement mercantile: la boutique -011
Nic. Mustelier sr conserve <<unas balansitas de tienda viejas»-, le
comptoir ou cabinet de comptabilité 011 sont installés deux «escritorios
maltratados» et 011 le marchand dispose d' «un marco viejo falta
de algunos pesos» pour vérifier l'argent -ensuite le magasin et finalement
un «bodega» ou chai, souvent bAti en annexe.
L'étage supérieur reste réservé a la vie familiale. L'inventaire
de la maison mortuaire du ménage Mustelier-Vigot nous donne l'impression
d'un intérieur avant tout fonctionnel67 • Dans la salle principale,
le mobilier, assez réduit et plutót monotone, se constitue d'un
grand buffet (venant du nord) et d'une grande table, de plusieurs
chaises de Moscovie et de quelques tabourets apeau de mouton, de
quatre miroirs agarniture, de trois chaneliers de bronze et d'un tapis.
La sobriété des chambres acoucher frappe encore davantage: une
literie élémentaire (draps, oreillers et coussins) ornée de couvre-lits
de camelot et de velours, quelques tablettes de bois d'ébene et de
pin, mais surtout toute une série de bahuts servant de garderobe,
ainsi qu'une caisse de bois de cedre. Sans doute, l'ameublement et,
des lors, aussi le confort- des appartements privés révele un
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L 'Hispanisation d'une bourgeoisie mercantile: les immigres... 165
aspect plutót austere, voire meme un peu démodé, puisque plusieurs
objets inventoriés sont qualifiés des termes «usado» ou «maltratado
». Ce phénomene s'explique partiellement par le fait que le dot
matrimonial contient presque toujours le mobilier élémentaire, le
linge de ménage, les ustensiles de cuisine et les couverts en étain,
ainsi que la garderobe particuliere de la mariée. Mariana Mustelier
se voit encore assez modestement installée avec un «ajuar o menaje
de casa y servisio para la cosina» de quelques 1.600 réaux. En
revanche, la future de J. P. Dujardin, adoptée dans la maison Jansen
Verscuren-Lesur, apporte plus que le sextuple en «ropas de bestir. ..
y estrado y cama de tafetan carmesi, ropa blanca del uso personal y
su casa, alajas para el adorno de la casa, cosas pertenezientes al trafico
y cozina... y trigo para su alimento» (9.734 rs )68.
Cependant, le gout d'ostentation ne manque pas aux marchands,
ni a leurs épous·es. L'intérieur e Nic. Mustelier sr se voit
décoré d'une collection remarquable -une bonne vingtaine- de
tableaux de tout genre. Les images religieuses -ainsi que le crucifix
encadré- sont nettement minoritaires, quoiqu'ordinairement plus
appréciées que les toiles typiquement profanes, représentant la
nature morte, des paysages, des portraits (dames, un flamand), une
maine et un sujet pseudo-mythologique. Par contre, la valeur globale
de cette petite galerie (256 rs) reflete un manque artistique. Signalons
encore la combinaison étrange d'une guitare (<<vihuela») et
d'une arquebuse.
Sans doute plus vaniteux que son collegue wallon: fut J. Jansen
Verscuren. Apres la tentative avortée de naturalisation (1684) et
une double cornmande a Anvers (1686 & 1688) de documents
pseudo-héraldiques, il se fit portraiturer (1689). Omé de son uniforme
de cérémonie de capitaine du régiment étranger des milices
insulaires, paré d'un plastron de dentelle et de manchettes brodées, il
pose dans un décor luxueux aux attributs d'un machand lettré. A la
fleur de l'age (34 ans), ce négociant arrivé a une expression mélangée
de fierté et de tenacité répandue sur le visage.
Le beau portrait de Mariana Lesur de la Torre se fait pendant
de l'image de son mari69 • Selon toutes les évidences, elle fut peinte
simultanéiment, done a l'age de 24 ans. Sa magnifique robe de
panier, fa90nnée de brocat d'or et aux manchettes ajourées de soie et
de dentelle, la main drotie reposant sur un livre et la main gauche
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<<(pintu)ra Ioannis Ianssen Verscuren Antverpiensis, Man'ane Lesur de la Torre
sponsi, effigies aetatis sue (pres)entes 34 annum. Anno 1689.»
Hommage de la pan de la Sra Ana María Gutiérrez de Salamanca y de Ossuna
(Santa Cruz de Tenerife/La Laguna).
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Mariana Lesur de la Torre, épouse canarienne du marchand anversois hispanisé
Juan Jansen Verscuren.
Hommage de la part de la Sra Ana Maria Gutiérrez de Salamanca y de
Ossuna.
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168 J. G. Everaert
tenant l'éventail, la taille fine, le décolleté gracieux, ainsi que le
visage légerement hautain, lui donnent une allure de noblesse.
D'une fa<;on voyante la jeune bourgeoise fait parade de ses
bijoux. Le sUr est qu'il s'agit des «prendas de oro y plata», comprises
dans son doto En effet, chaque mariée rec;oit, a titre d'anticipation
sur son héritage, une partie des joyaux familiaux. Ainsi la parure de
Mariana Mustelier se constitue d'un tour de cou en or, d'une croix
d'émeraudes, d'un collier et de deux bracelets de perles, de deux paires
de boucles d'oreilles d'or incrustées de perles et de deux bagues a
pierres précieuses.
A cóté des tableaux, l'argenterie, tout en décorant le mobilier, a
la fois étale l'aisance du négociant et lui sert d'une réserve capitalisable.
Souvent il s'agit de souvenirs de famille, transmis par voie de
dot ou d'héritage. L'épouse de J. P. Dujardin apporte 152 onces
(4,37 kg = 1.520 rs) de vaisselle plate: une paire de chandeliers, un
plateau a servir, des buires et des coupes, des couverts, une saliere,
etc. A son dot quelque peu similaire, Mariana Mustelier ajoute
encore une cuvette et une terrine, tandis que son frere Francisco se
voit partagé de l'argenterie (chandeliers, tasses unies et ouvrées,
ciseaux), un legs lui consenti par sa mere en reconnaissance de l'assistance
lui pretée lors de sa maladie mortelle70•
Conformément a son rang social, la bourgeoisie marchande dispose
de domestiques. La servante salariée, qui a asisté au ménage de
J. Jansen Verscuren, se voit récompensée de ses bons services et de
son dévouement par une gratification testamentaire. J. P. Dujardin
promet a la bonne l'usufruit a titre viager d'une maisonette. Sur un
archipel, impliqué depuis toujours dans la traite, l'esclavage domestique
est chose courante. Nic. Mustelier sr en possede meme trois,
deux negres et une négresse d'ailleurs voleuse; en outre, sa filIe avait
déja re<;u une noire atitre de doto En 1695, son fils Pedrojr s'achete
un esclave muh\tre (22 ans) lors d'une vente publique, mais le
revend par apres au prix de 1.125 rs. Unpeu plus tót, son collegue et
oncle Pedro de Roo s'est également défait d'un jeune sang-melé
(16,5 ans), né et éelevé dans sa maison d'une esclave negre et vendu
au rix de 1.200 rs71 • Exceptionnellement, les sources mentionnent la
présence d'une monture ou de betes de sornme. Juan de Esquinarte
possede un cheval, tandis que Nic. Mustelier sr semble se contenter
. d'un mulet et d'un ane72 •
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L 'Hispanisation d'une bourgeoisie mercantile: les immigres... 169
3.2.3. Les préoccupations spirituelles
Meme si nous ignorons carrément le type d'éducation que les
immigrés flamands et wallons ont éventuellement re'1u antérieurement
au stage qu'ils vont pratiquer aux Canaries, leur formation
mercantile s'y basait surtout sur l'expérience. De la meme faeron et '
dans le but d'assurer leur succession, ils préparent aux affaires de
préférence le fils ainé ou le gendre, au besoin meme un cousin. Des
quatre garerons de Nic. Mustelier sr, trois démarrent dans le négoce.
Cependant, au préalable les deux fils ainés ont passé un certain temps
a Valenciennes dans la maison de leur oncIe lean Mustelier. Carlos'
jr restera défmitivement la-bas pour entamer des études a (l'université
de?) Douai. Son oncIe lui sert de chaperon, en veillant sur les
biens hériditaires du pere, dont les rentes annuelles (225 fl) sont
affectées aux frais de pensiono D'ailleurs, Carlos ne retournera
jamais a Tenerife, puisqu'en 1685 il s'est déja marié a DouaF3.
Pedro jr, par contre, rapatrié a Tenerife, y devient un commererant
parfaitement trilingue: a cóté de sa langue maternelle, le castillan, il
possede le franerais et r anglais.
Une constante de la mentalité latine de l'époque est l'inquiétude
pour l'au-dela. Dans les testaments, la bourgeoisie marchande se
soucie beaucoup de ses funérailles et des «services-apres-déces».
Mais un meme temps les obseques doivnt porter témoignage de l'aisanee
du défunt; souvent celui-ci a déja préparé durant la vie la prepétuation
de sa mémoire en érigeant un tombeau ostentatoire.
Meme le négociant le plus riche veut voir sa dépouille ornée de
l'humble habit de St-Franerois ou de Sto Dominique. 11 indique
l'église ou les services funebres se dérouleront, tout en localisant
dans l'intérieur sa sépulture. Il prescrit la composition du cortee
funebre, le montant des aumónes aux pauvres et aux couvents, le
nombre de messes conmémoratoires, etc. Tout ce cérémoniallors de
l'enterrement (1693) de la veuve de Nic. Mustelier sr col1te déja
2.160 rs. Les funérailles somptueuses de J. P. Dujardin (1744)
engloutissent le petit capital de 800 escudos74.
Habituellement les négociants se laissent enterrer dans leur
église paroissiale. A la chapelle principale de Nra Sra de la Concepción
se trouve le caveau de famille du marchand d'origine rouennais
Claudio Bigot (le vieux) OU seront inhumés également sa filIe et Nic.
Mustelier sr, son épOUX75 • Une sépulture, tout proche du bénitier de
la meme église paroissiale, devient le tombeau de J. Squinart76 •
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170 J. G. Everaert
Quoique les Lesur de la Torre sont paroissiens de Nra Sra de
los Remedios (actuelement la cathédrale de La Laguna), ils préferent
une fosse dans la chapelle du Rosaire du couvent dominicain.
L'exception a la regle générale s'explique facilement par le fait que
deux fils sont devenus Dominicains et promus respectivement au
rang de provincial et de lecteur de cet ordre. Par contre, le gendre J.
Jansen Verscuren se fait inhumer dans l'église paroissiale, tandis
que son épouse rejoint ses parents au couvent précité77 •
Par la suite, le couvent dominicain aura la préférence de la
dynastie marchande flamande établie a La Laguna, et cela grace a
l'action de María Antonia Moermans, deuxieme épouse de J. P.
Dujardin. En tant que filIe unique d'un négociant fortuné, elle a
accablé l'église conventuelle de dons pieux. En récompense de cette
générosité, le couple Dujardin-Moermans bénéficie, depuis 1732,
du patronage de la chapelle -actuellement incorporée dans
l'église- S. Francisco de Paula, OU se situe dorénavant le caveau de
famille, garni 'une pierre tombale (ou commémorative?) en marbre,
portant les armoiries78 • Par conséquent, en 1744, J. P. Dujardin sera
déposé dans «su sepulcro maior que tiene en su capilla o altar que
hizo en el capítulo del convento...»79. Finalement ce privilege passe,
par voie d'héritage, a la famille Van den Heede. Signalons en outre
qu'un frere de G. S. Van den Heede, passé également a Tenerife en
1732, entrera dans ce meme couvent.
Originalement, cette chapelle funéraire fut décorée de deux
tableaux représentant les mises au tombeau, respectivement de St.
Dominique et de la Vierge. A l'arriere-plan de chaque toile figurent
des personnages illustres des familles apparentées80 • Le patriarche
dominicain est entouré du R. P. Juan Lesur -provincial dominicain
des Canaries, commissaire de l'Inquisition et beau-frere de J. Jansen
Verscuren- ainsi que d'une triple génération de marchands flaman<;
J,~.no~mentJ. A. Moermans. J. P. Dujardin et G. S. Van den
Heede. Lependant Féminin groupe les trois «María's»: M. A.
Moermans (la bienfaitrice). M. de la O y Mesa, et M. A. de la Candelaria
Yansen Verscliueren, mere et filIe et a la fois bru et petitefilIe
du marchand flamand.
La religiosité de J. Jansen Verscuren se manifeste également par '
la création d'un ermitage ou chapelle de pelerinage. Cornme déja
relaté, le négociant de vins M. F. Lesur de la Torre avait aménagé
un domaine vinicole, situé «en Geneto arriba del camino de Guadamojete
». Puisque sa fernme a partiellement hérité cette «hasienda»,
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L 'Hispanisation d'une bourgeoisie mercantile: les immigres... 171
J. Jansen Verscuren en devient co-propriétaire. Avec le concours de
son beau-frere le «venerable lizenciado» Salvador Lesur de la
Torre,s I il obtient en 1700 l'autorisation épiscopale de fonder la
Ermita de San Miguel (de Geneto). La petite construction, d'une
seule nef et avec un plafond de style «artesonado», sera dénommée
vulgairement «San Miguel de las Viñas».s2 En 1705, le marchand
flamand donne en héritage a son fils ainé «la viña que tiene en el
pago de Jeneto con la Hermita de San Miguel...».s3 En outre, l'année
précédente, il avait acquis le priviliege d'installer un oratoire
privé dans sa demeure.S4
Pendant la seconde moitié du XVIIe siecle, l'immigration a
Tenerife d'apprentis flamands et wallons est provoquée par certains
négociants insulaires en quete d'assitants. Formés dans un circuit
d'affaires d'envergure atlantique, ces derniers montent parfois leur
propre entreprise, en appliquant la formule commerciale typiquement
canarienne. En effet, en dépit de son potentiel de consommation
plutót restreint, l'archipel s'est spécialisé dans l'exportation de
vins et d'eaux-de-vie, d'une part vers l'Europe occidentale et cela en
échange de produits textiles~ d'autre part vers la zone antillaise qui,
ala fois, sert de débouché souvent frauduleux pour les textiles précités
partiellement réexportés.
Le rayon d'action des débutants embrasse donc aussi ces deux
póles, ou l'activité se déroule normalement en trois étapes. Comme
marchands ambulants, ils font d'abord plusieurs tournées d'affaires
vers les Pays-Bas. Ensuite, au début uniquement négociants en vins,
ils s'intéressent peu apeu ala production vinicole proprement dite,
grace al'achat de vignobles. Finalement ils cherchent aparticiper au
trafic coloniallucratifpar excellence, tandis que le commerce de distribution
au moyen d'une boutique se maintient a travers les
trois stades.
Presque tous les immigrés se marient dans le milieu mercantile
canarien. Généralement, ce genre d'alliances favorise le démarrage
commercial, tout en facilitant l'intégration sociale. A mesure que la
fortune marchande s'accroit, le capital accumulé est placé de préférence
dans des investissements du type foncier (maisons, terres, rentes).
Le style de vie, par contre, reste assez sobre, quoiqu'on dispose
ordinairement de domestiques tant blancs que noirs. Néanmoins, la
bourgeoisie marchande déploie un certain amour du faste, qui se
manifeste surtout dans la décoration intérieure es demeures (galerie
de peintures, argenterie). Chez quelques marchands, ce gotit osten-
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172 J. G. Everaert
tatoire leur survit sous fonne d'un monument et/ou d'une
chapelle funéraires.
La préoccupation de garder le patrimoine intact, combinée au
souci de garantir la constinuité de l'entreprise, se reflete dans l'initiative
d'associer le fils ainé, le gendre ou, au besoin, un parent a la
finne. Afin de renforcer le parentage mercantile, le patriarche souvent
pousse ades mariages qui entrainent des relations commerciales
intéressantes. En persévérant dans une politique matrimoniale,
menée durant trois générations, les branches flamandes affiliées des
Jansen Verscuren, Moennans, Dujardin et Van den Heede fusionnent
dans une dynastie marchande canarienne de réputation et parfaitement
assimilée. Bref, une hispanisation de modele.
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L 'Hispanisation d'une bourgeoisie mercantile: les immigres... 173
NOTAS
Valeurs métrologiques préliminaires.
Depuis la réfonne monétaire d'oct. 1686, Le cours des especes d'argent sonnantes
(<<pesos») se diversifie selon qu'il s'agit de piéces fortes ordinairement d'origine
coloniale et d'une valeur intrinséque inchangée (<<plata antigua») ou de monnaies
nouvellement battues et dépréciées de I'ordre de 25% (<<plata nueva»). Simultanéiment
la valeur nominale (cours officiel) des anciennes piéces s'adapte a la
dévaluation.
Cours en réaux (reales de plata):
- Peso,= real de a ocho: 8 ¡oS pta antigua (<<moneda de Indias»).
- (Peso) Escudo: 10 ¡oS pta nueva (<<reales corrientes/de contado»).
- Real (aux Canaries): 48 maravedies.
1. EVERAERT, J. (1985): La colonie marchande flamande aux Canaries au
tournant du «cycle du vin» (1665-1705). V Coloquio de historia canario-americana
(1982), tome 11, Las Palmas, pp. 442-443, 448-449.
2. Archives Cornmunales d'Anvers (ACA), Registres paroissiaux: Baptémes,
n.O 106 - St André (1650-1660), f.o 65 v.O (1 janv. 1655). Idem, Protocoles notariaux
J. De Hoemaecker, ACA/N 862, dd. 7 jan. 1686.
3. ACA/N 2819 - Testament J. Jansen Verscuren (19.01.1686), f.°s 5 r.O
- 6 v.o.
4. Archivo Histórico Provincial de TenerifelProtocolos Notariales (AHPT/
PN) 528 - Testament M. F. Lesur de La Torre (25.06.1689), f.O s 87-92.
FERNÁNDEZ DE BETHENCOURT F. (1952): Nobiliario de Canarias,
tome 1, La Laguna, pp. 805-806/n.1.
5. De la premiére alliance lui échoient, tant en dot qu'en héritage: une maison
au Puerto de La Cruz (1300 rs), cédée atribut pour sa double valeur moyennant une
rente perpétuelle; le montant de 3.250 rs, provenant du partage d'une maison et d'un
clos de terres. Son remariage lui apporte la maison patrimoniale, située dans la rue del
Rubio aLa Laguna, et qu'il aliénera, moitié écangée contre un terrain, moitié transfé-
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174 J. G. Everaert
rée pour un cens héréditaire; gnie il des transactions avec ses beaux-freres, il triple sa
portion de teres jusq'il la superficie de 3,6 hectares.
Les acquets de la premiere union comportent une petite vigne avec des terres
en friche adjecentes, beaucoup plus tard également transformées en vignoble (22,5
ares au total). En deuxieme noces, le couple construit, dans la Calle Real, sa propre
maison d'habitation pourvue d'un bodega. Un enclos de vigne délabré avec son presoir
et des terres incultes, sont repris et réaménagés en domaine vinicole, lequel sera
pourvu d'une maison de campagne, d'une cuisine, d'une écurie et d'une voie d'acces
carrossable. Cette belle exploitation se situe «en (el pago de) Geneto, arriva del
camino... que va a Nuestra Señora de Candelaria». Le marchand fait également renover,
au dépens de 5.200 rs, une maison abandonnée, héritée de la part de a mere.
Finalement, les conjoints achetent es rentes, qui rapportent annuellement 100
rs.
AHPT/PN 717 - Contrat dotal J. Jansen Versucren 924.06.1689), f.°s 87-
92.
6. AHPT/PN 717 - Contrat dotal J. Jansen Verscuren (24.07.1681), f.°s 237239
PN 528 - Tetament M. F. Lesur de la Torre (25.06.1689), f.o 91 v.o.
7. AHPT/PN 1270- Testament J. Jansen Verscuren (18.07.1705), f.o 107 r.o;
PN 123 - Codicille (06.08.1705), f.O 201 f.O.
8. En 1763, le «San Francisco» arrive au Puerto de la Luz (Las Palmas de
Gran Canaria) en provenance d'Ostende et chargé de lainages et de produits liniers.
Les propriétaires du navire sont les freres Francisco Mostileux (sic) de Santa Cruz de
Tenerife ou Carlos Mostileux (de Rotterdam). Museo Canario/Las Palmas - Inquisición
dd. 15.01.1673.
9. AHPT/PN 1094 - Testament Nic. Mustelier (31.08.1681), f.O 526 r.o; PN
1268 - Répartition des biens Mustelier-Vigot (28.01.1697), f.°s 150 f.°S; 165
v.o.
10. AHPT/PN 1094 - Testament N. Mustelier (31.08.1681), f.O 523.
11. AHPT/PN 1268 - Testament J. Squinart (13.07.1695), f.°s 175-176. En
1731, Juan Luis Esquinart exporte de k'eau-de-vie il La Guayra/Venezuela. Cfr.
MORALES PADRON F. (1975): El comercio canario-americano (siglos XVI-XVIII),
Sevilla, p. 334.
12. AHPT/PN 1094 - Testament N. Mustelier (31.08.1681) f.o 525 v.o; PN
1267 - Testament J. Vigot (09.08.1692) f.o 96 r.O.
13. EVERAERT J. (1985): o. c., p. 452.
14. Museo Canario/Las Palmas, Inquisición CLXXV-96 (18.01.1680/
Arrecife); non catalogué (11.11.1675/Puerto de la Cruz). Informations aimablement
cornmuniquées par G. Steckley du Knox College, Galesburg/Illinois.
15. AHPT/pN 1094 - Testament N. Mustelier (31.08.1681), f.O 526 r.O; PN
1268 - Répartition des biens Mustelier-Vigot (28.01.1697) f.os 152 r.O, 157 v.o 160
v.o, 161 r.O;
PN 1267, Testament J. Vigot (09.08. 1692), f.o 96 f.O.
16. AHPT/PN 1094 - Testament N. Mustelier (31.08.1681) f.o 527; PN 1267
- Testament J. Vigot (09.08.1692), f.os 94-95.
17. AHPT/pN 1270 - Contrat de bomerie (10.01.1704) f.os 5-7.
18. Gemeentearchief Rotterdam/Notariele Protocollen (GAR/NP) n.O 957
(Philips Bosteels) f.os 513-14, 633, 635, 661; n.O 954 (ídem), f.o 785; n.O 1474
(Gornmar van Bortel), doc. 74 B.
19. AHPT/pN 63 - f.o 165 r.O, Carlos Mustelier jr (Douay 12.12.1685) il
Juana Bigot (La Laguna).
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L 'Hispanisation d'une bourgeoisie mercantile: les immigres... 175
20. EVERAERT J. (1985): o.c., pp. 451-452.
21. GAR/NP 1063 (Jan van den Hoeven), doc. 99. EVERAERT J. (1985):
o.c., p. 442.
22. STECKLEY G. F. (1980): The wine economy of Tenerife in the seventeenth
century: Anglo-Spanish partnership in a Luxury trade. Economic history
review, vol. XXIII, p. 348.
23. AHPT/pN 1269 - Procuration (13.06.1701), f.°s 82 r.0 -84 v.O. En 1704,
Pedro de Cassabuena armera aux Indes. Cfr. MORALES PADRÓN F. (1970):
Cedulario de Canarias, vol. I1I, pp. 376-377.
24. Indication fournie par A. Macias Hemández (Univ. La Laguna).
25. TISSEAU DES ESCOTAIS J. (1985): La problematica del comercio
francés en Canarias a principios del siglo XVIII a través de la correspondencia consular
francesa. V Coloquio de historia canario-americana (1982), tome 11, Las Palmas
pp. 482-489.
26. GUIMERA RAVINA A. (1985): Burguesía extranjera y comercio atlántico.
La empresa comercial irlandesa de Canarias 91703-1711). Santa Cruz de Tenerife,
pp. 62, 126. TISSEAU DES ESCOTAIS J. (1985): o. c. p. 485. Catalogo del
Archivo Municipal de La Laguna. Revista de historia canaria (1944-60), p.
125.
27. AHPT/PN 1267 -Donation Pedro de Roo (16.09.1693), f.os 129-130. tout
comme son pere Pedro, Matheo de Velasco fut dépositaire de droits düs au fisc royal.
Cfr: MORALES J>ADRÓN F. (1970), O.c., I1I, pp. 231-32, 252.
28. AHPT/pN 1269 - Contrat de métayage (07.03.1703), f.°s 34-35.
29. AHPT/PN 1268 - Testament J. Squinart (13.07.1695), f.O 117 v.O.
30. PERAZA DE AYALA J. (1977): El régimen comercial de Canarias con
las Indias en los siglos XVI-XVIII, Sevilla, pp. 57-58, 64-66, 69. MORALES
PADRÓN F. (1985): o. c. pp. 195-199.
31. EVERAERT J. (1971): Le commerce colonial de la «nation flamande» a
Cadix sous Charles 11 (ca 1670-1700). Anuario de estudios americanos, tome
XXVIII, Sevilla pp. 143-144.
32. AHPT/pN 1266 - Procuration P. du Bois (22.08.1682), f.°s 196-197.
Entre 1693-96, Rodriguez et Gamboa feront trois campagnes aux Indes, respectivement
comme propriétaire et maitre d'un navire de 115 tx. LOPEZ CANTOS A.
(1979): El trafico comercial entre Canarias y América durante el siglo XVII. 11
Coloquio de historia canario-americana (1977), t. 1, p. 332/no 170.
33. AHPT/PN 1268 - Testament J. Squinart (13.07.1695), f.o 177 v.O.
34. AHPT/PN 1269 - Procurations J. Jansen Verscuren (05.08.1700), f.°s 9496
LOPEZ CANTOS A. (1979): o. c. p. 333: nr 184.
35. AHPT/PN 1268 - Contrat de mancommunidad (14.11.1697), f.°s 237-
242. LOPEZ CANTOS A. (1979): o.c., p. 328: n. 115).
36. AHPT/pN 1269 - Contrat de mancomunidad (28.03.1699), f.os 49-53.
PEREZ-MALLAINA BUENO P.E. (1982): El Consulado de Sevilla y el contrabando
canario con América en la segunda mitad del siglo XVII. IV Coloquio de historia
canario-americana (1980), tome 1, pp. 648-649/nrs 58 § 69.
LOPEZ CANTOS A. (1979): o.c. p. 324/nr 33. IDEM (1979): La navegación
canaria a Indias y la Junta de Restablecimiento del Comercio, 1700-1708 11
Coloquio... (1977), Tomo 1, pp. 413: nr 10, 414-415/nrs 32,35.
37. MORALES PADRON F. (1955): Comercio canario-americano, pp. 248,
330-31. LOPEZ CANTOS A. (1979), o.c., pp. 322/nr 5, 369/nr 1.
© Del documento, de los autores. Digitalización realizada por ULPGC. Biblioteca universitaria, 2009
176 J. G. Everaert
38. MORALES PADRON F. (1970): Cedulario 11, p. 322. LOPEZ CANTOS
A. (1979): o.c., pp. 340/nr 312 (manifestement de tonnage erroné mais applicable
il. l'année 1684), p. 355.
39. AHPT/PN 1094 - Testament N. Mustelier (31.08.81), f.o 52; PN 1268Répartition
es biens Mustelier-Vigot (28.01.1697), f.os 145-46, 148; PN 1267Procuration
Vigot-Mustelier (28.05.1687), f.os 24-27.
40. MORALES PADRON F. (1970), Cedulario 11, pp. 282-83, 289-90,
296.
41. AHPT/PNI268 - Répartition des biens Mustelier-Vigot (28.01.1697), f.°s
150, 152.
42. EVERAERT J. (1973): De internationale en koloniale handel der Vlaamse
firma's te Cil.diz (1670-1700), Bruges, pp. 184-185.
43. AHPT/PN 1268 - Répartition des biens Mustelier-Vig,-_ ,~8.01.1697), f.os
148-149. Idem - Procuration P. Mustelier (10.04.1696), f.°s 62-63.
44. AHPT/PN 1268 - Procurations F. Mustelier jr (25.08.1697) §
05.11.1697), f.°s 177-178, 183-184, 195-196. LOPEZ CANTOS A. (1979): o.c.,
p. 332/nr 173. PEREZMALLAINA BUENO P. E. (1982): o.c. p. 648/nr 54.
45. TORRES SANTANA E. (1981): Relaciones comerciales de Gran Canaria
entre 1700-1725. Una aproximación a la burguesia mercantil canaria, Las Palmas,
pp. 39, 62. PEREZMALLAINA BUENO P. E. (1982): o.c., p. 414/nr 26.
46. AHPT/pN 1270 - TestamentJ. Jansen Verscuren (18.07.1705), f.°s 106 v)
107 r.0 •
47. AHPT/pN 1268 - Testament J. Squinart (13.07.1695), f.O 177.
48. TORRES SANTANA E. (1981): o.c., pp. 113, 147.
49. Selon toutes les probabilités aidentifier avec 1'actuelle Casa Mustelier (calle
Herradores, 57), remarquable par son portail au fronton sculpté, la cour intérieure
avec un meuble destillatoire et la salle principale somptueusement décorée au bois
exotique. Le second patio, de moindre allure, donnant par derriere il. la calle de
Osuna, se colalise peut-etre sur l'ancien bodega.
MARTÍN RODRÍGUEZ, F. G. (1978): Arquitectura doméstica canaria,
Sta. Cruz de Tenerife, p. 248.
50. AHPT/pN 1094 - Testament N. Mustelier (13.08.1681), f.°s 525-527. PN
1267 - Contratde vente (10.12.1687), f.°s 150-152.
51. AHPT/pN 528 - Testament M. F. Lesur de la Torre (25.06.1689), f.os 89
r.O, 91 v.o.
52. CIORANESCU A. (1965): La Laguna. Guia Histórica y monumental. La
Laguna, pp. 150-151.
53. AHPT/PN 1270 - Capitulaciones dotales (29.12.1705), f.o 191 r.O.
54. AHPT/PN 528 - Testament M. F. Lesur de la Torre (25.06.1689), f.o
88 v.o.
55. AHPT/PN 1094 - Testament N. Mustelier (31.08.1681), f.O 524 r.O;
PN
1267 - Testament J. Vigot (09.08.1682), f.o 95 r.O.
56. AHPT/PN 528 - Testament M. F. Lesur de la Torre (25.06.1689), f.Os 89,
92 r. O•
57. AHPT/PN 12706 Testaments J. Jansen verscuren (18.07.1705), f.O 107
r.O § M. Lesur de la Torre (11.09.1705), f.o 136 v.o; Contrat de mariage
(29.12.1705), f.o 190 r.O.
58. MORALES PADRÓN F. (1955): Comercio canario-americano, pp. 131,
134-135.
© Del documento, de los autores. Digitalización realizada por ULPGC. Biblioteca universitaria, 2009
L 'Hispanisation d'une bourgeoisie mercantile: les immigres... 177
59. AHPT/pN 734 - Exécution testamentaire (23.12.1744), f.o 81 r.O.
60. MORALES PADRÓN F. (1955): Comercio canario-americano, pp. 131,
266, 271, 275-76. (Parfois mentionné Guillermo Dujardin.)
61. RUBIO MAÑÉ, J. l. (1948): Ascendencia wallona de Andrés Quintana
Roo, Boletín Archivo General de la Nación, México, t. XIX, p. 540.
62. AHPT/PN 1267 - Procurations (a.o 1688), f.°s 1, 53.
63. EVERAERT, J. (1985): Colonie merchande flamande o.c., p. 453. Les prédécesseurs
furent Guillermo Gllbert, Raphael Tierry et Juan Deradentes (Jean
Redadentes).
64. IDEM, pp. 450, 454, 456.
65. Erronément, une simple attestation de catholicité et de bonne maison, apparernment
rédigée a la demande personnelle du bénéficié lors de son passage a Anvers
(ACAIN 862, dd. 07.01.1688), fut citée a titre de «probanza de nobleza» par FERNÁNDEZ
DE BETHENCOURT, F. (1952): Nobiliario de Canarias, tome 1, La
Laguna, p. 805/n. 1, 807. L'autre certificat mentionné reste introuvable dans les Lettres
d'échevinage d'Anvers (ACA/Reg. Scab. 932-937/a.o 1688).
66. FERNÁNDEZ DE BETHENCOURT, F. (1952): o.c., pp. 801-804.
67. AHPT/pNI268 - Répartition des biens (28.01.1697), f.°s 162-164. La
mobilier, tant de la grande maison au port de Santa Cruz que de la maison de plaisance
a Tacoronte, est encore plus élémentaire.
68. AHPT/pN 1270 - Capitulaciones dotales (29.12.1705), f.O 190 v.O.
69. Les deux tolles sont probablement de la main du meme artiste canarien,
formé dans ou familiarisant avec l'école castillane-madrilene de peintres cornme
Carreño de Miranda et Claudio Coello. En effet, costumes et parures sont typiques de
l'époque de Charles 11: le décolleté de l'épouse se répéte dans le portrait de la reine
Maria Luisa de Orléans. Par contre, le plastron du marchand trahit une légere
influence étrangere (a travers le «regimiento de forasteros» ?). En tout cas, une origine
flamande est totalement exclue. Expertise aimablement cornmuniquée par le
coll. J. K. Steppe, spécialiste en histoire de I'art.
70. AHPT/PN 63 - Répartition des biens Musteleir-Vigot (28.01.1697), f.°s
145-157.
71. AHPT/pN 123 - Codicille (18.07.1705), f.O 201; PN 734 - Exécution testamentaire
(23.12.1744), f.o 81 v.o; PN 1267 - TestamentJ. Vigot (09.08.1692), f.0s
95-96; PN 1268 - Contrats de vente (29.04.1695 § 29.03.1696), f.°s 23-24,
51. .
72. AHPT/pN 1267 - Contrat de vente (20.03.1685), f.°s 13015; PN 1268 Répartion
des biens (28.01.1697), f.o 95 r.O.
73. AHPT/pN 1094 - Testament N. Mustelier (31.08.1681), f.o 526 r.o; PN
1268 - f.°s 165-166, Carlos Mustelier a Juana Bigot (Douai 12.12.1685). Le fils,
apparernment dépaysé, a envie de quelques curiosités, tant des Canries que des Indes,
telles qu'une petite secrétaire et un coffret de bois de palmier, un rosaire, une cassette
de calebasses et d'oranges siropées, un perroquet ou des canaris.
74. AHPT/pN 1268 - Répartition des biens Mustelier-Vigot (28.01.1697), f.o
159; PN 734 - Exécution testamentaire (23.12.1744), f.o 81 r.O.
75. AHPT/pN 1094 § 1267 - Testaments, resp. f.°s 522 v.o, 93 r.O.
76. AHPT/pN 1268 - Testament (13.07.1695), f.°s 175 v.o, 178 r.O.
J. Schenaert
réserve asa fillette une dotation annuelle de 50 rs «para sus nesesidades relixiozas
» dans l'espoir qu'ell prenne le volle.
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178 J. G. Everaert
77. AHPT/PN 528 § 1270 - Testaments, res. f.°s 87 r.o § 105 v.o, 136
78. FERNÁNDEZ DE BETHENCOURT, F. (1952): Nobiliario 1, p.. 797,
802-805. Selon CIORANESCU, A. (1965), Guía... La Laguna, o.c., p. 206, la chapelle
édifiée en 1759 (?) ne donnait autreofis que sur le cloitre (salle capitulaire ?)
sans aucune communication avec l'église.
79. AHPT/PN 734 - Testament § Exécution (22.08. § 27.12.1744), f.os 79-
80.
80. Nobiliario de Canarias 1, pp. 804-805. Actuellement ces toiles aussi se gardent
dans la famille Gutiérrez de Salamanca y de Ossuna.
82. CIORANESCU, A. (1965): Guía... La Laguna, pp; 230-232, attribue la
fondation uniquement aSalvador Lezur. Cependant le testament da sa soeur Mariana
mentionne incontestablement «... La Hermita de San Miguel que hicieron fabrica...
Juan Jansen Verescuren su marido y ... Salvador Lesur de la Torre su hermano en la
hasienda que tienen en el pago de Henetto...» AHPT/PN 1270 - Testament
(11.09.1705), f.o 137 v.o.
83. AHPT/N 123 - Codicille (06.08.1705), f.o 200 r.O.
84. Nobiliario de Canarias 1, p. 806 n. 1.
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CUERPO DE BIENES
NICOLAS MUSTELIER § JUANA VIGOT
(23 henero 1697)
1. BIENES INMUEBLES
A. VMENDAS
- Casas altas y sobradadas
- Idem con bodegas
- Casa alta y sobrada
- Casa contigua
- Casa alta y sobrada
B. POSESIONES RÚSTICAS
- Cercados de tierra de pan sembrar
- Pedazillo de tierra calma
- ·Pedazo de j viña de vidueño
l tierra calma
Con su casa, bodega, lagar
(2.799 rs)
- Cercado de tierra calma de pan sembrar
con su sistema
• Bienes dotales Juana Vigot.
Localización
C. Herradores - La Laguna
C. Herradores - La Laguna
PI. Castillo - S. Cruz
PI. Castillo - S. Cruz
C. Savallos - La Laguna
C. de Geneto (54,91 ares)
? (19,54 )
Tacoronte (155,92 ares) }
Tacoronte (24,95 ares)
pago de Geneto
Principal de Valor neto
tributo (rs/mfs) (rs/mfs)
Libre 18139
2010 (de perpetuo) 16604/24
Libre 21271
Libre 5778
2100 (de perpetuo) 2173
4110 63965/24
1280 117/12
Libre 650
2400 (de perpetuo) 9237/39
15 almudes de hipotecado
trigo/año -
3680 100005/ 4-
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2. TRIBUTOS (CENSOS)
- 7 fanegas de trigo
- 2,5 fanegas de trigo
- 4 fanegas de trigo
- 7 fanegas de trigo
- *4 fanegas de trigo
- 3 fan. + 3 alm. trigo
- Censo 10 rs/año
- Censo 200 rs/año
- Censo 70 rs/año
3. BIENES MUEBLES
Tasa
(a razón de)
25 ducados/fanega
25 ducados/fanega
25 ducados/fanega
25 ducados/fanega
25 ducados/fanega
25 ducados/fanega
3%
(5%)
(5%)
Principal
(rs/mis)
1925 (de perpetuo)
687/24
1925
1100
1100
893/36
300
4000
1400
13331/12
Corridos
(= atrasos)
3276
261
1386
2520
?
?
260
muchos
corridos
(11303)
- 1/4 parte en el navío «El Salvador y Sn Jseph» (dueño = Matheo de Palacios)
1
Pedro Mustelier
- Repartimiento de muebles y mercaderías Mariana Mustelier
Francisco Mustelier
4. DOTES § LEGADOS
1
Mariana Mustelier
- Tributos, joyas y prendas Francisco Mustelier
Pedro Mustelier
• Bienes dotales Juana Vigot.
5532/36
1268
1284
1379
9'463/36
11095
1205
200
12500
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5. DEUDAS
- Herederos J. B. del Campo (Santa Cruz)
- Deudas no liquidadas ni ajustadas
- Mercaderías consignadas a/de Indias Nicolás Mustelier jr
Francisco Mustelier
- Casas embargadas
- Gastos de albaceazgo
6. HERENCIA (en Valenciana)
- Principal = 4500 florines / rédito = 225 fl/año
ICaudal acumulado J
Propre élaboration á base de:
AHPT/PN 1094 (Ant.o Calderon y Oquendo) - Testament N. Mustelier sr (31.08.1681), f.Os 522-528.
AHPT/PN 1267 (Diego Ambrosio Milán) - Testament J. Vigot (09.08.1692), f.Os 92-97.
AHPT/PN 1268 ídem - Cuerpo de bienes N. Mustelier sr (28.01.1697), f.as 142-153.
3000
pro memoria
4516/18
2451
12000
1382/12
23349/30
31875
13331/12 162461/46
'" ...... /
175.793/10 reales
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Miguel Peres Lesur X Gerónima de la Torre
1
X 1.0) 1634 / Juana Francisca Alvares (La Orotava)
Juan -+Dominicano (1652): provincial de Canarias! comisario de la Inquisición
Miguel Francisco ( + 1683) X Mencia Navarro (sin hijos)
I660llndias
Mariana X 1.0) alférez Ambrosio Nuñes de Ange1in
2.°) ayudante Mathias Ossorio
XX 2.°) 1646 / Mariana Lopez Guerra (La Laguna)
Balthazar (+) Dominicano (1668): lector de Predicadores! notario Sto Oficio
x
Feliziana X 1666 / Pedo de Higueras Ponce de León ( + México 1720)
I----~I----T'"I---...,I
Martin Pedro O. P. Laura Feliziana
(Indias)
1705 / Juan Pedro D U J A R D I N (1.0)
Salvador (+ 1717) --+ sacerdote: beneficiado iglesia de los Remedios comisario de la Inquisición.
Magdalena de la Purificación - religiosa (1674) Sta Catharina de Sena
Mariana 1665-1705) X 1681 / Juan J A N S E N V E R S e U R E N (1654-1705)
Petronila X
1
Juan Antonio M O E R M A N S +-- Antonio Moermans
capitán de forasteros. + 1730 '? X Clara Specx
Maria Antonia X 1720 / Juan Pedro D U J A R D 1 N (2.°)
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Joannes Verscheuren X Eva Sebastiaens (alias Bastiaensen)
Juan
° Ameres 1654
+ La Laguna 1705
X 1681 / Mariana Lesllr de la Torre (1665-1705)
1711/ Maria de la O de Mesa y Castilla (+ 1746)
X 1742 / Juan Pedro O U J A ROl N
1) Juan Jansen X
,(1683-1722) I sargento mayor
Maria Antonia de la Candelaria
(1719-1757)
X
(3,0)
1737/GuiILSeb, VAN DEN HEEDE
(1709-1760)
2) Miguel Jansen.
3) Joseph Salvador Jansen X 1718 / Juana Josepha Ossorio
alferez I
Domingo Yansen y Ossorio X 1748 I Juana Baulén y Fonseca
(mercader de Indias)~
Domingo Florentina
otros hijos fallecidos (e.o. una nina)
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Guillermo Dujardin X Juana de Clerck
Juan Pedro
o Amberes
+ La Laguna 1744
naturalización 1728
x
xx
xxx
1705 I Feliziana de HIgueras Lesur ¡ 1720 / Mana Antonia Moermans no hdeJarOn
lJOS
1742 I Mana de la O de Mesa y Castilla algunos
(vIUda de Juan Jansen Verscuren, el mozo)
Guillermo Van den Heede
(Ostende 1650-1718)
Guillermo Sebastián
x Eugenia Teresa Dujardin
(+ 1728)
¡VAN DEN HEEDE DUJARDIN I X
o Ostende 1709
+ La Laguna 1760
1725 Tenerife
naturalización 1753
Guillenno Jose Domingo
(1740- Cuba 1795) ¿
sigue la linea
María Antonia de la Candelaria
1737 I Jansen, Verscuren y Mesa
7 hijos
(sin posteridad)
Juan Bautista Mariano
Van den Heede Dujardin
°Ostende 1713
l732_La Laguna
1736 I Dominicano
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Ana Maria X 1672 / Pedro D E R O O
_ S. Francisco de Campeche
Joseph
1) Pedro jr. hombre de negocios
vice-cónsul nación inglesa (1688)
cónsul nación francesa (1699-1706)
X e) Bigot _Juana Mustelier
Manuel Gregorio
Nicolás 1M U S T E L 1 E R srl
Juana IB I G O T I (+ 1693)
X (ca 1654) --------1
C1audio, el mozo _ hija X Pedro Mustelier jr
mercader La Laguna (+ 1681)
Francisco (1) 1636 ?)
mercader Gran Canaria
Carlos'(_ROllerdam)
X Anna-Maria van Wechelen
. 2) Mariana X Matheo de Palacios y Saldurtun
capitán de Indias
1697 / gobernador Santiago de Cuba
3) Carlos
_ Valenciennes § Douai (etudes)
X Jeanne Elisabeth
Guillaume (Valenciennes)
X Marguerite Cauchon
Jean (ValencienJ.les)
4) Nicolas jr
1681_Santiago de Cuba
(vecino y casado)
5) Francisco
capitán .......Campeche § Cuba
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Andrés de Roo X Magdalena Le Febvre
I
,-- I
rP-ed-ro--,X Maria van ltersun Alejandro X Magdalena de Cock cónsul general de Flandes en Galicia
I I
Guillenno Pedro ID E R Q O I~ 1672 / Ana María de Bigot y ViIlareal
Dominicana Ypres o 1639 Amberes
Cónsul general de
Flandes en Canarias
Matheo Bartho1omé Ana María X 1717 / Santiago Eduardo (alias Edwards)
Manuel X María Ana Agueda Fonte
(+ 1733) I
j ....._-------------.,
Antonio Pedro Domingo
+ 1788 Campeche Nueva Granada
§ Caracas
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